• le mois dernier
Cette semaine, Mélanie Laurent est notre invité sur Grand Écran. À l'occasion de la sortie de son film Libre ce 1er novembre sur Amazon Prime Video, l'actrice est revenu sur les grand moments de sa carrière, sa vie du quotidien et surtout, sa liberté.
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Inspiré de faits réels, le film nous entraîne dans le sillage tumultueux de Bruno Sulak, véritable Arsène Lupin du XXème siècle. Flamboyant braqueur, ami fidèle, icône de la liberté, Bruno Sulak a marqué l’histoire du banditisme par ses braquages non violents de multiples bijouteries. Tout en étant activement recherché par George Moréas, un commissaire de police non conformiste aussi coriace que perspicace, Sulak est parvenu à s’échapper de prison à plusieurs reprises afin de retrouver Thalie, son amante et complice, devenant ainsi l’ennemi public numéro 1 des années 80
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#MelanieLaurent #AlloCiné #GrandÉcran
Transcription
00:00J'ai passé beaucoup de temps avec Angelina Jolie, on a eu des grandes discussions
00:04et qui ont dépassé le rapport réalisatrice-actrice, on a passé du temps ensemble.
00:22Bonjour. Bonjour, ça va ? Ça va bien.
00:25Bienvenue. Merci.
00:28Merci d'avoir accepté cette invitation à grand écran,
00:31dans cette magnifique salle infinite au Grand Rex, toute neuve.
00:34Elle est incroyable. Elle est vraiment très belle.
00:36Et justement, que représente la salle de cinéma pour toi ?
00:41Elle représente les plus grands moments d'émotion quand on découvre un film.
00:46J'ai plein de souvenirs d'émotion de ces salles sombres.
00:51J'ai plein de souvenirs aussi de l'époque collège, entre 11 et 14,
00:59où on pouvait encore gruger le cinéma, où t'achetais une place
01:03et puis tu te faufilais dans toutes les autres salles.
01:05Ah oui, je faisais ça aussi.
01:07Genre le UGCD des Halles, par exemple.
01:09Pareil.
01:10Et c'était génial. On avait l'impression de braver l'interdit
01:15et en même temps de regarder des films.
01:17Je me rappelle des séances du matin.
01:19J'ai l'impression de me rappeler des tournées province
01:23et de tout ça comme quelque chose qui était d'une autre décennie,
01:27alors qu'en fait, c'était il n'y a pas si longtemps que ça.
01:29Mais c'est vrai qu'il y a des choses qui disparaissent et qui disparaissent très vite
01:33et on en devient très mélancolique.
01:35Et c'était quoi tes premiers gros chocs au cinéma ?
01:38Ceux dont tu te souviens.
01:41Des chocs traumatisants,
01:44parce que mon père m'avait emmené voir Danser avec les loups, version longue.
01:49Genre très petite.
01:52Je crois que la mort de Josette, elle dure très longtemps dans la version longue.
01:56Donc ça c'est un choc.
01:58Mais je me demande si c'était pas Grand Rex.
02:00Donc des films comme ça,
02:02où tout d'un coup on est un peu trop jeune pour comprendre tout
02:06et en même temps on se rend compte qu'on est en train de voir un grand film.
02:09Et tu continues à aller au cinéma ? Dans les salles de cinéma ?
02:12Je continue moins parce que j'habite à la campagne
02:15et que c'est un choix de vie.
02:17En tout cas, ça fait 2-3 ans que je me rends compte,
02:21c'est bizarre, mais quand t'as des enfants
02:24et qu'il te faut quand même un temps libre,
02:27moi je le mets dans la littérature.
02:29Une fois que j'ai fait ce choix-là,
02:31je prends du temps pour lire et je prends moins de temps pour aller au cinéma du coup.
02:35Mais après ça reste le vrai plaisir.
02:39Et puis j'ai un cinéma pas si loin de chez moi,
02:43donc j'ai pas tellement d'excuses.
02:45Mais après, quand tu pars en orga,
02:47enfant et ton travail en même temps,
02:49c'est plus la même vie.
02:51C'est plus la même vie que d'aller voir 5 films par jour.
02:54Et d'avoir rien d'autre à faire.
02:56Donc on est ici pour parler de Libre,
02:58ton nouveau film en tant que réalisatrice,
03:00qui sort le 1er novembre sur Premiere Vidéo.
03:02Est-ce que tu peux nous pitcher Libre avec tes propres mots ?
03:05C'est la vraie histoire de Bruno Sulak,
03:07oubliée de l'histoire.
03:09Comme on oublie souvent les gens qui sont pas violents
03:12et qui étaient un peu poètes.
