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Russie, Chine, Iran, trois anciens empires déchus veulent prendre leur revanche et réaffirmer leur puissance après des siècles d'humiliation. Depuis le début de la guerre en Ukraine, ils n'ont jamais été aussi alignés sur la scène internationale. Leur objectif commun : mettre un terme à l'hégémonie occidentale, restaurer leur zone d'influence et proposer un nouveau modèle de société. Pour y arriver, ils mènent contre les démocraties une guerre hybride, à la fois militaire, technologique, économique, informationnelle et idéologique. Sont-ils sur le point de s'allier pour créer un nouvel ordre mondial ?

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00:00Les Army Games, organisés chaque année par le président russe Vladimir Poutine depuis sa première invasion de l'Ukraine en 2014, ressemblent à une véritable démonstration de force.
00:30Tirs de chars, biathlons, courses d'obstacles, relais, épreuves de déminage et même concours de danse.
00:50Pour cette édition d'août 2022 organisée au Venezuela, en pleine guerre en Ukraine, le président russe a réussi à rassembler 34 pays amis, quasiment tous sous sanctions internationales.
01:10Ces jeux militaires sont surtout l'occasion pour Vladimir Poutine, à ce moment-là, de montrer que son pays n'est pas seul et qu'il peut compter sur de puissants alliés, au premier rang desquels la Chine et l'Iran, qui se sont révélés quelques mois auparavant comme ses deux plus fidèles soutiens dans une guerre cette fois bien réelle.
01:39La relation entre la Chine, la Russie et l'Iran repose sur une coopération étroite. Nous devons être unis, maintenir la cohésion pour contrer la domination occidentale, car un pays tout seul est trop faible pour faire face à l'hégémonie.
02:09Le 24 février 2022, le monde se réveille au son des chenilles russes franchissant les plaines boueuses qui séparent la Russie de l'Ukraine. En déclenchant l'invasion, Vladimir Poutine a acté le retour de la guerre sur le continent européen.
02:40Une guerre est menée contre nous et nous sommes obligés de réagir. C'est l'Occident que nous combattons sur le territoire de l'Ukraine. Plutôt, l'Occident se bat contre nous. Les Ukrainiens sont un peuple malheureux, trompé et transformé en chair à canon. Nous sommes désolés pour eux. Mais nous ne combattons pas l'Ukraine. Nous combattons l'Otan et l'Occident. Et nous gagnerons.
03:07Vladimir Poutine justifie son offensive par le rapprochement de ses frontières des bases militaires de l'Otan, l'alliance de défense mutuelle Etats-Unis-Europe créée après la Seconde Guerre mondiale.
03:19Aujourd'hui, au fur et à mesure de l'expansion de l'Occident, la situation de notre pays devient de plus en plus directe et dangereuse. Nous ne pouvons plus simplement regarder ce qui se passe.
03:50Nous disons maintenant tout ce que nous pensons. L'Otan est une alliance d'agresseurs. Aujourd'hui, nous ne faisons que punir une organisation de voyous en l'empêchant d'étendre sa zone de contrôle.
04:05On dit parfois qu'à force de s'étendre l'alliance atlantique, l'Otan aurait provoqué Vladimir Poutine. Sauf que ce n'est pas l'Otan qui s'est étendu. Ce sont les pays de l'ex-Union soviétique qui se sont rapprochés de l'Occident.
04:26C'est l'Ukraine qui a littéralement largué les amarres et a souhaité se rapprocher de l'Europe.
04:31Pour bien comprendre la guerre en Ukraine, il faut avoir à l'esprit le fait que le Kremlin était convaincu de remporter une victoire décisive en 72 heures. L'objectif n'était pas tant d'envahir le pays que de chasser le gouvernement en place pour le remplacer par un gouvernement favorable au Kremlin.
04:52Le 2 mars 2022, 52 pays sur 193 ne condamnent pas l'agression russe lors du vote de l'ONU.
05:01Un silence assourdissant qui rebat les cartes des forces en présence. Parmi eux, l'Iran et surtout la Chine, dont les Occidentaux attendaient une condamnation claire.
05:12Le 18 juin 2022, l'imposante avion présidentiel russe atterrit à l'aéroport de Téhéran. C'est la première grande visite à l'étranger de Vladimir Poutine depuis le début de la guerre en Ukraine.
05:42Sa poignée de main chaleureuse avec le guide suprême Khamenei, sous le regard du président iranien, l'ultra-conservateur Raisi, dit toute l'importance du soutien de l'Iran à la Russie.
06:13Lorsque Poutine avait désespérément besoin de soutien militaire, et en particulier de drones bon marché, le pays vers lequel il pouvait se tourner était l'Iran, et les Iraniens en tireraient eux aussi profit.
06:27L'Iran aurait même envoyé des militaires iraniens, donc des gardiens de la révolution, en Crimée et en Russie pour former les militaires russes à l'emploi de ces drones. Et là aussi, ce serait la première fois que l'Iran envoie des militaires iraniens en dehors de sa zone d'influence habituelle qu'est le Moyen-Orient.
06:54L'Iran a donc clairement choisi son camp.
07:02Mais le principal soutien pour le régime russe se situe de l'autre côté de sa frontière orientale, du côté de la Chine de Xi Jinping que Vladimir Poutine vient rencontrer trois semaines à peine avant d'engager son offensive en Ukraine.
07:15Et dans le pacte d'amitié sans limite et sans précédent qu'il signe à cette occasion, les deux dirigeants exposent les piliers de ce nouveau monde, et surtout la bataille collective qu'ils veulent mener contre l'Occident, en donnant leur propre définition des droits de l'homme et de la démocratie.
07:35Et en s'arrogeant chacun des zones d'influence sur lesquelles il s'octroie des droits historiques.
07:43Ils remettent en cause les principes fondamentaux du droit international qui faisait l'unanimité après la seconde guerre mondiale pour préserver la paix.
