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La cathédrale Notre-Dame de Paris a dévoilé son "éclat" retrouvé cinq ans après l'incendie dévastateur d'avril 2019, à la faveur d'une ultime visite de chantier par Emmanuel Macron vendredi dernier. Elle rouvrira au public les 7 et 8 décembre.

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Transcription
00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le recteur archi-prêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
00:06Vos questions au 01 45 24 7000 et sur l'application Radio France.
00:13Monseigneur Olivier Ribadeau-Dumas, bonjour.
00:16Bonjour Nicolas, bonjour Léa.
00:17Et bienvenue sur Inter alors que s'ouvre la grande semaine de festivité dédiée à Notre-Dame de Paris
00:25avec la réouverture samedi prochain de la cathédrale ravagée par l'incendie du 15 avril 2019.
00:32Nous avons avec Léa beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions à vous poser.
00:37On rappelle juste le calendrier, samedi soir, la cérémonie de réouverture en présence d'Emmanuel Macron,
00:44de très nombreux chefs d'État et de responsables ecclésiastiques.
00:48Le lendemain, la messe inaugurale présidée par l'archevêque de Paris.
00:53On va entrer dans tout ça en détail, mais d'abord dites-nous, vous qui êtes le recteur de cette cathédrale,
00:59quel sentiment vous habite en ce lundi matin ? La joie ? L'appréhension ? Le trac ? Qu'est-ce qui vous traverse ?
01:05Au risque de vous surprendre, ce qui m'habite le plus, c'est l'humilité.
01:09C'est-à-dire qu'aujourd'hui, alors que la cathédrale va rouvrir, je pense à ceux qui l'ont bâti d'abord.
01:15Et ils l'ont bâti pour une raison bien spéciale, c'est-à-dire qu'ils voulaient signifier que ce bâtiment était dédié à la gloire de Dieu.
01:21Et puis je pense à ceux qui l'ont transmise au cours des siècles.
01:24Je pense aussi à ceux qui l'ont sauvé du feu, les pompiers à qui l'on doit tant,
01:28et à ceux qui, depuis cinq ans, n'ont cessé de travailler pour la rebâtir.
01:32Et donc, c'est cette humilité devant tous ceux qui, avant, ont travaillé,
01:37et l'humilité devant la tâche, simplement, qui m'est confiée de faire fonctionner cette cathédrale
01:40pour être un lieu de culte et en même temps un lieu qui accueille tous ceux qui voudront la visiter.
01:44L'humilité, mais peut-être aussi un peu le trac, c'est quand même un événement qui va être diffusé dans le monde entier,
01:48en mondo-vision, comme on dit. C'est un peu l'équivalent de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, qui va y avoir.
01:54Pas vraiment. En tout cas, ce n'est pas ce que le diocèse veut faire.
01:58C'est-à-dire qu'on ne veut pas faire de grands shows.
01:59Ce qui est premier, c'est que le culte puisse à nouveau être célébré à l'intérieur de la cathédrale.
02:03C'est-à-dire que cette cathédrale, c'est la cathédrale des catholiques de Paris.
02:07C'est-à-dire que les catholiques de Paris vont retrouver leur église-mère.
02:10Et en même temps...
02:11Vous avez raison, mais Notre-Dame, c'est plus que ça.
02:14Mais bien sûr !
02:14C'est aussi, même pour les non-croyants, même pour les laïcs, ça veut dire quelque chose.
02:19En France, mais dans le monde entier, c'est aussi ça.
02:21C'est évidemment un bâtiment, un édifice qui a un rayonnement international.
02:26Et l'émotion suscitée par l'incendie en avril 2019 est bien le signe qu'il y a partout dans le monde des gens qui aiment ce bâtiment.
02:32Parce que, à Notre-Dame, il y a quelque chose de l'âme de la France qui vibre.
02:37Parce que Notre-Dame a été le témoin de l'histoire heureuse et malheureuse de notre pays.
02:42Parce que les gens sont heureux de découvrir ce chef-d'œuvre de l'architecture.
02:46Et parce qu'ils sont heureux de trouver aussi un lieu de paix et d'intériorité.
