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En salles le mercredi 27 novembre 2024
Transcription
00:00En fanfare c'est ça, qu'est-ce qui fait qu'un cantinier scolaire il pourrait pas être chef, il pourrait pas être chef, il pourrait pas être chef.
00:08Je vais faire le sien, je vais parler comme ça et je vais avoir un langage beaucoup plus serein et comme ça, ça va détendre tout le monde.
00:12Et moi je vais parler comme ça, voilà Yvan qui arrive, il est pédé, c'est pas grave.
00:17Le mec qui débarque avec sa gueule de premier de la classe, on a rien à voir lui et moi.
00:20J'essaie de comprendre pourquoi moi je suis ici et lui là-bas alors qu'on aurait pu être réunis.
00:24Si tu savais ce que j'ai pu y penser à ce garçon pendant des années.
00:27Si on vous avait confié à moi, je vous aurais gardé tous les deux.
00:31Quelle chance de vous avoir trouvés.
00:33Ah ça c'est sûr, il a eu de la chance lui.
00:35Pour la moelle ça a marché, par contre...
00:38Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?
00:39Maintenant j'aurais besoin d'un rein, alors je me suis dit comme t'es compatible, si tu pouvais me mettre un poumon avec.
00:44On a un bon chef d'orchestre, on a personne d'Emmanuel Courcol, qui est co-auteur du scénario.
00:48Et ça passe par oui, déjouer des pièges, jamais tomber dans le pathos.
00:53Ne pas tirer les grosses cordes, faire un peu de microscopie et de chirurgie.
00:57De chirurgie et aussi de ne pas être dans un formatage d'histoire.
01:00C'est comme si cette histoire-là pouvait tendre des pièges d'écriture, de dramaturgie.
01:06Et donc à chaque fois il y a un contre-pied dans les rebondissements, dans cette histoire.
01:11Il y a une facilité aussi, c'est que comme dans le cinéma français, on a tendance parfois à tirer sur les clichés,
01:17il fallait juste ne pas faire la même chose.
01:20Il y a beaucoup de pudeur aussi.
01:22Il faut en garder sous le pied, toujours un peu.
01:24Et ça je trouve que c'est la grande délicatesse et sensibilité du film.
01:28Ne pas montrer son jeu.
01:29Et ça c'est parfois, on a pu être un tout petit peu frustré d'avoir envie de pousser la comédie.
01:35Mais Emmanuel, qui connaissait très très bien nos personnages, un peu mieux que nous parfois,
01:39nous a dit non non mais c'est pas les personnages, il ferait pas ça.
01:42Et ça fait combien de temps que tu joues du trombone ?
01:44Si c'est fanfare ou foot.
01:46Notre chef nous a plaqué lâchement.
01:48T'es un malade toi !
01:50Mais vous avez pas un remplaçant ?
01:52C'est toi qui dois diriger.
01:53Ouais c'est bon attends, tu vas pas t'y mettre non plus.
01:55Je vais t'aider.
01:57Allez viens.
01:58Attends non non, j'ai pas dit oui.
02:00Ouais ça fait l'air.
02:01Ouais ouais parce qu'on peut être des gens très différents, c'est une milieu sociaux,
02:06des cultures différentes et pourtant danser ou être aimé autour du même son.
02:11Ça c'est beau, c'est un langage universel la musique.
02:15Typiquement en plus voilà, Jimmy Lecoq qui est cuisinier dans une cantine scolaire,
02:20on peut se dire bon bah quel type de musique il écoute.
02:24Ça aussi c'est des clichés, comme s'il y avait une origine,
02:28une éducation amène forcément à une éducation musicale aussi.
02:33Et j'adore cette scène où il dit qu'il a entendu la trompette de Miles Davis
02:37et que ça lui a transpercé l'oreille et que la puissance de l'émotion
02:41elle est universelle, intergénérationnelle.
02:45Et ça c'est plus fort que tout.
02:47Et puis ça fait société parce que c'est l'éloge de la musique amateur.
02:51Et la musique amateur ça fédère, ça crée du lien social.
02:56Ça faisait quoi la note ?
02:58Quelle note ?
02:59La note de Miles Davis.
03:01Ah ça.
03:08C'est un subémol.
03:12Alors t'es un peu bas là.
03:14Bah non non non, il joue un dixième plus bas Miles Davis.
03:18Quoi ?
03:20Bah si avec la sourdine.
03:21Ouais je sais.
03:22Quoi ?
03:24Et ça ?
03:25De quoi ça ?
03:26Taxi.
03:27Ça c'était un accord de Soldiers Sea.
03:30Un rapport assez organique quoi, ça fait 30 ans que je fais du piano
03:34donc du coup c'est quelque chose qui est hyper important dans ma vie quoi.
03:37À des moments où je me sentais con, où je me disais
03:39oh t'as pas de cerveau, t'es pas bon à l'école tout ça,
03:41je me disais ah bah putain oui mais tu sais bien faire du piano
03:43donc ça veut dire que t'es pas si con que ça quoi.
