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LES DOCS NATURE. En plein cœur de la France, cette carrière ressemble à n'importe quelle autre. Mais d'ici 4 ans, sous cet endroit pourraient apparaître des kilomètres de galeries, une mine gigantesque qui serait une première en France métropolitaine depuis des décennies… car c'est là que se cache un nouvel or blanc. Ce projet de mine géante vise à produire des milliers de tonnes de lithium chaque année, un métal omniprésent dans nos téléphones, nos ordinateurs, nos trottinettes et voitures électriques. Si certains voient ça comme une chance exceptionnelle pour notre pays, d'autres s'inquiètent des conséquences d'un tel projet pour le paysage, la santé des habitants et de l'environnement, et s'interrogent aussi sur nos besoins réels en lithium. En quoi consiste ce projet inédit ? Cette mine peut-elle vraiment être responsable ? C'est ce que Lucas a voulu creuser dans ce nouvel épisodes des docs nature.

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00:00Nous sommes en plein cœur de la France, à première vue, ça ressemble à une carrière
00:03comme il en existe des milliers d'autres.
00:05Mais d'ici 4 ans, sous cet endroit pourraient apparaître des kilomètres de galeries, une
00:09mine gigantesque qui serait une première en France métropolitaine depuis des décennies
00:13à la recherche d'un nouvel or blanc.
00:15Salut, c'est Lucas.
00:16Ce projet de mine géante en France, il s'appelle Émilie, il vise à produire des milliers
00:20de tonnes de lithium chaque année.
00:21Ce métal, il est omniprésent dans nos téléphones, nos ordines, nos trottinettes et voitures
00:25électriques.
00:26En face, des opposants craignent notamment pour leur paysage, la santé des habitants
00:33et de l'environnement.
00:34Certains s'interrogent aussi sur nos besoins réels en lithium.
00:37La mine verte, ça n'existe pas.
00:39Au rythme actuel, l'humanité va extraire autant de métaux entre maintenant et 2050
00:45que ce qu'elle en a extrait depuis le début de son activité, depuis les grecs anciens.
00:49Alors j'ai voulu creuser en quoi consiste concrètement ce projet inédit.
00:52Cette mine peut-elle vraiment être responsable ? Je vous explique.
00:55Et les crises géopolitiques récentes ont montré à quel point il était risqué de
01:02dépendre de seules sources d'approvisionnement étrangères pour les matériaux critiques.
01:06Ça, c'est l'un des arguments phares d'Immeris, l'entreprise à l'origine du projet.
01:10Alors que la consommation de lithium, parfois surnommée Nouvelle Or Blanc, explose en France
01:14et en Europe, nous sommes aujourd'hui très dépendants d'apportations extérieures.
01:18En 2023, en dehors des Etats-Unis, la production minière de lithium était concentrée à
01:2247% sur l'Australie, 24% au Chili et 18% en Chine.
01:26Nous, on n'a pas de pétrole, mais on a du lithium.
01:28Cet hydroxyde de lithium, il va être made in France, mais même made in Alliés.
01:32Plutôt que de faire venir le lithium d'Amérique du Sud qui soit transformé en Chine et du coup
01:37le ramener en Europe et en France, c'est bien évidemment hyper intéressant d'avoir ça aujourd'hui en France.
01:41Alors cette mine inédite sur notre territoire, qu'est-ce qu'elle pourrait vraiment permettre et à quel prix ?
01:46Cette mine, elle serait située ici dans l'Allié, entre Vichy et Montluçon, sur la commune des Chassières,
01:54à l'emplacement de cette carrière, plongeant à l'intérieur de ce projet titanesque grâce à
01:58cette simulation 3D. Il faut imaginer plusieurs kilomètres de galeries qui descendraient jusqu'à
02:02400 mètres de profondeur. Ça, c'est plus que la hauteur de la Tour Eiffel. Dans ce site, 15 heures
02:06par jour, des mineurs et de grosses machines s'activeraient à la recherche de minerais.
02:10L'aide d'explosifs, ils créeraient de gigantesques chambres pour extraire de la roche.
02:14Et cette roche, on va venir la chercher avec une chargeuse électrique par en dessous, comme un grand
02:18distributeur de croquettes. Ça serait des chambres d'environ 20 mètres de long et 20 mètres de large,
02:23donc c'est quand même très très grand. Donc on commencerait par le bas pour aller vers le haut.