07:50Ce droit, dit universel, inscrit dans la charte des Nations Unies de 1945 et sa déclaration des droits de l'homme.
08:00Dans leur déclaration conjointe, les premiers paragraphes s'attaquent directement à l'universalisme, en redéfinissant cette notion des droits de l'homme, en disant que les droits de l'homme finalement c'est une notion qui a été établie depuis le début de l'Histoire.
08:10Et que ces deux pays sont totalement légitimes pour promouvoir leur propre approche des droits de l'homme.
08:15Et alors, bien sûr, ça pose un problème parce que quand des pays autoritaires qui violent les droits de l'homme se positionnent en défenseur des droits de l'homme, bien sûr ça crée une confusion.
08:28Si Jinping et Vladimir Poutine se sont rencontrés plus souvent que n'importe quel autre dirigeant au cours des dix dernières années.
08:34Mais en annonçant un partenariat sans limites, les deux hommes ont clairement l'impression d'être les meilleurs partenaires du monde.
08:40Ils ont l'impression d'être les meilleurs partenaires du monde.
08:43Ils ont l'impression d'être les meilleurs partenaires du monde.
08:46Ils ont l'impression d'être les meilleurs partenaires du monde.
08:49C'est une alliance où maintenant, un grand pays, la Chine, économiquement deuxième du monde, et la Russie, grandes puissances militaires, peuvent, avec d'autres, changer l'équilibre du monde.
09:01A condition d'être alliés.
09:07C'est là que l'histoire de la Russie commence.
09:09C'est là que l'histoire de la Russie commence.
09:11C'est là que l'histoire de la Russie commence.
09:13A condition d'être alliés.
09:19C'est là que le troisième partenaire arrive.
09:21Il faut toujours, dans une alliance, qu'il y ait un partenaire qui vient faire ce que les autres ne peuvent pas faire officiellement.
09:29C'est l'Iran.
09:31La guerre en Ukraine est une clarification inédite des liens qui unissent l'Iran, la Chine et la Russie.
09:37Elle va mettre au jour une alliance économique parallèle, au centre de laquelle se trouve le régime iranien et ses flottes fantômes.
09:45Une collaboration particulièrement utile pour contourner les sanctions internationales qui frappent l'économie russe.
09:52L'Iran est sous sanctions américaines depuis plusieurs décennies, occidentales à cause de son programme nucléaire illégal depuis très longtemps aussi.
10:01La Russie a, à ce moment-là, besoin de savoir comment contourner ces sanctions qui sont en train de lui tomber dessus.
10:10L'Iran a envoyé des conseillers en Russie pour expliquer au régime russe comment ils ont fait pour gérer les sanctions au cours des 30 ou 40 dernières années.
10:19Et pour aider les Russes à contourner les sanctions, car l'Iran est désormais un spécialiste en la matière.
10:27Le marché parallèle existe malgré les sanctions américaines.
10:31Le marché pétrolier, par exemple, n'est pas un marché très contrôlable et nous l'avons utilisé pour vendre notre pétrole.
10:40L'idée, c'est de construire des flottes, par exemple 100% russes, qui n'ont absolument aucun lien avec n'importe quelle entreprise occidentale,
10:47donc pas de compagnie d'assurance, pas de compagnie de transport maritime, vraiment aucun lien.
10:52La devise qui est employée pour faire tout ce commerce ne peut pas être une devise occidentale.
10:57Bien sûr, nous ne sommes pas restés les bras croisés.
11:03Oui, en Russie, il existe ce qu'on appelle une flotte de pétroliers fantômes.
11:08Nous les avons rachetés partout dans le monde pendant que vous faisiez des bêtises en essayant de bloquer la Russie.
11:16Oui, nous avons environ 600 tankers qui peuvent transporter nos produits pétroliers vers n'importe quel point de la planète.
11:27Le système de flotte fantôme, inspiré par le régime iranien, permet à la Russie d'exporter son pétrole à un prix plus bas, mais sans laisser de trace.
11:42Nous vendons du pétrole à l'Union Européenne en ce moment.
11:48Maintenant, notre pétrole est à vos stations-service et nous gagnons de l'argent.
11:52On vend ce pétrole plus cher que le plafond établi par les idiots des pays occidentaux.
11:59Nous transbordons le pétrole la nuit, nous le transbordons à certains endroits, sur vos pétroliers, y compris les pétroliers français, vos pétroliers français.
12:13Au moins une vingtaine de navires utilisés par les Iraniens servent aujourd'hui à l'exportation illicite de pétrole russe.
12:20Et le premier acheteur n'est autre que la Chine, dont le volume de commandes à la Russie ne cesse d'augmenter jusqu'à atteindre une hausse de 40% en 2023.
12:34Les Américains et les Européens pensent que les sanctions économiques peuvent détruire leur adversaire.
12:40Mais ils se trompent, ils surévaluent leur capacité.
12:43Et en plus, d'un point de vue historique, les sanctions n'ont jamais fonctionné.
12:50Grâce à ces méthodes de contournement, l'économie russe a résisté à l'effondrement et continue à soutenir son effort de guerre.
12:57Fort de ce succès, la Russie, l'Iran et la Chine tentent d'organiser une coopération économique globale, indépendante du système occidental auquel ils ne veulent plus rendre aucun compte.
13:12À Samarkand, en Ouzbékistan, le 15 septembre 2022, sept mois après le début de l'invasion russe en Ukraine,
13:18le triangle Chine-Russie-Iran sort de l'ombre lors du sommet annuel de l'Organisation de coopération de Shanghai, l'OCS.
13:26Ce sommet anti-occidental a été créé en 2001 par la Chine et la Russie pour concurrencer les institutions internationales existantes.
13:34Xi Jinping et Vladimir Poutine renforcent leur entente, en partant de l'OCS.
