Dans le domaine de la mobilité, l’open data offre de nombreux avantages pour notamment faciliter le transport des usagers et rendre les transports en commun plus accessibles. Dans cet épisode, Romain Tales en charge des sujets de transformation numérique au sein de Numéricité et Antoine Augusti, ingénieur pour la plateforme transport.data.gouv.fr, sont nos témoins.
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00:00Transformation digitale, transition numérique ou même quatrième révolution industrielle,
00:11derrière ces termes se cache une réalité pour l'ensemble de nos entreprises, de nos
00:15administrations et pour chacun d'entre nous.
00:18Le numérique dans tous ses états, c'est une série de podcasts que je vous propose
00:22pour mieux appréhender la transformation numérique publique à travers des histoires
00:26et des témoignages concrets des agents publics qui la vivent au quotidien.
00:29Je suis Awad Daniel, suivez-moi et entrons dans le monde numérique.
00:33Dans le domaine de la mobilité, l'open data possède plusieurs avantages.
00:39Faciliter le déplacement des usagers en leur proposant des informations actualisées en
00:43temps réel, mais surtout rendre les transports en commun plus accessibles et plus pratiques
00:48que d'autres solutions plus polluantes.
00:50Dans cet épisode, Romain Thalès, en charge des sujets de transformation numérique au
00:54sein de Numéricité, et Antoine Augusty, ingénieur pour la plateforme transport.data.gouv.fr
01:01viennent nous apporter leur éclairage sur ces questions.
01:03Pour commencer cet épisode, parlez-moi du lien qui unit le numérique au sujet de la
01:14mobilité.
01:15Dans mon domaine d'activité et de la mobilité, le numérique il est évident, je pense que
01:19vous ne savez pas du tout vous déplacer sans utiliser un ordinateur, un téléphone, etc.
01:24Et quand vous achetez vos billets de train, d'avion, de bus, de voiture, de location,
01:28vous le faites à chaque fois en ligne.
01:29Donc c'est évident que le numérique a une place très importante dans tout ça.
01:33Entre le moment où j'ai commencé à travailler sur les questions d'ouverture des données
01:37en 2011 et aujourd'hui, il y a quand même eu énormément de changements, d'évolutions.
01:43Je pense qu'il y a eu un changement culturel, c'est-à-dire que le numérique est beaucoup
01:49moins considéré comme un gadget et un joujou, comme certains acteurs pouvaient le penser
01:56il y a quelques années.
01:57Donc on voit que le numérique est maintenant considéré comme un sujet à part entière
02:01et même comme une politique publique à part entière par le gouvernement.
02:05Et donc dans ce contexte, qu'est-ce que la définition de l'open data ?
02:08Oui, je pense que l'open data dans une mobilité, en fait, elle trouve sa genèse un peu dans
02:13la complexité de l'offre.
02:14Enfin, vous voyez, il y a plein de manières de se déplacer, que ce soit en vélo, en
02:17libre-service, en covoiturage, en train, en bus, d'entreprises privées, d'entreprises
02:22publiques.
02:23Tout ça, c'est très différent d'un territoire à l'autre et donc ça requiert de partager
02:26des données pour avoir l'information la plus complète et pour prendre les meilleures
02:28dispositions.
02:29Je pense qu'il y a deux aspects à l'open data.
02:30Il y a l'aspect transparence de l'action publique, donc je veux dire, l'administration
02:34fait des choses pour les citoyens, pour les entreprises, etc., et il faut rendre compte
02:39de cette activité.
02:40Et l'open data, c'est aussi valoriser des données, donc c'est mettre à disposition
02:45des données pour que ce soit utile aux entreprises, aux citoyens, aux associations, aux administrations.
02:49Donc ça va être des données, des adresses, de cadastres, de transports, de météos,
02:56etc.
02:57Le concept fondamental, c'est de mettre à disposition au plus grand nombre des données.
03:05Ils ne sont pas protégés par des secrets.
03:07J'insiste sur cette notion parce qu'il y a des données qui n'ont pas vocation à
03:11être mises en open data, qui contiennent des données à caractère personnel, qui
03:16sont protégées par des secrets légaux.
03:17Mais en tout cas, on s'est assez rapidement rendu compte que ce soit côté des entreprises,
03:23des associations, de la société civile en général, mais aussi des administrations
03:27qui étaient finalement les premières réutilisatrices des données disponibles en open data.
