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00:1120h 21h les informés Agathe Lambret, Jean-Rémy Baudot
00:16Bonsoir à tous, bienvenue dans les Informés du soir.
00:18Votre rendez-vous de décryptage de l'actualité à la radio sur France Info et sur le canal 27.
00:24Bonsoir Agathe Lambret.
00:25On parle de quoi ce soir ?
00:26Troisième journée de mobilisation pour les agriculteurs
00:28agriculteurs avec la coordination rurale à la manœuvre, le deuxième syndicat agricole
00:33veut bloquer, provoquer le chaos et une pénurie alimentaire pour se faire entendre, le mouvement
00:39risque-t-il de devenir incontrôlable ? Que peut faire le gouvernement ? La menace d'une
00:44censure du gouvernement Barnier par le Rassemblement National se concrétise. Pourquoi cette fois
00:51le parti de Marine Le Pen pourrait aller au bout ? Quelles conséquences aurait une telle
00:56censure ? Enfin, l'affaire avait ému la France entière. Le procès de Pierre Palmade
01:03pour son grave accident de la route sous l'emprise de drogue en 2023 s'est ouvert.
01:08Aujourd'hui, une affaire qui interroge. Faut-il changer la loi ? La justice est-elle la même
01:13pour tous ? Faits divers, faits politiques ou faits de société ?
01:18Et pour en parler ce soir, nous informer Pauline Thévenieu, journaliste politique au Parisien
01:22aujourd'hui en France, chargée de la couverture de l'Elysée, Anne Deguignet, journaliste
01:26au service économie du Figaro, Mathieu Haron, grand reporter au Nouvel Obs, et Stéphane
01:31Zumsteig, directeur du département Opinion d'Ipsos. Merci à tous les quatre d'être
01:35là ce soir les informés. C'est parti !
01:37Et on commence donc, et on suit évidemment la situation sur France Info, on commence
01:43avec cette grogne des agriculteurs qui continue, troisième journée de mobilisation aujourd'hui
01:48Agathe.
01:49C'est la coordination rurale qui a donné le ton, profitant d'une pause de la FNSEA
01:54dans le mouvement. La coordination rurale et son objectif assumé, bloqué pour se faire
02:00entendre, aujourd'hui des centrales d'achat en l'occurrence. Quand en face, l'exécutif
02:05se démultiplie. Après l'annonce d'un débat sur le Mercosur le 26 novembre à l'Assemblée
02:12nationale, le président a appelé le patron de la FNSEA pour lui donner des gages. Michel
02:17qui a aussi été contacté par la coordination rurale. Un échange qui a été capté par
02:23les caméras. Regardez, écoutez.
02:24Vous n'avez pas besoin de me convaincre de l'urgence, de l'extrême urgence et d'écouter
02:30un roi des agriculteurs. Je pense que vous trouviez beaucoup de premiers ministres qui
02:36aient ce respect-là et cette connaissance-là. Donc je suis convaincu de ça. Et sur le Mercosur
02:41je me bats aussi. Mais en parlant avec le président de la République, on se bat pour
02:45refuser cet accord. Donc je suis sûr de ça. Maintenant, je respecte et je comprends les
02:49manifestations. Si vous voulez bien respecter aussi les hommes et les femmes.
02:54Pourquoi tant de sollicitude et surtout, est-ce que ça marche ? Est-ce que ça a un impact
02:58sur la mobilisation ? Le gouvernement a-t-il les moyens de répondre à la colère des
03:04agriculteurs et puis organiser un débat sur le Mercosur alors que tout le monde est d'accord ?
03:09Est-ce que ça servira à quelque chose ?
03:11Alors je voudrais juste peut-être qu'on revienne sur cet échange téléphonique parce
03:13que pour ceux qui nous écoutaient à la radio, c'est effectivement des images d'un
03:17échange téléphonique entre Michel Barnier, le Premier ministre, et donc on entend ça
03:21de très loin, sur le haut-parleur d'un téléphone avec des militants de la coordination
03:29rurale autour de lui. Peut-être, juste Pauline Tavineau, sur la forme, c'est quand même
03:32assez inédit ou en tout cas pas fréquent qu'un Premier ministre, comme ça, appelle
03:37directement. Alors on ne sait pas vraiment à qui appartient le portable.
