Regardez "On refait le monde" avec Stéphanie Matteudi-Lecoq, spécialiste du droit et du travail et du dialogue social, directrice de Matteudi Consulting, Gilles Dansart, rédacteur en chef du site "Mobilettre, spécialiste du transport ferroviaire et Béranger Cernon, député (LFI) de l'Essonne, conducteur de train.
Au programme :
- SNCF : Y aura-t-il des trains à Noël ?
- Première journée de grève : faible mobilisation et peu de perturbation
- Les raisons de la colère
- La mobilisation sera-t-elle plus forte à Noël ?
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 21 novembre 2024.
Au programme :
- SNCF : Y aura-t-il des trains à Noël ?
- Première journée de grève : faible mobilisation et peu de perturbation
- Les raisons de la colère
- La mobilisation sera-t-elle plus forte à Noël ?
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 21 novembre 2024.
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00:00On refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
00:05Or, on loue des trains à Noël. C'est la grande question que se posent beaucoup de Français à un mois des fêtes de fin d'année.
00:10Les syndicats de cheminots appellent à une grève illimitée à partir du 11 décembre.
00:14Ce matin sur RTL, le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, était plutôt confiant.
00:19Je crois que c'est clair que cette grève à Noël, les Français n'en veulent pas et on les comprend.
00:23Et il n'y a pas de raison surtout. Le dialogue social, ça fonctionne à la SNCF.
00:27Le dialogue social existe à la SNCF. Ce n'est pas vraiment l'avis de Julien Trocas, du syndicat Sud Rail, invité d'RTL midi.
00:34Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas vraiment emballé par les propositions de hausse de salaire.
00:38Ça s'appelle un plan de communication. Jean-Pierre Farandou, il mélange tout.
00:41Il mélange les choux et les carottes en vous annonçant 2,2. Mais c'était pareil pour les 17% au mois de février.
00:46On ne toppe pas. Mais on ne toppe pas parce que de l'argent, il y en a.
00:49Ce n'est pas qu'on ne toppe pas parce qu'on est des dingues.
00:51On sait que de l'argent, il y en a. La direction de la SNCF fait des bénéfices. On considère qu'il faut une meilleure répartition des richesses.
00:56Alors, que veulent vraiment les cheminots ? Quelles sont les raisons de leur colère ?
00:59Peuvent-ils maintenir la grève jusqu'à Noël et faire des rails et des départs en vacances ?
01:03Pour répondre à toutes ces questions, nous allons ce soir refaire le monde avec Gilles Dansart,
01:08rédacteur en chef du site Mobilêtre, spécialiste du transport ferroviaire. Bienvenue Gilles Dansart.
01:13Stéphanie Matteudi-Lecocq, directrice de Matteudi Consulting, spécialiste du droit du travail et du dialogue social
01:20et auteur des « Syndicats peuvent-ils mourir ? » aux éditions Rue de la Seine.
01:24Vous êtes en liaison avec nous par téléphone, Stéphanie Matteudi-Lecocq. Soyez la bienvenue.
01:29Oula ! François Delétrase, président de la Fédération Nationale des Usagers des Transports, la FNOT.
01:36Bonsoir M. Delétrase, vous nous entendez ?
01:38Très bien, bonsoir.
01:40A tout de suite. Et Bérangé Cernon, qui est cheminot, fraîchement élu député France Insoumise de l'Essonne.
01:45Soyez le bienvenu, Bérangé Cernon. Merci beaucoup d'être avec nous.
01:47On va d'ailleurs commencer avec vous, Bérangé Cernon.
01:49Vous êtes conducteur de RER. La neige qui perturbe le trafic ferroviaire, est-ce que ça vous inquiète ?
01:54J'en profite puisque vous êtes un professionnel pour vous poser la question.
01:56Est-ce que c'est celle que tout le monde se pose ce soir ?
01:58C'est sûr que quand il tombe de la neige, il y a toujours un petit peu d'inquiétude et un peu de crainte par rapport à ce que ça pourrait donner.
02:03Mais les cheminots sont prêts, sont sur le terrain, vont y être toute la nuit pour faire en sorte que demain matin,
02:08les gens puissent avoir des trains à l'heure et en toute sécurité.
