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00:00Je m'en suis rendue compte naturellement, parce qu'en fait moi-même je n'ai reçu aucune formation pendant mon cursus de médecine
00:06et c'est à peu près le lot de tous les soignants.
00:11On reçoit très très peu de cours à ce sujet, alors que c'est un problème de santé publique majeure.
00:16C'est en discutant avec eux, vous vous demandez des conseils les uns aux autres,
00:21ou vous dites, ah bah j'ai eu telle personne qui est venue me voir, je sais pas trop comment me suivre à long terme ?
00:26Moi par exemple, quand j'ai commencé en tant qu'interne, j'ai rapidement été mis devant le fait accompli,
00:32j'ai reçu des personnes victimes de violences et je ne savais pas quoi faire.
00:36Donc j'ai étudié de mon côté, puis ensuite j'ai décidé de me former.
00:41J'ai passé un diplôme interuniversitaire de violence faite aux femmes,
00:45puis après je me suis rendue compte que j'étais toute seule à l'avoir fait, à être formée réellement.
00:50Donc j'ai cherché du monde autour de moi sur Dijon,
00:53j'ai rencontré Charlotte Lallemand qui est coprésidente avec moi,
00:56coprésidente de Charlotte Lallemand qui est gynécologue et qui avait fait le même diplôme interuniversitaire que moi.
01:02Donc on s'est réunis et on a décidé, on a réfléchi, on a pensé qu'il serait intéressant de former les soignants
01:09et du coup de créer une association pour déjà rassembler les quelques soignantes formées et ensuite former les autres.
01:17Et alors comment on les forme justement, les autres très concrètement ?
01:20Ils viennent vous voir, ils vous disent j'ai besoin d'être formée, comment vous faites ?
01:24Pour le moment ce qu'on essaie de faire déjà, on a déjà lancé ce réseau NON qui est une association féministe,
01:30on a essayé de rassembler les différents professionnels qui étaient déjà sensibles au sujet
01:36et ensuite on essaie de se former une fois par mois, on se réunit pour évoquer les sujets
01:40et puis l'objectif à long terme c'est, Charlotte Lallemand et moi-même nous sommes formatrices,
01:46on a passé un diplôme, une certification et on veut former plus largement les soignants et les soignantes
01:52alors on a des demandes, par exemple on m'a demandé de former les psychologues du secteur
01:58donc c'est des formations qui sont déjà longues à mettre en place et qui coûtent un petit peu d'argent
02:03donc il faut, si vous avez des fonds d'ailleurs, n'hésitez pas à les faire parvenir au réseau NON.
02:09Une psychologue qui vient vous voir, qui vous dit j'ai besoin d'être formée, comment ça marche ?
02:13Vous faites une mise en situation ?
02:16Ce qu'il faut savoir c'est que finalement c'est assez long quand même de se former,
02:20il faut déjà savoir écouter la patiente, recueillir la parole, lui donner les réponses qu'elle peut entendre,
02:28respecter son temps en fait puisqu'il y a beaucoup de personnes qui vivent des violences
02:32déjà qui ne se rend pas compte qu'elles vivent des violences
02:36donc déjà leur faire comprendre que ce qu'elles vivent n'est pas normal
02:42ensuite respecter la temporalité des personnes puisque parfois oui on vit des violences
02:47mais on aime quand même la personne avec qui on vit, on aime quand même la personne qui nous a fait vivre des violences
02:51et du coup faire tout ce cheminement, respecter le temps puisque moi j'imagine que
02:58je sais que pour la santé des personnes c'est néfaste d'être dans un couple violent ou dans une relation violence
03:03mais partir c'est difficile et puis il faut du temps et donc il faut savoir respecter ce temps
03:13et suivre le rythme de la patiente.
03:16Vous abordez ça aussi les questions juridiques, le suivi alors effectivement médical, psychologique
03:22et aussi juridique, à quoi elles ont le droit ces femmes, ça aussi vous l'abordez ?
03:27Oui on aborde le parcours juridique, d'ailleurs on est entouré d'autres associations qui font très bien ce travail sur le terrain indigéné
03:35après il faut dire quand même que la justice actuelle française ne reconnaît pas encore trop le statut de victime
03:42c'est à dire que très peu de violences sexuelles par exemple sont condamnées, seulement 1% des viols sont condamnés en France, des violeurs
03:50donc si la patiente est prête pour débuter un parcours judiciaire, on la suit, on l'accompagne
03:57mais on ne va pas la forcer à le faire puisque ce n'est pas ça qui va l'aider à se reconstruire.
04:02On continue d'en parler dans un instant alors du réseau NON avec vous Caroline Champellier.
04:07C'est en direct évidemment sur France Bleu Bourgogne, ICI MATIN continue.
