Au lendemain de la prise de parole de Michel Barnier sur TF1, les taux d'emprunt à 10 ans de la France ont temporairement dépassé ceux de la Grèce, le pays le plus endetté de l'Union européenne.
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00:00Nicolas, il s'est passé quelque chose de pas anodin hier. Le taux d'emprunt de la France a, pendant quelques heures, dépassé celui de la Grèce.
00:08Sommes-nous dans la situation que redoutait Michel Barnier avant-hier soir quand il évoquait les turbulences graves et la tempête financière ?
00:15Non, c'est pas une tempête, mais c'est un coup de chaud. Le fait d'emprunter, effectivement, comme vous le dites, pendant quelques minutes au même prix que la Grèce,
00:22ça veut dire que l'écart de notre taux avec le taux repère en zone euro qui est celui de l'Allemagne a atteint 90 points de base, 0,9 si vous voulez.
00:29C'est le plus haut depuis la crise des dettes souveraines en 2012. Bémol important. Oui, on a emprunté au même prix que la Grèce, mais notre taux, c'était 3,02.
00:37Et la Grèce, c'était 3,02. Au moment de la crise des dettes souveraines, la Grèce, c'était 22,5. Et ils étaient mis sous tutelle du FMI et de l'ABCE.
00:46Donc 3,02, c'est un taux qui est absolument supportable. C'est pas dramatique. C'est là où ça n'est pas une tempête.
00:53C'est supportable, mais on ne peut pas nier qu'il y a quand même une réelle inquiétude des marchés sur la situation politique et économique de la France.
00:59C'est indéniable et c'est objectivement préoccupant et elle est censée, cette inquiétude. On a 52% de notre dette publique qui est détenue par le reste du monde.
01:08L'investisseur institutionnel qui est quelque part sur la planète et qui s'apprête à acheter une dette que aimait la France pour être remboursé dans 5, 10 ou 15 ans,
01:15il se pose une seule question. Ce pays va-t-il bien me rembourser sans problème dans 5, 10 ou 15 ans ? Et plus il doute face à cette question,
01:24plus la prime de risque, le taux d'intérêt qu'il va demander est élevé. On montre aujourd'hui au reste du monde tout pour faire fuir les investisseurs.
01:33Une dissolution aberrante qui a créé une instabilité politique sans précédent. Un débat parlementaire préhistorique où on continue d'appuyer sur tous les mauvais boutons.
01:42Le Sénat hier a encore voté des hausses d'impôts. L'exit-tax, la flat-tax, l'élargissement de l'IFI, l'impôt sur la fortune immobilière.
01:50Un risque de censure qui nous mettrait dans une inconnue totale et une absence de budget 2025. Et aujourd'hui, une niche parlementaire qui imagine aller à contre-courant de l'histoire
02:00en abrogeant les dernières réformes des retraites, la réforme de 2023 et la réforme Touraine. Voilà ce que voient les gens qui nous prêtent de l'argent.
02:09– Mais il y a un paramètre important, c'est que la France rembourse rubis sur l'ongle ce qu'elle doit, non ?
02:14– Absolument ! Alors la régularité est métronomique dans les mains des as de l'agence France Trésor à Bercy, sauf que le 9 juin, il s'est passé un truc.
02:23Une dissolution folle qui nous a mis dans une situation qui change tout. Imaginez, je suis un fonds de pension aux États-Unis, je gère les retraites de millions d'Américains.
02:34Je suis à 5 000 bornes, je ne fais pas dans le détail. Je regarde la France, je vois quoi quand je regarde la France ?
02:38Waouh ! Le pays n'est quasiment pas gouverné. Il ne va plus avoir de budget. Il a le record du monde de la dépense, il continue à en ajouter.
02:46Il va tuer son économie avec des hausses d'impôts dont il a aussi le record mondial. Et il s'apprête probablement à aller à contre-courant de l'histoire
02:53en travaillant moins, en abaissant l'âge de sa retraite. Mais je prends le large honnêtement.