Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires Étrangères, était l’invité du Face à Face de ce lundi 25 novembre sur BFMTV et RMC. Il a notamment évoqué la guerre en Ukraine et comment la France doit se positionner dans les négociations de paix entre l'Ukraine et la Russie.
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00:00Nous sommes là dans des réflexions qui sont hypothétiques, une fois de plus, dans la perspective de la négociation qui va se nouer.
00:06Dans cette négociation, nous ne devons pas être des spectateurs,
00:12regardant Donald Trump discuter avec Vladimir Poutine au risque d'imposer une paix
00:18que les Ukrainiens ne souhaitent pas. Et donc on voit bien qu'il y a au moins trois scénarios.
00:22Le scénario de la paix imposée, où l'Ukraine serait amenée à lâcher 20% de son territoire, à renier sa souveraineté
00:30juridique, c'est-à-dire à devoir accepter un statut de neutralité sans pouvoir contracter
00:35elle-même des alliances, comme son entrée dans l'OTAN. Il y a une paix
00:41qui serait idéale, qui serait... Et c'est là, c'est de là qu'il faut partir.
00:45C'est du respect des principes. Il y a eu une agression russe. Eh bien, il faut respecter le droit international,
00:51c'est-à-dire que c'est à la Russie
00:54de quitter le territoire
00:57ukrainien, et c'est à l'Ukraine de pouvoir disposer de sa pleine souveraineté. Nous savons,
01:03malheureusement, que cette solution idéale est peu vraisemblable. Reste la solution
01:08du gel de la situation en Ukraine, et c'est davantage sur celle-ci que travaillent aujourd'hui les Américains,
01:15c'est-à-dire
01:17d'incesser le feu sur le terrain,
01:19avec des garanties qui sont indispensables.
01:22Jusqu'où ? Et c'est là un enjeu important. Peuvent aller ces garanties ? Est-ce qu'à partir de là, l'Ukraine peut rentrer dans l'OTAN ?
01:28Est-ce que nous pouvons apporter à l'Ukraine, par exemple, une zone de non-survol qui garantirait ce cessez-le-feu en évitant,
01:35au quotidien, le risque d'un retour du conflit et des souffrances pour les Ukrainiens ? Il y a là des choix.
01:42Il y a, par ailleurs, derrière, on ne l'évoque pas souvent,
01:46un enjeu géopolitique majeur. Est-ce que les Américains veulent
01:50régler le problème du champ de bataille, on ne veut plus entendre parler de la guerre, on ne veut plus payer pour les Européens, que les
01:56Européens se débrouillent et que le gel de la situation se fasse ? Où est-ce que les Américains sont plus ambitieux et veulent détacher la Russie
02:04de la Chine ? En essayant d'avoir la proposition la plus attrayante, peut-être d'ailleurs
02:10payée par les Ukrainiens eux-mêmes. Donc nous ne connaissons pas aujourd'hui le cadre de la négociation.
02:15Quelle serait, à vos yeux, le plus souhaitable ? C'est-à-dire que quand on vous écoute, on a l'impression que, finalement, vous dites que l'arrivée de Donald Trump
02:21apporte peut-être quand même une solution. Alors, pas l'idéal, mais l'idéal, vous dites vous-même, est quasiment impossible.
02:27L'arrivée de Donald Trump accélère un processus de négociation.
02:30Encore faut-il que ce ne soit pas au détriment de la souveraineté de l'Ukraine.
02:34Qu'est-ce qu'on peut faire, nous, dans cette situation ?
02:36C'est la partie centrale. Nous devons, nous, nous mobiliser entre Européens. Je pense qu'il y a un dialogue
02:42important qui doit se nouer avec l'Ukraine, pour fixer,
02:46dans l'intérêt de l'Ukraine,
02:48les lignes rouges, les bases de ce que serait la négociation qui va s'enclencher avec la Russie.
02:54Je pense que la souveraineté de l'Ukraine ne peut pas être niée en cause. Pourquoi ? Si nous cédons sur le respect du droit international,
03:01nous voyons bien que c'est tout un monde qui s'effondre.
03:05Mais il y a 20% à peu près du territoire ukrainien qui est aujourd'hui sous contrôle russe.
03:09Pensez-vous que les russes vont partir ?
03:11Mais je ne le pense pas aujourd'hui. C'est pour cela qu'un gel
03:16aurait au moins l'avantage, si nous fixons une durée 5 ans, 10 ans, 15 ans, de préserver l'avenir, de ne pas
03:22enteriner le fait accompli de la force.