03:14Un braqueur un peu romantique.
03:16En tout cas, un braqueur non-violent
03:19et qui était très amoureux de sa femme.
03:21Ce qui est déjà deux éléments qu'on voit rarement dans ce film-là.
03:23Complètement, c'est vrai.
03:25Déjà, c'était les deux éléments que je voulais absolument traiter.
03:27Mesdames et messieurs, personne ne bouge, c'est terminé !
03:30Faites calme, il ne vous sera fait aucun mal si vous faites ce que je vous dis !
03:33Je vous prends une ficette.
03:35C'est une vie de cavale,
03:37et c'est un film de cavale, de braquage,
03:39d'amitié, d'amour, sous fond de Méditerranée,
03:42et qui parle de liberté.
03:45Qu'est-ce que ça raconte aujourd'hui ?
03:47C'est quoi l'écho aujourd'hui
03:49de se rappeler de personnages comme ça,
03:51qui n'étaient pas violents ?
03:53Avec cette petite touche
03:56de flic qui lui court après,
03:59qui passe son temps à le rater.
04:01Evidemment, pas un hommage à
04:04Catch me if you can de Spielberg,
04:06je n'oserais jamais dire ça,
04:08mais dans cette veine de films,
04:10où tout d'un coup, on passe son temps
04:12à penser qu'on va l'attraper
04:14et qu'il nous échappe.
04:15Et qu'il y a un jeu entre les deux aussi.
04:17Justement, le film de Spielberg,
04:19c'est un des films auxquels tu as pensé ?
04:21Tout de suite, parce que c'était une histoire vraie.
04:23Quand on voit la vie de Bruno Sulak,
04:25elle est complètement folle,
04:27on n'y croit pas du tout.
04:28Quand on peut braquer deux fois
04:30quartier Genève dans la même semaine,
04:32puisqu'il oublie qu'il l'a déjà fait.
04:33Et puis qu'il s'évade.
04:34Il s'évade à chaque fois.
04:35C'est quand même fou.
04:36Il débarque en Rolls Royce,
04:39en se faisant passer pour un tennisman
04:41et ça passe.
04:42Plus c'était gros, plus ça passait.
04:44Evidemment, quand on prend juste les événements,
04:46comme si on faisait le film comme un pur biopic,
04:49il n'y a que du cinéma, tout le temps.
04:51Donc, il a fallu faire une sélection
04:53parce que c'était même trop.
04:55Il ne faut pas raconter le film.
04:57Il y a beaucoup d'évasion,
04:59même quand ce n'est pas lui.
05:01Jamais de violence,
05:03jamais un coup de feu qui part.
05:05Et cette réputation comme ça,
05:07d'être l'ami public numéro un,
05:09à une époque très La French,
05:11très Marine,
05:13très ultra-violente des années 80,
05:15avec des flics qui étaient autant des voyous,
05:19avec des meurtres
05:22et des crimes partout.
05:25C'est vrai que ce n'est a priori pas
05:27l'univers dans lequel j'ai ni baigné.
05:30Même si c'est des films que j'adore voir.
05:32Moi, en spectatrice,
05:34ce que j'aimais vraiment,
05:36c'était de savoir qu'il y avait
05:38vraiment cette histoire d'amour
05:40sous fond de toile.
05:42Elle était magnifique, cette histoire d'amour.
05:44Elle, elle l'attendait.
05:46C'était elle qui l'attendait dans la voiture
05:48et qui prenait des risques insensés.
05:50Elle avait 19 ans, dans la vraie vie.
05:52Elle était au centre de tout, cette femme.
05:54Parce qu'il l'aime comme un fou.
05:56Elle est dans les braquages.
05:58C'est d'abord cette histoire
06:00ultra-sensuelle
06:02et romantique
06:04et de respect fou entre eux.
06:06J'ai pu comprendre que
06:08Olivier Marshall et Cédric Jimenez
06:10étaient intéressés à cette histoire avant toi.
06:12C'est vrai ? J'imagine que leur film
06:14aurait été justement très différent.
06:16Comme ce que tu viens de dire.
06:18À un moment, dans le film, il lui dit
06:20que c'était tampon. J'ai l'impression que
06:22ça n'aurait pas été non.
06:24Non, mais c'était ça qui était...
06:26L'histoire, elle est
06:28folle parce que
06:30il y a 7 ans, moi je lis le livre de Philippe Janeda
06:32parce que je suis complètement fan de cet écrivain.
06:34Je lis Sulak
06:36comme Jimenez
06:38et comme Marshall, évidemment.
06:40Et je pense que c'est un choc cinématographique
06:42pour tous les réals
06:44de lire le biopic de Bruno Sulak.