02:10Donc nos cheminots qui ne sont pas en grève, ils sont en ce moment concrètement là pour rétablir la circulation des trains,
02:15limiter les retards, ils sont sur les voies, sous la neige.
02:18Faire en sorte que les aiguillages ne gèlent pas, faire en sorte que la caténaire ne gèle pas,
02:22et faire en sorte que les trains puissent être à l'heure ou en tout cas au maximum.
02:25Alors je reviens sur cette première journée de grève aujourd'hui à la SNCF,
02:28avec une mobilisation relativement peu suivie.
02:30Il n'empêche, on s'inquiète pour les départs en vacances de Noël.
02:35Est-ce qu'on a raison de s'inquiéter, François Delétraze ?
02:39Pour être franc avec vous, je ne comprends plus rien.
02:42Je vous dis pourquoi, c'est parce que la priorité de grève, il comporte trois points.
02:47Il comporte la problématique du démantèlement du fret, le démantèlement du service des voyageurs,
02:53et le financement de la SNCF.
02:55Et je n'ai jamais vu qu'il n'y avait aucune revendication sur les salaires.
02:58Je ne vois pas pourquoi la direction de la SNCF essaie de faire croire que dans cette grève,
03:02il y a une revendication sur les salaires.
03:04Je ne sais pas, vous avez peut-être une réponse à cette question, Bérenger Cernon ?
03:07On a bien compris que l'idée, c'était de détourner le débat et de ne pas parler du sujet de fond,
03:12qui est un sujet qui est plus égouvernemental, avec un ministre des Transports,
03:16mais aussi un Premier ministre, qui applique un plan de discontinuité,
03:20qui n'a même pas été décidé par les ministres des Transports.
03:22Qu'est-ce que ça veut dire, un plan de discontinuité ?
03:23Un plan de discontinuité, c'est-à-dire qu'il y a eu une sanction de la part de l'Union Européenne,
03:26qui a estimé qu'il y avait une aide illicite de l'État à fret SNCF,
03:31une aide de 5,3 milliards, ce qui correspondait à la dette,
03:34et donc demande un plan de discontinuité, c'est-à-dire un plan qui prévoit la disparition de fret SNCF,
03:40la création de deux entités indépendantes, ExaFret et Technis,
03:46mais aussi le fait de laisser près de 30% de son trafic à des entreprises privées,
03:54le fait de céder également un parc de locomotives,
03:57et aussi le fait de ne pas pouvoir répondre aux appels d'offres des marchés cédés pendant 10 ans.
04:02Avec à la clé, bien évidemment, 500 suppressions de postes en même temps.
04:06Vous partagez cette photo qui vient de nous être donnée, Gilles Dansart ?
04:09En fait, si on refait le monde à la SNCF, on refait le match de 2018,
04:13je ne sais pas si vous vous souvenez du grand mouvement de la réforme de 2018,
04:16au printemps, des semaines de blocage, et en fait aujourd'hui, c'est l'application des conditions de la réforme,
04:22c'est-à-dire premièrement, il y a la concrétisation de la fin du statut,
04:26avec aujourd'hui plus de 30% des agents qui sont contractuels,
04:29deuxièmement, c'est la mise en oeuvre concrète de la concurrence,
04:33notamment sur tout l'aspect voyageur, on voit que sur le TGV ça vient, sur les TER, etc.
04:37Et puis s'ajoutent à ça deux choses,
04:40le fret, avec une injonction de la Commission européenne à rembourser 5,3 milliards,
04:46et du coup, il y a ce plan dont vous avez parlé,
04:50parce que la France ne veut pas rembourser cette grosse amende de 5,3 milliards,
04:54et puis la négociation salariale, qui n'est pas officiellement un mot d'ordre,
04:58mais qui est en toile de fond de cette effervescence un peu d'automne.
05:04Alors, pardonnez-moi quitte à être un peu naïf,
05:07mais pourquoi les grèves SNCF se font-elles si souvent au départ des vacances ?
05:11C'est évidemment à vous, Roger Cernan, que je pose la question,
05:14je vois que ça vous fait sourire.
05:16Oui, parce que, bon, déjà, il n'y a eu que trois grèves depuis la création de la SNCF
05:20qui se sont produites sur la période de Noël.
05:22Donc quand on parle de récurrence...