13:39L'un des principaux enjeux ici est d'organiser des coalitions internationales, pour que les États-Unis puissent se mettre en contact avec le monde entier.
13:47La Russie a été l'une des premières payses en Europe où l'Union Européenne a été renvoyée de la guerre.
13:54Elle est la première en Europe où le monde entier n'a pas affaibli ses objectifs, et l'Union Européenne est la première.
14:00L'un des principaux enjeux ici est d'organiser des coalitions avec les pays du Sommet, mais
14:10aussi avec d'autres qui seraient prêts à jouer avec des règles différentes, différentes
14:15de celles fixées par les États-Unis.
14:17Au niveau géopolitique, l'Iran est le pays le plus important du Moyen-Orient.
14:22Il entretient des liens étroits avec la Russie et la Chine en matière de diplomatie et de
14:26sécurité.
14:27Les trois parties unissent leurs forces.
14:32En effet, un pays tout seul est trop faible pour contrer l'hégémonie américaine.
14:37Ce que les Iraniens, les Russes et les Chinois essaient de faire en consolidant leurs relations
14:45et en se présentant au reste du monde comme un modèle alternatif, c'est aussi de mettre
14:50en place de nouvelles institutions internationales.
14:53Les pays réunis autour de Xi Jinping et de Vladimir Poutine vont sceller un nouveau
15:00pacte contre l'Occident dans lequel ils dévoilent les bases de leur propre système de droit
15:05international.
15:06Une revanche sur le monde après plus de 30 ans de domination américaine et occidentale.
15:11Il est conçu spécifiquement pour garantir un endroit sûr aux dictateurs.
15:20Un environnement dans lequel personne ne viendra se mêler de ses affaires internes.
15:29À l'avenir, le sommet de Shanghai sera peut-être de plus en plus axé sur la défense.
15:35On ne peut pas l'exclure.
15:38Dans un média chinois contrôlé par le Parti communiste, cette adhésion surprise de l'Iran
15:44au sommet de Shanghai est célébrée.
15:46Un nouveau concept apparaît.
15:49Un triangle de fer entre la Chine, la Russie et l'Iran est en train de se former et on
15:54sait que le triangle est la forme la plus stable et indestructible.
15:57Cela va non seulement détruire l'hégémonie militaire des Etats-Unis, mais aussi faire
16:01souffler un vent nouveau dans le monde entier.
16:04Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays autoritaires ne craignent plus d'affirmer
16:09clairement leur vision du monde et leurs ambitions.
16:11Jamais les régimes chinois, russes et iraniens n'ont été aussi alignés contre un ennemi
16:17commun, l'Occident.
16:23Chacun des pays de ce nouvel axe cultive dans son récit national un événement fondateur
16:28sur lequel reposerait sa justification de la détestation de l'Occident.
16:33Pour le régime iranien, l'origine de la haine anti-américaine remonte à un événement
16:38bien précis.
16:40Au XIXe siècle, l'empire perse, vaincu par les russes et les britanniques, est partagé
16:48entre les puissances occidentales.
16:50Après la décolonisation, la Perse devient la monarchie d'Iran en 1935, dirigée par
16:58le Shah, mais le pays reste sous emprise économique de l'Occident.
17:03L'Iran devient même le principal pilier de la politique américaine au Moyen-Orient.
17:09Et en 1953, quand le premier ministre iranien Mossadegh veut nationaliser les puits de pétrole
17:15iranien, la CIA, qui craint la mamise soviétique, organise un coup d'État pour le renverser.
17:28C'est un tournant pour la vision qu'avaient les Iraniens des États-Unis.
17:34Après cet événement, le slogan « mort à l'Amérique » s'est répandu et les
17:39conseillers militaires américains présents en Iran sont devenus des personnages détestés.
17:49L'Ayatollah Khomeini engage alors une révolution islamique, renverse le Shah d'Iran et installe
17:55une dictature religieuse en 1979.
17:58Son successeur, l'Ayatollah Khomeini, porte son héritage, redonnait à l'Iran la grandeur
18:05perdue de l'Empire perse et exportait la révolution islamique.
18:09Il développe alors un axe de résistance aux États-Unis et à Israël, en finançant
18:15des milices guerrières en Syrie et en Irak, des groupes terroristes comme le Hezbollah
18:20au Liban, le Hamas ou le djihad islamique dans les territoires palestiniens ou les Houthis
18:25au Yémen, une zone d'influence très active aux ordres de Téhéran.
18:34Pour le régime chinois, ce sont les guerres de l'Opium menées par les Britanniques contre
18:39l'Empire de Chine au milieu du XIXe siècle qui constituent la plus grande humiliation
18:43et le symbole de la domination occidentale.
18:49Les crimes que l'Occident a commis contre la Chine, on n'a même pas besoin d'en parler.
18:53En 1840, on nous a infligé les guerres de l'Opium.
18:58Comment peut-on imaginer aujourd'hui qu'un pays européen ait utilisé la force pour
19:03imposer la vente d'Opium à la Chine ?
19:08Après avoir mis les Chinois sous dépendance de l'Opium, des traités qualifiés d'inégaux
19:13permettent aux flottes américaines, japonaises et européennes de naviguer en plein cœur
19:17de la Chine sur le Yangtze-Qiang et de profiter des ports de commerce chinois.
19:24Quand Mao prend le pouvoir en 1949, il fixe aux partis communistes chinois l'objectif
19:30de sauvegarder la révolution communiste et de rétablir l'unité du territoire.
19:36Mettre au pas le Tibet et le Xinjiang, reprendre coûte que coûte le contrôle des territoires
19:41perdus comme Hong Kong, resté sous protectorat britannique, et l'île de Taïwan qui a fait
19:47sécession avec la Chine communiste.
19:50Enfin, retrouver sa zone d'influence maritime en mer de Chine du Sud.
19:56C'est cet héritage que porte Xi Jinping.