03:31On s'est rendu compte que ça représentait un vecteur d'innovation et d'amélioration
03:37des politiques publiques énormes.
03:42Au sein des administrations, cette question de l'open data et de la mobilité a été
03:48prise en main à travers la plateforme transport.data.gouv.fr.
03:51Mais qu'est-ce que c'est concrètement Antoine ?
03:54Transport.data.gouv, c'est le point d'accès à ces données de transport.
03:58Son champ d'action est vraiment très large.
04:00On prête toute l'information qui est utile aux voyageurs sur tous les différents modes
04:03de transport.
04:04On va retrouver des horaires de bus, de train, des données sur les vélos en libre-service,
04:08des données sur les zones à faible émission, des données sur le covoiturage, sur l'aménagement
04:11cyclable, sur le stationnement vélo, sur les parkings relais.
04:14Toutes ces informations qui permettent de dépasser vraiment tous les différents modes
04:18de transport, que ce soit sur terre, en mer, en l'air, dans l'air, vraiment il existe
04:24tout.
04:25Et tous les modes de transport qui arrivent depuis quelques années, donc les trottinettes,
04:30les vélos en libre-service.
04:31Nous, on est en charge d'expliquer la réglementation à chacun, donc ça va être les collectivités,
04:35les métropoles, les régions, les départements, les villes, mais également les entreprises
04:39privées, comme tu l'avais dit, donc ça va être SMCF, Air France, Blablacar, Tixbus, etc.
04:43Transport.nata.gouv.fr, c'est un produit que j'ai vu naître parce qu'il est né au
04:49sein d'Etalab, donc j'ai beaucoup d'affection pour ce produit.
04:53Et il est né effectivement de la prise en compte du fait qu'il était nécessaire parfois
05:02de créer ce que nous, à l'époque, on appelait des verticals, en tout cas des produits qui
05:09permettent d'agréger des données sur un point d'entrée unique, afin de répondre
05:11à des besoins exprimés par une communauté d'acteurs.
05:15Antoine, pour aller un peu plus loin, comment est-ce que la plateforme fonctionne en tandem
05:19avec les acteurs privés et publics de la mobilité ?
05:22Chacun de ces acteurs, que ce soit privé ou public, a l'obligation de publier ses
05:26données dès lors qu'il exploite un service de mobilité.
05:28Et donc là, on va travailler avec toutes ces personnes pour qu'elles puissent publier
05:32des données de bonne qualité, les mettre à jour et on va travailler ensuite avec leurs
05:35utilisateurs.
05:36Ça peut être des applications grands publics, donc ça va être Mybus, Google, Mappy, Apple,
05:40Citymapper, Transit.
05:41Là, maintenant, sur la plateforme, les données de chacun peuvent être disponibles, elles
05:45le sont, elles sont utilisées, donc vous allez trouver des données côte à côte
05:48de Paris ou de Lyon au Marseille, mais également de plus petites villes, par exemple dans ma
05:52région d'Aulves, Vesoules, Besançon, en région Bourgogne, et là, toutes ces données
05:57sont disponibles, elles sont de bonne qualité et elles sont présentes sur Google Maps grâce
06:01à notre action.
06:02On a déjà entendu plusieurs fois des services nous dire qu'on a constaté une augmentation
06:06de la fréquentation de notre service, depuis que c'est disponible, parce que les gens
06:09ont tellement l'habitude d'utiliser les applications grands publics et là, ils découvrent
06:11des solutions de mobilité qui sont mises en œuvre, du réseau urbain dans les villes
06:15ou même intérieur urbain entre grandes villes.
06:18Romain, en quoi la loi LOM, loi d'orientation des mobilités, votée en 2019, a permis de
06:24clarifier les champs d'action de chacun et de faciliter la démocratisation de l'open
06:29data dans les transports ?
06:30Pour moi, la question de la gouvernance, elle est cœur, parce qu'en fait, aujourd'hui,
06:33la manière dont ça fonctionne, c'est qu'avant l'entrée en vigueur de la LOM, les autorités
06:38organisatrices de mobilité, elles avaient une obligation d'organiser dans leur ressort
06:41territorial des services réguliers de transport public de personnes, urbains ou non urbains.
06:46Et elles devaient aussi, par ailleurs, travailler sur le développement des modes de déplacement
06:52divers et variés pour permettre, on va dire, le développement des sujets de mobilité
06:56sur un territoire.
