"Cette instabilité n'est pas une bonne chose pour les dossiers sur lesquels on travaille aujourd'hui", estime mardi François Hommeril, secrétaire général de la CFE-CGC, alors que le gouvernement de Michel Barnier est visé par deux motions de censure.
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00:00Bonsoir à toutes et à tous et bonsoir à vous François Ombril, président de la CFE CGC,
00:09syndicat des cadres. Qu'est-ce que vous inspire la situation politique actuelle ? Ces deux motions
00:15de censure déposées par le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National qui
00:18seront examinées demain. Le gouvernement Barnier qui risque de tomber, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:24Un peu comme tout le monde je pense, c'est un peu le bazar, personne ne s'y reconnaît vraiment,
00:30nous on est un peu démunis, on est comme tous les français, on observe ce qui se passe. Moi je
00:36suis concerné un peu plus particulièrement en tant que responsable syndical, donc la CFE CGC,
00:40les techniciens, les agents de maîtrise et les cadres, en cela que les membres du gouvernement,
00:45pour certains en tout cas, sont nos interlocuteurs, je ne vais pas dire au quotidien, mais quand même
00:50on les voit souvent, on travaille avec eux, ils ont des cabinets, ils ont des équipes. La ministre
00:53du travail notamment. La ministre du travail notamment, mais aussi on va peut-être en
00:56reparler avec le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, avec ses équipes, on a quand même des
01:02dossiers. Certains sont brûlants, sont préoccupants et nous on a besoin d'avoir des interlocuteurs.
01:06Nous on travaille avec ces gens-là et quand eux-mêmes de leur côté, ils ne savent plus trop,
01:12s'ils seront en poste le lendemain, j'imagine qu'ils ne s'engagent pas de la même façon.
01:16Vous le sentez ça depuis le début de la semaine, François Ombril, qu'il y a une sorte de fébrilité
01:20au sein de l'équipe gouvernementale ? Alors honnêtement non, pour le coup,
01:23sur les deux personnes qu'on a citées ensemble, ils sont dans leur dossier comme au premier jour,
01:28mais on n'est pas dupes. On sait très bien que si demain il apparaît que le Premier ministre ne le
01:34sera plus, eux-mêmes vont expédier les affaires courantes le temps qu'il faut et donc d'autres
01:39équipes vont se reconstituer. Et ça prendra du temps. Ça prendra du temps, ils devront s'approprier
01:44les dossiers, on devra nous-mêmes apprendre à les connaître, ils devront apprendre à nous connaître.
01:48Tout ça, ça prend du temps et c'est du temps perdu. Selon la numéro 1 de la Cévra,
01:54Marie-Lise Léon, la censure du gouvernement ne serait pas une bonne nouvelle pour les salariés.
01:58Est-ce que vous êtes d'accord ? Moi, j'ai coutume de ne pas trop juger de l'étiquette du gouvernement
02:04tel qu'il est. Par contre, une fois qu'il est nommé, une fois que les ministres sont en place,
02:07je ne me gêne pas pour les critiquer quand je ne partage pas les options qu'ils décident en
02:12matière de politique publique. En l'occurrence, comme on vient de le dire finalement, effectivement,
02:17cette instabilité n'est pas une bonne chose pour les dossiers sur lesquels on travaille aujourd'hui.
02:21Est-ce que cette instabilité politique ne risque pas de nourrir également une
02:25instabilité sociale au moment où les plans sociaux se multiplient en France ?
02:30C'est ça justement le problème, c'est qu'il y a quand même une instabilité économique extrêmement
02:36importante. Ça a une répercussion sociale très très forte. L'instabilité sociale est liée depuis
02:41très très longtemps, elle n'est pas d'aujourd'hui, elle est présente, un peu comme un fond commun.
02:45Et aujourd'hui, il y a ces difficultés économiques de la fin de l'année 2024 et qui se présagent
02:50pour l'année 2025, qui sont très très préoccupantes. Vous avez cité les plans sociaux,
02:55on pourra revenir dans le détail. Et on a besoin pour cela, on a besoin pour ces sujets-là d'avoir
03:02cause commune en fait avec le gouvernement. Pourquoi ? Parce que les répercussions de ces
03:06plans sociaux, forcément, ils sont coûteux sur le plan humain, mais ils sont aussi coûteux sur
03:10le plan financier. Il faut que Pôle emploi, France Travail aujourd'hui, se mettent en ordre de marche.
03:16Ce sont des gens qui vont être pris en charge par la solidarité dans la société. Il y a des
03:21problématiques de restructuration. Enfin bref, tout ça finalement nous concerne ensemble et il faut
03:25qu'on agisse ensemble. Néanmoins, cet après-midi, vous l'avez sans doute vu, des retraités se sont
03:30rassemblés devant le métro Varennes à Paris pour protester contre la désindexation partielle de
03:35leurs pensions à partir du 1er janvier. Jeudi, ce sera au tour des fonctionnaires de se mobiliser.