20:04Si pour l'Iran et la Chine, les humiliations de la colonisation sont transmises en héritage
20:09aux dirigeants actuels comme leitmotiv anti-occidental, pour le régime russe, l'humiliation est plus
20:15récente.
20:17Elle est même vécue de l'intérieur par Vladimir Poutine lui-même, alors en poste
20:22au KGB en Allemagne de l'Est.
20:25Il assiste en direct à la fin de la guerre froide entre le régime communiste russe et
20:30le régime libéral américain, et à l'effondrement du bloc soviétique.
20:35L'URSS, l'union des républiques soviétiques socialistes, se dissout.
20:4014 républiques soviétiques comme l'Ukraine proclament leur indépendance.
21:05Chaque néo-empire a son histoire d'humiliation, qui se base souvent sur des faits réels, mais
21:11qui est constamment exagérée, mythifiée, instrumentalisée et parfois même réécrite
21:16pour emmener les peuples concernés vers la confrontation avec l'Occident.
21:24En une vingtaine d'années à peine, tous les piens sont posés.
21:28Les régimes russes, iraniens et chinois forment désormais un triangle stratégique et pragmatique,
21:33avec des entraînements militaires conjoints de plus en plus fréquents.
21:39Ils s'entraînent sur des scénarios conçus pour refléter ce qu'ils considèrent comme les principales menaces auxquelles ils sont confrontés.
21:49Et si ces trois pays, la Chine, la Russie et l'Iran, voient l'Occident comme un ennemi,
21:54nous devons en être pleinement conscients, et nous devons comprendre ces systèmes.
21:59Nous devons être en mesure de connaître leurs puissances militaires,
22:03le potentiel de leurs services de renseignement, ainsi que les intentions de leurs dirigeants.
22:10Dès la fin des années 1990, les trois puissances ont déjà commencé à unir leurs forces sur d'autres terrains,
22:17à travers une guerre hybride contre l'Occident qui va se jouer sur tous les fronts, visibles et invisibles en même temps.
22:24L'objectif ? Semer le chaos dans les démocraties.
22:33Persuadés que les États-Unis sont responsables de l'effondrement de l'URSS,
22:37Vladimir Poutine remobilise le redoutable arsenal des services secrets soviétiques,
22:42comme les mesures actives, des actions d'ingérence créées par le KGB pour déstabiliser les démocraties de l'intérieur.
22:54C'est une guerre de l'information qui utilise la désinformation.
23:00Il s'agit de cyberopérations, attaquer et collecter des renseignements.
23:06On a affaire à différentes formes de guerres économiques, de corruption et de financements occultes.
23:12Ainsi, lorsque Poutine entreprend de restaurer l'État russe,
23:16il va en premier lieu renforcer ses services de renseignement pour continuer à mettre en œuvre des mesures actives.
23:23L'un des problèmes que l'on a pour comprendre la rivalité qui émerge de plus en plus entre d'un côté l'Occident
23:31et de l'autre côté un certain nombre de régimes autoritaires, notamment la Russie et la Chine,
23:36c'est notre tendance à penser la question de la guerre de manière binaire.
23:44Soit on est en guerre, soit on est en paix.
23:47Or, si on veut comprendre la situation dans laquelle on est, il faut casser cette dichotomie
23:52pour comprendre qu'entre l'état de guerre et l'état de paix, il y a tout un tas d'autres positions
24:00où on ne sera pas véritablement en paix, mais pas non plus complètement en guerre.
24:05C'est-à-dire qu'on ne va pas utiliser des chars, des missiles, des avions, etc.
24:09Mais on va quand même se faire la guerre par d'autres moyens.
24:12Et cette guerre, c'est une guerre de l'ombre.
24:16Pour la première fois, les trois régimes s'alignent véritablement sur une campagne de désinformation commune
24:22lors de l'épidémie du Covid déclarée en 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine.
24:35Dès le début de la pandémie, le régime russe va propager de fausses informations sur l'origine du virus.
24:42Des articles et des émissions affirment que le Covid-19 serait une arme biologique d'origine américaine
24:47développée par les États-Unis à destination de ses ennemis.
24:52Igor, j'ai une question.
24:54Quand a-t-il eu l'occasion d'utiliser l'arme biologique pour la dernière fois ?
25:05C'est-à-dire que c'est une arme biologique ?
25:21Les États-Unis sont les pays qui possèdent le plus grand nombre de laboratoires biologiques au monde.
25:28Les États-Unis sont les pays qui sont les premiers à produire ce virus.
25:33On dit qu'une partie de l'arme biologique a été fabriquée pour l'Iran.
25:39En utilisant des connaissances génétiques iraniennes et d'autres outils,
25:45ils ont fabriqué une partie pour l'Iran.
25:49Un réseau iranien de désinformation sur les réseaux sociaux va alors s'employer à diffuser du contenu
25:54accusant les États-Unis d'avoir fabriqué le Covid
25:57et loue les attitudes de la Russie et de la Chine pour leur rôle dans la lutte contre le virus.
26:03Et nous voyons apparaître à nouveau un ensemble de récits qui incitent les gens à mettre en doute la vérité,
26:10la réalité dans laquelle ils vivent.
26:13C'est ça, véritablement, la stratégie russe.
26:19À l'image de la guerre de l'information initiée par le régime russe,
26:22la Russie, la Chine et l'Iran mènent aujourd'hui ensemble ou séparément
26:26une guerre hybride totale contre les régimes démocratiques.
26:31En 2023, la CIA et les services de renseignement d'une dizaine de démocraties occidentales
26:37placent ces trois régimes autoritaires au sommet de la liste des menaces les plus inquiétantes.
26:43Dans l'Union européenne, la Suède, démocratie exemplaire, pacifique,
26:48soucieuse des droits de l'homme, neutre depuis deux siècles,
26:52est l'une des cibles privilégiées de ces trois pays.
