Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui 02/12/2024, il revient sur le rejet du Conseil d'Etat qui rejette la demande d'une Normande souhaitant avoir un enfant avec son défunt mari.
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00:00Autre sujet en Normandie, une femme se bat pour avoir un enfant de son mari défunt.
00:04Ça c'est un sujet très délicat et c'est un sujet sur lequel il est difficile de se faire une idée définitive.
00:11Le conseil d'état a rejeté sa demande.
00:14Elle souhaite pourtant poursuivre son parcours de PMA engagé avec son mari Jocelyn qui est décédée l'année dernière.
00:21Le CHU de Caen a conservé les embryons mais le conseil d'état s'y oppose.
00:25Charlotte, c'est son prénom, a décidé de saisir la cour européenne des droits de l'homme et nous sommes avec Charlotte N'Goma.
00:33Bonjour Charlotte.
00:35Bonjour.
00:36Et merci, depuis le décès de votre mari Jocelyn d'un cancer de l'osophage en décembre 2023,
00:44vous vous battez pour obtenir ce droit de poursuivre le parcours de procréation médicalement assistée,
00:50engagée par votre couple, parce que c'est ça aussi qui est important de dire que c'était engagé par votre couple.
00:56Alors croyez bien que jamais je n'oserais vous juger et je comprends tellement votre démarche
01:03parce que vous avez envie que celui qui était l'amour de votre vie,
01:09il y ait un prolongement à travers ce fils ou cette fille qui pourrait naître, Charlotte.
01:14Oui, tout à fait.
01:16C'est la continuité de notre histoire d'amour et je ne vais pas baisser les bras, je me battrai jusqu'au bout.
01:21Vous vous étiez rencontrée quand avec votre mari Jocelyn ?
01:26Alors en 2019.
01:28Donc quand vous vous rencontrez, c'est un coup de foudre j'imagine, immédiat,
01:33et vous envisagez d'avoir un ou deux ou plusieurs enfants ?
01:38Alors oui totalement, c'est un coup de foudre immédiat, c'est une évidence,
01:42on emménage très rapidement ensemble, on se marie en 2021.
01:47On essaye d'avoir un enfant, malheureusement ça ne fonctionne pas,
01:50donc on s'engage dans un parcours PMA, au moins pour avoir un enfant,
01:53parce que moi j'en ai déjà deux d'une première union,
01:56mais on voulait un enfant à nous, en effet.
01:59J'imagine peut-être que d'ailleurs lorsque votre mari Elas est décédé, ça fait un an tout juste ?
02:07Le 10 décembre ça fera un an, oui.
02:09Donc c'est toujours un moment particulièrement difficile pour vous,
02:13puisque cette date approche, et on sait très bien que le premier anniversaire
02:17de la mort de quelqu'un qui nous a quittés,
02:21quelques jours avant, on est dans un état particulier,
02:24comme vous devez l'être en ce moment, 1er décembre.
02:27Oui exactement, il y a des dates beaucoup plus compliquées à vivre que d'autres.
02:31Est-ce que parmi ces dernières volontés, lorsque vous l'avez accompagnée,
02:35il vous avait dit, j'aimerais que les démarches que nous avons engagées ensemble,
02:41j'aimerais qu'elles aillent au bout ?
02:43Oui bien sûr, on en a longuement parlé,
02:45puisqu'il a été hospitalisé pendant un mois et demi avant son décès.
02:49J'étais avec lui tous les jours, donc on a vraiment abordé tous les sujets concernant la mort,
02:53puisque c'était le risque.
02:55Et donc il m'a dit que si je me sentais capable de continuer ce parcours PMA,
03:00qu'il fallait que je le fasse,
03:02et que ça ne lui causait aucun souci.
03:04Il a même parlé aux médecins autour de lui,
03:06donc on a des attestations également des médecins.
03:09Là vous êtes allée devant le Conseil d'État,
03:13la loi ne l'interdit pas, interdit plus exactement aujourd'hui,
03:17lorsque l'homme est décédé,
03:21d'aller au bout de cette démarche qui avait commencé dans les années 2021 ou 2022 ?
03:28Oui c'est bien ça.
03:30La loi l'interdit complètement, elle interdit de continuer la PMA si l'un des membres du couple décède,
03:35mais elle interdit aussi le transfert,
03:37donc elle m'interdit de transférer mes embryons dans un autre pays,
03:41comme l'Espagne où c'est autorisé.
03:43Ces embryons sont donc conservés par le CHU de Caen pour le moment ?
03:48Oui, c'est bien ça.
03:49Il n'y a pas de risque que ces embryons soient détruits ?
03:54Techniquement, au bout d'un an, j'aurais dû prendre la décision de soit les détruire,
03:58soit d'en faire don.