05:24Depuis que je suis journaliste, les menaces ! Pardonnez-moi, les menaces de grève !
05:26Ce qui est quand même différent.
05:30Et puis, il y a quand même des paramètres à prendre en compte.
05:33C'est-à-dire qu'il y a ce qu'on appelle des changements de services,
05:35c'est-à-dire des nouveaux services tous les ans,
05:37qui arrivent mi-décembre,
05:39avec souvent des changements d'horaire, des changements de grilles de roulement,
05:43des changements de services pour les agents,
05:45et qui provoquent forcément parfois des conflits.
05:49Il y a aussi la question des négociations salariales,
05:51qui arrivent là aussi en fin d'année.
05:54Et là, au 1er décembre 2025,
05:56c'est l'application concrète du plan de discontinuité.
05:59Vous voyez qu'on est sur un calendrier contraint,
06:02et qui se fait avant la fin de l'année.
06:04Est-ce qu'on peut dire les choses un peu plus directement ?
06:06Votre confrère de Sudrail, Fabien Vildieu,
06:08m'a dit un jour, à la même question que je lui posais,
06:10et que se posent beaucoup de Français,
06:12vous savez, ce n'est pas compliqué, c'est le moment où on peut se faire entendre.
06:15On n'est pas fiers de ces méthodes-là,
06:17mais de toute façon, c'est le seul moyen d'aboutir.
06:18Après, il y a une réalité aussi,
06:20c'est qu'aujourd'hui, systématiquement,
06:22on est obligé de rentrer dans un rapport de force,
06:24dans un conflit, avec la direction de la SNCF,
06:26mais aussi le gouvernement, sur ces questions-là.
06:28Ce qui devient quand même sacrément problématique.
06:30Je veux dire, la question aujourd'hui,
06:32qui est posée par les cheminots,
06:34c'est est-ce que demain, vous voulez un train,
06:36ou est-ce que vous voulez 50 camions ?
06:38La question que posent les parlementaires,
06:40et notamment ceux de la France Insoumise,
06:42qui ont déposé une demande de vote,
06:44article 50-1,
06:46au Premier ministre, mais aussi au ministre des Transports,
06:48n'a eu absolument aucune réponse.
06:50A ce qu'il y ait un moratoire, un débat,
06:52et avec un vote, pour que chaque parlementaire
06:54puisse s'exprimer, que la représentation nationale
06:56puisse s'exprimer, sur ce plan de discontinuité.
06:58Ça n'a jamais été le cas.
07:00Stéphanie Mathodi-Lecocq, cette notion de moratoire,
07:02qu'est-ce que vous en pensez ?
07:04Effectivement,
07:06on a l'impression d'une négociation
07:08un peu chantage.
07:10Mais si la négociation chantage,
07:12elle n'est pas juste,
07:14elle est vraiment la preuve que le système
07:16de régulation sociale française,
07:18elle est de plus en plus fragile.
07:20Effectivement,
07:22que pensent les Français ?
07:24On l'a bien vu dans les messages qu'on a entendus
07:26juste avant cette émission,
07:28ils restent avec un souvenir amer
07:30de Noël 2022, où effectivement,
07:32là, c'était pendant les fêtes.
07:34Ils ont beaucoup souffert, parce qu'ils n'ont pas pu
07:36aller voir leur famille.
07:38Mais c'était très différent, c'était un collectif
07:40de contrôleurs qui était à les manœuvres,
07:42et c'était une expression
07:44directe du dialogue social,
07:46hors du dialogue social classique,
07:48hors d'une négociation,
07:50hors d'un conflit syndical,
07:52mais quand même coiffé
07:54par un mouvement syndical,
07:56parce qu'à la SNCF, c'est obligatoire.
07:58Si le droit de grève en France
08:00est un droit individuel,
08:02à la SNCF,
08:04forcément, tout mouvement sera coiffé
08:06par une organisation syndicale.
08:08Et bien justement, le dialogue social,
08:10peut-il nous permettre d'éviter des grèves à Noël ?
08:12C'est ce dont nous allons parler avec nos invités,
08:14et même débattre dans un instant.
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15:44se sont alliés pour proposer une grille unique, un peu nouvelle, pour faire en sorte que la SNCF ne s'éclate pas
15:51un peu n'importe comment au gré des filiales, des réorganisations, etc.
