Le comédien français, mort ce dimanche des suites d'une maladie, a laissé son empreinte sur le cinéma avec des seconds rôles marquants.
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00:00À un moment, je lui ai dit, est-ce que ce serait possible pour nous de faire une lecture ?
00:05Et il m'a dit, écoutez, vous savez ce que je fais, moi je ne fais pas de lecture.
00:09Je lui ai dit, monsieur Aarstrup, moi je ne vous connais pas, je n'ai jamais entendu parler de vous.
00:14Et il m'a dit, moi non plus, je n'ai jamais entendu parler de vous.
00:17Je ne sais pas, ce petit instant a fait un déclic.
00:20C'est que j'avais aucune connaissance de lui, ni de moi, et ça nous a libérés.
00:26Et malgré que vous m'avez quand même averti qu'il était quand même difficile à gérer sur les tournages,
00:32tout ça, ça s'est passé vraiment extrêmement bien.
00:34Je pense que ce moment, dans le restaurant, on s'est mis d'accord d'une manière inconsciente
00:39qu'on ne va pas se marcher sur les pieds.
00:42C'est-à-dire, je ne suis pas intimidé par toi, tu n'es pas intimidé par moi.
00:45Et ça s'est vraiment très très bien passé.
00:47Je me souviens, un jour, on était en train de tourner à la mairie de Versailles.
00:51Il était supposé monter les escaliers.
00:55Et j'avais bougé beaucoup la caméra sur cette série.
00:58Donc on est monté, on est redescendu, on a fait une deuxième prise.
01:01Et à un certain moment, il arrête.
01:03Il me dit, est-ce que je peux te parler ?
01:04Je lui ai dit, qu'est-ce qu'il y a Niels ?
01:05Il m'a dit, je ne peux plus.
01:06Je ne peux plus monter et descendre les escaliers, je suis très très fatigué.
01:09Je lui ai dit, la scène, elle l'exige comme ça ?
01:11Il m'a dit, non, je vais m'asseoir sur cette table et on va faire la scène sur cette table.
01:14Je lui ai dit, mais ce n'est pas comme ça que je l'envisage.
01:16Il me dit, Niels, je ne peux plus, j'ai mal à la hanche.
01:19Et bon, on s'est assis et on a fait la scène.
01:21Et effectivement, elle a marché mieux.
01:23Le fait qu'ils sont pour un moment dans la série où ils sont stables.
01:27Je me souviens aussi à un autre moment en août.
01:30Je reçois un appel de lui à 7h le matin.
01:33Il me dit, Ziad, moi j'arrête le tournage.
01:35Je lui ai dit, Niels, qu'est-ce qui se passe ?
01:37Il m'a dit, Ziad, je n'en peux plus.
01:39C'est des textes qui sont très complexes, très difficiles.
01:41C'est des 7 pages chaque jour.
01:43J'ai un burn-out.
01:45Donc, j'ai pris la voiture chez Année.
01:47On s'est assis à 7h le matin.
01:49Et je l'ai vu épuisé.
01:51À quel point que je me suis dit, peut-être on va pouvoir arrêter.
01:56Il m'a dit, est-ce qu'il y a un moyen qu'on peut réduire les textes ?
01:59Donc, j'appelle les auteurs.
02:01Ils sont venus, on a parlé.
02:03Et je me suis dit, un mec avec une si grande mémoire,
02:07qui a une tradition d'acteur comme pas possible.
02:10Il était épuisé pour la première fois que je l'ai vu.
02:12C'était incroyable.
02:14Et le dernier jour de tournage, c'était dans la cuisine à l'Élysée.
02:17J'ai posé cette dernière cuisine.
02:19Et quand on a tourné, on a célébré la fin de son jour de tournage.
02:22Dès le jour de tournage, j'ai ramené une bouteille de champagne.
02:24Et il a eu des larmes.
02:26Il a dit, je ne vais pas vous dire que Baron Noir,
02:28c'était l'expérience la plus difficile de ma vie
02:30et peut-être la plus mémorable aussi.
02:32En fait, j'ai découvert que c'était un homme d'une simplicité incroyable.
02:36Il avait encore d'enfants.
02:38Et il avait cette capacité technique de maîtrise,
02:40de doctorat qui est incroyable.
02:42On faisait une prise avec lui, deux prises avec lui.
02:44Il avait en lui cette compréhension tridimensionnelle de ses personnages.
02:48Vraiment, pour moi, c'est une grosse perte en fait.
02:52C'est énorme, énorme pour la France.