26:56Ce que nous avons constaté, c'est que ces pays coopèrent d'une manière inédite,
27:00que l'on ne connaissait pas il y a quelques années.
27:03Et nous avons observé cela de très près.
27:05C'est intéressant de constater que ces pays,
27:09Début 2023, la Suède se retrouve plus que jamais dans le viseur russe
27:14après sa demande d'intégration à la force militaire de l'OTAN
27:17pour protéger ses frontières de la menace.
27:38Les représentants de leur gouvernement ont dit à la Suède,
27:51si la Suède rejoint l'OTAN, vous serez une cible pour la Russie d'une manière ou d'une autre.
27:59À une semaine d'un vote décisif de la Turquie,
28:02dernier membre de l'OTAN a barré la route à l'adhésion de la Suède.
28:05Un événement va bouleverser le cours des négociations.
28:22Un militant d'extrême droite suédois brûle un Coran devant l'ambassade même de la Turquie à Stockholm.
28:29Il est filmé par un journaliste affilié au réseau prorusse qui aurait financé l'opération.
28:38Dans cette affaire suédoise, on est en présence de ce que les Russes appellent une mesure active.
28:42C'est-à-dire qu'il s'agit d'amplifier un phénomène,
28:46ici d'amplifier la perception d'actes contre les musulmans
28:51en organisant une mise en scène d'un Coran brûlé par un Suédois devant l'ambassade de Turquie
28:58dans un contexte qui est celui de négociations très serrées entre la Turquie et la Suède
29:03à propos de l'intégration de la Suède dans l'OTAN.
29:09Le coup de téléphone qu'il a fait venir provenait d'un reporter d'un de ces médias alternatifs
29:15qui travaillait pour le groupe le plus ouvertement prorusse.
29:21C'est typiquement ce genre de réseau que l'on dit affilié au service de renseignement extérieur russe.
29:28Dès le lendemain de ce pseudo-événement médiatique,
29:32la Turquie a annoncé momentanément ne plus soutenir l'adhésion de la Suède à l'OTAN.
29:40Ces actions de déstabilisation se propagent dans le monde entier
29:44via les médias russes, chinois, iraniens, qui diffusent les images provocatrices dans les pays arabes.
29:57Ce que l'on sait de source sûre, c'est que la Russie alimente la désinformation dans les pays arabes sur ce Coran brûlé
30:04et met en avant ces éléments pour provoquer des réactions fortes de la part du monde arabe.
30:14Ces affaires, ces actions, se sont répandues comme une traînée de poudre à l'échelle internationale et de manière plutôt agressive.
30:22Et nous savons pertinemment que la Russie et l'Iran ont tout intérêt à faire passer la Suède pour un pays opposé à l'islam.
30:31C'est l'une des questions les plus complexes que nous ayons à traiter à ce sujet.
30:36Bien sûr, la Russie est impliquée. Bien sûr, l'Iran est impliqué.
30:42Mais par procuration, par procuration, c'est la stratégie des Russes.
30:49Ils s'efforcent donc de déstabiliser, de répandre la désinformation.
30:56La guerre de l'information, c'est une guerre à mort entre les régimes démocratiques et les régimes autoritaires.
31:03Une guerre dont les régimes autoritaires sont persuadés aujourd'hui de pouvoir sortir vainqueurs.
31:25Pour s'assurer de la bonne diffusion de leur propagande sur leur population, les États autoritaires développent et partagent des technologies sécuritaires de plus en plus sophistiquées.
31:34Et le maître en la matière qui inspire les autres régimes autoritaires, cette fois, c'est le régime chinois.
31:44La Chine dispose de moyens industriels, technologiques, financiers que n'ont pas la Russie et l'Iran.
31:52La Chine, de ce point de vue-là, est pourvoyeuse de technologies, de savoir-faire, d'ingénieurs, d'infrastructures.
32:00Donc il y a une forme d'avance technologique chinoise dont ses alliés entendent tirer bénéfice.
32:10En juillet 2017, une délégation de fonctionnaires de l'agence de censure et de propagande russe rend visite à ces homologues chinois.
32:19Des fuites inédites montrent l'intérêt de la Russie pour le système chinois de contrôle d'Internet et l'amorce d'une coopération entre les deux régimes.
32:30Grâce à notre expérience, nous avons mis au point un système de contrôle de l'information très efficace.
32:36Seulement 0,18% des informations étrangères interdites chez nous échappent à nos blocages.
32:42Il serait très intéressant pour nous de venir en Chine et de voir comment le bouclier d'or chinois fonctionne dans la pratique.
32:49Parce que plus de 95% des informations interdites dans la fédération de Russie proviennent de l'étranger.
32:58Avec la numérisation des données personnelles, la surveillance des réseaux sociaux et les caméras dotées d'intelligence artificielle,
33:05le régime chinois développe une véritable boîte à outils de censure et de répression qu'il exporte à ses partenaires dans le cadre d'accords commerciaux.
33:19En quoi consiste réellement cette boîte à outils de répression numérique ?
33:24Ce que nous savons, c'est qu'il s'agit essentiellement d'un ensemble d'outils de surveillance.
33:29Ils permettent d'identifier rapidement des individus susceptibles de poser problème.
33:35Et cette sorte de boîte à outils d'autoritarisme numérique, pourrait-on dire, les Chinois sont en mesure de la fournir.
33:43Et la Chine commence à l'exporter non seulement vers la Russie, mais aussi vers d'autres pays.
33:49Le régime russe a lancé début 2023 son propre système de surveillance et de contrôle nommé Oculus, inspiré du système chinois.
33:58Depuis peu, le régime iranien peut aussi compter sur l'appui technologique d'une entreprise chinoise nommée Tiandi.
34:06Tiandi est l'entreprise la plus dangereuse au monde et personne ne la connaît.