15:56Donc on voit que tout ça bouge en ce moment à l'intérieur de la SNCF, et que la séparation
16:01radicaux-réformiste, elle n'est pas si simple que ça, même si on s'attend à ce que demain
16:06CFDT et UNSA se désolidarisent du mouvement unitaire.
16:10Alors l'union actuelle, est-ce qu'elle peut se prolonger plus tardivement ?
16:13Ça me semble difficile, jusqu'au 11 décembre, que l'unité syndicale subsiste.
16:20On verra peut-être dès demain, parce qu'il y a des inter-syndicales qui sont prévues.
16:24Mais ça semble difficile pour une première raison, c'est qu'aujourd'hui le taux de grévistes est faible.
16:30Et donc ça n'engage pas les centrales dites réformistes à continuer le mouvement.
16:35Alors je tiens à préciser, Bérenger Cernon, qu'en ce moment même, il y a une réunion inter-syndicale,
16:40au moment où on parle ou en débat.
16:42Que sait-on, j'ai envie de vous dire, de l'humeur réelle des syndicats et peut-être de leur unité ?
16:46Déjà rappeler qu'en effet les chiffres de grévistes ne sont pas extraordinaires, on va dire ça comme ça.
16:52Mais ils sont quand même plus élevés que la moyenne habituelle.
16:54Et puis il y a quand même cette question de qu'est-ce qui va se passer d'ici la fin de l'année.
16:59Parce qu'il y a beaucoup de choses qui peuvent arriver.
17:01On voit que la tension est en train de monter au niveau de l'éducation nationale.
17:06La tension est en train de monter très fortement au niveau de la fonction publique.
17:10Les agriculteurs, les cheminots.
17:14Voilà, il peut se passer plein de choses d'ici la fin de l'année.
17:17Mais il y a un climat général en ce moment qui est de tensions très vives.
17:22Avec, on le sait tous, un premier ministre qui y vote plus qu'autre chose.
17:27Un gouvernement qui s'en tire plutôt bien pour le moment sur la question du fret SNCF.
17:31Parce qu'on parle beaucoup des problèmes entre M. Farandou et les cheminots.
17:35Mais le problème il est surtout actuellement entre les cheminots et le gouvernement.
17:39Parce que c'est quand même le gouvernement qui impose ce plan de discontinuité.
17:42Et un Farandou qui devait partir au mois d'octobre qui finalement reste.
17:48Là encore on a l'impression qu'il sert un peu de fusible.
17:51Apparemment les cheminots ne sont pas traités comme les agriculteurs.
17:54En tout cas c'est quelque chose qu'on nous fait régulièrement remarquer.
17:56Et on va en débattre dans un instant avec vous, c'est promis.
18:07Et nous poursuivons ce débat dont on s'interrogeait il y a quelques instants sur le deux poids deux mesures.
18:11Dans le traitement des conflits sociaux par notre gouvernement.
18:15D'un côté les cheminots, de l'autre côté les agriculteurs.
18:18Est-ce que c'est quelque chose que vous observez et qui vous paraît effective ?
18:22Oui, c'est-à-dire que souvent quand on parle de la SNCF, on parle des nantis ou des privilégiés.
18:27Les conducteurs, les contrôleurs qui finalement n'auraient pas une vie si difficile.
18:30Mais il y a plein de métiers à la SNCF dont le quotidien est beaucoup plus pénible.
18:34Dans les ateliers de maintenance, la nuit, dans des conditions difficiles avec des accidents du travail.
18:40Donc il y a plein de métiers difficiles mais ce n'est pas eux qui sont en avant.
18:43C'est un peu les agriculteurs, eux mettent en avant les petits agriculteurs.
18:46Ceux qu'on respecte parce qu'ils sont à côté de chez nous, ils ont des petites exploitations.
18:50Les céréaliers, d'une certaine façon, on ne les voit jamais sur le devant.
18:54Donc il y a une différence de perception qui est sans doute due...
18:57Généralement ils sont à la tête de la FNSE, on les entend mais autrement.
19:00Mais autrement. Et donc cette différence de perception, elle agace les cheminots.
