• le mois dernier
Interpellé par une personne originaire d'Haïti lors de son déplacement à Rio, le chef de l'État a jugé que les Haïtiens "ont tué" leur pays "en laissant le narcotrafic" prospérer. "Moi, je peux pas le remplacer", s'est encore agacé Emmanuel Macron en évoquant le départ du Premier ministre Garry Conille.

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Transcription
00:00L'ambassadeur de France en Haïti a été convoqué hier après des propos, disons, peu diplomatiques tenus par Emmanuel Macron à Rio de Janeiro.
00:08C'est un peu quand même des paroles volées, on est d'accord ?
00:10Oh, c'est un échange public.
00:12Ah, c'est un échange public. On écoute le président de la République.
00:15Là, franchement, c'est les Haïtiens qui ont tué Haïti en laissant l'arc-en-trois-pieds.
00:21Et là, ce qu'ils ont fait, le Premier ministre était super, je l'ai défendu, ils l'ont viré.
00:25C'était terrible, c'était terrible.
00:27Moi, je ne peux pas remplacer. Ils sont complètement cons.
00:29Quoi ? On a bien entendu ?
00:31Eh oui, Emmanuel Macron serait-il en train de se trumpiser ?
00:34Ou serait-ce sa récente proximité affichée lors de sa tournée sud-américaine avec le président argentin Ravier Milei ?
00:40Il lui aussi coutumiait des insultes qui auraient été teintes sur lui.
00:42Le chef de l'État s'est en tout cas lâché, dans des termes peu courants pour un président de la République,
00:47et encore moins à l'étranger pour qualifier qui plus est la situation politique dans un autre pays.
00:53Et traité donc de complètement con, les dirigeants haïtiens, qu'est-ce qui lui a pris ?
00:56Son entourage explique que le président de la République avait été interpellé de manière insistante,
01:01dit-il, par un haïtien qui l'accusait, lui et la France, d'être responsable de la situation en Haïti.
01:06Je rappelle que l'île est aujourd'hui dans une situation chaotique, gangrénée par l'ultra-violence, la corruption, le narcotrafic.
01:13Et le premier ministre qui avait été nommé il y a cinq mois seulement, et dans lequel la communauté internationale plaçait ses espoirs,
01:19il a été limogé par un conseil de transition chargé de rétablir l'ordre et d'organiser des élections.
01:25Et Emmanuel Macron, on l'a entendu, jugeait que le premier ministre faisait un travail formidable,
01:28et ce sont donc les membres de ce conseil qui sont qualifiés de complètement con par le chef de l'État.
01:34Alors Emmanuel Macron a le droit de le penser, il n'a peut-être pas tort sur le fond,
01:37mais un président ne devrait évidemment pas dire ça, et surtout en public.
01:40Mais c'est rare quand même ce genre d'érapage.
01:42C'est rarissime, heureusement d'ailleurs.
01:44Vous vous souvenez de la phrase de Jacques Chirac à propos de Margaret Thatcher lors d'un sommet à Bruxelles ?
01:48Mais qu'est-ce qu'elle me veut de plus ? C'est être légère, mes couilles sur un plateau.
01:51C'est une saillie qui lui avait valu d'être qualifiée de premier ministre ordurier par le SON.
01:56Mais la grosse différence, c'est que Jacques Chirac croyait que son micro était éteint alors qu'il était resté allumé.
01:59Là, la phrase d'Emmanuel Macron, elle est d'autant plus malheureuse qu'elle traduit une forme de mépris,
02:03j'allais dire de mépris de classe.
02:04Vous imaginez un peu le président de la République dire la même chose
02:06pour qualifier la situation politique en Allemagne ou aux États-Unis ?
02:09Non, et vous avez raison.
02:10Elle tombe d'autant plus mal qu'elle intervient dans un contexte international
02:13où la France se voit régulièrement reprocher son arrogance,
02:16en particulier dans une de ses anciennes colonies où elle n'a pas toujours brillé
02:19et c'est un euphémisme par ses ingérences dans le passé.
02:22Je ne suis pas certain qu'elle se soit avec ce genre de sortie sur la scène internationale
02:25que le président de la République retrouve aujourd'hui l'aura qui lui manque dans son propre pays.

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