06:46Parce qu'en fait, tout le monde veut le faire.
06:48Moi, il y a 7 ans,
06:50je fais des tout petits films d'auteurs
06:52avec très peu de budget
06:54sur des femmes.
06:56Donc moi, quand je dis j'aimerais bien faire Sulak,
06:58on me fait oui, bien sûr.
07:00Parce qu'en fait, il y a les deux plus gros réals en France
07:02qui sont en train de faire.
07:04Sauf que je ne sais pas ce qui s'est passé.
07:06Dans leur timing à eux, ils ont dû prévoir de faire
07:08d'autres films et ça ne s'est pas refait, je crois.
07:10Donc j'ai eu de la chance.
07:12En plus, j'en ai parlé avec Marshall.
07:14Il était tout content. Il n'y a aucune embrouille de rien.
07:16C'est juste que c'est drôle qu'il y a 7 ans,
07:18moi, j'avais très envie
07:20et que c'était à une époque où
07:22une femme réalisatrice n'aurait jamais gagné cette compétition.
07:24Jamais.
07:26Et que les emplois du temps de tout le monde
07:28ont fait que j'ai eu moins un créneau.
07:30Et que ça paraissait peut-être moins fou
07:32que je réalise un film comme ça.
07:34D'homme, de braquage, avec un budget
07:36sur Amazon, ce qu'on ne m'aurait
07:38certainement pas donné il y a 7 ans.
07:40Donc ça me permet aussi de voir que le monde change
07:42et que le cinéma change.
07:44Et j'adore l'idée que
07:46je puisse avoir Marshall en Whatsapp vidéo
07:48et qu'il se marre et qu'il me dise
07:50« C'est toi qui le fais ? »
07:52Et que ce soit amical et drôle et sympa
07:54et que ce soit avec de l'amitié
07:56et que ce soit comme ça que ça se finisse.
07:58Je trouve que ça raconte
08:00quelque chose d'hyper intéressant sur notre métier.
08:02Déjà avec Voleuse, je pense que t'as dû être
08:04la seule femme à faire un film d'action comme ça
08:06en France.
08:08Avec un budget aussi conséquent.
08:10Action,
08:12peut-être pas, mais en tout cas
08:14comédie, action, que y ait
08:16plein de thèmes
08:18dedans, je pense que c'était nouveau.
08:20Dans tes films,
08:22on sent un véritable amour pour les acteurs.
08:24La façon dont tu les filmes,
08:26c'est toujours très intime, tu les filmes de très près.
08:28T'as vraiment une passion
08:30pour filmer tes acteurs et tes actrices.
08:32Oui, c'est-à-dire qu'une fois que je les ai
08:34choisis et que je sais que je les aime déjà,
08:36j'essaie
08:38de voir ce que leurs personnages vivent.
08:40Là, Libres, en plus,
08:42c'est encore plus particulier parce que
08:44je me suis mise à cadrer le film.
08:46Je les filme...
08:48Donc c'est vraiment toi qui es au contact.
08:50Oui, encore plus.
08:52Je ne l'avais jamais fait, je me suis éclatée.
08:54C'est encore autre chose de filmer
08:56ses propres acteurs.
08:58Parce qu'en fait, il y a un moment donné,
09:00on a fait tout le film en épaules
09:02parce que c'était une envie d'être en cavale
09:04avec eux. Et en fait, il y a des moments
09:06où personne ne rentrait dans la voiture
09:08parce qu'ils étaient trop grands.
09:10C'est un peu parti là.
09:12En fait, je me suis calée dans des positions
09:14improbables où j'avais la caméra et je disais
09:16c'est bon, je l'ai. Donc je pouvais me mettre
09:18sous le volant et me trouver
09:20avec des axes et des angles qu'on n'aurait
09:22pas pu faire. Donc c'est parti de ça au départ.
09:24Et après,
09:26j'ai pris beaucoup trop de plaisir à cadrer pour m'arrêter.
09:28Donc ça, ça a été génial.
09:30Ça a été un autre
09:32rapport avec mon équipe technique.
09:34J'ai vu des choses que je n'avais jamais vues.
09:36J'aurais voulu revenir sur
09:38quelques-uns des films que tu as faits.
09:40Juste deux, trois.
09:42Non, pas du tout. Si, je voulais commencer
09:44au début. Je ne m'y attendais pas, je suis à 19 ans.
09:46En fait, c'est un peu ça parce que
09:48on sait que tu as commencé en faisant des doublages
09:50de dessins animés et de certains films.
09:52Et j'ai vu, ce que j'avais oublié, que tu as
09:54doublé le personnage de la grande sœur dans Mon voisin Totoro.