19:04Parce qu'ils ne dégradent pas, sauf exception historique mais qui sont très rares,
19:08ils ne dégradent pas l'outil de travail, etc.
19:11Les agriculteurs, ça fait quand même des décennies que régulièrement on voit des dégradations
19:16de mobiliers urbains ou des attaques un peu difficiles contre les préfectures.
19:21François Delétrase, cette notion de deux poids deux mesures, par exemple entre les agriculteurs et les cheminots,
19:26est-ce que vous la percevez vous en tant que Fédération de la Nationale des Usagers des Transports ?
19:30En tout cas quand on nous parle de grèves à venir possibles.
19:33Moi peu m'importe. Je vais être franc avec vous.
19:38Je vais avoir un point de vue un peu dissonant.
19:40Pour les usagers ce qui compte c'est que les trains roulent.
19:43Or là, à l'heure actuelle, on en voit Farandou en première ligne.
19:48Le pauvre monsieur Farandou, il n'y est pour rien tout ce qui arrive.
19:51C'est vraiment l'attitude de l'État aujourd'hui qui n'est pas juste vis-à-vis du ferroviaire.
19:57Est-ce que vous trouvez normal que quelqu'un qui roule dans une voiture, dans un autobus,
20:01dans un camion, sur une route, ne paye pas de redevances
20:04et que la personne qui est dans un train, dans un TGV, dans un TER
20:07paye une redevance pour rouler sur le système ferroviaire alors qu'il appartient à l'État comme la route ?
20:12Est-ce que vous trouvez normal que quand vous achetez un billet à 100 euros,
20:15il y en ait 50 euros qui soient pris par l'État et la SNCF en reçoit la moitié ?
20:19Est-ce que vous trouvez ça normal ?
20:21On a un vrai problème du management de l'État vis-à-vis du ferroviaire.
20:25Et toute la problématique est là.
20:27Si les Golen Royale et Hollande n'avaient pas supprimé Ecomove et les portiques pour les poids lourds,
20:34les 5 milliards n'auraient pas existé.
20:36Puisqu'il n'y aurait pas eu de distorsion de concurrence entre la route et le ferroviaire.
20:41Aujourd'hui, il y a une distorsion de concurrence entre la route et le ferroviaire,
20:45aussi bien pour le fret que pour les passagers.
20:47Je vois que vous êtes d'accord, visiblement, Bérengin Cernon.
20:49Il y a une question fondamentale de fond qui est posée à travers cette intervention,
20:53et je remercie vraiment de l'avoir posée.
20:55C'est la question du financement du ferroviaire aujourd'hui.
20:57Ça fait plusieurs années qu'on nous promet 100 milliards pour le ferroviaire.
21:02Aujourd'hui, il n'y a pas un milliard qui est posé sur la table pour le ferroviaire,
21:06supplémentaire à ce qu'on a actuellement.
21:08Comment analysez-vous ça ?
21:12D'une part, des promesses non tenues.
21:15D'autre part, des ministres des transports qui se sont succédés avec des grandes annonces,
21:21mais finalement pas grand-chose dans les valises.
21:23Et puis, une vision qu'ils n'ont absolument pas à long terme de la construction du ferroviaire.
21:27Aujourd'hui, on réfléchit à très court terme, et le ministre des Transports l'a assumé.
21:31Il a rencontré les organisations syndicales.
21:33Il a dit « Moi, je n'ai qu'une vision à très court terme.
21:35Je fais mes cars express. Je ne me pose pas la question du ferroviaire. »
21:38Donc on voit bien qu'il y a un abandon du ferroviaire aujourd'hui,
21:41alors qu'il a besoin de financement, alors qu'il y a besoin de mettre de l'argent sur la table.
21:45Non pas pour embellir je ne sais quoi.
21:48Non, vraiment pour régénérer, pour relancer la question du ferroviaire.
21:51Et ça englobe la question non seulement du voyageur, mais aussi du fret.
21:55Mais alors la SNCF, est-ce qu'elle va chercher ses recettes à l'étranger ?
21:58Il y a une question de fond, juste pour un petit rajout.
22:01On nous dit que le ferroviaire coûte cher.
22:04Ça coûte de l'argent à l'État, mais on ne dit jamais le coût du routier.