02:49Tout est prêt ce matin, à 8h27, où il y a encore des trucs à régler, des négociations...
02:54Rassurez-vous, sur les négociations, les choses sont en très bonne voie.
02:59Mais il y a toujours des petits détails...
03:00Les négociations sur Paul McCartney, vous allez dire, vous en avez marre quand on vous parle de Paul McCartney !
03:05Je crois que la réouverture de Notre-Dame, heureusement, ne se limite pas à la venue de Paul McCartney.
03:09Mais je pense que ce qui est important, c'est de pouvoir faire en sorte que, justement,
03:14le 7, tous puissent redécouvrir ce bâtiment, la splendeur qu'il a.
03:19Mais aussi cette élévation gothique, la blondeur de la pierre, le mobilier liturgique...
03:25Il ne faut pas oublier qu'il y a des compagnons qui ont travaillé.
03:28Mais il y a un immense chantier que le diocèse a mené avec des équipes magnifiques, que je veux saluer ce matin.
03:33Et qui ont permis que la cathédrale puisse rouvrir au culte samedi.
03:36Vous allez nous la faire visiter à la radio dans un instant.
03:40Emmanuel Macron a déclaré vendredi, lors de son ultime visite du chantier,
03:44en présence de tous les artisans, des pompiers,
03:47que le choc de la réouverture sera aussi fort que le choc de l'incendie.
03:52Mais ce sera un choc d'espérance.
03:55Vous reprenez ces mots ?
03:56Ah oui, je les reprends parce que je crois vraiment que l'ouverture de la cathédrale,
04:00la réouverture de la cathédrale est un magnifique signe d'espérance.
04:03Il ne faut pas le cacher, nous sommes dans une société qui est un peu désabusée.
04:06Et ce qui est impressionnant d'abord, c'est que tout le monde est heureux de la réouverture de la cathédrale.
04:11Je ne connais personne qui se dise mais quel dommage que cette cathédrale rouvre.
04:15Tout le monde en est heureux.
04:16Et rien que cette unité est en soi un signe d'espérance.
04:20Et puis l'espérance, c'est aussi parce que justement ce qui était,
04:24ce qui semblait pouvoir tomber, est relevé.
04:27Et que ce qui semblait impossible, reconstruire en cinq ans, est devenu possible.
04:31Grâce au travail des uns et des autres, grâce à l'énergie et la volonté de ceux qui ont voulu cela.
04:36Il a eu raison de mettre la pression finalement Emmanuel Macron de dire cinq ans.
04:39C'est vrai que tout le monde lui a dit à ce moment-là, non ce n'est pas faisable en cinq ans,
04:43dix ans peut-être, etc.
04:45Il fallait, et c'est là où peut-être on peut avoir une pensée pour le général Georges Hollin,
04:50qui a présidé à tous ces travaux, qui a pris le dossier lui-même dans ses mains,
04:56qui a tout géré, qui est parti l'année dernière, qui est mort accidentellement.
05:00Évidemment, on pense à lui.
05:02On pense à lui, il a été évoqué vendredi par le Président de la République,
05:06nous l'évoquerons lors de la réouverture.
05:09Paris ne pouvait pas vivre sans sa cathédrale.
05:12C'était impossible que Paris soit comme désanimé,
05:16parce que les enfants, parce que les adultes, parce que les touristes,
05:19parce que tout le monde veut voir Notre-Dame.
05:21Et le fait de ne pas pouvoir voir Notre-Dame était impossible.
05:24Et donc ce pari des cinq ans a été tenu et c'était nécessaire.
05:27Monseigneur Ibad-Oduma, maintenant, nous qui n'avons pas eu la chance d'entrer dans Notre-Dame de Paris restaurée,
05:37faites-nous visiter en quelques mots cette cathédrale.
05:40Tous ceux qui y sont entrés parlent d'abord de la lumière.
05:44Ils ont été frappés par la clarté retrouvée des lieux,
05:48par la beauté de cette pierre blonde, nettoyée, restaurée.
05:52Vous aussi, c'est ce qui vous a frappé d'emblée ?