03:40C'est quand même pas fréquent que ça se passe comme ça ?
03:45Alors absolument, c'est pas fréquent pour un Premier ministre, c'est encore moins pour
03:47Michel Barnier. Il faut quand même se rappeler, quand il est arrivé à Matignon, qu'il a
03:51dit que lui, Premier ministre, il ne serait pas dans l'hypercommunication, qu'il agirait
03:55avant de communiquer, qu'il demandait à ses ministres de faire des déplacements sur le
03:59temps long, sur deux jours si possible, pour ne pas faire des sauts de puces, juste envoyer
04:03des cartes postales. Là, il cède quand même à une grosse opération de com. Compte tenu
04:10du discours qu'il avait tenu en arrivant à Matignon, c'est quand même la meilleure
04:14preuve qu'il craint et qu'il redoute extrêmement fortement les manifestations de la coordination
04:20rurale et qu'une certaine façon, il est acculé. D'autant plus que le matin même, sa ministre
04:27de l'Agriculture, Annelie Gennevard, qu'on n'entend quand même vraiment pas beaucoup
04:29depuis le début de cette crise, est enfin sortie sur les plateaux et a tenu un message
04:34de fermeté vis-à-vis des agriculteurs. Et quelques heures après, il semble rétro-pédaler
04:42pour elle le Premier ministre, puisqu'il cajole la coordination rurale en répondant
04:47en personne à cet appel.
04:48Alors au-delà de la forme, peut-être effectivement, il y a le fond. Et Agathe parlait tout à
04:51l'heure de cette mobilisation avec ce projet de bloquer, projet avec la coordination rurale
04:57notamment. Anne de Guigny, on apprend ce soir que la coordination rurale, elle est
05:02en train de bloquer le port de Bordeaux. Donc ça veut dire qu'il y a quand même des choses
05:04qui sont en train de se passer sur le terrain.
05:06Oui, c'est très grave, c'est important. Et Michel Barnier, et en effet, et plein de
05:12sollicitudes, si on peut le dire, non pas envers la coordination rurale, mais envers
05:16le malaise des agriculteurs. Et ça remonte depuis longtemps, vous avez vu, pour reprendre
05:21un peu de recul sur la crise actuelle. Vous savez, le dernier sommet, c'était lors du
05:25salon de l'agriculture, c'était en février dernier. Il y avait eu beaucoup de promesses
05:30du gouvernement Attal, à l'époque 70 promesses pour aider les agriculteurs. Puis évidemment
05:3410 solutions, donc les promesses n'ont pas été directement mises en place. Mais Michel
05:38Barnier a tout repris dans le projet de loi de finances. Projet de loi de finances pourtant
05:41qui est difficile. Il y a beaucoup, il essaie quand même de faire passer des économies.
05:45Dedans, il y a des mesures de simplification, il y a des aides pour les retraites, il y
05:50a de la fiscalité. Donc en fait, il fait quand même beaucoup pour eux. Mais évidemment,
05:54le projet de loi de finances, il n'est pas encore voté, pas encore appliqué. Donc voilà,
05:58il a dit d'emblée qu'il reprendrait les mesures du gouvernement Attal. Et là, pourtant,
06:02c'est une des demandes, c'est une des demandes des manifestants. Et ça, ils ne sont pas
06:07très honnêtes sur ce point, parce que les mesures sont dans le projet de loi qui n'est
06:11pas voté. Donc il faut juste attendre un peu. Et après ensuite, évidemment, vous
06:14avez le Mercosur par dessus. Et puis surtout, une année très difficile pour les moissons
06:19et beaucoup de maladies dans les élevages bovins.
06:22Et Stéphane Zumsteg, l'exécutif, est mal placé pour pointer la mauvaise foi peut-être
06:27de certains agriculteurs. Ce n'est pas un électorat, ce n'est pas une catégorie que
06:31l'on traite de cette façon.