02:28Jusqu'à environ 5500 tonnes de roches seraient extraites chaque jour. C'est l'équivalent en gros
02:33de 1000 éléphants ou de 4500 clio. Au total, environ 530 personnes travailleraient directement
02:39sur le projet qui ne s'arrête pas là, vous verrez. Mais alors, pourquoi faire tout ça ici ? En fait,
02:43à la fin du siècle dernier, sous cette carrière de kaolin toujours utilisé pour fabriquer de la
02:48vaisselle ou du carrelage, des géologues ont fait une grande découverte. Ils ont fait un sondage,
02:52du coup, de 900 mètres de profondeur. Et du coup, dans ce sondage, on a pu découvrir qu'il y avait
02:56du lithium dans le granit. C'est un des gisements les plus importants d'Europe. Ce gisement, il
03:01ressemble à ça. Il renfermerait de loin la plus grande réserve de lithium de France, selon les
03:06estimations du BRGM, le service géologique national. Chaque année, cela permettrait de
03:10produire 34 000 tonnes d'hydroxyde de lithium. Cet hydroxyde de lithium va permettre de fournir
03:1520 à 50 % des besoins pensés de voitures électriques. Ça représente environ 700 000 véhicules par an.
03:22Mais j'avoue que quand j'ai entendu mine de lithium en France, j'ai direct pensé à ça.
03:25Des paysages dévastés, des dégagements de poussières, du bruit, des rejets de produits
03:30polluants pour l'environnement ou la santé des gens et beaucoup d'énergie et d'impact carbone.
03:33Alors ici, qu'est-ce qui garantit de ne pas ravager la région ? Le projet présenté aujourd'hui,
03:38on ne peut qu'être compte si on est attaché à cette forêt, si on est attaché à ce territoire.
03:43Imerys promet une exploitation certes colossale, mais responsable. Et voici comment. L'entreprise
03:48met en avant plusieurs mesures. L'installation sur des sites en partie déjà utilisés pour réduire la
03:53destruction de zones naturelles ou agricoles. La mise en place d'une flotte électrique dans la mine.
03:57Des transports par des conduites souterraines, puis par des trains pour éviter d'ajouter un
04:00grand nombre de camions sur les routes. Et puis, contrairement à plusieurs sites d'extraction de
04:04lithium dans le monde, celui-ci serait souterrain. Le fait d'être en souterrain, sur les tirs de
04:09mine et sur les poussières et sur le bruit, c'est aussi un gage de confinement de ces aspects-là.
04:16Comme il y a un enjeu d'acceptabilité sociale très fort, sur tout ce qui va être les nuisances
04:19sonores, visuelles pour la population locale, effectivement, il y a un effort significatif qui
04:26est fait. Ici, Imerys estime que par rapport au lithium typiquement extrait en Australie,
04:30l'empreinte carbone par tonne produite serait moins élevée d'environ 40%. Précisons que
04:35localement, le projet entraînerait quand même des destructions de zones forestières et des impacts
04:38potentiels sur la forêt des colettes à proximité et certaines rivières ou zones humides. Même Imerys
04:43ne prétend pas qu'ils vont construire une mine verte. Il parle de mine responsable. Le fait que
04:48la mine verte ou la mine zéro impact n'existe pas, c'est un consensus qui est largement partagé
04:53par la communauté scientifique et par l'industrie minière. On n'a pas voulu aller vers le cliché de
04:57la mine propre. Nous reconnaissons que l'activité peut avoir des impacts et tout le travail de nos
05:02équipes, c'est justement de minimiser ces impacts. Dans cette vidéo, je ne vais pas pouvoir détailler
05:07ni toutes les promesses de l'entreprise, ni toutes les inquiétudes que j'ai pu voir. Je vais me
05:11concentrer principalement sur deux enjeux qui sont beaucoup revenus. Le premier, c'est que j'ai
05:14appris que le lithium n'était qu'une toute petite partie des milliers de tonnes de matières
05:18extraites. Alors, que faire du reste ? De cette mine, jusqu'à 2,1 millions de tonnes de granit
05:25seraient extraites par an. En fait, je me suis rendu compte que tout ça, c'est loin d'être que du
05:29lithium. Le granit de Beauvoir, c'est ça. Ce qui nous intéresse, c'est les petites paillettes qu'il y a
05:32dedans. Nos sondages nous ont permis de déterminer qu'on avait une teneur moyenne de 0,9% de lithium.
05:38Quand on est sur une mine à 0,9% en teneur, ça veut dire qu'il y a 99% de ce qu'on a extrait
05:44qui ne va pas servir directement. Il y a quelques pourcents qui vont être réutilisés. Mais dans
05:49l'ensemble, ça veut donc dire que chaque année, on est sur des milliers de tonnes de déchets.