05:55C'est certain que la lumière de la cathédrale est quelque chose d'étonnant,
05:58parce qu'elle nous donne la perspective de l'élévation gothique du bâtiment et de sa largeur.
06:03Avant l'incendie, tout était noir et on ne s'apercevait pas que des chapelles étaient du côté des collatéraux ou des déambulatoires.
06:10Là, tout est beau, mais tout est fin.
06:13Ce qui me frappe beaucoup, c'est la finesse et la délicatesse.
06:16C'est les peintures des piliers par Viollet-le-Duc,
06:20c'est même ces couleurs, il y a du rose et du vert,
06:24on a du mal à imaginer Viollet-le-Duc avec du rose et du vert,
06:27mais tout est très délicat.
06:30Et ça, c'est ce qui me marque beaucoup.
06:32Après, il y a la présence du mobilier liturgique qui a été installé,
06:35qui ne rivalise pas avec la pierre, puisqu'il est en bronze,
06:40et donc il ne veut pas chercher à rivaliser avec la pierre,
06:42mais il met en valeur la pierre et la pierre met en valeur le mobilier liturgique.
06:46Avec toutes ces chaises qui sont le signe même de la présence d'une communauté qui se rassemble ici,
06:51ces chaises, nous avions voulu et nous avions dit qu'elles devaient être silencieuses,
06:54c'est-à-dire qu'elles laissent la place à ce qui est le plus important, c'est-à-dire l'hôtel.
06:58Mais ce que je trouve qui est le plus impressionnant,
07:02c'est lorsque les visiteurs seront appelés à entrer par le portail du jugement dernier,
07:07c'est-à-dire le portail central de la cathédrale.
07:09Autrefois, avant l'incendie, ils entraient par un portail latéral,
07:11là, ils entrent par le portail central,
07:13ils vont tout de suite voir la beauté de l'édifice,
07:16ils vont tomber sur le baptistère, là où on baptise, qui est à l'entrée de la cathédrale,
07:20et puis ils vont faire le tour de la cathédrale en passant de gauche à droite,
07:24c'est-à-dire du nord au sud, symboliquement des ténèbres à la lumière.
07:27Ils vont voir toutes les chapelles qui ont été rénovées, qui sont autant de lieux de dévotion,
07:31avec ces magnifiques tableaux, ce qu'on appelle les mets,
07:34c'est-à-dire des tableaux qui étaient offerts au XVIIe siècle, au 1er mai,
07:37par la Confrérie des Orfèvres et qui ont été restaurés.
07:39Tout ça contribue à donner toute la beauté et toute l'âme de Notre-Dame.
07:44Pourquoi, question de Bernard sur l'application Radio France,
07:48avoir remplacé les bancs qui avaient été choisis par des chaises ?
07:52Les bancs n'avaient pas été totalement choisis, il y avait eu un projet,
07:55un premier projet qui avait été fait avec des bancs,
07:58par mon prédécesseur et par le prédécesseur de l'archevêque,
08:01et il a semblé que principalement pour des raisons fonctionnelles,
08:03parce que la cathédrale est vidée d'une partie de ses assises pendant la semaine,
08:08pour que les visiteurs puissent passer,
08:09il avait semblé que ces bancs étaient peu compatibles avec un usage fonctionnel.
08:12Et du coup, ce sont 1500 chaises au design,
08:15ajourées en chaînes massives,
08:17c'est ce que nous avons lu,
08:19qui nous permettront de nous asseoir quand on visitera Notre-Dame.
08:24Et la flèche alors, la flèche de Viollet-le-Duc qui a tant fait parler,
08:28il y a eu un moment l'idée d'un concours d'architecture
08:30pour la remplacer par une flèche contemporaine,
08:32avant que ce soit la flèche de Viollet-le-Duc qui soit reconstruite à l'identique.
08:36Elle est comment la flèche ?
08:38Comme avant !
08:39C'est-à-dire que c'est bien la flèche de Viollet-le-Duc,
08:41on y retrouve tous ses crochets,
08:43on y retrouve les pignons,
08:45on y retrouve cette couverture en plomb,
08:47on retrouve le visage de la cathédrale rassurant,
08:51tel qu'il était avant l'incendie.