22:07Le coût de la route est beaucoup plus grand, 3 à 4 fois plus cher que le ferroviaire.
22:11Et ça, on ne le dit jamais.
22:13Partagez cette analyse.
22:15Ce qui pourrait faire changer un peu d'avis les Français sur les mouvements SNCF,
22:18c'est qu'ils se rendent compte qu'aujourd'hui c'est l'usager TGV, le passager TGV,
22:24qui finance en grande partie toute l'infrastructure.
22:28Et la France a un des taux de subvention par l'État, c'est-à-dire par le contribuable,
22:32de l'infrastructure ferroviaire les plus faibles d'Europe.
22:35Et donc, si les Français sont en colère contre ces grèves,
22:39c'est parce qu'ils payent assez cher le train pour un service qui n'est pas suffisant,
22:44parce que l'État ne fait pas lui-même son propre travail.
22:47Et donc cette question du financement, elle est au cœur du problème.
22:53D'ailleurs, un des mots d'ordre du 11 décembre, c'est une loi pluriannuelle.
22:58Ça existe pour la défense, ça pourrait exister pour le ferroviaire,
23:02parce que c'est des industries de temps long, comme l'énergie, comme les centrales nucléaires,
23:05qui mériteraient d'avoir des financements stabilisés,
23:08où on répartit bien les choses entre le contribuable et les collectivités,
23:13et les passagers, vous et moi.
23:15En préparant cette émission, j'ai découvert que 85% des marchandises transportées en France
23:19le sont par la route, avec de gros poids lourds.
23:22Vous l'évoquiez d'une certaine façon il y a quelques instants,
23:24et seulement 10% par le train.
23:26Ça me semble invraisemblable, on va en débattre ensemble dans un instant.
23:40Et on s'intéresse à notre SNCF et nos vacances de Noël,
23:43les deux étant largement liées avec Gilles Dansa, rédacteur en chef du site Mobilêtre,
23:47Stéphanie Mathodiloko, qui est directrice de Mathodikonsulting,
23:51spécialiste du droit et du travail, et du dialogue social.
23:54François Delétrasse, président de la Fédération nationale des usagers des transports,
23:58et Bérenger Cernon, qui est cheminot et fraîchement élu député franc soumise de l'Essonne.
24:03Alors je reprends ce chiffre qui m'a tellement perturbé,
24:0585% des marchandises transportées en France le sont par la route,
24:09et par des gros poids lourds, et seulement 10% par le train.
24:13Voilà, ça paraît invraisemblable, Gilles Dansa.
24:17Je précise que la suppression de la ligne Perpignan-Ringis
24:20aurait été remplacée par 20 000 camions sur nos routes.
24:2420 000, vous vous rendez compte ?
24:26Quand on compare avec les pays qui nous entourent,
24:29notamment l'Allemagne, ce taux est très très faible.
24:32Et il est d'autant plus concernant que depuis 30 ans,
24:36je prends 30 ans, je pourrais prendre 40 ans,
24:38tous les acteurs politiques déclarent leur flamme en faveur du frais de ferroviaire.
24:47Mais en fait, rien n'a été vraiment fait sur la durée,
24:50et on a tout orienté, la plupart des investissements vers le voyageur,
24:54les lignes à grande vitesse, puis les métropoles,
24:57et en fait, on ne déclare pas concrètement la priorité au frais de ferroviaire,
25:01notamment pour contourner les grandes métropoles,
25:05et faire en sorte que les grands trajets,
25:07ceux qui occupent les milliers de camions dont vous parliez,
25:10soient davantage faits par le train.
25:13Que vous inspirent, François Delétrasse, les chiffres que je viens de citer ?
25:16Ils sont formidables,
25:18sauf que c'est exactement la même chose pour les passagers.
25:21En France, 82% des déplacements de personnes se font en voiture,
25:26donc 40% en autosolisme, 12% en train, et 1% en avion.
25:31Donc vous voyez que la marge de progression du train,
25:33il faut savoir ce qu'on veut, où le gouvernement veut qu'on décarbone,
25:36et on fait en sorte que le train soit à un prix raisonnable,
25:39et que ce ne soit pas le passager qui paye le réseau,
25:41où on ne décarbone pas et on reste comme on est.
25:45Vous partagez cette analyse vous aussi, Stéphanie Mathodi-Lecocq ?