09:56Bonjour, ma sœur s'appelle
09:58May et moi, Satsuki.
10:00Qu'est-ce que tu gardes de ce souvenir
10:02qui est quand même un film exceptionnel
10:04qu'on a tous vu des tonnes de fois
10:06et toi, tu étais très jeune à l'époque.
10:08En même temps, quand tu fais ça,
10:10c'est genre deux jours dans le noir
10:12dans un studio et tu ne te rends pas
10:14compte du tout de ce que tu es en train de faire
10:16et de l'impact que ça va avoir.
10:18Ce qui est assez merveilleux
10:20avec les dessins animés en général
10:22et les chefs-d'œuvre en particulier,
10:24c'est quand tu vois comment ça vit
10:26et quand tu vois qu'en fait, c'est des générations
10:28et des générations.
10:30Toi, tu le fais, tu es très jeune, tu ne te rends pas compte
10:32et puis tout d'un coup, tu deviens adulte
10:34et il y a déjà des enfants qui t'en parlent
10:36et puis après, c'est tes propres enfants qui hallucinent.
10:38C'est sans fin en fait.
10:40Un grand dessin animé et un grand chef-d'œuvre.
10:42Ce qui est sublime, c'est de voir
10:44que tout le monde le partage et que ça émeut
10:46presque une vie entière.
10:48C'est tellement beau.
10:50Mais je ne reconnais pas du tout
10:52ma voix, par exemple.
10:54C'est la question que j'allais te demander.
10:56Qu'est-ce que c'est que cette voix ?
10:58Très aiguë, très bizarre.
11:00Et en 2006, tu fais Dick & Nick.
11:02Nadine, je t'aime, Nadine.
11:04Je te promets, je ne sortirai plus.
11:06Je te promets, je ne boirai plus.
11:08Excuse-moi.
11:10Je parle de ce film
11:12parce que c'est un film
11:14qui a mis du temps à avoir du succès.
11:16C'était un énorme bide.
11:18C'était un énorme bide quand c'est sorti, mais après
11:20il est devenu immensément culte.
11:22Quels souvenirs tu gardes de ce tournage-là ?
11:24Parce que personne ne devait savoir que c'était un film qui allait fonctionner.
11:26C'était un petit film belge, un peu déjanté.
11:28Bien déjanté, oui.
11:30Ils étaient venus, les réals, avec un mood board
11:32dessiné sublime où je voyais
11:34des personnages avec des cochons.
11:36Je me souviens de mon agent qui m'avait dit
11:40« Tu n'es peut-être pas obligé de faire celui-là. »
11:42Et moi, j'étais sûre
11:44qu'il fallait le faire.
11:46J'étais sûre qu'il fallait le faire.
11:48Ça fait partie pareil des trucs où
11:50quand tu vois
11:52Jérémie Régnier sortir d'un...
11:54Oui, littéralement,
11:56il sort d'un cochon d'une voiture.
11:58Moi, je sors d'un coffre.
12:00On avait des scènes qui n'avaient aucun sens.
12:02C'était un tournage
12:04assez particulier.
12:06Pas si léger que ça
12:08et pas si fun que ça à faire
12:10parce que je pense que ça allait un peu dans tous les sens.
12:12Moi, c'est une super rencontre
12:14avec Marion Cotillard.
12:16Je me rappelle de
12:18Florence Foresti
12:20et de la voir
12:22alors que c'était son premier film.
12:24Elle faisait des sketchs éruquiers.
12:26Ce n'était pas du tout Foresti comme maintenant.
12:34Et j'étais là genre
12:36« La puissance de jeu de cette fille est folle. »
12:38Donc, c'était intéressant de voir
12:40qui elle éclore
12:42finalement.
12:44Parce qu'il y avait un sacré casting quand même.
12:46Avec le recul.
12:48Pour un truc improbable, ils avaient quand même...
12:50Et après, oui, c'était une sorte de...
12:52Je me souviens, on a tous vu le film un peu
12:54sans comprendre trop.
12:56Ça a fait trois entrées au cinéma
12:58et ça a été un carton
13:00donc VHS
13:02parce que ce n'était même pas des DVD à l'époque.
13:04Ça a été fou.
13:06Et ça, c'est génial parce que ça veut dire qu'en fait
13:08on ne sait jamais
13:10ce qu'on va faire ni où on va.
13:12Et ça veut dire quand même que dans une carrière,
13:14il faut aussi se laisser porter par de l'instinct beaucoup
13:16et qu'il n'y a pas vraiment de calcul
13:18et on ne peut pas vraiment monter une carrière
13:20parce qu'il y a toujours une part
13:22de magie
13:24qui opère ou pas.