08:53Et je trouve que c'est ça qui est beau dans Notre-Dame retrouvée,
08:57c'est cette présence un peu enveloppante,
09:00comme une présence maternelle.
09:02Et c'est peut-être ce qui fait le succès aussi de cette réouverture,
09:04c'est comme la présence maternelle de Notre-Dame au cœur de la ville de Paris,
09:08qui permet de se sentir bien et de se dire,
09:11ben voilà, on est chez nous ici.
09:13Et puis il y a la charpente,
09:15la fameuse forêt qui avait été dévorée par les flammes.
09:18Là aussi, dites-nous à quoi elle ressemble ?
09:21Il y a eu besoin de combien d'arbres pour la refaire à l'identique,
09:24pour la refaire comme elle fut construite à l'origine ?
09:27C'est plus de 1000 chaînes dans la charpente
09:30qui ont été taillées par des compagnons.
09:33J'ai eu la chance d'aller les voir plusieurs fois dans leur atelier,
09:35taillées comme on le faisait au Moyen-Âge.
09:37Avec des espèces d'écailles.
09:39Exactement, tout à fait.
09:41Avec ce sens étonnant de tous ces compagnons,
09:47qui avaient bien l'impression que sur ce chantier,
09:49ce n'était pas n'importe quel chantier.
09:51Et ils restent marqués,
09:53j'ai eu la chance de pouvoir les voir très souvent,
09:55ils restent marqués par ce qu'ils ont vécu.
09:57Ils ont dit quoi ? Ils vous disaient quoi ?
09:59Pourquoi ce chantier-là avait quelque chose,
10:01une singularité particulière ?
10:03Je vais vous raconter juste une anecdote.
10:05Il y a quelques temps, un cordiste,
10:07de ceux qui montaient à la corde,
10:09notamment qui ont démonté l'échafaudage
10:11qui était resté brûlé au-dessus de la voûte.
10:13Il m'a dit, il y a quelque temps,
10:15j'ai dit à mon patron, vous savez,
10:17que je ne remonterai jamais plus à la corde.
10:19Il a 35 ans, 37 ans.
10:21Pourquoi ? Parce que jamais je ne ferai quelque chose
10:23qui a autant de sens que cela.
10:25Et c'est la dimension sacrée de Notre-Dame qui revient là.
10:27On voit bien qu'il y a dans ce bâtiment
10:29quelque chose qui est au-delà de tout autre,
10:31au-delà de tout musée, au-delà de tout édifice.
10:33Il y a une part de l'âme française.
10:35Et puis il y a eu les pièces
10:37qui ont été sauvées, qui ont survécu
10:39aux flammes, les reliques,
10:41la Vierge à l'Enfant retrouvée intacte
10:43au milieu des décombres, la Pietà monumentale,
10:45tout comme l'orgue,
10:47qui est le plus grand orgue de France,
10:49qui n'a pas été ravagée par les flammes.
10:51Là, on est dans l'ordre du miracle.
10:53Ce qui s'est passé, c'est vrai.
10:55On est dans l'ordre de l'émerveillement en tout cas.
10:57La statue de Notre-Dame de Paris
10:59est rentrée solennellement
11:01il y a quinze jours dans la cathédrale,
11:03accompagnée depuis Saint-Germain-le-Serrois,
11:05où elle était depuis cinq ans,
11:07jusqu'à Notre-Dame.
11:09Et on retrouve donc ces éléments-là.
11:11Il y a quelque chose de très touchant aussi,
11:13vous savez, c'est que l'architecte en chef a décidé
11:15qu'on garderait dans la Pietà
11:17qui accueille le Christ
11:19au pied de la grande croix dorée qu'on a vue.
11:21Si vous venez peut-être au lendemain
11:23de l'incendie, il restait comme une lumière
11:25sur cette croix dorée. Et au pied, il y a la Vierge-Marie.
11:27Et on a laissé une coulée de plomb
11:29dans la main de la Vierge-Marie
11:31pour être comme une cicatrice de cet incendie.
11:33Et marquer qu'il y a eu quelque chose
11:35qui s'est passé là. Et je trouve que c'est
11:37très beau de se dire que voilà,
11:39cette cathédrale a traversé les choses.
