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Maïwenn, actrice et réalisatrice dont l'ex-mari est mort d'un cancer du pancréas, et Pascal Hammel, oncologue spécialiste des cancers digestifs sont les invités de 7h50.

Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00Et deux invités ce matin pour aborder un sujet grave, une maladie qui atteint chaque
00:03année 14 000 personnes en France, qui chaque année tue 400 000 personnes dans le monde.
00:08C'est le cancer du pancréas, maladie de plus en plus fréquente dans nos sociétés
00:12développées et qui une fois diagnostiquée laisse hélas peu de chance de survie aux
00:15malades.
00:16Pour en parler avec nous, Maïwenn, actrice, réalisatrice, on vous connaît bien sur France
00:21Inter, et le professeur Pascal Hamel, chef du service d'oncologie digestive et médical
00:26à l'hôpital Paul Brousse à Villejuif en région parisienne.
00:30Maïwenn, jeudi dernier c'était la journée mondiale de lutte contre le cancer du pancréas
00:35et vous avez posté sur internet, sur vos réseaux sociaux, un message très fort pour
00:40alerter sur cette maladie parce qu'elle vous touche personnellement.
00:43Oui, je vous remercie de me recevoir ce matin.
00:45Cette maladie me tient à cœur parce que j'ai perdu mon mari il y a sept mois de
00:54cette maladie.
00:55Je trouve que cette maladie a une mauvaise réputation.
01:00J'ai remarqué que les gens ne savent pas trop comment elle peut arriver, qui elle touche.
01:07Donc ça me tient à cœur de faire savoir vraiment qui ça peut toucher.
01:13Ce n'est pas vrai que ça peut toucher que les hommes à partir de l'âge de 60 ans,
01:18ça peut toucher plein de gens, très jeunes, hommes et femmes.
01:21C'est une maladie qui malheureusement, une fois qu'on a mal, ça peut être trop tard.
01:27Je dis ça peut, j'insiste bien là-dessus, c'est que ce n'est pas foutu non plus.
01:30Le professeur Hamel, que je vois régulièrement parce que j'essaye de lever des fonds, organiser
01:39un dîner de charité et tout ça, pourra beaucoup mieux en parler que moi.
01:43En tout cas, si les gens entendent ce matin, ne croyez pas que ça peut toucher que les
01:49personnes âgées, que les gens qui boivent, ce n'est pas vrai, ça peut toucher tout le
01:55monde.
01:56Un peu de diabète, un peu de surpoids.
01:58Vous travaillez justement avec le professeur Hamel qui est un des grands spécialistes
02:02de cette maladie, ce cancer du pancréas, le deuxième le plus mortel en France aujourd'hui.
02:08A quoi ça ressemble ? C'est quoi les caractéristiques de ce cancer ?
02:11Je vais juste corriger, d'abord c'est 16 000 cas maintenant.
02:1416 000 oui.
02:15Donc ça a augmenté.
02:16Et non pas 14 000.
02:17Non mais ça a augmenté les deux dernières années.
02:19Pour 12 000.
02:20C'est 16 000 cas pour 12 000 décès.
02:24Donc on disait avec Maïwenn, trois fois les accidents de la route quand même.
02:27Donc c'est une augmentation qu'on ne comprend pas bien, qui est vraiment liée à notre
02:34mode de vie.
02:35Alors certes l'obésité, certes le tabac qui joue un rôle important, mais ça n'explique
02:39qu'un tiers des cas.
02:41Donc il y a encore beaucoup de travail à faire, notamment sur les toxiques environnementaux.
02:47On va venir dans un instant sur les conseils ou les précautions à prendre lorsqu'on
02:53doit aller se faire diagnostiquer.
02:55Mais c'est justement, professeur, une maladie qui a ceci de particulier, qu'on a l'impression
03:00que dès qu'on la constate ou dès qu'on la diagnostique, il est déjà trop tard.
03:05Comment expliquer ce phénomène ? Ce n'est pas forcément vrai en tout cas, mais c'est
03:09l'image qu'a le cancer du pancréas.
03:11Pendant longtemps, il y avait cette idée qu'une fois les signes extérieurs de la
03:16maladie identifiés, les médecins se contentaient de renvoyer les patients chez eux.
03:21Ce n'est pas faux.
03:22Les premiers signes sont sournois et banals.
03:25Une fatigue, un amégrissement, une diarrhée chronique, les gens ne pensent pas forcément
03:29à ça.
03:30Évidemment quand on a des douleurs typiques au creux de l'estomac qui vont dans le dos,
03:34là c'est tard parce que ça veut dire que la maladie a dépassé la glande pancréatique.