05:53Pour obtenir le lithium, il faut donc passer par deux étapes. D'abord, la concentration qui serait
05:58faite dans une usine à proximité du site. Dans cette usine, du coup, on va faire un concentré
06:02de mica. Après cette étape, le produit obtenu voyagerait sur environ 15 kilomètres dans des
06:06conduites jusqu'à une plateforme de chargement située ici. Puis, il serait transporté par train
06:11sur une cinquantaine de kilomètres jusqu'à une usine de conversion qui serait implantée à cet
06:15endroit. Dans cette usine, on va extraire le lithium des mica. On va le transformer en hydroxyde de
06:20lithium. Aujourd'hui, c'est cette étape qui est majoritairement faite en Chine. En gros, à chacune
06:24de ces étapes, pour n'avoir que le lithium, on ajoute des produits et on retire de grandes
06:28quantités d'autres matériaux. Parmi ces matériaux en plus, certains peuvent être vendus ou valorisés
06:33comme le feldspass ou le sulfate de potassium. Mais d'autres sont plus difficilement ou pas du
06:39tout valorisables. En à peine trois ans, la masse de tous ces matériaux pourrait dépasser celle de
06:43la grande pyramide de Chios. Alors, que deviendraient ces tonnes de matériaux ? Au niveau de la première
06:47usine de concentration, selon Imerys, il y aurait près d'1,3 millions de tonnes de stériles et de
06:52résidus de concentration par an. On a ce qu'on appelle les stériles. Ce sont les roches dont on
06:56n'a pas besoin pour le concéder, qui vont être utilisées pour remblayer les galeries. Et puis
07:01ensuite, on a ce qu'on appelle les résidus de concentration qui sont issus de la première
07:04étape de transformation. Donc, ils vont être utilisés dans une pâte cimentée pour remblayer
07:09les galeries au fur et à mesure. Une autre partie pourrait être utilisée pour reboucher
07:13progressivement la carrière de Kaola. Selon le compte-rendu du débat public qui vient d'être
07:19publié en septembre 2024, plusieurs réponses restent à apporter, notamment sur les risques
07:23de pollution et la dangerosité de certains résidus. Sur le stockage dans les galeries,
07:27le compte-rendu indique notamment que la préservation à long terme de la qualité
07:31des eaux souterraines est conditionnée par le caractère inerte des résidus.
07:34On est en train de terminer les tests sur ces résidus. Aujourd'hui, on a vraiment de très
07:39bonnes raisons de penser qu'ils vont être inertes et que donc tout ce qui sera stocké dans la
07:43carrière actuelle et dans les galeries sera de nature inerte. Et au niveau de la deuxième usine,
07:48de conversion, ce serait 600 000 à 800 000 tonnes de résidus par an. C'est bien des résidus après
07:55traitement chimique à l'acide sulfurique, qui sont donc extrêmement problématiques d'un point
08:01de vue environnemental et sanitaire. On ne sait pas aujourd'hui s'ils sont inertes, non inertes,
08:06non dangereux ou dangereux. Sur l'usine de conversion, selon la synthèse, le devenir des
08:11déchets reste flou, car des études sont en cours pour définir plus précisément quels sont ces
08:15résidus et quelle est leur potentielle dangerosité. Tout ça pose aussi la question de l'après mine.
08:19Nous avons aujourd'hui en France des dizaines de sites miniers qui posent des problèmes très
08:23importants au niveau sanitaire et environnemental. Forcément, la mine n'existe pas, donc je vous
08:28parle de mines qui existent. Une deuxième inquiétude est souvent revenue. Produire
08:31de lithium, ça peut consommer beaucoup d'eau, vraiment beaucoup. Nous sommes au nord du Chili,
08:38dans la région d'Atacama. Ici, les mines de lithium et de cuivre utilisent l'équivalent des
08:42trois quarts de l'eau consommée par les habitants de Paris, selon NégaWatt. Et ça, ça réduit ou
08:46pollue les réserves d'eau et donc ça contribue à des manques d'eau pour les habitants autour ou à
08:50détériorer des zones naturelles. Alors qu'est-ce que ça donnerait ici dans la ligne ? Imeri s'assure
08:54avoir mis en place plusieurs mesures pour réduire les besoins. Il y a besoin d'eau pour la partie
08:58traitement et il y a besoin d'eau pour la partie transport en canalisation souterraine. Sur
09:02l'ensemble, ce qu'il faut bien retenir, c'est que c'est 90% de l'eau est recyclée. Donc là aussi,
09:07on est sur un ratio qui est assez haut dans le milieu industriel. Personnellement, je ne connais
09:12aucune mine au monde sur aucun métal qui arrive à faire ça. Donc je ne dis pas que ce n'est pas
09:16possible. Je dis en tout cas, nous, on ne connaît pas. Malgré le recyclage, le projet nécessiterait
09:21un apport d'environ 600 000 m3 d'eau par an sur chacun des deux sites, selon Imeri. Et ça,
09:26ça fait 1,2 million de m3 par an au total, soit un peu plus que ce que consomme chaque année la
09:31ville d'Andaï et ses 18 000 habitants dans le Pays Basque. Alors, d'où viendrait cette eau ?