11:41C'est la seule marque de l'incendie, c'est dans la main de la Vierge-Marie ?
11:43Oui, c'est la seule.
11:45Après, il y a des petites choses
11:47qui ont changé. Par exemple,
11:49les joints des pierres ne sont pas les mêmes
11:51aujourd'hui qu'ils étaient avant l'incendie.
11:53Non, mais la marque qu'il y a eu un incendie qui a failli ravager Notre-Dame,
11:55c'est dans la main de la Vierge.
11:57Et puis, l'incendie...
11:59Joachim Dubelet ?
12:01Oui, voilà, a permis d'ouvrir un chantier archéologique,
12:03de fouiller les entrailles de la cathédrale,
12:05de mieux connaître
12:07les fondations même
12:09de la cathédrale qui remonte à Lutèce.
12:1180 tombes
12:13ont été fouillées
12:15par les archéologues,
12:17dont un sarcophage de plomb.
12:19En plomb,
12:21pour vous, est-ce vraiment le poète
12:23Joachim Dubelet qui a été retrouvé ?
12:25Qu'en pensez-vous ?
12:27Je vais laisser aux spécialistes le soin de décider de cela.
12:29Mais ce qui est intéressant, me semble-t-il,
12:31c'est que l'archéologie
12:33montre bien qu'autour de Notre-Dame,
12:35il y a de multiples
12:37spécialistes qui se sont penchés.
12:39Et jamais on n'aura autant connu
12:41et aussi bien connu cet édifice.
12:43Les laboratoires du CNRS,
12:45les archéologues,
12:47tous ceux qui ont travaillé sur l'histoire de l'art,
12:49sur la restauration,
12:51ont concouru à mieux connaître cet édifice.
12:53Et on a découvert
12:55des tas de choses. Je pense qu'on n'a pas
12:57fini, on a pour des années
12:59à étudier ce qui aura été découvert
13:01au cours de ces cinq années.
13:03Allez, on passe au Standard Inter. Bonjour Alain !
13:05Oui, excusez-moi,
13:07bonjour monseigneur.
13:09D'abord, je suis impatient de remonter
13:11à Paris, comme on dit à Marseille,
13:13pour aller voir Notre-Dame
13:15de Paris. Mais je suis très étonné
13:17que le pape
13:19ne vienne pas à cette réouverture.
13:21Peut-être qu'il préfère le Sud, Marseille,
13:23la Corse, mais pourquoi ne
13:25n'est-il pas à Paris ?
13:27Merci Alain pour cette question.
13:29Monseigneur Olivier Ribadot du Main vous répond.
13:31Je pense que vous pouvez vous réjouir,
13:33vous êtes plus proche de la Corse que nous.
13:35Mais je pense que le pape
13:37a bien conscience, vous savez, que
13:39la réouverture d'une cathédrale, c'est
13:41l'affaire de l'évêque. Le pape
13:43nomme des évêques dans chacun des diocèses
13:45et la cathédrale, c'est le lieu
13:47où l'évêque vient célébrer. Et donc
13:49le pape a tout à fait conscience de ça et il laisse l'archevêque
13:51de Paris célébrer pour la
13:53réouverture de la cathédrale.
13:55D'ailleurs, la
13:57non-venue du pape n'est pas une surprise
13:59pour nous, parce que dès le mois de février, il nous avait
14:01assuré qu'il ne serait pas là.
14:03Oui, mais entre ne pas venir et aller
14:05dix jours après, en Corse,
14:07à l'invitation du cardinal Boustillot
14:09pour célébrer une messe
14:11en plein air, c'est-à-dire...
14:13Comment vous avez réagi ?
14:15Quand vous avez appris ça, vous avez dit...
14:17Le pape n'est pas là pour célébrer une messe en plein air.
14:19Le pape vient à l'occasion d'une rencontre
14:21des pays du
14:23pourtour méditerranéen, qu'il intéresse particulièrement,
14:25sur la piété populaire, un thème qu'il intéresse particulièrement.