13:26Et ça, c'est que de la chance.
13:28Et en 2007,
13:30tu décroches le César du meilleur espoir
13:32pour Je vais bien, ne t'en fais pas.
13:34Est-ce que c'est compliqué
13:36la célébrité à gérer
13:38quand tu as 23 ans ?
13:40Non, parce que je n'ai pas du tout connu la célébrité à 23 ans.
13:42Tu n'as pas cette impression-là
13:44du coup qu'il y ait eu un changement une fois ?
13:46Pas du tout.
13:48On n'est quand même pas dans un pays très agressif là-dessus
13:50par rapport aux acteurs de cinéma.
13:52En plus, je faisais
13:54beaucoup de films d'auteurs.
13:56Ce n'était pas des films populaires.
13:58Personne ne me reconnaît dans la rue.
14:00Moi, je prends le métro tous les jours.
14:02Toujours encore.
14:04Je ne sais pas ce que c'est.
14:06Et je l'ai vu, moi, chez d'autres gens.
14:08Après, quand j'ai été faire
14:10des films aux Etats-Unis, par exemple,
14:12j'ai vu un peu le cauchemar
14:14de certains acteurs qui ne viennent pas
14:16au resto avec nous. Ils ne vont pas manger une glace
14:18dans une galerie tranquille.
14:20Il n'y a que des gardes du corps, que des hôtels.
14:22En fait, la ville
14:24n'existe plus. Tout ça devient une bulle.
14:26Dans tous les pays du monde entier,
14:28je vais faire des musées. Je me balade toute la journée.
14:30Personne ne me reconnaît.
14:32En plus, on ne peut pas dire que j'ai
14:34une vie sulfureuse vraiment.
14:36Je ne me suis jamais chopée.
14:38Je n'ai jamais eu de paparazzi nulle part.
14:40Déjà que c'est rare de le vivre en France.
14:42Il y en a qui le vivent, mais
14:44on est quand même dans un pays très protégé sur ça.
14:46Mon plaisir,
14:48c'est que les deux fois
14:50où j'ai été enceinte,
14:52je suis arrivée en red carpet
14:54et personne ne savait qui était le père.
14:56Je pense que personne ne sait où j'habite
14:58et personne ne sait ce que je fais.
15:00Franchement, la célébrité,
15:02je pense que c'était plus
15:04un accès
15:06à devenir
15:08quelque chose d'un tout petit peu plus sérieux
15:10et surtout l'accès à des rôles.
15:12C'est ça que ça a changé.
15:14Je vais bien.
15:16C'est énorme dans une carrière
15:18d'avoir un rôle principal très jeune
15:20et de porter un film.
15:22C'est plein de trucs.
15:24Le rôle sublime dans le film qui marche.
15:26C'est ça le miracle.
15:28On peut avoir un rôle sublime
15:30à cet âge-là et que le film ne marche pas.
15:32Là, on a eu les deux.
15:34Ça veut dire que
15:36d'un coup,
15:38dans la tête des gens,
15:40on se dit peut-être qu'elle peut faire des entrées
15:42alors que ça n'a rien à voir.
15:44C'était le film qui était beau.
15:46Sur un petit malentendu comme ça,
15:48on peut surfer quelque chose.
15:50Ça a accéléré
15:52qu'assez vite, il y a eu des rôles
15:54beaux et forts
15:56avec des super réals
15:58et qu'après, ça ré-ouvre d'autres portes.
16:02T'as tourné avec Angelina Jolie,
16:04Brad Pitt, Adam Sandler, il y en a plein,
16:06Ryan Reynolds.
16:08Comment on arrête d'être starstruck
16:10par ces grandes stars américaines ?
16:12Est-ce qu'on arrête d'être impressionnés ?
16:14Starstruck, ça veut dire ça ?
16:16Oui, être émerveillé par ces stars.
16:18Je pense qu'eux sont émerveillés
16:20du fait que je ne connais pas
16:22Starstruck, par exemple.
16:24C'est une sorte d'ovni
16:26de la française qui ne connaît rien.
16:28Est-ce qu'on arrête très vite d'être intimidés
16:30par qui ils sont, par ce qu'ils ont fait,
16:32par ce qu'ils représentent ?
16:34En fait, c'est eux qui font qu'on ne l'est pas.
16:36Ça m'a choquée tout de suite.
16:38Ils sont très impressionnés
16:40pour ça.
16:42Ils sont tellement
16:44pas stars
16:46qu'en fait,
16:48c'est très déstabilisant.
16:50Ils enlèvent
16:52le star system
16:54dans la seconde.
