"Le peuple français historique en a plein le cul de tous les bicots."
Ces mots, ce sont ceux d'une lettre anonyme reçue chez lui, ce matin par le journaliste Karim Rissouli. Il raconte.
Ces mots, ce sont ceux d'une lettre anonyme reçue chez lui, ce matin par le journaliste Karim Rissouli. Il raconte.
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00:00Ça, c'est la lettre que j'ai reçue ce matin chez moi, à mon domicile.
00:05« Franchement Karim, tu n'as pas compris le vote du 9 juin.
00:08Ce n'est pas le pouvoir d'achat, ce n'est pas la retraite à 60 ans,
00:11ce n'est pas la privatisation de Radio France.
00:13La seule et unique raison fondamentale vivoterraine,
00:15c'est que le peuple français historique en a plein le cul de tous les bicots.
00:19Le reste, c'est du blabla.
00:21Tu peux faire des pieds et des mains avec tes invités islamo-gauchias,
00:25tu n'y changeras rien.
00:26Le sous-chien ne t'acceptera jamais, ni toi ni tes frérots.
00:30Et même malgré le nombre, vous ne posséderez jamais la France. »
00:35Ce matin, comme tous les matins, j'ai emmené mes enfants à l'école ou à la crèche.
00:40Je suis revenu chez moi et j'ai trouvé ce courrier devant ma porte,
00:43qui avait été posté, qui n'a pas été déposé,
00:46mais qui a été posté de quelque part en France, je ne sais pas où.
00:48Et donc j'ai ouvert cette lettre et j'ai découvert les mots que je viens de vous lire.
00:52Ce n'est pas la première fois que je reçois ce genre de menace ou ce genre d'insulte.
00:56Ça m'arrive régulièrement au bureau.
00:58Souvent on en rigole d'ailleurs entre collègues, c'est le moyen de dédramatiser.
01:01Ça m'est arrivé de manière un peu plus violente régulièrement sur les réseaux sociaux.
01:06J'ai même reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux.
01:09Mais ça restait sur les réseaux, donc il y avait un côté virtuel.
01:13Quand ça arrive chez soi, il y a une forme de violence supérieure.
01:18Et il y a une forme de violation de son intimité
01:21qui fait que j'ai envie et peut-être besoin d'en parler aujourd'hui.
01:25Si je parle aujourd'hui, c'est parce que ça va bien au-delà de mon cas personnel.
01:27Je ne suis pas du tout le seul à recevoir ce genre de menaces, d'insultes racistes.
01:32Il y a des gens qui le subissent au quotidien.
01:34Le racisme, c'est quelque chose d'extrêmement violent.
01:36Et tous ceux qui l'ont subi le savent.
01:39Moi, ça m'est arrivé petit, les insultes racistes.
01:41Ça m'arrive aujourd'hui.
01:43Et cette lettre, elle a réveillé chez moi ces cicatrices
01:48qui en fait ne sont jamais vraiment refermées
01:50et que ressentent des milliers, des centaines de milliers,
01:53voire des millions de gens aujourd'hui en France.
01:55Si je parle, c'est parce que je pense aussi à tous ces gens qui sont racisés,
02:00des Noirs, des Arames, des Juifs, des musulmans, des homosexuels, des trans.
02:06Bref, tous ceux qui vivent des discriminations au quotidien
02:09et qui ont peur aujourd'hui que la parole raciste se libère.
02:12Et je pense surtout que, quels que soient les partis politiques pour qui on vote aujourd'hui,
02:16et je pense que c'est important de le dire,
02:18quels que soient les partis politiques pour qui on vote aujourd'hui,
02:20il faut peut-être qu'on se souvienne collectivement qu'on soit journalistes,
02:23qu'on soit politiques, que le racisme, ce n'est pas une opinion, c'est un délit.
02:28Et que les choses qu'on dit dans le débat public,
02:31elles ont parfois des conséquences qui peuvent être des conséquences graves.