14:27Et donc il vient clore ce
14:29colloque et à cette occasion-là, il vient
14:31célébrer une messe. Et donc, voilà,
14:33je suis heureux pour les Corses et je me réjouis pour les Corses
14:35que le pape vienne dans leur île.
14:37On retourne au standard. Bonjour Marc !
14:39Oui, bonjour et merci de
14:41prendre ma question. Bonjour monseigneur.
14:43Bonjour monsieur. Alors certes,
14:45nous nous réjouissons de voir Notre-Dame
14:47plus belle qu'avant grâce à un élan
14:49de solidarité et de générosité
14:51de 846 millions d'euros de dons.
14:53Cependant, n'est-ce
14:55pas un peu l'arbre qui cache la forêt
14:57quand on sait, à titre d'exemple,
14:59qu'une église du Pas-de-Calais à
15:01Haut-Dingan, classée Monument historique,
15:03n'hésite que de nous tomber sur la tête
15:05si nous n'entreprenons pas les 3 millions
15:07de travaux nécessaires à sa rénovation.
15:09Alors voilà, nous nous vous invitons
15:11à vous y rendre et à rencontrer
15:13son maire qui s'arrache les cheveux pour trouver
15:15des solutions de financement.
15:17Beaucoup de questions dans ce sens.
15:19Merci Marc pour
15:21cette question. La question
15:23du patrimoine religieux en France,
15:25hors Notre-Dame. Comment pouvez-vous
15:27répondre, monseigneur Ibado Dumas ?
15:29L'état du patrimoine religieux
15:31dans notre pays, de fait, est difficile
15:33et dans une situation délicate
15:35parce que les églises
15:37appartiennent aux communes et que les cathédrales,
15:39pour un certain nombre d'entre elles, appartiennent à l'État.
15:41Et donc, il est important
15:43que les ministères
15:45concernés puissent avoir
15:47les crédits nécessaires pour
15:49remettre en ordre ce patrimoine
15:51religieux. S'il est dans un si mauvais état,
15:53c'est parce qu'il n'a pas été entretenu pendant
15:55des années et des années, ce qui s'est passé d'ailleurs pour la
15:57cathédrale Notre-Dame. Et je
15:59pense qu'il faut trouver des moyens
16:01pour le financement
16:03de la rénovation du patrimoine religieux
16:05en France. Mais alors, vous connaissez l'idée de Rachida
16:07Datier de faire payer l'entrée
16:09de Notre-Dame de Paris 5 euros pour les visiteurs
16:11comme c'est le cas dans beaucoup, beaucoup, beaucoup
16:13d'églises dans le monde entier. En Italie,
16:15en Espagne, par exemple, quand vous entrez
16:17à la cathédrale de Séville,
16:19c'est 12 euros par personne pour pouvoir
16:21la visiter et pas en France.
16:23Oui, parce que ce n'est pas notre tradition,
16:25parce qu'il y a une nouvelle séparation
16:27des églises et de l'État, parce que
16:29les églises ont été
16:31confisquées
16:33à l'Église et que
16:35les communes et l'État se sont engagées à les entretenir.
16:37Et qu'il y a quelque chose
16:39d'étonnant à faire payer l'entrée
16:41de la cathédrale pour plusieurs raisons.
16:43Peut-être d'abord parce que
16:45je ne sais pas, moi, faire la différence
16:47entre un visiteur et un fidèle.
16:49Je ne sais pas, celui
16:51qui entre dans la cathédrale,
16:53est-ce qu'il va s'arrêter pour prier ou pas pour prier ?
16:55Et alors, si on entre comme visiteur
16:57et qu'on sort comme fidèle, qu'est-ce qu'il se passe ?
16:59La deuxième chose, c'est que je crois que dans notre
17:01société, on a besoin de lieux
17:03dans lesquels on puisse vivre
17:05un moment de paix,
17:07un moment d'intériorité, et tout ça, ça ne s'achète pas.
17:09Ensuite, parce que cette cathédrale
17:11a été rebâtie, on l'a dit, par la générosité
17:13de tous.
17:15La générosité de 339 000 personnes.
17:17Et comment pourrait-on faire payer
17:19ceux qui ont contribué à rénover
17:21cette cathédrale ? Alors, il faut trouver d'autres moyens.