04:12ICI MATIN revient dans un instant.
04:17Cette semaine, Léla Albert nous propose un grand classique, le jambon au chablis avec du bon cochon.
04:23La fin d'enraissement comme ça sur les sous-bois, ça permet quand même aux cochons d'avoir un autre cadre de vie pour avoir une viande plus mature.
04:28Une crème épaisse pour une sauce onctueuse.
04:31La crème évolue comme elle veut, on ne maîtrise rien et dans tous les cas elle est bonne à manger.
04:35Et au fourneau, une vraie bourguignonne.
04:37Chacun fait sa sauce, ça c'est la mienne.
04:39Viviane va lui confier sa recette culte et ses trucs de cuisine et forcément...
04:43C'est bon parce que c'est fait maison.
04:45C'est succulent.
04:46Samedi 11h15, un programme ICI Bourgogne Franche-Comté à retrouver sur France 3 et sur la plateforme France.tv
05:01Encore ce matin, un sujet essentiel pour comprendre la vie de nous, bourguignons et bourguignonnes.
05:06Ce matin, on parle de la formation des soignants violences sexuelles et conjugales à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
05:13Caroline Chauvet est avec nous, médecin généraliste abonnée à Dijon et co-fondatrice du réseau NON à Dijon, un collectif qui a pour but de former les soignants à ces violences.
05:23Il faut les former à court terme mais aussi à long terme parce que les violences c'est un traumatisme.
05:29Ce n'est pas que sur un instanté, comment on fait ça pour suivre les patients ?
05:36Ce que vous dites c'est intéressant, on pense souvent aux violences conjugales et aux violences au sein du couple où on a besoin d'une réaction rapide des professionnels de santé, de la justice, de la police.
05:48Nous dans les cabinets, on suit beaucoup de patientes qui ont vécu des violences sexuelles ou des violences intrafamiliales il y a des années dans l'enfance.
05:56Il faut savoir quand même que 81% des violences sexuelles ont eu lieu avant 18 ans.
06:00Donc la plupart des personnes, beaucoup de personnes, beaucoup de Français et de Françaises ont vécu des violences sexuelles dans l'enfance et traînent ensuite des conséquences psychotraumatiques 10 ans après, 20 ans après, 30 ans plus tard.
06:12Et ça donne lieu chez nous dans nos cabinets à des tableaux médicaux particuliers qui ne correspondent à pas grand chose dans tout ce qu'on nous a appris dans les livres.
06:22Donc il faut reprendre, c'est des patientes qui souffrent de troubles psychologiques, qui souffrent de pathologies cardiovasculaires puisque les hormones de stress au long terme ça donne l'hypertension, ça favorise les infarctus.
06:34Des séquelles physiques, on y pense moins.
06:36Des séquelles physiques et puis on voit beaucoup de patientes et de patients qui nous disent mais ça c'est du passé, c'était il y a longtemps, ça compte plus.
06:43Bien sûr que si ça compte, les violences sexuelles et les violences intrafamiliales ont un impact vraiment important sur le développement du cerveau.
06:51Et on a d'ailleurs vu des études sur les personnes qui ont vécu des psychotraumas où on leur faisait des IRM et on voyait ensuite avec des soins de psychothérapie et de thérapie psychocorporelle où la forme du cerveau a été modifiée.
07:07Et comment savoir aujourd'hui si on est victime, comment on peut savoir que son médecin, son gynéco est formé et saura nous accueillir ?
07:16Alors normalement l'HAS, l'autorité de santé recommande à tous les soignants et soignantes de poser la question des violences.
07:24Alors c'est une question qui est difficile puisque c'est pas difficile de la poser une fois qu'on a appris.
07:30C'est surtout difficile de l'entendre parfois pour les patientes puisque comme je vous disais, beaucoup de personnes n'ont pas conscience qu'elles ont été violentées.
07:40Et quand on pose la question, souvent on dit, avez-vous vécu des violences ? Mais pour beaucoup de gens, avoir été insulté, minimisé, humilié, c'est pas forcément une violence.
07:50Donc il faut poser la question autrement. Après il faut surtout poser la question avec laquelle on est à l'aise.
07:56Et puis, excusez-moi je me suis perdue dans ma réponse.
08:00Il n'y a pas de problème, c'est qu'aujourd'hui on demande quand même aux soignants de poser la question.
08:06Et on s'aperçoit que quand on pose la question, on a beaucoup de réponses positives.
08:11Merci beaucoup Caroline Chauvet d'avoir été notre invitée.
08:15On le rappelle, vous êtes médecin généraliste à Dijon et abonnée confondatrice du réseau NON à Dijon Collectif qui a pour objectif de former les soignants à ces violences.
08:23Merci beaucoup.
08:24Merci, bonne journée.

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