34:12Tiandi utilise des caméras dotées d'une intelligence artificielle qui peut détecter l'ethnie et la race.
34:19Elles produisent des appareils comme la chaise du tigre qui sont utilisés pour des interrogatoires, pas seulement en Chine, mais aussi dans le monde entier.
34:27Les Chinois ont vendu des produits Tiandi en Iran aux gardes de la Révolution, aux services de renseignement et à la police iranienne.
34:33Ils ont ensuite été déployés dans tout le pays contre les mouvements de protestation qui ont déstabilisé le régime au cours des deux dernières années, y compris contre le mouvement des femmes.
35:04Un plan de coopération Chine-Iran prévoit l'installation de 15 millions de caméras dans 28 villes iraniennes.
35:11Les données seraient transférées vers deux centres de contrôle, l'un à Téhéran, l'autre en Chine.
35:23Et c'est ainsi que ce type de technologie est devenu une proposition commerciale pour la Chine.
35:27Ils s'entraident et les Chinois en profitent pour promouvoir ces technologies répressives auprès de leurs partenaires, afin de renforcer ces mêmes autocraties et d'affaiblir les démocraties.
35:43Cette nouvelle coalition contre les démocraties parvient même à déstabiliser les plus hautes institutions internationales.
35:49A Genève, en Suisse, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU est devenu leur cible privilégiée.
36:19Avec le temps, l'Iran comme la Chine ont réussi à s'imposer dans cette institution qui pourtant les condamnait régulièrement.
36:50En septembre 2022, alors que 25 pays du Conseil des droits de l'homme réclament une commission d'enquête sur les persécutions de la minorité musulmane Ouïghour, la délégation chinoise réussit à retourner la situation.
37:00Les Chinois parviennent à convaincre 11 pays de s'abstenir.
37:0519 a voté contre la commission d'enquête, en s'appuyant sur une lettre de soutien.
37:12Le texte est signé « Ensemble pour une à-faire ».
37:16C'est l'un des premiers textes de l'annonce qui a été réduit.
37:21Le texte est signé « Ensemble pour une à-faire ».
37:23en s'appuyant sur une lettre de soutien.
37:28Le texte est signé par 50 ambassadeurs à l'ONU,
37:31dont les délégations russes, iraniennes,
37:34mais aussi leurs partenaires comme la Syrie, la Corée du Nord, le Venezuela.
37:42Quand on regarde la liste des membres,
37:44on se rend compte qu'environ deux tiers d'entre eux
37:46sont soit des dictatures à part entière,
37:48soit d'autres formes de non-démocratie.
37:50On pourrait justement voir une certaine solidarité
37:54entre des régimes autoritaires.
37:56C'est-à-dire que là où la violation des droits de l'homme
37:59pose problème aux démocraties,
38:01en tant que telle, ce n'est pas un problème pour beaucoup de pays.
38:04C'est le niveau le plus bas jamais atteint
38:06dans l'histoire du Conseil des droits de l'homme,
38:08c'est-à-dire en fait depuis 1946.
38:14Ce coup de théâtre va révéler les stratégies du régime chinois
38:17pour influencer le Conseil des droits de l'homme,
38:19comme l'organisation de cette exposition
38:21sur le bien-être des Ouïghours au sein même de l'ONU,
38:28ou la création de fausses ONG pour monopoliser le temps de parole.
38:37Et donc la Chine, par exemple, va favoriser la prise de parole d'ONG
38:41qui sont en fait ce qu'on appelle des gongos,
38:43donc qui sont des fausses ONG,
38:45qui sont des ONG contrôlées par le pouvoir chinois,
38:49qui sont des organismes d'État quasiment,
38:52et qui, elles, prétendent faire du travail en faveur des droits de l'homme,
38:58mais vont insister sur des sujets qui sont sans conséquence pour la Chine,
39:03par exemple la sortie de la pauvreté.
39:05Elles parasitent l'opportunité énorme que les ONG,
39:08les vraies ONG, peuvent avoir.
39:12La Chine, l'Iran et d'autres régimes
39:14déploient des gongos pour empoisonner le système.
39:19La stratégie de la Chine au sein du Conseil des droits de l'homme est double.
39:22C'est à la fois une stratégie de coalition,
39:25fédérée autour d'elle un maximum de pays
39:28peut-être en mesure de soutenir ses positions sur les questions sensibles,
39:31et en même temps, redéfinir au maximum les termes qui lui posent problème.
39:45La Chine a activement promu
39:47sa propre définition des droits de l'homme
39:49en indiquant que le premier droit serait le droit à la prospérité,
39:54et donc les libertés individuelles ne seraient pas finalement des droits prioritaires.
40:00Chaque pays doit avoir sa propre définition des droits de l'homme.
40:03On ne peut pas tous avoir la même définition.
40:06Nous n'avons pas tous les mêmes valeurs,
40:08elles dépendent des étapes de développement du pays,
40:10des traditions, de l'histoire.
40:12Il existe des particularismes et non pas un universalisme.
40:18Chaque nation doit choisir le mode de gouvernance qu'elle juge la plus efficace.
40:26Et pour moi, la démocratie est la pire façon de gouverner qui soit.
40:31Et nous développons un nouveau concept des droits de l'homme
40:34qui sera bien sûr plus conforme aux véritables besoins de l'homme
40:38et à une nouvelle façon de concevoir l'humanité.
40:43Quelque part, ce que la Chine essaie d'introduire, c'est la fin de l'universalisme.
40:49C'est-à-dire qu'il n'y a plus de conception, selon elle,
40:52il n'y a pas de conception universaliste du droit.
40:55Le droit occidental ne peut pas s'appliquer tel quel à la population chinoise
41:02qui a une autre histoire, une autre trajectoire, une autre culture.
41:05Et donc il faut un droit qui soit conforme à cet héritage.