17:23Et certains s'ingénient
17:25à trouver d'autres moyens pour que notre patrimoine religieux
17:27puisse être sauvé.
17:29Sur les 846 millions d'euros qui ont été élevés,
17:31on rappelle, c'est une somme astronomique,
17:33c'est vraiment extraordinaire,
17:35la générosité en France, mais aussi
17:37à l'étranger, des privés,
17:39et des particuliers, et des
17:41personnalités publiques, des entreprises aussi,
17:43beaucoup. Il reste 140 millions
17:45d'euros qui n'ont pas été dépensés pour
17:47la reconstruction. Il va aller où
17:49ces 140 millions d'euros ?
17:51Tout cet argent dont vous parlez, c'est ce qu'on appelle la souscription nationale,
17:53qui est
17:55à l'établissement public, qui est à la charge
17:57de reconstruire Notre-Dame. C'est pas l'Église qui a cet
17:59argent. L'Église a payé sur
18:01ses deniers propres les travaux qui lui incombaient.
18:03L'aménagement intérieur de la cathédrale, le son,
18:05l'électricité, la mise en lumière,
18:07tout ça. Il reste
18:09une somme qui va servir à une phase 3
18:11des travaux, qui concerne notamment le chevet
18:13de la cathédrale, dont il était prévu
18:15qu'il serait réparé avant l'incendie.
18:17Les pierres s'abîment beaucoup,
18:19donc ce chevet sera réparé, puis il y aura aussi
18:21des travaux sur l'extérieur
18:23du presbytère et de la sacristie.
18:25Il y a une question polémique
18:27qui tient au vitreau. Faut-il en
18:29placer certains ? Emmanuel Macron
18:31n'en a pas parlé vendredi, mais un
18:33concours a été ouvert à des
18:35artistes contemporains
18:37pour moderniser une partie
18:39des vitraux, alors que les
18:41défenseurs du patrimoine estiment qu'il
18:43ne faut pas y toucher et qu'il faut
18:45préserver les vitraux de Violet-le-Duc.
18:47Qu'en pensez-vous, mon seigneur
18:49Ribadot-Dubas ? Il me semble
18:51que Notre-Dame traverse les siècles.
18:53Chaque siècle a laissé son empreinte dans la cathédrale.
18:55On voit bien comment le XVIIe
18:57avec ses grands tableaux a été important, comment le XIXe
18:59avec Violet-le-Duc a été important.
19:01Mais au XXe siècle, il ne faut pas oublier qu'il y a eu aussi
19:03des vitraux qui ont été changés.
19:05Le couturier a fait des grands vitraux, le chevalier
19:07a fait des grands vitraux sur les baieaux de la cathédrale.
19:09Le cardinal Lustigi a changé deux fois
19:11le plateau liturgique. La grande croix dorée
19:13dont on parlait, elle date de 1994.
19:15Cette cathédrale n'a jamais
19:17cessé d'évoluer au cours des
19:19siècles et au cours des décennies.
19:21Lorsque l'archevêque de Paris a
19:23présenté le projet du Dieu XVI à la
19:25Commission nationale du patrimoine et de l'architecture
19:27en juillet 2022,
19:29il a dit qu'il lui semblait important
19:31qu'il y ait une trace qui soit laissée
19:33de cet épisode douloureux
19:35mais en même temps en plein d'espérance que nous vivons.
19:37Il avait évoqué déjà cette question
19:39des vitraux. Il appartient maintenant
19:41au président de la République de décider de ce qu'il
19:43désire faire sur cette question.
19:45Et votre avis ?
19:47L'avis, c'est de faire en sorte
19:49que Notre-Dame ne peut pas se permettre
19:51d'avoir quelque chose qui ne soit pas à sa hauteur.
19:53Donc, soit c'est très très beau
19:55soit ça n'est pas.
19:57Mais si c'est très très beau,
19:59ça rentrera dans l'histoire même de Notre-Dame.
20:01Tout ce que nous avons toujours voulu,
20:03c'est de rentrer dans cette histoire.
20:05Ça dépend des projets, c'est ce que vous dites.
