Pourquoi le train est si cher ? Y aura-t-il une limitation des billets d'avion par personne ? Pourquoi le carburant est-il si cher ?…
Le ministre des Transports Clément Beaune répond à vos questions sur Brut.
Le ministre des Transports Clément Beaune répond à vos questions sur Brut.
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00:00Bonjour, c'est Clément Beaune de Mise et Transport et je vais répondre pour Brut à toutes vos questions.
00:04Alors le train est cher quand on regarde le TGV, ça c'est vrai.
00:07Si je regarde la France par rapport aux autres pays européens pour avoir une comparaison,
00:11en fait le prix que paye l'usager ou ce qui reste à la charge de l'usager est assez faible,
00:16sauf sur le TGV parce que le TGV, le modèle en France, c'est qu'il n'est pas subventionné.
00:19Il y a des choses comme le TGV Max, comme la carte avantage qui font des réductions,
00:23comme le Ouigo qui a un vrai avantage social,
00:26mais on est en train de travailler à des mesures pour que, y compris le TGV, ça soit plus accessible aux jeunes.
00:30Et puis moi j'assume aussi, c'est un débat, il faut dans certains cas de la concurrence.
00:34On l'a vu sur Paris-Lyon, quand vous avez de nouveaux opérateurs qui mettent plus de trains en circulation,
00:39les prix ont baissé d'environ 20% et l'utilisation du train, même pour la SNCF,
00:44pour la SNCF et au total, a augmenté d'à peu près 15%.
00:48Et donc on voit bien quand on a plus d'opérateurs et plus de trains,
00:50c'est aussi une façon écologique d'avoir des prix plus attractifs.
00:54Donc il faut qu'on utilise tous les leviers, l'investissement, la concurrence,
00:57parfois des offres soutenues, y compris par l'État, sur les intercités ou sur les TGV pour les jeunes.
01:02J'espère, et il faut y travailler, après il faut être honnête,
01:04pourquoi l'avion coûte moins cher ? Parce que parfois il a eu des avantages.
01:07Par exemple, il ne paye pas son énergie, il ne paye pas le kérosène,
01:09ou il n'y a pas de taxe en tout cas sur le kérosène.
01:11Et au niveau européen, on est en train d'avoir un débat pour mettre une taxe sur le kérosène,
01:15pas pour punir, mais pour que le vrai prix environnemental soit payé.
01:19L'avion, il ne faut pas l'arrêter.
01:21Donc il ne faut pas non plus en faire un produit de luxe.
01:23Les gens en ont besoin.
01:24Il y a des villes en France qui, s'il n'y avait pas de lignée aérienne,
01:27ne seraient pas du tout connectées à Paris ou au reste de l'Europe.
01:30Et c'est important pour le lien humain, pour le développement des gens.
01:33Donc c'est toute la stratégie de décarbonation de l'avion.
01:36Mais il faut aussi parfois que l'avantage concurrentiel, compétitif de l'avion,
01:41soit revu par rapport au train.
01:43C'est très ambitieux, mais je donne deux ans pour qu'on ait en France
01:45un billet ou une appli unique pour les transports.
01:48Qu'on prenne un TER, un transport type RER en Ile-de-France,
01:52le métro de la RTM à Marseille,
01:54ou par exemple qu'on recharge aussi sa voiture sur une borne électrique.
01:57Qu'on ait une carte ou une appli unique de transport,
02:00ça sera une énorme simplification.
02:02Puis ensuite, il y a la question du tarif unique.
02:04Et là, il faut mettre d'accord.
02:05C'est compliqué, je sais, mais il faut mettre d'accord.
02:07Régions, États, villes notamment.
02:09On a souvent des offres attractives, mais elles sont éparpillées.
02:12Et donc, on n'a pas l'équivalent hyper attractif, hyper vendeur,
02:15du 49 euros allemand ou de ce que font les Autrichiens par exemple.
02:18Il y a deux, trois pays européens qui le font.
02:20Je souhaite qu'on s'y engage aussi.
02:22C'est un peu de boulot.
02:23L'Allemagne a mis un an à le faire.
02:24Donc, on va essayer de le faire dans les prochains mois.
02:26Je ne pense pas qu'il faille avoir une politique nationale
02:28de gratuité des transports.
02:29D'abord, c'est les régions, les villes qui choisissent
02:31leur politique de transport.
02:32Donc, je pense que c'est bien comme ça.
02:34Qu'il y ait des modèles différents en fonction des territoires.
02:36Et puis, si on faisait ça par exemple en Ile-de-France,
02:39par exemple à Paris, je ne suis pas sûr que ce serait une bonne idée.
02:41Pourquoi ?
02:42Parce qu'il y a des millions de touristes qui viennent chaque année.
02:44Moi, je trouve ça normal qu'ils payent une partie de l'effort qu'on fait
02:47pour investir dans le transport public.
