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"Je me dis, le film est d'autant plus pertinent aujourd'hui, même potentiellement utile."

C'est l'histoire de Bellisha, 27 ans, et de sa mère Giselle, angoissée car elle pense être la dernière habitante juive du quartier. Pour son premier film "Le Dernier des juifs", le réalisateur Noé Debré a voulu faire dialoguer les communautés dans une comédie sociale qui montre la banlieue différemment. Brut l'a suivi sur les lieux du tournage, à Noisy-le-Sec.
Transcription
00:00Le dernier des juges, j'ai appelé le film comme ça,
00:02ça m'évoquait le dernier des Moïcans.
00:03Le film, il sort dans un contexte particulier,
00:06avec un titre qui est très fort.
00:08Est-ce qu'à un moment donné, tu t'es dit
00:10il faut que je change le titre,
00:12il faut qu'on change la date de sortie ?
00:15Ouais, la question s'est posée.
00:16En réalité, je me dis tout le contraire,
00:19je me dis le film, il est d'autant plus
00:21d'autant plus pertinent aujourd'hui,
00:22d'autant plus même potentiellement utile.
00:25Avec ce film, Noé Debré souhaite rassembler les communautés,
00:28les faire dialoguer.
00:30Et pour cela, il mise sur une comédie sociale
00:32qui se déroule en banlieue.
00:33C'est l'histoire de Bélichat,
00:37un mec d'une vingtaine d'années
00:39qui vit avec sa mère en banlieue parisienne.
00:41Et en fait, c'est les derniers juges de leur cité.
00:44Et la mère de Bélichat est extrêmement inquiète,
00:46elle pense que c'est pas possible,
00:47qu'il faut qu'il parte.
00:49Et Bélichat, ça le dérange pas plus que ça.
00:52Il y a toute une histoire des films de banlieue,
00:55de la haine jusqu'au misérable.
00:58Donc ça charrie des représentations
01:00qui préexistent au film,
01:01avec lesquelles il faut s'accommoder
01:05ou essayer d'aller un peu à l'encontre.
01:08Et ce que j'aimais bien avec cette cage d'escalier,
01:09c'est que je voulais vraiment qu'il y ait,
01:10donc il y a les gamins qui traînent en bas,
01:12et je voulais vraiment que ça fasse un peu cours d'école.
01:15C'est pas l'éternelle cage d'escalier de la barre HLM
01:18avec les mecs squats devant les boîtes aux lettres
01:21et trucs qu'on a pas mal vus maintenant.
01:24Ici, il y a un marché trois jours par semaine
01:27qui est très vivant, très chaleureux.
01:29Et ça donne comme ça un aspect village.
01:31L'appartement est dans cet immeuble.
01:34On a tourné aussi dans les tours qui sont là.
01:36Et vous les avez trouvées comment, les apparts ?
01:38La repéreuse épluche les sites d'annonces immobilières
01:41et cherche des appartements en vente
01:44de telle sorte à ce qu'ils soient vides.
01:45Et on essaye de tourner pendant le délai
01:47entre la vente et le passage de l'appartement.
01:50Et l'autre, on a tourné chez quelqu'un,
01:52on a loué un appart de quelqu'un pour deux jours.
01:55Il y a des gens qui savent faire ça.
01:57Moi, j'en suis complètement incapable.
01:59Dans une équipe de cinéma, c'est les régisseurs notamment.
02:02Et donc, ils étaient allés parler au gardien de l'immeuble là-bas.
02:05Et puis, voilà, il leur avait dit
02:07si ça intéresse quelqu'un
02:10de soulouer un appartement pour un tournage.
02:12Quand on tourne comme ici,
02:14avec un sujet qui est quand même un sujet de société, etc.,
02:16ça provoque des discussions.
02:19Tout le monde, enfin voilà, les gens ont envie
02:22de parler de leur expérience, etc.
02:27Et ça peut donner des moments cocasses.
02:30Je sais qu'on avait eu un moment,
02:32il y a un type dans cet immeuble justement,
02:34on tournait,
02:36il descend et puis il voit la petite affichette
02:38qui annonce le tournage
02:40et il dit « le dernier des juifs », mais c'est moi ça !
02:43Les extérieurs sont souvent tournés,
02:46c'est un peu technique, mais en très longue focale.
02:48Ça veut dire que la caméra est très loin.
02:50Et donc, ça nous permet de ne pas avoir à bloquer les rues.
02:53Parce qu'évidemment, on n'a pas de quoi payer 500 figurants.
02:57Et donc, ça nous permet de mettre notre acteur au milieu du monde.
03:00Ce qui m'intéressait là-dedans,
03:01c'est que ça donne un sentiment de fragilité, les plans comme ça.
03:03C'est comme si vous vous filmez avec votre téléphone
03:06et puis vous zoomez en filmant.
03:08Vous allez voir, l'image va trembler légèrement
03:11et elle va se dégrader un peu en qualité.
03:13Et ça va donner comme ça un sentiment de pris sur le vif et de fragilité.
03:16Et en fait, curieusement, avec les caméras, c'est la même chose.
03:19Je voulais donner ce sentiment-là.
03:21Je voulais que quand ils se promènent, on se dise
03:23« Tiens, ce mec, il flotte à la surface du monde. »

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