41:10Fin 2023, alors que l'Iran préside le forum social du Conseil des droits de l'homme,
41:15la Chine a réussi à prendre la présidence de 4 des 15 agences des Nations Unies.
41:23Ils ont élaboré un plan.
41:25Ils se sont dit qu'ils allaient devoir travailler ensemble
41:28et faire appel à une coalition de pays beaucoup plus large dans le monde antique.
41:34Des changements géopolitiques sont aujourd'hui à l'œuvre dans le monde.
41:37Des changements qu'on n'a pas connus depuis 100 ans.
41:40Et quand nous travaillons ensemble, nous prenons la tête de ces changements.
41:46Prenez soin de vous, chers amis.
41:52En plus de créer le chaos dans les pays démocratiques
41:55et de neutraliser les valeurs universelles des droits de l'homme,
41:58ce nouvel axe de pays autoritaire mené par la Chine
42:01est en train d'organiser un véritable monde parallèle,
42:04alternatif au monde occidental.
42:10Pour restructurer le monde à leur avantage et engager ces changements historiques,
42:14la Chine et la Russie veulent rassembler derrière eux une coalition bien plus vaste
42:19afin d'isoler l'Occident.
42:24Fin août 2023, c'est lors du sommet des BRICS de Johannesburg
42:28qu'ils vont concrétiser la première étape de leur plan.
42:32Le monde actuel est en train de s'adapter.
42:38C'est sur ce groupe des BRICS qu'ils misent avant tout.
42:42Ce club de nouvelles puissances économiques créé à la fin des années 2000
42:46par la Chine et la Russie pour contrer la domination des Etats-Unis sur le monde
42:50avec le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud.
42:55Ils ont commencé à tester et à examiner d'autres structures mondiales en se demandant
43:00« Pouvons-nous constituer une puissance assez forte ?
43:03Y a-t-il suffisamment de pays comme nous qui haïssent les Etats-Unis,
43:07qui détestent l'ordre mondial libéral et qui seraient prêts à unir leurs forces au nôtre ? »
43:15Mais ce sommet va être le théâtre d'un événement majeur.
43:19À la suite de tractations entre la Chine et la Russie d'un côté,
43:23le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud de l'autre,
43:26les BRICS annoncent l'intégration de cinq nouveaux pays émergents.
43:31La Chine et la Russie ont obtenu l'intégration de la République Islamique d'Iran
43:36depuis si longtemps isolée.
43:56Pour le régime iranien, c'est une victoire historique
44:00qui valide sa politique de rapprochement avec la Chine et la Russie.
44:21Il pense que l'économie de l'Iran a un niveau suffisamment élevé
44:25pour faire partie de cette organisation.
44:30La Chine, la Russie, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil
44:35se considèrent comme des pays à l'avant-garde de la future économie mondiale
44:40et ils veulent avoir l'Iran à leur côté.
44:46Plus vous nous mettez des bâtons dans les roues,
44:49plus nous nous rapprochons entre nous
44:52et plus nous devenons dangereux pour vous.
44:56Et l'idée d'élargir les BRICS, que les Chinois ont soutenu de manière agressive,
45:00vise simplement à montrer au reste du monde
45:03qu'il existe une demande pour ce que les BRICS offrent.
45:06C'est une victoire diplomatique majeure pour les Chinois.
45:12Pour la Chine, cette nouvelle coalition est surtout l'occasion
45:15de créer enfin un monde économique alternatif indépendant de l'Occident.
45:22Car avec les nouvelles adhésions, les BRICS représentent désormais
45:26presque la moitié de la population mondiale et un tiers de ses richesses.
45:32Sans compter les nouvelles candidatures d'adhésions.
45:38Le plan est qu'à long terme, des pays comme l'Iran, la Russie et la Chine
45:43vont éroder la capacité des États-Unis à utiliser les sanctions
45:47comme outils politiques au niveau international.
45:51Parce qu'ils vont créer des mécanismes alternatifs pour contourner
45:55les sanctions américaines et pour contourner la domination du dollar.
45:59Ce qui rendra plus difficile pour les États-Unis
46:02l'utilisation de leurs systèmes de sanctions.
46:09Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale,
46:12des économies suffisamment puissantes semblent donc en mesure
46:15de créer un espace commercial, économique et financier
46:18à l'abri de la puissance du dollar.
46:24Pour la Chine, l'enjeu est de taille car cet espace alternatif
46:27l'immuniserait contre les sanctions occidentales
46:30dans le cas d'une annexion de l'île de Taïwan.
46:35Évidemment, en ligne de mire, il y a le caractère agressif
46:38des positions de la Chine vis-à-vis de Taïwan.
46:40Il n'est pas à exclure que la Chine cherche à envahir Taïwan
46:44peut-être en 2030, autour de ces années-là en tout cas,
46:47quand la Chine deviendra probablement
46:50la première puissance économique mondiale.
46:53Mais la Chine souhaiterait d'ici là avoir des mécanismes
46:56financiers alternatifs pour que ces sanctions soient inefficaces.
47:02En créant un monde parallèle à l'abri des sanctions
47:05et en forgeant des coalitions toujours plus vastes,
47:08l'objectif pour la Chine, la Russie et l'Iran est de pouvoir
47:11enfin mener à bien leurs ambitions respectives
47:14sans se soucier des conséquences éventuelles.
47:22L'Iran se présente plus que jamais
47:25comme le plus grand opposant des Américains au Moyen-Orient.
47:32Il avance aujourd'hui ses pions, bénéficiant du chaos
47:35provoqué par l'attaque terroriste du 7 octobre
47:38et les représailles sanglantes d'Israël.
47:42Ces oppressions répétées et cumulées
47:45ont abouti à un soulèvement de la population de Gaza
47:48et de l'axe de résistance
47:51qui ont donné un coup décisif au régime israélien
47:54le 7 octobre dernier.