03:37Les signes sont assez sournois, mais il y a quand même des associations qui doivent
03:41nous faire penser à un diabète récent chez quelqu'un qui a mal au ventre à plus de
03:4450 ans, une diarrhée avec une coloscopie qui est normale.
03:49Il y a quand même des choses que les médecins généralistes doivent savoir et font pour
03:54aller rapidement au scanner parce que le diagnostic est fait assez facilement avec
03:57un bon scanner.
03:58Vous voyez hocher la tête parce que vous, vous avez envie de croire que de plus en plus
04:03on peut les détecter ces cancers, c'est ça ?
04:05Mais parce que c'est très important de ne pas… s'il y a des gens qui entendent,
04:12l'espoir.
04:13L'espoir fait vivre.
04:14Il m'a raconté une histoire il n'y a pas longtemps…
04:17De Professeur Abbé ?
04:18Oui.
04:19D'une femme qui a accouché et qui a un petit bébé de deux mois et qui a découvert
04:25qu'elle avait un cancer du pancréas, elle est en train de s'en sortir alors qu'elle
04:28avait des métastases.
04:29C'est important de dire, parce que le mot métastase fait tellement peur, c'est pas
04:33foutu quand il y a des métastases.
04:35Il faut se battre, il faut être entouré, il faut être aimé.
04:37Et ça se manifeste comment en fait, cette maladie ?
04:42Je l'ai dit tout à l'heure, un amaigrissement et puis effectivement après la douleur.
04:51Mais en fait, il ne faut pas qu'on fonde des dépistages, parce qu'on ne fait pas
04:54de dépistage comme le cancer du sein ou du côlon.
04:56Pourquoi on ne fait pas ça ?
04:57Parce que c'est un cancer qui est trop difficile à dépister par des économies systématiques,
05:01c'est fréquent, c'est quand même moins fréquent que le cancer du sein ou du côlon.
05:04Et les examens sont en difficulté, parce que c'est une petite chose qui ne se voit
05:10pas bien dans une glande qui est très profonde.
05:12Non, c'est plutôt le diagnostic précoce, c'est-à-dire que quand il y a des signes
05:16qui durent, comme disait Maïwenn tout à l'heure, il faut vraiment penser, ça pourrait
05:20être ça, parce qu'il y a des choses qui ne collent pas.
05:23Et le problème, c'est que souvent on a des gens qui font une, deux, trois endoscopies
05:26de l'estomac en disant vous avez un ulcère, ah ben il n'y en a pas.
05:28On donne un peu de quelque chose et ça va un peu mieux, donc on perd de nouveau un
05:31mois.
05:32Il faut un mois pour avoir un rendez-vous de scanner.
05:34Ça, c'est un problème sur lequel il faut insister, il faut aller très vite aux examens
05:38simples.
05:39Parce que c'est un cancer invasif qui a une progression qui est absolument fulgurante.
05:42Et aujourd'hui, vous avez donc un appel à lancer pour lever des dons justement pour
05:47une association.
05:48Voilà, moi si je suis là, c'est parce que mon mari tenait énormément à faire
05:55lever des fonds pour le professeur Hamel.
05:57Et voilà ce que j'ai trouvé pour l'instant, c'est de récolter des fonds pour la fondation
06:05Arcade qui s'occupe des cancers digestifs dans lesquels le professeur Hamel puise quand
06:10il a besoin de faire des recherches.
06:12Et j'insiste sur le fait que la recherche, il n'y a que ça qui peut faire progresser.
06:18La recherche, la recherche, la recherche.
06:20Moi avant, quand j'écoutais la radio ou je lisais les choses sur le cancer et que je
06:25voyais des gens qui demandaient des dons pour la recherche, je prenais ça à la légère.
06:29Mais maintenant que j'ai traversé cette maladie et que je connais bien le professeur
06:33Hamel et que je vois comment il travaille, il ne parle que de recherche en fait.
06:36Rien ne peut avancer sans la recherche.
06:38Donc je le dis et redis, s'il vous plaît, pour faire avancer, pour faire reculer au
06:44contraire cette maladie, il faut lever des fonds et aider les recherches.
06:48Pour l'instant c'est Arcade.
06:49Mais ça, vous dites, c'était important pour votre mari, il vous l'a dit au cours
06:53de sa maladie ?
06:55En fait, il avait commencé à organiser un dîner de charité qui devait être fait
06:59en avril avec le professeur Hamel pour l'association du professeur Hamel.
07:03Et puis voilà, après il est mort en avril, mais moi je veux à tout prix prendre le
07:08relais des choses qu'il avait commencées.
07:11Professeur Hamel, la recherche évidemment, mais la recherche, pourquoi ? Il va servir
07:15à quoi cet argent ? Dans quel sens on va ?