16:56Mais tous les immenses
16:58que j'ai rencontrés, avec qui j'ai passé du temps
17:00parce que les tournages sont longs en général,
17:02ils enlèvent ça tout de suite.
17:04Ils sont tellement sympas.
17:06Même les pas sympas,
17:08ils sont sympas.
17:10Ils viennent tout de suite te dire bonjour.
17:12C'est le côté américain ?
17:14Oui.
17:16Tu as toujours l'impression que tout le monde t'adore, alors que pas du tout.
17:18Ils te donnent toujours cette impression là, les américains.
17:20Après, j'ai eu du bol.
17:22Adam Sandler, je pense que c'est un vrai gentil.
17:24Ryan Arnold, c'est un vrai gentil.
17:26J'ai passé beaucoup de temps
17:28avec Angelina Jolie. On a eu des
17:30grandes discussions qui ont dépassé
17:32le rapport réalisatrice-actrice.
17:34On a passé du temps ensemble.
17:36On s'est
17:38réappelées après.
17:40Je venais d'avoir un bébé, elle prenait beaucoup soin de moi en tant que maman.
17:54Je pense que
17:56au-delà de cette
17:58culture du friendly
18:00et du
18:02tout est génial et tout est super,
18:04j'ai l'impression de...
18:06En fait, j'ai un vrai test.
18:08Parce qu'il y en a eu
18:10plein. C'est très super,
18:12c'est très génial, c'est très mis à l'heure.
18:14Je sais quand ils sont vrais, quand tu fais un texto
18:16un ou deux mois après,
18:18tu vois si ça répond.
18:20Tu sais tout de suite.
18:22Quand tu fais ça va, je pensais à toi parce que
18:24je pensais à un truc. Ceux qui répondent,
18:26c'est qu'en fait c'était vrai.
18:28Qui font Who are you ?
18:30Voilà, qui ne te répondront jamais.
18:32C'est normal, aucun souci là-dessus,
18:34parce qu'ils ont refait leur vie.
18:36Mais tu sais, quand tu as vécu quelque chose qui était vrai,
18:38quand ça répond...
18:40Tu parlais de Tarantino
18:42très vite. C'est vrai cette histoire que tu parlais
18:44anglais, mais tu ne parlais pas forcément
18:46anglais.
18:48Ça se passe comment quand tu rencontres Tarantino qui est très bavard,
18:50qui parle beaucoup de cinéma
18:52et que toi tu ne parles pas anglais ?
18:54Ça me sauve.
18:56Il dit juste yes, awesome.
18:58Avec le meilleur accent du monde.
19:00Le waouh, c'est lui où c'est le plus
19:02possible, plutôt qu'un yes qui est déjà
19:04pas si évident.
19:06Alors que, waouh,
19:08ça passe vachement bien.
19:10Et tu savais ce qu'il te racontait la première fois ?
19:12Pas du tout. En plus, il a un accent
19:14très particulier, parce que déjà quand tu ne comprends
19:16pas l'anglais, c'est compliqué.
19:18C'est un accent américain
19:20où il mange un mot sur deux.
19:22Mais ouais, ouais.
19:24Ben, voilà.
19:26Ça a marché quand même.
19:28En tout cas, deux semaines plus tard,
19:30on tournait.
19:32Mais c'était un dîner très angoissant pour moi
19:34parce que je me suis dit à un moment, il va vouloir
19:36me poser des questions.
19:38Et là, je suis très, très
19:40emmerdée. Par contre, j'ai appris
19:42à parler anglais extrêmement vite, pour le coup.
19:44J'ai passé cinq mois à Berlin.
19:46J'ai regardé beaucoup Gossip Girl.
19:48T'as appris l'anglais sur Gossip Girl ?
19:50Denis Minochet, qui travaillait avec moi sur le film,
19:52avait dit, tu regardes Gossip Girl,
19:54tu mets les sous-titres en anglais.
19:56Mais parce que c'est plein d'expressions, en fait.
19:58Et c'est hyper intéressant. Enfin, pas la série,
20:00mais en tout cas, c'est hyper intéressant pour apprendre
20:02en accéléré l'anglais, parce que
20:04c'est très américain, c'est très
20:06new-yorkais, et c'est beaucoup, beaucoup
20:08de petites expressions que tu peux apprendre
20:10vite. Donc, je me tapais cette série
20:12avec les sous-titres en anglais pour essayer
20:14de comprendre. Donc, j'avais plein d'expressions qui marchaient
20:16bien. Et après, j'ai appris très,
20:18très vite parce que j'étais en survie. Et en fait,
20:20l'homme, en général, dans l'humanité,
20:22quand on est au pied du mur,
20:24malheureusement, c'est là où on apprend
20:26le plus vite. Donc là, j'étais au pied du mur
20:28plutôt génial. Mais ouais, je pense
20:30qu'à la fin du tournage, je pouvais
20:32déjà avoir des conversations.