20:07Ça ne peut pas être disruptif par rapport à Notre-Dame.
20:09Il faut rentrer dans cette âme et dans cette
20:11histoire de la cathédrale.
20:13Question de Philippe sur l'application Radio France.
20:15Est-ce que, comme le veut la tradition, une gargouille ou une statue
20:17a été réalisée à l'effigie d'une personnalité
20:19ayant participé à la reconstruction de Notre-Dame
20:21de Paris ? Cela avait été fait
20:23à Lyon pour la cathédrale Saint-Jean.
20:25Je vous laisse poser la question à l'architecte
20:27en chef des monuments historiques.
20:29Il n'a pas la réponse.
20:31Peut-être juste un mot
20:33sur la grande soirée de samedi soir.
20:35Il y aura un office,
20:37évidemment, il y aura la cérémonie.
20:39Racontez-nous juste ce que va
20:41faire l'archevêque.
20:43Il va taper à la porte ?
20:45Il faut d'abord rouvrir les portes de la cathédrale.
20:47L'archevêque part trois fois avec sa crosse,
20:49frappé sur les portes de cette cathédrale.
20:51Il lui répondra à l'intérieur,
20:53sans musique, a cappella,
20:55la maîtrise de la cathédrale.
20:57Et puis l'archevêque entrera dans sa cathédrale
20:59quand les portes seront ouvertes. Il accueillera
21:01le président de la République, les personnalités
21:03qui sont présentes. Et puis le premier
21:05acte qu'il va faire, c'est de réveiller l'orgue.
21:07C'est un très beau rite où l'archevêque
21:09interpelle l'orgue qui lui répond
21:11de plus en plus fort,
21:13à huit reprises, puisque l'orgue s'est tué
21:15depuis cinq ans et donc il faut le réveiller.
21:17C'est beau ce mot de réveiller.
21:19Et puis il y aura un office qui se terminera par un tédéum.
21:21C'est magnifique.
21:23On a envie de voir l'orgue réveiller.
21:25Et puis ensuite il y aura un concert,
21:27peut-être avec Paul McCartney,
21:29mais sinon il y aura
21:31Clara Luciani, Vianney,
21:33le chanteur Garou, Pharrell Williams.
21:35Il y aura aussi du classique
21:37avec la maîtrise de Notre-Dame de Paris
21:39et l'orchestre philharmonique de Radio France,
21:41dirigé pour l'occasion par le maestro vénézuélien
21:43Gustavo Dudamel,
21:45qui est une véritable star mondiale du classique.
21:47C'est important qu'il y ait cette fête profane
21:49ensuite.
21:51C'est important que la réouverture de Notre-Dame
21:53soit un moment où les catholiques
21:55et où les chrétiens se retrouvent,
21:57mais où le rayonnement international de la cathédrale
21:59soit respecté.
22:01Et cette émission,
22:03cette soirée qui sera diffusée dans
22:05plus de cent pays dans le monde,
22:07est vraiment le signe de l'importance de la cathédrale
22:09pour le monde. Moment de joie,
22:11moment d'espérance, moment de spiritualité aussi.
22:13Nous voulons que ce soit dans la continuité
22:15de ce qui s'est vécu et que
22:17on célèbre aussi bien
22:19le bâtiment que ceux qui
22:21vont pour y prier
22:23et la statue qui sera là, Notre-Dame de Paris.
22:25Mais ils vont chanter devant ou dehors ?
22:27Ceux qui en chanteront de manière profane
22:29chantent dehors et puis ceux, la musique
22:31sacrée sera à l'intérieur de la cathédrale.
22:33Eh bien merci ! On a hâte de voir ça sur France Télévisions
22:35et sur Radio France, ce sera rediffusé.
22:37Merci Monseigneur Olivier Ribadeau-Dumas
22:39d'avoir été au micro
22:41d'Inter. Inter qui sera
22:43ce 7 décembre en direct
22:45à partir de 20h
22:47pour une édition spéciale
22:49depuis le parvis de Notre-Dame.
22:51Une émission présentée
22:53par Jérôme Cadet. Merci encore !
22:558h47.

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