25:48Oui, et je rejoins le commentaire sur le paysage syndical de Gilles Dansart,
25:53parce qu'on voit bien qu'en fait les organisations syndicales,
25:56qu'elles sont de plus en plus dans une culture du dialogue,
26:01parce qu'il y a un intérêt pour l'entreprise,
26:03parce qu'il y a des magnifiques projets à transformer,
26:06et qu'en même temps, cette ouverture à la concurrence
26:09est là pour cristalliser le dialogue,
26:12et que malheureusement depuis plus de deux siècles,
26:14on sent bien que l'État souhaite toujours gérer la régulation sociale,
26:18plutôt que de le laisser garantir par le dialogue social,
26:22le système des relations sociales,
26:24c'est-à-dire des relations professionnelles entre les représentants,
26:27le patronat et les organisations syndicales.
26:30Et tant qu'on sera dans ce débat,
26:33il y aura des cristallisations, des grèves au moment,
26:39chacun défend son biftec du dialogue social comme il peut.
26:43Béranger Cernon, je reviens à la situation de fret SNCF,
26:46est-ce qu'on est en train effectivement de démanteler l'entreprise,
26:49et si oui, pourquoi ?
26:50On est en train de courir à la catastrophe,
26:52à une catastrophe écologique, une catastrophe sociale,
26:55et ce sera très compliqué, si demain s'applique ce plan-là,
26:58de revenir en arrière.
26:59Aujourd'hui, si fret SNCF disparaît,
27:02on sait pertinemment que les marchés qui ont été donnés aux entreprises privées
27:07ne sont pas des marchés rentables pour la plupart,
27:09et seront abandonnés et remis sur la route.
27:11Il y a des cabinets d'expertise qui ont dit que ce plan était brutal,
27:15n'était pas justifié, et allait à la catastrophe.
27:18Si demain fret SNCF disparaît, c'est 900 000 camions sur les routes en plus.
27:23Donc les 20 000 finalement, c'est dérisoire.
27:25Vous annoncez en gros un petit million de camions qui arrivent sur les routes.
27:28Il n'y a pas plus politique que le ferroviaire en France.
27:32Tout est une question de volonté politique.
27:34Si demain on a des politiques qui veulent faire du fret ferroviaire,
27:37on sait faire du fret ferroviaire.
27:39On a su le faire par le passé, on saura le faire demain.
27:41Mais pour ça, il faut avoir une vraie volonté politique pour le faire.
27:44Et pour le moment, ce n'est pas du tout les signes qui sont envoyés.
27:47On a des beaux effets d'annonce.
27:49On nous a parlé de doublement de la part modale,
27:51notamment de transport de marchandises.
27:53Je ne vois pas comment, en cassant un outil aussi primordial qu'est fret SNCF,
27:58pour faire la transition écologique, ça peut marcher.
28:00Et juste pour vous donner l'aberration dans laquelle on est.
28:03Le Perpignan-Ringis, vous l'avez dit, c'est 20 000 camions en plus sur la route.
28:06Le Perpignan-Ringis, il y a eu deux appels d'intérêts publics pour y répondre.
28:10Personne n'a répondu. Deux fois.
28:13Si demain, fret SNCF voudrait se positionner sur ce marché,
28:16elle ne pourrait pas parce que la sanction c'est pendant 10 ans
28:18que vous n'avez pas le droit de répondre au marché.
28:20Gilles Lansard, est-ce que l'Europe joue un rôle là-dedans ?
28:23Parfois on explique que justement, elle nous impose des contraintes
28:26et que c'est accessoirement une décision de la Commission européenne
28:29qui nous astreint à la concurrence du rail.
28:31Pour le coup, l'Europe avait une doctrine.
28:33C'est l'ouverture des marchés.
28:35Donc à partir du moment où la France, y compris la SNCF,
28:38avec ses filiales, allait à l'étranger,
28:40elle considère que c'est logique que la France ouvre ses marchés.
28:43C'est comme ça que raisonne l'Europe.
28:45Et c'est difficile de la critiquer dans cette équivalence-là.
28:48Donc c'est un grand mouvement auquel a souscrit la France
28:52dans le cadre des institutions européennes,
28:55d'ouverture des marchés.