03:45Donc on va dire qu'à des moments on se sentait pas forcément valorisé.
03:47C'est le piano, grâce au piano je me sentais valorisé
03:50à des moments où la clé était pétée dans ma vie quoi.
03:53Moi j'ai plein de choses qui me viennent en tête sur la musique.
03:55C'est les premières grandes grandes émotions.
03:57Ça réconforte, ça permet de purger les passions.
04:00On aime bien, on se raconte des films aussi quand on est triste
04:02et qu'on se met de la musique triste dans la rue.
04:05Ça nous permet de nous raconter des histoires.
04:07Je sais pas si vous avez déjà vu les enfants ou les bébés
04:09qui sont hyper touchés par les musiques
04:11et qui ont les expressions de gens, je sais pas, de gens éclatés.
04:16Comme s'ils avaient déjà eu plusieurs vies avant.
04:18C'est ça ouais.
04:19Ils sont bouleversés par la musique comme s'ils avaient compris.
04:22Ils ont une compréhension complètement sensorielle.
04:24Ils ont l'air d'un vieux rôtier de Chicago
04:26qui est en train de faire un...
04:28qui est dans un vieux hôtel mitteur avec une bouteille de scotch
04:30qui écoute un Chet Baker magnifique
04:32et qui est genre...
04:35Putain, c'est tellement vrai !
04:38C'est tellement vrai.
04:41On a ce rythme sautillant, c'est une croche pointée double.
04:43C'est un peu la croche de jazz.
04:45D'ailleurs, Verdi l'arrête.
04:47Mais s'il la continuait...
04:48Ça ferait un boogie.
04:49Ça ferait un boogie.
04:50Exactement.
04:52Yes !
04:55Ouais !
04:57Et ben...
05:01Yeah !
05:05L'endroit où vous naissez détermine quand même beaucoup de choses.
05:09Après, le film raconte que ça peut ne pas être une fatalité.
05:13Tout est possible.
05:14Ça compare avec des armes dans la vie.
05:17Comme on parlait d'éducation,
05:19de qui vous fait écouter vos premiers vinyles.
05:22La discographie de vos parents compte énormément.
05:24Après, on parle de musique, mais on parle d'ambition aussi.
05:27Moi, je trouve que c'est là que c'est le plus important.
05:29C'est quelle ambition on a pour soi-même
05:32et qu'est-ce qu'on s'autorise à faire,
05:35comment on s'autorise à rêver.
05:38En fait, d'avoir de l'estime de soi,
05:39c'est aussi avoir un tout petit peu de recul sur ce qu'on est capable de faire.
05:43Et aussi, quand on a moins de chance,
05:47c'est de trouver les endroits où on se sent valorisé.
06:00C'est quoi ça ?
06:01On regarde Thibaut quand même.
06:03Au minimum.
06:04Alors, on va recommencer directement la cinquième mesure.
06:06Attention les trompettes, je voudrais qu'on attaque ensemble.
06:09Préparez bien vos embouchures.
06:10Ce premier si bémol enlevé, c'est important.
06:20Métier directeur, parce que j'ai eu la chance
06:22que mon père a pu me mettre dans une école de cinéma.
06:24Après, j'étais en échec scolaire depuis que j'étais né quasiment,
06:26enfin depuis ma sixième.
06:29Et du coup, c'était l'armée ou ça, quoi.
06:31J'ai eu de la chance, moins de chance à un certain moment de ma vie.
06:33Et là, sur ce coup-là, plus de chance.
06:35Et c'est pour ça que je leur donne beaucoup aussi,
06:38à mes parents, par rapport à ça.
06:39À mon père de m'avoir mis au piano,
06:40et à mon père de m'avoir mis dans le cinéma.
06:42Moi, c'est un prof en quatrième
06:44qui nous fait faire la jalousie du barbouillé.
06:46Et tout d'un coup, je joue le médecin, là,
06:48et je fais « Waouh ! »
06:49J'ai jamais eu cette sensation, cette émotion,
06:51de tirer ce fil-là,
06:53et puis de se l'autoriser.
06:55Tu l'as déjà retrouvé, ça, ou pas ?
06:57Avec une fois.
06:58Je me rappelle souvent de l'après, aussi.
06:59Dans les couloirs, j'étais là.
07:00Les gens me disaient « Bravo ! »
07:02Je me rappelle vachement de l'après.
07:04C'est très bizarre.
07:05Même si on ne tombe pas fou amoureux tout de suite.
07:07C'est en vivant les choses
07:09qu'on découvre une passion, une vocation.
07:12Ouais, je suis d'accord.
07:13Parce que moi, je n'avais pas l'alignac.
07:15Je ne me disais pas…
07:16Je n'avais pas l'alignac de ce truc-là.
07:18Mais je savais que c'était ça que j'allais faire.
07:19Je pense comme toi.
07:20On sait que c'est ça.
07:25Tu as déjà allé en Italie ?
07:26Non.
07:26Pourquoi ?
07:27Les meilleurs, là-bas.
07:28Ah ouais ?
07:29Bah, ici, les moins chers.

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