02:49Et quel est le problème par exemple en Ile-de-France aujourd'hui ?
02:51D'abord, c'est qu'il n'y a pas assez de confort, d'offres, de régularité.
02:56Et il faut investir.
02:57Et donc, il ne faut pas aujourd'hui casser les moyens de l'investissement.
03:01C'est l'État qui paye.
03:02C'est la région qui paye.
03:03Mais c'est aussi les usagers qui payent une petite partie de cet effort.
03:06Et si on passait tout de suite à la gratuité,
03:08je pense qu'on aurait un gros problème de qualité de nos transports publics
03:12alors qu'il faut investir.
03:13Il faut améliorer les choses.
03:14On a vécu un printemps et un hiver dernier très difficile
03:18parce qu'il y avait des problèmes de recrutement.
03:19Ça s'est en partie amélioré.
03:21On continue à recruter énormément de personnes,
03:23plus de 6 000 cette année à la RATP.
03:25Et puis, investir.
03:26Alors, c'est parfois frustrant pour moi comme ministre des Transports,
03:29mais pour beaucoup qui utilisent les transports au quotidien,
03:32parce que quand on investit, ça met 5 ou 10 ans.
03:34Je prends un exemple.
03:35L'année prochaine, au moment des JO,
03:37mais ça va évidemment en rester,
03:39la ligne 14 qui fait un axe nord-sud en Ile-de-France,
03:42elle va gagner 8 stations.
03:44Donc, on pourra aller jusqu'à l'aéroport d'Orly avec son Navigo.
03:47Et il y aura 4 lignes de métro totalement nouvelles du Grand Paris
03:50qui vont arriver aussi.
03:51Et ça, ça se finance par les investissements.
03:53Et ça a pris un peu de temps.
03:54Mais ça arrive entre 2024 et 2030.
03:56C'est vraiment une très grande priorité.
03:58On a décidé avec le ministre de l'Intérieur
04:00de renforcer les effectifs de sécurité, de police.
04:03Je prends l'exemple de Paris.
04:04Ça va être 1 000 personnes qui vont être déployées progressivement
04:08et notamment d'ici les JO,
04:09pour assurer plus de sécurité en Ile-de-France,
04:12dans les transports publics.
04:13On a lancé des marches exploratoires avec des associations.
04:16C'est quoi ?
04:17Ça consiste à faire une marche dans une station de métro,
04:19un point mal éclairé où il n'y a pas de miroir,
04:21où il y a souvent des gestes, des agressions.
04:23Et ça, ça peut se réduire aussi avec des petits investissements,
04:26des caméras ou juste repeindre un endroit, éclairer mieux un endroit.
04:30Donc, il faut faire tout ça à la fois.
04:32Moi, j'ai lancé une nouvelle campagne de pub,
04:35de sensibilisation, si je puis dire,
04:37pour que non seulement les victimes sachent mieux
04:41qu'il faut appeler par exemple au 3117 dès qu'il y a un mauvais geste,
04:44une insulte, même un sifflement à une fille,
04:46c'est inacceptable et c'est sanctionné.
04:48Et on va dire aussi que c'est des choses qui sont sanctionnables
04:51par les fortes sécurités,
04:52pour le montrer à tous les auteurs potentiels.
04:54On fait plus de lignes de trains de nuit.
04:56On en rouvre certaines.
04:57Il y en a déjà deux qu'on rouvert ces dernières années.
04:59À la fin de l'année 2023, on rouvre un train de nuit qui reliera Paris à Aurillac.
05:03Et il y a un plan pour ouvrir progressivement
05:06dix lignes de trains de nuit en France et en Europe.
05:08Paris-Berlin, en train de nuit, fin 2023, ça arrive aussi.
05:11Alors, il faut acheter du matériel, ça coûte de l'argent.
05:13Il faut commander de nouveaux trains qu'on n'avait plus.
05:15Mais c'est pour ça que ça prend plusieurs années.
05:17On est en train de le faire.
05:18Pendant trois ou quatre décennies,
05:20on n'a pas investi assez, voire pas du tout parfois,
05:23dans des lignes nationales ou locales qu'on appelait secondaires
05:27parce qu'on a beaucoup investi sur le TGV.
05:29Il y a beaucoup de lignes en France où les temps de trajet se sont allongés.
05:32Sur ces lignes-là, je pense notamment aux intercités,
05:34on est en train d'investir énormément.
05:36Alors, ça met un peu de temps.
05:37À court terme, c'est même parfois, j'allais dire, contre-productif
05:40parce que vous faites des travaux pour rénover la voie.
05:42Mais c'est indispensable.
05:43C'est le cas sur Paris-Limoges, sur Paris-Clairmont-Ferrand,
05:46sur beaucoup d'autres lignes en France.
05:47Dans certains cas, on rouvre des petites lignes.
