"Je ressens des émotions très fortes quand je fais des maths, comme quand je fais du sport ou de la musique…"
Pour certains, c'était un fardeau à l'école (️). Pour lui, c'est tout l'inverse. Amoureux des mathématiques, Hugo Duminil-Copin nous explique pourquoi il faut réapprendre à se passionner pour les maths.
Pour certains, c'était un fardeau à l'école (️). Pour lui, c'est tout l'inverse. Amoureux des mathématiques, Hugo Duminil-Copin nous explique pourquoi il faut réapprendre à se passionner pour les maths.
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00:00Ce qui est marrant, c'est qu'à la fois, effectivement, je ressens des émotions très fortes quand je fais des maths,
00:04mais c'est quelque chose qui est assez similaire à d'autres disciplines.
00:08Je ressens des émotions quand je fais du sport, quand je fais de la musique et quand je fais des maths.
00:13Et ces émotions, ça peut être des émotions super positives, comme la joie, la fierté,
00:17et ça peut être des notions assez négatives, la frustration, parfois même la colère.
00:22Mais c'est comme ça que je suis créatif.
00:24J'ai découvert ce que j'aimais dans les maths très tard.
00:27Je ne l'avais peut-être pas fait sentir avant.
00:29C'est, je pense, une des problématiques, un des enjeux de l'éducation,
00:35d'arriver à faire ressentir ces émotions positives.
00:38Les émotions, c'est extrêmement important pour apprendre.
00:40Et puis, il y a des gens qui restent encore dans le traumatisme,
00:43un petit peu, de ce qu'ont pu être les maths à l'école pour eux.
00:46C'est aussi dû au fait que les gens associent la réussite en mathématiques à l'intelligence,
00:51à une forme d'intelligence.
00:53Et ça, c'est un truc très...
00:55Oui, c'est peut-être une forme des gens qui avaient un peu plus de facilité en logique,
00:58mais l'important, il y a des tonnes d'intelligences différentes.
01:03Puis, peut-être que c'était juste le mauvais enseignant
01:05ou c'était une chose qui posait problème,
01:07alors que la chose d'à côté ne posait absolument pas de problème en maths.
01:10Les gens ont tendance tout de suite à se stigmatiser
01:12et à voir ça comme une évaluation de leur niveau d'intelligence,
01:18alors que ce n'est pas du tout le cas.
01:19J'adorais l'histoire, mais je retenais très, très mal les dates.
01:22Je n'ai pas déduit que j'étais un imbécile
01:25de ne pas être capable de connaître la date de ma réunion.
01:28En maths, tout de suite, on a tendance à renvoyer ça.
01:30On parle de la bosse des maths.
01:31Donc voilà, il y a les gens qui ont la bosse des maths
01:33et les gens qui ne l'ont pas, etc.
01:35On est tout le temps dans l'évaluation de la personne dans son intellect,
01:39ce qui est horrible parce que,
01:41bien sûr que pour courir le 100 mètres en 9,58 secondes,
01:45il faut être Usain Bolt
01:46et il n'est pas né avec n'importe quelle jambe et n'importe quelle physique.
01:50Et donc peut-être qu'effectivement,
01:52les plus grands mathématiciens et mathématiciennes,
01:54ils ont quelques facilités qui font qu'ils sont allés là où ils sont allés.
01:57Mais on ne parle pas de ça, là.
01:59On parle de faire courir les gens.
02:00Les gens se doivent apprendre à courir,
02:01pas de courir le plus vite possible en dessous de 10 secondes.
02:05Sur cette partie-là,
02:06moi, je crois fondamentalement que tout le monde peut réussir.
02:09Je ne me sens pas plus scientifique que littéraire, en fait.
02:13Et je trouve qu'en faisant ce clivage qui n'existe pas dans la réalité,
02:19on prive à beaucoup de gens le plaisir de pouvoir découvrir des disciplines,
02:23en particulier scientifiques.
02:24Même dans ma vie de mathématicien, je n'utilise jamais Thalès.
02:27Mais en fait, ce qu'on apprend en apprenant Thalès, Pythagore, etc.,
02:31on apprend à faire des raisonnements logiques.
02:33On apprend ce que c'est qu'une hypothèse, ce que c'est qu'une conclusion,
02:36comment on peut, de façon relativement logique, aller de l'une à l'autre.
02:40Quand on apprend les nombres, on apprend aussi les ordres de grandeur.
02:42Si on arrivait à donner plus d'outils aux gens,
02:44on pourrait parler peut-être de probabilité,
02:47ce que c'est qu'une chance sur quelque chose.
02:49C'est très abstrait, en fait.
02:51On pourrait donner une idée intuitive de ce que c'est aux jeunes,
02:54la représentation dans l'espace, etc.
02:57Toutes ces choses-là, c'est des choses qui me servent tous les jours,
02:59hors de mon métier, en fait.
03:00C'est en ça que les maths citoyennes, c'est-à-dire celles pour tout le monde,
03:04elles sont hyper importantes.
03:06Et c'est important que la société s'en rende compte
03:09et insiste sur cette partie-là.
03:11Ne pas résumer les maths à une matière élitiste
03:14qui serait destinée juste à ceux qui vont faire leur métier,
03:18soit de chercheur, soit d'ingénieur, soit de banquier, etc.
03:21Mais de se rendre compte que c'est une boîte à outils
03:24qui sert comme la lecture.