20:34Je me suis tellement foutue
20:36dans la merde toute seule qu'il a fallu
20:38que je la règle.
20:40Donc, je parlais anglais
20:42à la fin. C'est génial.
20:46Et est-ce que ton expérience de réalisatrice
20:48aux Etats-Unis, à l'étranger,
20:50ça t'a fait apprécier encore plus
20:52ton rôle de réalisatrice en France
20:54où il y a peut-être plus de liberté ?
20:56On sait que c'est compliqué aux Etats-Unis.
20:58Plus de liberté aux Etats-Unis ? Non, en France.
21:00Je sais que Galveston, ça a été compliqué.
21:02Tu t'es battue pour essayer
21:04d'imposer ta vision. On fait deux métiers différents.
21:06Les acteurs sont
21:08incroyables. Ils connaissent leurs textes.
21:10C'est eux
21:12les stars. C'est eux qui décident de tout.
21:14Le rapport, il est
21:16complètement autre.
21:18Et toi, t'es un technicien. T'as beaucoup moins
21:20de liberté.
21:22Les horaires, c'est fou. Tu travailles
21:2416 heures par jour. Mais au moment où
21:26il y a un coucher de soleil sublime et que t'as
21:28enfin ta magic hour, on te demande de couper la caméra.
21:30Tout est
21:32fou. Et en même temps, j'ai adoré ça.
21:34J'ai pas du tout
21:36une mauvaise expérience là-bas.
21:38J'ai qu'une hâte, c'est de retourner.
21:40J'essaie de trouver le bon sujet.
21:42Et du coup, j'essaie de trouver
21:44un projet que j'amènerais
21:46moi. Comme ça, je suis pas
21:48complètement sous leur coupe.
21:50Je pense que c'est ça. En fait, je pense
21:52que le tournage idéal, je vais te dire,
21:54le tournage idéal, c'est produit par la
21:56France, écrit pour là-bas
21:58avec des grands acteurs de là-bas.
22:00Avec peut-être un ou deux
22:02acteurs français aussi, et raconter une histoire.
22:04Parce que quand même, la lumière,
22:06les décors, c'est quand même
22:08des lumières qui sont plus belles là-bas.
22:10C'est comme ça, en fait. On n'a pas
22:12les mêmes lumières à Paris avec notre ciel
22:14que quand tu vas en
22:16Savannah, en Géorgie,
22:18à 7h du soir,
22:20il y a un coucher de soleil que t'auras
22:22jamais dans le 7e arrondissement, c'est pas vrai.
22:24Donc,
22:26voilà. Quand tu filmes
22:28Elle Fanning et Ben Foster dans une vieille voiture
22:30des années 80 sous fond de coucher de soleil,
22:32ben, c'est pas pareil.
22:34Donc,
22:36j'adorerais
22:38trouver le
22:40bon projet qui fait
22:42qu'on essaie de mélanger un peu tout ça.
22:44Parce que si c'est produit en partie par la France,
22:46t'as ton final cut,
22:48et tu retournes chez toi monter ton film,
22:50c'est pas la même ambiance.
22:52C'est...
22:54Voilà. En fait, c'est une histoire
22:56d'éducation, on n'est pas du tout élevés pareil.
22:58Nous, on est un peu élevés comme
23:00des enfants rois en tant que réalisateurs,
23:02où on a tous les droits.
23:04Comme des auteurs, en fait. Comme des artistes.
23:06Alors que le réalisateur
23:08américain est considéré comme un technicien
23:10et peut être viré en salle de montage
23:12au bout d'une semaine de montage.
23:14Donc l'ambiance, elle est pas pareil.
23:16Et...
23:18Et en même temps, moi, j'ai pu faire des trucs
23:20incroyables que j'ai pas pu faire en France.
23:22Donc en fait, y'a pas de mieux ou pas mieux.
23:24C'est juste très très différent.
23:26Et je sais qu'il y a plein de gens qui ont du mal à supporter
23:28les enfants rois qui ont dit
23:30va t'asseoir là-bas.
23:32C'est sûr qu'ils le prennent pas bien.
23:34Ils font une petite crise.
23:36Moi, j'aime bien parce que plus c'est challengeant,
23:38plus j'aime, moi.
23:40Donc j'ai un peu navigué partout
23:42en prenant le mieux de là-bas
23:44et en étant très contente de rentrer à la maison.
23:46Et la notion de liberté
23:48est primordiale dans ton cinéma, en fait.