09:36Aujourd'hui, ce qui paraît le plus raisonnable, c'est de prélever dans une rivière qui s'appelle
09:40la Sioul. Ce besoin de 600 000 m3, c'est 0,6% du débit d'étiage de cette rivière. Sur le site
09:46de Montluçon, l'approvisionnement en eau ne se fera que par les rejets de la station d'épuration
09:51de Montluçon. Pour sa part, le compte-rendu du débat public indique que sur la Sioul,
09:55ce nouveau prélèvement serait possible, effectivement, sans pénaliser la ressource
09:59disponible, à condition notamment de pouvoir garantir une modulation efficace des pompages.
10:06Et pour ce qui est de l'eau issue de la station d'épuration, eh bien en fait, ne peut rejeter
10:09une partie de cette eau dans la rivière du Cher pour avoir une influence sur le reste du bassin,
10:14alors que celui-ci fournit notamment l'eau potable d'un certain nombre de communes. Donc pour ça,
10:18pour ce qui est de l'usine de conversion, le compte-rendu conclut que la question de l'impact
10:22des prélèvements en eau reste ouverte. Sur plusieurs aspects du projet, des études sont
10:26toujours en cours pour préciser d'un côté les impacts et de l'autre la faisabilité des mesures
10:30pour y répondre. Tout ça devrait encore faire évoluer le projet d'ici son ouverture commerciale,
10:34aujourd'hui prévu pour 2028. On a vraiment la chance d'avoir ce cadre réglementaire qui permet
10:41d'avoir un projet d'extraction beaucoup plus rigoureux d'un point de vue environnemental qu'on
10:45peut l'avoir en Chine, par exemple. Mais il y a encore une autre question derrière tout ça.
10:49A-t-on vraiment besoin de tout ce lithium et pour quoi faire ?
10:52Posons tout sur la table, mais débattons de pourquoi on veut faire ça, pourquoi,
10:59pourquoi ? La consommation de lithium, elle est en constante augmentation depuis plusieurs années.
11:03En 2023, 87% du lithium extrait dans le monde a été utilisé pour des batteries lithium-ion. Et
11:10ces batteries lithium-ion, elles ont un usage très majoritaire qui est les batteries de véhicules
11:16électriques. En France, en 2023, les transports sont les premiers responsables du réchauffement
11:21climatique. Ils représentent 34% des gaz à effet de serre selon le Haut conseil pour le climat. Ça,
11:26c'est en majeure partie dû aux voitures individuelles, puis aux poids lourds et aux
11:30utilitaires. D'autre part, les transports routiers contribuent à la pollution de l'air qui entraîne
11:34des milliers de décès chaque année en France. Tous ces rapports que j'ai trouvés s'accordent à dire
11:38que si on veut réduire ces impacts, ça passe au moins en partie par le développement des véhicules
11:42électriques alimentés par des sources d'énergie bas carbone. L'Europe a décrété la fente des
11:46voitures thermiques d'ici 2035, ce qui fait que forcément on a besoin de beaucoup plus de lithium.
11:52Dans ce scénario de l'ADEME, par exemple, les besoins annuels en lithium de la France
11:56augmenteraient même de plus 800% en moyenne par rapport à aujourd'hui. Les défenseurs du projet
12:01de mine Émilie expliquent qu'elle permettrait de répondre en partie à ce besoin, et donc qu'elle
12:05serait une chance unique pour la transition écologique européenne. Et il y a un risque de
12:09contre-productivité à multiplier les installations minières pour répondre à ce récit de transition
12:15énergétique. Et moi, vraiment, ce qui m'intéresse, c'est de parler de la question des usages,
12:19en fait. Pour quel usage est-ce qu'on veut faire cette mine ? Ce qu'on n'a pas précisé,
12:22c'est qu'avec une même quantité de lithium, on peut faire des choses très différentes. Selon ce
12:26tableau de l'association Negawatt, avec 10 000 tonnes de lithium, on peut par exemple produire
12:30environ 800 000 SUV électriques, ou 131 millions de vélos à assistance électrique. Et entre les
12:38deux, environ 1,6 million de voitures citadines. En parallèle, plusieurs scénarios proposent des
12:45mesures complémentaires, notamment de sobriété. Par exemple, réduire les trajets, privilégier le
12:49train, le bus, la marche ou le vélo lorsque cela est possible, ou encore développer le co-voiturage.