03:3965% de grévistes annoncés dans le premier degré. La CFE-CGC appelle d'ailleurs à se
03:46mobiliser, à la mobilisation, sauf que toutes ces mesures, elles ont de bonnes chances de ne pas
03:51avoir lieu. Si le gouvernement Barnier est censuré, est-ce qu'il faut tout de même continuer à se
03:55mobiliser ? En l'occurrence, pour la date du 5, il faut conserver cette date. On verra bien ce
04:01qu'il en sera. Sauf que les 1 milliard d'économies sur la fonction publique, ce n'est pas du tout sûr
04:06qu'ils seront réels. Moi, je vais vous dire, il faut que la fonction publique soit mobilisée en
04:09permanence. Ça fait 30 ans, en fait, que ce sont les agents de la fonction publique qui payent une
04:15partie de la politique dispendieuse de l'État. Aujourd'hui, ils ont en moyenne perdu à peu près
04:2030% de pouvoir d'achat par rapport aux salariés du privé. Ça, c'est réel. C'est facilement
04:25objectivable. S'agissant des enseignants, par exemple, aujourd'hui, ce sont pratiquement les
04:29plus mal payés des pays de l'OCDE. Ce n'est quand même pas normal. Donc, censure ou pas censure,
04:34budget ou pas budget, il y a des dossiers de fonds sur lesquels il faut continuer à se mobiliser,
04:38notamment pour les fonctionnaires. Mais pour les retraités ? Les retraités, c'est un peu pareil.
04:42Vous savez, on nous objecte la dette, le mur de la dette, le déficit, etc. Moi, j'observe que les
04:48régimes sociaux, pour le coup, qu'on parle des régimes de base ou des régimes complémentaires,
04:52ils n'ont pas tellement de problèmes financiers. Pourquoi ? Parce que c'est nous qui les gérons.
04:55Et donc, comme on les gère de façon extrêmement sérieuse, ce qui n'est pas le cas des deniers
05:00de l'État, aujourd'hui, il y a des réserves, par exemple, dans la Gircarco. Et l'État veut nous les
05:04piquer. Donc, moi, je pense qu'il faut en permanence rester mobilisé, qu'on soit salarié ou qu'on soit
05:10retraité. Parce qu'en fait, c'est la même population. Tout salarié sera un jour retraité.
05:15Mais vous défendez les cadres, notamment, et donc les salariés. Or, les salariés seront les grands
05:20perdants de la situation actuelle. Fait remarquer le ministre des Comptes publics, Laurence Amartin,
05:25car les actifs vont payer plus d'impôts, en cas de censure du gouvernement et en cas de loi spéciale,
05:31car le barème de l'impôt sur le revenu ne sera pas indexé sur l'inflation. Qu'est-ce que vous en
05:36dites ? Oui, effectivement, ça, c'est un problème. Il va y avoir une trappe, une trame dans la
05:40quelle on va faire basculer 50 000 nouveaux foyers fiscaux, là où, normalement, ils ne devaient pas
05:46être éligibles à payer l'impôt sur le revenu. Et par ailleurs, pour ceux qui le payent aujourd'hui,
05:50eh bien, il n'y aura pas de valorisation du barème. Eh bien, écoutez, moi, je ne sais pas trop ce qui
05:55va en advenir. Non, mais est-ce que, par exemple, comme Thomas Cazenave, député Renaissance,
06:00qui était sur France Info ce matin, vous appelez les députés à la responsabilité demain, lors de
06:06l'examen des deux mentions de censure, pour ne pas arriver à cette situation qui fera que, demain,
06:11les salariés, les contribuables, paieront peut-être plus d'impôts, en tout cas pendant quelques mois.
06:16Vous savez, je veux dire, dans la période actuelle, appeler les députés, d'une manière générale,
06:22à la responsabilité, c'est comme un peu demander à un enfant gourmand de ne pas manger de bonbons.
06:26Ce n'est pas trop la tendance, actuellement. Et puis, je ne veux pas trop m'en mêler, en vérité.
06:31Moi, je suis assez bien informé pour parler des conséquences qu'aurait la démission du gouvernement.
06:38Mais, par ailleurs, chaque député, lui, il a des responsabilités vis-à-vis du mandat qu'on lui a donné.
06:44Je ne vais pas trop lui donner de consignes particulières. Sur certains sujets, nous, on le fait.
06:48On fait du lobbying, près des députés, quand il s'agit de défendre un amendement dans une proposition de loi.
06:53— Est-ce que, demain, François Ombril, vous appelez à plus de stabilité, en tout cas un maintien d'une certaine stabilité ?
07:01Ou est-ce que vous vous dites que vous vous adapterez, quelle que soit la situation, demain soir ?
07:05— Vous savez, on a, je crois, fait assez bien la preuve qu'on était capable, nous, les organisations syndicales, de nous adapter.
07:11Ce que je veux dire, c'est que si la situation politique était plus stable, effectivement, ce serait meilleur pour nous.
07:16Mais si c'est pour revenir à un gouvernement du type de celui de Gabriel Attal, rien ne peut être pire que le gouvernement Gabriel Attal
07:24dans ses options et dans la façon qu'il avait de considérer les organisations syndicales.
07:29Donc là, je suis toujours méfiant. On sait ce qu'on a. On sait jamais ce qu'on trouve.
07:32— Merci beaucoup, François Ombril, président de la CFE-CGC, invité écho de France Info ce soir.