23:50Je trouve que tous tes films parlent un peu de ça.
23:52D'ailleurs, le dernier s'appelle
23:54Libre. Oui, carrément, j'en ai fait un petit truc.
23:56Mais c'est vrai que ça soit le bal des folles, les voleuses,
23:58plongées, enfin y'a toujours ce concept
24:00C'est vrai.
24:02qui est développé de différentes manières,
24:04mais...
24:06Mais je crois que je m'en rends pas compte.
24:08C'est fou.
24:10Je crois qu'au bout d'un moment,
24:12on fait les mêmes films avec les mêmes thèmes.
24:14Juste, on a l'impression de raconter notre histoire,
24:16mais en fait, on fait la même chose.
24:18Là, je m'amuse parce que
24:20d'abord, c'est le deuxième film
24:22avec Amazon, Thomas Dubois,
24:24qui m'avait laissé une liberté folle
24:26sur le bal des folles.
24:28Je voulais pas du tout faire ce jeu de mots.
24:30Je te jure que je voulais pas.
24:32Et c'est...
24:34C'est particulier, en fait,
24:36de faire un des films avec lui.
24:38Parce que lui, il me pousse,
24:40comme personne d'autre, à faire encore plus de cinéma.
24:42Donc, le bal des folles,
24:44on l'avait tourné en 35mm.
24:46Et là,
24:48je l'ai appelé un jour
24:50et je lui ai dit, je te préviens,
24:52j'ai loué un rig, donc en fait, ça va tourner en 360.
24:54Et je veux avoir un petit 4 minutes
24:56en 360.
24:58Je sais pas si ça va foutre la gerbe ou pas,
25:00parce qu'on le filme sur un téléphone,
25:02mais ça part comme ça, en tout cas.
25:04Et il a regardé les rushs, il m'a dit,
25:06oh là là, mais tu veux pas en mettre partout ?
25:08Je dis, non, je veux pas en mettre partout, Thomas,
25:10mais en tout cas, on va faire ça.
25:12C'est marrant, quand même, de me retrouver à travailler
25:14en plateforme avec des libertés de cinéma
25:16que j'ai jamais eues de ma vie.
25:18C'est quand même étrange, comme concept.
25:20J'ai eu les moyens, encore,
25:22de faire un film ambitieux,
25:24parce que les années 80 à recréer,
25:26c'est une époque très compliquée à recréer,
25:28donc il faut faire les décors.
25:30Il y avait 70 supermarchés à faire.
25:32C'était fou, quoi.
25:34C'est important. En tout cas, moi, je sais
25:36que ces films-là, quand je sais que je les fais
25:38avec lui,
25:40ça change tout, en fait.
25:42T'as l'impression que tu commences à avoir
25:44les moyens financiers pour tes ambitions.
25:46Je sais que quand Voleuse est sortie,
25:48t'avais expliqué que si un homme l'avait réalisé,
25:50il aurait certainement eu plus de budget.
25:52Et en plus, si c'était des hommes,
25:54aussi, en personnages principaux, au lieu de...
25:56C'est un gros budget.
25:58Je suis très nulle en maths,
26:00mais je pense que c'est 4 fois plus.
26:02Au minimum.
26:04C'est plus...
26:065 ou 6 fois plus, ouais.
26:08Déjà, moi, j'ai l'impression
26:10de faire un film à 200 millions.
26:12J'ai l'impression de réaliser mon Marvel.
26:14Que t'as failli faire, d'ailleurs.
26:16Finalement, mais...
26:18Mais ouais, ouais...
26:20On y est pas, hein.
26:22C'est fou, quand même.
26:24Surtout qu'il a marché, Voleuse.
26:26Parce qu'après, quand on nous donne les moyens,
26:28c'est super, mais il faut qu'on prouve que ça marche.
26:30Et là, ça a marché.
26:32Tu penses que si t'avais eu Black Widow,
26:34il y a des choses qui auraient changé ?
26:36Non, parce que Black Widow, c'était un gros bidet.
26:38Ça a été le pire Marvel de toute l'histoire des Marvel.
26:40Peut-être qu'il aurait été différent avec toi.
26:42Non, je pense pas du tout.
26:44Parce qu'à Marvel, on te dit ce qu'il faut faire
26:46et tu le fais.
26:48C'était un soulagement, finalement.
26:50Non, je sais pas, j'en sais rien.
26:52De tout ce qui m'arrive...
26:56Je suis pas frustrée, moi.
26:58J'ai une nature assez positive, en fait.
27:00Ça sent l'enthousiasme,
27:02t'as envie de faire des projets,
27:04de créer.
27:06Merci beaucoup, Mélanie.
27:08Merci.

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