12:54Si on reprend le graphique de l'ADEME, dans un scénario avec davantage de sobriété,
12:58l'augmentation totale du lithium nécessaire ne serait que de plus 300%, soit près de trois
13:03fois moins importante que le scénario vu précédemment. La demande de lithium,
13:06elle peut vraiment varier en fonction du nombre de véhicules électriques, de leur poids, de leur
13:11taille, de leur autonomie, et bien donc des pratiques de co-voiturage, du nombre de kilomètres
13:16parcourus, etc. Et ça, c'est absolument pas une fatalité. Sans réflexion, voire contrôle sur les
13:20quantités de lithium consommées, il y a un risque, selon Fanny Verax, que cette mine ne remplace pas
13:25une mine ailleurs, mais qu'elle s'y ajoute. Alors que pourrait devenir le lithium de cette mine ? En
13:29gros, est-ce qu'il servirait plutôt à des SUV, soit des véhicules électriques plus petits ?
13:33On ne fournit pas des constructeurs automobiles en direct. Nous fournissons un élément intermédiaire
13:38de la chaîne de ce marché. La part que nous, on est capable de prendre, c'est celle de la
13:41fourniture de lithium. Ça veut pas dire qu'il faut pas aller en complément vers de la sobriété,
13:45vers de la régulation sur les véhicules. Effectivement, ça n'est pas la seule
13:49responsabilité d'IMERIS, évidemment. Et ça doit être un partenariat, une réflexion avec l'État,
13:54les collectivités, les citoyens et l'ensemble de la chaîne de valeur. Cela étant dit, le discours
13:59qui consiste à dire, moi, je fournis un métal et puis la société en fait ce qu'elle veut,
14:04à ce moment-là, il faut pas prétendre que c'est pour une transition énergétique qui
14:09aurait un impact positif. Ce qu'ont montré ces graphiques, c'est que même dans un scénario
14:12avec plus de sobriété et de moins gros véhicules électriques, le besoin en lithium continuera
14:17quand même à augmenter. Dans cet article de 2020, des membres du BRGM expliquent que les
14:21importations actuelles de lithium conduisent à occulter les conditions d'extraction de ces
14:26substances. A l'inverse, selon cet établissement public, la relocalisation en France ou en Europe
14:30pourrait permettre une plus grande indépendance stratégique mais aussi d'améliorer les bilans
14:35carbone. Les enjeux seraient donc d'apprendre à produire le lithium localement, durablement
14:39et de façon plus vertueuse. D'abord, on ouvre des mines en Europe et puis ensuite, on essaye
14:44d'être un petit peu sobre sur les usages. D'abord, on se fixe des objectifs de sobriété très
14:48ambitieux et ensuite, pour le lithium dont on a vraiment besoin, on essaie d'en extraire une
14:54petite partie en Europe. Ou une partie, pas forcément petite. Ce qu'ils nous disent aujourd'hui
14:58dans le débat public, ni ici ni ailleurs, finalement, c'est quelque part l'inaction
15:03climatique. Donc on ne fait rien et on en reste au stade actuel. Voilà, j'espère que cet épisode
15:12des Doc Nature vous aura intéressé et qu'il pourra vous aider à mieux saisir certains enjeux
15:17autour de ce projet. Pour en découvrir d'autres aspects, je vous mets plein de liens sous la
15:21vidéo YouTube. Et comme souvent, voici un petit extrait supplémentaire d'interview qui m'a
15:25intéressé. Le recyclage, bien sûr, c'est essentiel et c'est essentiel d'y penser maintenant parce
15:29qu'il faut concevoir les objets de telle façon que le recyclage se fasse de façon simple.
15:35Cependant, il faut bien prendre conscience que si là, aujourd'hui, tous les Européens veulent leur
15:40voiture électrique pour remplacer la voiture thermique, comme on est sur des objets avec une
15:44durée de vie assez longue, on va dire entre 15 et 30 ans, d'accord, pour un véhicule, ça veut dire
15:49que le recyclage, il va intervenir dans une deuxième phase. Un grand merci à toutes les
15:53personnes de Brut qui ont participé à cette vidéo. Sur la chaîne YouTube de Brut, vous pouvez trouver
15:57plein d'autres contenus réalisés par mes collègues. Et nous, on se retrouve dimanche prochain dès 10
16:01heures pour un nouvel épisode des Doc Nature.

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