28:57Il se trouve qu'il y a un certain nombre de marchés qui sont ouverts
29:00et qui marchent plutôt bien.
29:02Il se trouve qu'en France, là, c'est chaotique.
29:04C'est chaotique parce qu'on n'a pas anticipé la situation
29:07avec la fraite SNCF.
29:09On l'a subie jusqu'à cette amende qui est quand même un peu unique,
29:125 milliards d'euros.
29:14C'est pas rien.
29:16A l'Italia, pour la même raison, elle a quasi disparu.
29:18Donc là, il y a un manque d'anticipation.
29:20On a repoussé l'échéance.
29:22Et puis globalement, on ne se donne pas,
29:24je suis tout à fait d'accord avec vous, monsieur le député,
29:26on ne se donne pas les moyens de répondre
29:28aux demandes historiques, celles des voyageurs,
29:30de vous et moi, on n'a jamais vu autant de demandes de trains,
29:32et celles des chargeurs, des industriels, des céréaliers,
29:35qui demandent aussi beaucoup de trains de fret.
29:37Et on n'y répond pas parce qu'on n'investit pas dans le ferroviaire.
29:40Bon, on aura des grèves à Noël ?
29:42Je suis désolé, mais en gestant un nom,
29:45il faut que vous me donniez votre sentiment.
29:47Le préavis est déposé pour le 11 décembre au soir.
29:51Ça laisse du temps à la négociation.
29:53Ça laisse du temps au gouvernement de dire
29:55je fais un moratoire et j'en débats avec les parlementaires.
29:57Ça laisse du temps aussi aux organisations syndicales
30:00de discuter avec Jean-Pierre Farandou.
30:02Et moi, je dis à tous ceux qui nous écoutent
30:05et à tous ceux qui espèrent qu'il n'y ait pas de grève,
30:07avant toute chose, dites-vous bien
30:10que le combat que mènent les cheminots,
30:12c'est pour l'intérêt public et c'est pour le bien commun.
30:15Ne soyons pas égoïstes sur ce conflit-là.
30:17Le fret SNCF, ça nous concerne toutes et tous.
30:19Il faut soutenir ce combat et on peut le gagner.
30:22Et demain, ce n'est pas un monde sans camions,
30:24mais en tout cas, un monde où il y aura beaucoup moins de grève.
30:27J'ai 30 secondes à vous donner avant de nous séparer.
30:29Stéphanie Matteudi-Lecocq.
30:31Il ne faut pas oublier aussi qu'il y a un invité de marque
30:34dans un préavis de grève,
30:37en tout cas dans des grèves qui s'annoncent,
30:39c'est l'opinion publique.
30:41A priori, est-ce que l'opinion publique
30:43sera favorable à ce conflit annuel ?
30:45Pas certaine, alors qu'il l'a été
30:47et qu'il a bien soutenu les grévistes
30:50lors de la réforme des retraites.
30:52Les sujets sont extrêmement importants,
30:54mais vive la négociation !
30:58Nous allons continuer, bien entendu,
31:00de débattre sur ces questions dans les jours
31:02et les semaines à venir.
31:04Dans un instant, toute l'actualité de 20h
31:06avec Aude Vernoud-Cho.
31:07Vous retrouverez aussi Faustine Bollard
31:08pour son émission Héros.
31:09Bonsoir Faustine.
31:10Qui est votre invitée ce soir ?
31:11Bonsoir Yves.
31:12À quelques jours de la journée mondiale
31:14de lutte contre les violences faites aux femmes,
31:16je vous propose ce soir de faire la connaissance
31:17d'une femme très courageuse.
31:18Elle s'appelle Alison.
31:20C'est la première fois
31:21qu'elle prend la parole en public.
31:23Elle avait très envie de rendre hommage
31:25à une autre héroïne, sa maman.
31:27Sa maman Christelle qui a été tuée
31:28par son propre père.
31:30Aujourd'hui, elle tente encore de se relever
31:32et c'est extrêmement important pour elle
31:34d'être là pour témoigner sur RTL
31:36pour rendre hommage à toutes les femmes
31:38évidemment victimes des violences conjugales.
31:40À tout de suite !
31:41Ne ratez pas cette émission importante !
31:43À tout de suite Faustine !