05:49C'était le cas pour une ligne emblématique,
05:51par exemple dans les Vosges, entre Saint-Dié et Epinal.
05:53Les régions et l'État ont signé des accords,
05:55des protocoles, on appelle ça, petites lignes,
05:58qui sont en train de permettre de réinvestir dans les lignes,
06:00soit d'ouvrir des arrêts, soit d'ouvrir des lignes,
06:02soit d'éviter des fermetures qui, si on n'avait pas investi,
06:05auraient eu lieu.
06:07Alors ça, je ne crois pas.
06:08Il faut tout regarder parce que moi, je crois qu'il faut de la sobriété
06:10dans l'usage de l'avion.
06:11Mais quel est le meilleur moyen de faire en sorte
06:13que quelqu'un prenne le train par rapport à l'avion ?
06:16C'est qu'il y ait d'abord des lignes ferroviaires.
06:18On a vu quand on a ouvert en grande vitesse Paris-Marseille
06:20en trois heures en train,
06:22le marché de l'avion s'est effondré spontanément
06:25parce qu'il y avait une alternative en train.
06:27Mais si on mettait une sorte de permis,
06:29de carte vitale de l'aviation,
06:30où vous avez, on a dit par exemple,
06:31quatre vols dans toute votre vie,
06:33qu'est-ce qui va se passer ?
06:34D'abord, il faut tout vérifier.
06:35Vous imaginez la police de l'air qui va aller vérifier
06:37que vous avez fait peut-être deux vols dans votre vie,
06:39puis cinq ans après, un autre vol,
06:41et puis cinq ans après, encore un autre vol.
06:42Honnêtement, je pense que ça ne marcherait pas.
06:44Qu'est-ce qui se passerait si on faisait ça ?
06:45Il y aurait un marché, il y aurait des gens très riches
06:47qui iraient racheter des droits à voler à d'autres.
06:49Je ne suis pas sûr que ce soit hyper juste non plus
06:51sur le plan écologique.
06:52Donc il faut surtout développer le train
06:54et le rendre plus accessible,
06:55notamment pour les jeunes.
06:56Je pense que si on l'interdisait,
06:57ça ne marcherait pas.
06:59Je prends un exemple très concret.
07:0020% des activités qu'on appelle jets privés,
07:02c'est par exemple du transfert sanitaire,
07:05du transport d'organes quand on a un besoin urgent.
07:08Donc l'interdiction, on se fait plaisir,
07:10mais il y aurait tellement de dérogations
07:12qu'en fait, ça ne serait pas une vraie interdiction.
07:14La régulation, la taxation,
07:16c'est des mesures qui me paraissent plus efficaces.
07:18Il n'y a pas la possibilité de se dire
07:19qu'on met un certain nombre de cas.
07:20Le reste, c'est les sportifs, les patrons,
07:24les acteurs ou autres,
07:26tous ceux qui utilisent ces jets privés.
07:28Non, ça, aujourd'hui, l'État dit que vous ne pouvez plus.
07:30On a eu ce débat au Parlement
07:31parce qu'il y avait une proposition
07:32d'un député écologiste qui s'appelle Julien Bayou
07:34qui avait dit l'interdiction au départ.
07:36Et puis quand il a rédigé sa loi lui-même,
07:37il a proposé des dérogations.
07:39Et quand vous avez une dérogation,
07:40il faut une vérification.
07:41Parce que qui dit que c'est autorisé ou pas ?
07:43Que c'est urgent ou pas ?
07:44Ça veut dire qu'il y a une forme d'administration
07:45qui vérifie ça.
07:46Subventionner massivement l'essence,
07:48ce n'est pas favorable à la transition écologique
07:50parce que ça encourage la voiture
07:51contre le train ou d'autres modes de transport.
07:53En revanche, quand il y a des périodes de crise
07:55et que le prix du carburant explose,
07:57on l'a vu l'an dernier,
07:58la France, et d'ailleurs on a été le pays européen
08:00qui l'a le plus fait,
08:01on a donné des subventions temporaires
08:03pour baisser le prix du carburant,
08:04des ristournes,
08:05où ce qu'on a fait encore en début d'année 2023,
08:08un chèque carburant,
08:09on l'a assumé,
08:10pour ceux qui vont au boulot
08:11et qui n'avaient pas d'autre solution à court terme
08:13que d'utiliser leur voiture.
08:14Donc comme les péages,
08:15moi je ne vais pas dire
08:16il faut plus de routes et plus de voitures,
08:18alors que ça peut polluer davantage,
08:20mais quand il y a des crises
08:21et des problèmes de pouvoir d'achat,
08:22on prend des mesures concrètes,
08:23les vacances d'été sur les péages,
08:25le soutien temporaire au carburant pour la voiture,
08:28et on prépare la suite
08:29en investissant d'abord dans le train,
08:31d'abord dans la décarbonation.