06:57Après la LOM, la région a clairement été identifiée comme l'autorité compétente
07:02pour organiser les services de transport d'intérêt régional, à la fois sur la dimension routière
07:08et ferroviaire.
07:09Donc pour moi, le fait que la région soit clairement identifiée comme autorité organisatrice
07:14de mobilité permet de clarifier un petit peu les règles du jeu et d'avoir un mode
07:18d'action qui soit le même pour l'ensemble des territoires français.
07:21Et ensuite, il y a la manière dont ça va se décliner à l'échelle des différents territoires.
07:26Mais au moins, je pense que le fait qu'il y ait un chef d'orchestre au niveau régional
07:30qui chapote et qui organise tous les dispositifs de mobilité à l'échelle d'un territoire
07:34donné, c'est un prérequis qui n'existait pas avant et qui aujourd'hui est le même
07:39pour l'ensemble des régions.
07:45Quel regard est-ce que vous portez sur l'évolution de la plateforme ces dernières années, mais
07:49aussi sur les futurs enjeux de la mobilité ?
07:52Ça fait plusieurs années qu'on travaille dessus et maintenant, on progresse tous les
07:55années.
07:56Là, on arrive à un point où on est plutôt mature sur les données de transport en commun.
08:00On arrive à près de 400 jeux de données pour les transports en commun et la qualité
08:04est de meilleure d'année en année.
08:06Je pense que le temps réel est vraiment compliqué à mettre en œuvre parce que les horaires
08:09de bus, on a une vision sur 3-4 mois.
08:12Là, le temps réel, on demande aux gens de mettre à disposition qu'ils vont changer
08:16toutes les 10-15 secondes.
08:17Donc, ce n'est pas le même enjeu.
08:19Il faut déployer du matériel sur du bus, sur du tram, etc.
08:22Évidemment aussi pour diffuser toutes ces informations au TRL, qu'elles soient fiables.
08:25Et après, sur les bornes de recharge de véhicules électriques, pareil, ça s'est mis en place
08:30depuis quelques années.
08:31Donc, savoir où est-ce qu'elles sont, où est-ce qu'elles sont disponibles, est-ce
08:34qu'elles sont utilisées actuellement, c'est un enjeu.
08:36Et je pense que sur les sujets de mobilité, il y a aussi une vraie question justement
08:40de planification, d'organisation et pourquoi pas même de pouvoir partir au bon moment
08:46afin de pouvoir justement se prémunir de situations particulières qui pourraient arriver
08:53sur les réseaux de transport à un instant T et surtout sur un territoire donné.
08:58Il y a ce qu'on appelle les mobilités douces qui se développent quand même de manière
09:01assez significative.
09:02Il y a quand même le développement d'un certain nombre d'infrastructures dans les
09:05grandes métropoles et même dans d'autres territoires qui sont développées.
09:09On peut se poser la question effectivement d'une meilleure utilisation des mobilités
09:14douces afin d'essayer justement d'avoir un transport plus décarboné que celui qu'on a aujourd'hui.
09:22Pour conclure cet épisode, j'aimerais avoir votre perspective.
09:26Quel conseil donneriez-vous à des porteurs de projets de transformation numérique publique ?
09:30De croire à votre projet, de travailler dur, d'expliquer aux gens pourquoi est-ce qu'on
09:35fait ça et de ne pas oublier qu'on ne fait pas du numérique pour faire du numérique,
09:40on fait du numérique pour s'avérer des politiques publiques, pour s'avérer quelque
09:42chose dans la vraie vie, de se rappeler quel est le problème qu'on résout, quel est
09:47l'impact sur les gens, sur les entreprises, sur les personnes, sur l'administration et
09:51de ne pas perdre cette boussole.
09:52Si on veut transformer le numérique public, je pense qu'il faut vraiment qu'on se pose
09:56la question des irritants et des problèmes qui sont rencontrés par les usagers et les
09:59agents afin justement de pouvoir tirer tout le potentiel des données puisque la donnée
10:04reste uniquement pour moi un outil au service des politiques publiques mais ce n'est pas
10:08non plus l'alpha et l'oméga, c'est un moyen.
10:10Donc notre vraie valeur ajoutée c'est surtout de pouvoir identifier les bons problèmes
10:15qui sont les plus gros poils à gratter pour ensuite pouvoir apporter des solutions qui
10:20soient les plus adaptées possibles.