• le mois dernier
Marine Lorphelin, ancienne Miss France 2013, est médecin généraliste. Aujourd'hui, elle prend la parole sur ce qu'elle a vécu pendant un stage de chirurgie lorsqu'elle avait 22 ans.
Transcription
00:00Dans ce stage de chirurgie, l'ambiance était vraiment extrêmement lourde.
00:05Je me sentais en fait mal à l'aise constamment.
00:08Par rapport à ma tenue, on pouvait me faire des réflexions.
00:11Si je me maquillais, on pouvait me faire des réflexions.
00:13On me posait des questions sur mon intimité.
00:17« Toi, t'aimes telle ou telle position ? »
00:20C'était cette ambiance-là vraiment très très désagréable.
00:24Je l'ai vraiment mal vécue.
00:25Moi, en tant que femme, je me sentais vraiment tout le temps mal à l'aise.
00:28J'avais 22-23 ans.
00:31Je n'en ai pas parlé à l'époque, surtout parce que je ne me sentais pas,
00:37et c'est dingue d'arriver à dire ça,
00:39mais je ne me sentais pas spécialement victime.
00:42On ne se rend pas compte quand on est au cœur d'un système qu'il va trop loin.
00:49En fait, quand on est à l'intérieur et que ça paraît être habituel
00:54et qu'on tourne tout ce qui se passe à la blague,
00:58qu'on justifie sur l'esprit carabin,
01:00« ça a toujours été comme ça »,
01:02on ne se rend pas compte que ce n'est pas normal.
01:05On peut en souffrir, mais on se dit « c'est pas grave, je vais prendre sur moi,
01:09et puis ça se passera mieux dans le stage d'après ».
01:11Évidemment, tous ces médecins qui avaient tous ces comportements inappropriés,
01:18ces remarques, ces gestes,
01:22tournaient ça à la blague.
01:24Toujours constamment « non mais c'est une blague,
01:26tu le prends pas mal, t'es un peu susceptible ».
01:28Donc on ne sait pas forcément comment réagir face à ça.
01:32Et surtout, en plus, on n'a pas envie de faire de vagues,
01:35on n'a pas envie de se faire remarquer,
01:37parce que ça peut signifier derrière plus d'heures au bloc opératoire,
01:42plus d'heures en stage,
01:44une pression avec la possibilité qu'on invalide notre stage en tant qu'étudiant.
01:50Donc ça a quand même un impact potentiellement négatif
01:53aussi sur nos études et sur la suite.
01:55Certaines jeunes femmes ont arrêté leurs études parce que découragées,
01:59parce qu'elles ont perdu confiance en elles.
02:01J'ai reçu pas mal de messages aussi de jeunes femmes
02:03qui n'ont pas encore osé parler,
02:07et qui disaient qu'elles ne pouvaient pas parce qu'elles ont un peu le poste rêvé
02:12dans l'hôpital près de chez elles,
02:14et qu'elles ne sauraient pas comment faire si elles perdaient leur travail.
02:17On en a pas mal parlé aussi évidemment avec mes amis à l'époque,
02:20on disait « il ne faut absolument pas aller dans ce stage
02:22parce qu'il y a tel médecin qui est insupportable ».
02:25Donc ça a un peu orienté aussi nos choix à chaque fois de stage.
02:29On a le droit aussi de faire de l'humour évidemment,
02:33mais l'humour il a ses limites en fait quand il impacte les autres négativement.
02:38Il faut quand même faire bouger un peu justement les instances de direction,
02:42les ordres, voilà l'ordre des médecins aujourd'hui doit être plus tranchant,
02:47il doit savoir prendre des décisions plus radicales
02:50et retirer la possibilité d'exercer à certains qui vont trop loin.
02:56Il y a eu beaucoup cet esprit de confraternité,
02:59on soutient les confrères,
03:01on est là pour que nos médecins puissent exercer.
03:06Non, il faut aussi pouvoir être plus tranchant et dire stop quand ça va trop loin.

Recommandations