07:18Alors, il y a quand même des espoirs qui commencent à naître vraiment, alors on va
07:22dire depuis 30 ans, moi ça fait 30 ans que je m'en occupe, on dit il y a des espoirs,
07:25oui d'accord, mais enfin il ne se passe pas grand-chose.
07:26On ne revoit plus les gens chez eux comme ça en tout cas ?
07:28Si, d'abord, les gens vivent plus longtemps avec cette maladie, il y en a certains qui
07:32vivent 1, 2, 3 ans ou plus avec des métastases alors qu'avant…
07:34J'ai même entendu 20 ans aussi.
07:36C'est pas fréquent, mais ça arrive et quand j'étais étudiant, au bout de 3 mois, on
07:40ne revoyait plus les gens, ils étaient chez eux, ça allait mal.
07:42Donc il y a des progrès, disons, parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a des chirurgiens
07:45qui opèrent de mieux en mieux, on a quand même des chimiothérapies qui font mieux,
07:49on s'occupe mieux des soins de support, on incite les gens à faire de l'activité
07:52physique, à manger correctement, à voir un psychologue et à calmer toutes les douleurs.
07:57Là déjà, on fait des progrès et ça, ça fait avancer les choses.
07:59Donc si vous voulez, après pour la recherche, il y a des pistes, des pistes sérieuses.
08:03On a l'année prochaine, on va tester des nouveaux médicaments qui s'opposent à un
08:06gène qui est particulièrement agressif dans cette maladie.
08:09Pour la première fois, on va disposer de ces médicaments qui vont être à l'essai,
08:13c'est-à-dire que tout le monde ne pourra pas les avoir.
08:14Heureusement, il va falloir faire des tests pendant encore quelques années.
08:17Et puis la recherche avance dans les laboratoires et il faut de l'argent, effectivement.
08:21Maïwen, vous avez lancé cet appel sur Instagram, sur les réseaux et vous insistez aussi à
08:28la fois sur la mobilisation générale, mais quand on le vit dans sa vie la plus intime,
08:33comment est-ce qu'on en parle avec celui qui va souffrir, qu'on aime ?
08:37On donne de l'espoir et c'était vrai, j'avais de l'espoir jusqu'au bout.
08:43L'amour est capital, je dirais.
08:48Après, je ne vous cache pas qu'il y avait des moments où je faisais bonne figure devant
08:54lui et puis quand j'étais sans lui, c'était très dur.
08:58C'est un message que vous avez lancé sur les réseaux, donc les gens peuvent réagir,
09:02ils peuvent vous répondre, ils peuvent vous contacter.
09:04Quelle élance a déclenché chez les gens qui vous suivent et qui lisent vos messages
09:08sur Internet ?
09:09Le post Instagram, vous savez, ça n'a fait qu'un seul don.
09:13C'est déjà ça ?
09:15C'est bien, mais ce n'est pas assez parce que je connais le coût de chaque recherche
09:21et c'est beaucoup d'argent à chaque fois.
09:22Il est très humble, il ne dit rien et tout, mais c'est…
09:26Le professeur Hamel, d'où l'importance de votre présence ici ce matin pour lancer
09:31justement cette mobilisation et cet appel à dons ? Comment faire, professeur ?
09:35Je voulais juste dire que je trouve ça très courageux parce que quand on vient de subir
09:39MyOne, c'est tout récent et se lancer là-dedans, c'est vrai que son mari était particulièrement
09:45actif et avait vraiment envie et comprenait parce que les budgets de la recherche vont
09:49baisser.
09:50Je veux dire, il y a un manque d'argent en France.
09:52Parce qu'on coupe dans tous les budgets.
09:53On coupe dans tous les budgets, on n'échappe pas au reste et comme le dit MyOne, les recherches
09:57sont très chères.
09:58Il y a beaucoup de concurrence et pourtant la France est très en avance, même sur certaines
10:03équipes américaines concernant le cancer du pancréas parce qu'on inclut vite dans
10:06l'essai thérapeutique.
10:07On a des chercheurs quand même hors normes nous aussi et on a vraiment les moyens de
10:11faire avancer les choses.
10:12Donc effectivement, la cause me paraît bonne.
10:15L'appel est lancé, l'actrice et réalisatrice MyOne et le professeur Pascal Hamel pour
10:19aborder ce sujet du cancer du pancréas.
10:22Si vous voulez donner à la recherche, chers auditeurs, on vous donne l'adresse internet,
10:27c'est fondationarcade.org.
10:28On va mettre le lien sur la page de l'émission.
10:31Merci beaucoup.

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