47:56Il n'y a absolument aucune surprise dans l'attitude iranienne.
47:59Téhéran soutient le Hamas,
48:02continue à soutenir le Hezbollah, se félicite de ce qui s'est passé,
48:05se pose en champion de la cause palestinienne
48:08tout en encourageant sans doute le Hezbollah ou les Houthis
48:11et le Hamas à en faire toujours plus.
48:14Les milices soutenues par l'Iran,
48:17comme le Hezbollah au Liban ou les Houthis au Yémen,
48:20menacent de provoquer une escalade
48:23qui risque de déstabiliser encore davantage les Occidentaux.
48:30Une évolution importante est en train de se dérouler dans la région.
48:33Les groupes de l'axe de résistance
48:36y sont devenus des acteurs plus importants
48:39et l'architecture future de la région
48:42devra tenir compte de la place de ces groupes.
48:45D'une certaine manière, les trois pays concernés bénéficient
48:48d'une sorte d'effet d'aubaine, bénéficient de ces attentats.
48:51L'Iran, puisqu'il se met
48:54au centre du jeu proche oriental,
48:57la Russie, parce qu'elle se pose
49:00comme défenseur des peuples opprimés,
49:03comme la Chine d'ailleurs,
49:06et que Pékin et Moscou voient avec une grande satisfaction
49:09les observateurs internationaux
49:12se détourner de l'Ukraine ou de Taïwan
49:15pour se focaliser sur le Proche-Orient.
49:18Donc chacun à leur manière,
49:21la Russie, la Chine et l'Iran bénéficient politiquement
49:24du 7 octobre.
49:27Dans ce monde où l'Occident n'est désormais plus le leader incontesté,
49:30le régime iranien, comme ses partenaires russes et chinois,
49:33semble plus libre que jamais d'atteindre leurs objectifs.
49:36C'est-à-dire qu'on aurait à priori
49:39des petits systèmes régionaux
49:42qui interagiraient les uns avec les autres.
49:45Et puis à la tête de ces systèmes régionaux,
49:48la puissance qui se pense être la plus légitime pour régner
49:51en quelque sorte dans la zone. Donc typiquement, au Moyen-Orient,
49:54ce serait un système dirigé par l'Iran,
49:57un système dirigé par la Russie,
50:00et puis en Asie du Sud, un système dirigé par la Chine.
50:03Dans ce monde fragmenté,
50:06l'Europe se retrouve frontalement confrontée
50:09à la question de son indépendance stratégique.
50:12Puisqu'on a un bloc mené par les Etats-Unis, un bloc mené par la Chine,
50:15un bloc des économies en développement,
50:18et donc toute la question est de savoir si l'Union européenne
50:21peut émerger en tant que quatrième bloc autonome
50:24ou si l'Union européenne devra se ranger
50:27quelque part derrière les Etats-Unis.
50:30L'Union européenne est aujourd'hui courtisée par la Chine
50:33qui a entrepris de la faire sortir du bloc occidental.
50:39La Chine est très désireuse de consolider son amitié avec l'Europe,
50:42d'accroître les échanges commerciaux
50:45et de renforcer la compréhension mutuelle.
50:48Suivre les Etats-Unis vous mènera la rue.
50:51Les coalitions peuvent donc être flexibles.
50:54Demain, elles pourraient également inclure
50:57de nombreux autres Etats d'Europe et d'ailleurs.
51:00La plupart des pays du monde ont une attitude neutre
51:03ou neutre positive à notre égard.
51:06Seule une minorité de pays de moins en moins nombreux,
51:09sans avenir et de plus en plus faibles,
51:12se battent contre nous.
51:15C'est l'ancien Occident.
51:19Il finira lui aussi par se diviser.
51:22Et de nombreux pays occidentaux et même européens
51:25rejoindront la grande Eurasie.
51:32Cette nouvelle ère, instable par essence
51:35et à durée indéterminée,
51:38pousse chaque puissance à revoir ses positions.
51:43Les forces de l'OTAN organisent depuis 2023
51:46les exercices militaires les plus importants
51:49depuis la fin de la guerre froide,
51:52mobilisant 90 000 soldats issus des 31 pays alliés.
52:17Beaucoup m'ont dit cela,
52:20mais laissez-moi le faire avec la puissance de l'hommage,
52:23moins impliquée et avec une clarté insoumise.
52:26Il peut y avoir une guerre,
52:29mais qui es-tu si la guerre arrive ?
52:34Alors que le soutien des Etats-Unis à l'OTAN
52:37pourrait connaître des soubresauts
52:40et que l'Europe pourrait se retrouver seule
52:43contre la Russie,
52:46l'Union européenne est plus que jamais confrontée
52:49à son destin de puissance militaire.
52:54Si Poutine devait gagner cette guerre
52:57parce que nous, Européens et Américains,
53:00ne soutenons plus l'Ukraine,
53:03ce serait un très mauvais signal
53:06pour les autres dictatures et régimes autocratiques dans le monde.
53:09Il suffirait de brutalité et de temps
53:12pour que l'Union européenne et son voisin
53:15n'aient pas assez d'argent.
53:18Ce serait un message totalement catastrophique à envoyer.
53:21Pour l'Europe, c'est la grande question.
53:24Jusqu'où on peut s'organiser pour montrer
53:27que ce n'est pas simplement un grand marché, une monnaie,
53:30mais un continent qui sait se défendre
53:33et qui sait se faire respecter.
53:36La deuxième façon, c'est tout simplement
53:39de nous remettre à formuler
53:42des valeurs qui peuvent être universelles.
53:46Pour les régimes qui défient aujourd'hui l'Occident,
53:49toute la question est de savoir
53:52s'ils parviendront à surmonter leur propre fragilité
53:55et à contrôler des populations
53:58qui ne cessent d'exprimer leur désir de liberté
54:01et qui croient en la victoire de la démocratie.

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