04:00Là, mon avocat a réussi à faire en sorte que le CHU s'engage à les conserver
04:06jusqu'à toute voie judiciaire, jusqu'à la cour européenne.
04:11Il n'y a pas de souci pour le moment.
04:12Mais quel est votre espoir en cette cour européenne des droits de l'homme ?
04:17J'ai l'espoir que la loi change,
04:19alors après peut-être que finalement si elle change dans les critères,
04:22je ne serai plus dedans,
04:25mais en tout cas je mènerai le combat jusqu'au bout.
04:28Et si ce n'est pas pour moi, ça sera sûrement bénéfique à d'autres femmes à venir.
04:31Est-ce qu'il y a des pays en Europe,
04:34et on a parlé pourquoi pas d'un transfert vers une clinique en Espagne,
04:39où ce que vous demandez en France est possible dans un autre pays ?
04:43Alors oui, il y a beaucoup d'autres pays où c'est autorisé,
04:46comme l'Espagne, la Belgique, le Portugal.
04:49Il y en a vraiment beaucoup maintenant.
04:51C'est nous qui sommes très en retard, je pense.
04:53Ce qui est très intéressant, c'est par exemple l'Espagne,
04:55qui est un pays de culture catholique,
04:58sur beaucoup de sujets, l'Espagne est incroyablement progressiste.
05:02Alors que nous, sur ce sujet-là, nous ne le sommes pas.
05:06Je ne sais pas si vous avez un avis ou pas,
05:08je trouve que c'est difficile d'avoir un avis, Géraldine,
05:10sur un sujet comme celui-là, tellement il est personnel.
05:13Bien sûr, mais je comprends Charlotte, j'aurais fait pareil avec elle.
05:15Bien sûr, mais vous avez raison.
05:18Et je trouve ça injuste qu'on ne la laisse pas faire.
05:22D'ailleurs, l'argument que vous donnez est excellent,
05:25de dire aux législateurs,
05:27alors en même temps, c'est le législateur qui a décidé cela.
05:31Charlotte, j'imagine que vous connaissez bien
05:34quand est-ce que cette loi a été votée,
05:36depuis combien de temps elle existe,
05:37et comment on pourrait, pourquoi pas, la faire évoluer ?
05:41Alors, je pense que pour la faire évoluer, c'est délicat.
05:45Après, j'ai contacté tous les députés,
05:47donc j'ai des pistes avec un député
05:49qui accepte de rédiger la loi avec moi
05:52et la proposer à l'Assemblée.
05:53Après, malheureusement, ça risque de prendre des années,
05:56ce genre de choses qui ne se fait pas rapidement.
05:58Écoutez, on voulait en tout cas entendre votre témoignage,
06:02Charlotte, parce que c'est un témoignage émouvant et très fort.
06:07Vous avez deux adolescents, je crois, nés d'une première union ?
06:10Oui, tout à fait. Ma fille a 15 ans et mon fils a 11 ans.
06:13Et puis, effectivement, votre mari Jocelyn,
06:17ce cancer de l'osophage,
06:19ce sont des cancers terribles,
06:21cancer du pancréas, osophage et estomac,
06:24qui sont aujourd'hui, hélas, pas toujours guéris,
06:28même s'il y a eu une progression dans les traitements.
06:33Peut-être s'en était-il aperçu trop tard,
06:37de ce cancer de l'osophage, Jocelyn ?
06:41Pas spécialement, en fait.
06:43Il avait déjà eu des problèmes d'osophage étant enfant,
06:46il avait déjà eu une première opération.
06:48Donc, en fait, il n'avait plus de clapet,
06:50donc il avait des remontées acides constamment,
06:52mais malheureusement, à force d'avoir des remontées acides,
06:55il y a une tumeur qui s'est installée.
06:57Merci de votre témoignage.
07:00Et puis, on a une pensée pour vous,
07:02comme une pensée pour votre mari.
07:04Et puis, dans votre combat,
07:08vous souhaitez intervenir sur l'antenne.
07:11Ce sera intéressant, évidemment, d'écouter et de vous écouter.
07:15Merci Charlotte N'Goma, merci beaucoup.
07:18Merci à vous, bonne journée.
07:20Merci, il est 12h25, on marque une pause.
07:23Émilie Desse dans une seconde.
07:25On célébrera lundi à notre façon, bien sûr.
07:29Ah oui, lundi, oui, oui.
07:31Et puis, on revient.
07:34Enfin, j'espère.
07:35Oui, pourquoi on ne reviendra pas ?
07:37Après, on ne sait jamais.
07:39Ah, vous pensez qu'on ne peut pas revenir ?
07:41Oui, après la pause.
07:43Vous écoutez Pascal Preudot, 11h à 13h, sur Europe 1.