06:32Non, il y a une expression, celle de Gérard Darmanin en janvier dernier. On ne répond
06:37pas aux souffrances en envoyant des CRS. Ça en dit long sur la bienveillance, le bon accueil
06:41qui peut être fait par la classe politique à l'égard du monde agricole. Ça dit aussi
06:44assez long sur la pusillanimité des politiques. Quand il y a une crise agricole, on voit bien
06:49que les agriculteurs sont très populaires. Le mouvement de janvier dernier avait été
06:52extrêmement populaire, soutenu par plus de 90% des gens. C'est la première raison qui
06:56explique évidemment la prudence du gouvernement. Au-delà de vouloir bien faire les choses
07:00et d'aider une profession en difficulté, il y a aussi des enjeux politiques électoraux
07:04pour être très clair. Les agriculteurs, ils sont un point de convergence entre trois
07:08électorats. L'électorat macroniste, ils ont été très macroniens au début de l'aventure
07:13Emmanuel Macron. Ils sont traditionnellement de droite, donc il y a un enjeu pour le Premier
07:16ministre et pour les Républicains. Et surtout, c'est un segment de la population et de manière
07:20générale, le monde rural où le rassemblement national ne fait que progresser. Donc, évidemment
07:24qu'ils sont au centre des efforts, des effets d'annonce ou des sollicitudes.
07:28Alors qu'il n'y a que 2 à 3% des électeurs.
07:30Il y a 380 000 agriculteurs, je crois, à peu près, aujourd'hui. Mais il y a des familles.
07:34Il y a surtout le monde rural. Il y a toute la ruralité. Aujourd'hui, on a affaire à
07:37une classe politique. On l'a vu avec Michel Barnier, mais c'était le cas aussi avec Gabriel
07:40Attal. Et ce sera le cas avec les prochains ministres de l'Agriculture. Des gens qui
07:43font très, très attention parce que c'est très inflammable et que ce n'est pas la
07:46même chose de critiquer un fonctionnaire qui fait grève, un agent de DEF qui fait
07:51grève et un agriculteur. Ça n'a strictement rien à voir.
07:53Mais la politisation dont vous parliez à l'instant, Stéphane, le fait que, par exemple,
07:56on sait que la coordination rurale est un syndicat dont les membres sont assez proches
08:00des idées de l'extrême droite, pour évidemment, ce n'est pas affilié à un parti, mais il
08:05y a des études qui le montrent. Mathieu Haron, ça fait que c'est aussi un élément à prendre
08:11en compte. D'un coup, c'est de la politique aussi qui rentre dans des affaires syndicales.
08:15En tout cas, ça ressemble à quelque chose de très politique, ce qui est en train de
08:18se passer, parce que quand on regarde les déclarations des dirigeants de la FNSEA,
08:23ils ont quand même salué le fait que Michel Barnier organise un débat à l'Assemblée
08:28sur le Mercosur. Ils disent oui, écoutez, on constate qu'on est écouté, qu'on est
08:32entendu. Et puis, on regarde et on voit que leur première journée d'action était de
08:37faible niveau, on va dire, histoire de se faire entendre. À l'inverse, la coordination
08:42rurale, qui est effectivement plus proche du Front National, est dans une autre logique.
08:47C'est-à-dire qu'on a l'impression qu'on est dans une logique où on va, si ce n'est
08:51semer une forme de désordre, en tout cas vouloir faire exister cette question sur un
08:56plan politique et durcir beaucoup le rapport politique. Et quand on regarde aujourd'hui
09:01les positions du Rassemblement National, on s'aperçoit qu'on est aussi sur un durcissement
09:05de la politique. Donc je ne dis pas que c'est totalement coordonné, mais simplement je
09:09constate qu'au moment où la coordination rurale durcit franchement le ton, avec des
09:13actions qu'elle annonce violentes, on a d'un autre côté le Rassemblement National qui
09:18durcit son discours politique.
09:19La coordination rurale, effectivement, n'a pas les mêmes méthodes que la FNSEA, on le
09:26voit, et est régulièrement critiquée pour sa proximité avec l'URN, même si officiellement
09:33c'est un syndicat apolitique qui n'a pas d'affiliation. Mais certains de ses dirigeants,
09:39il y a eu des passerelles où des membres du RN ont été membres de la coordination
09:44rurale ou vice versa. Et surtout, ils ont la même approche du monde agricole, une approche
09:49notamment identitaire, ils se rejoignent sur le fond des idées. Et un exemple récent,
09:55Jordan Bardella, qui fait la promotion de son livre, il allait dans le Lot-et-Garonne
09:59dans une exploitation, dans une ferme, et cette exploitation a été tenue par un membre
10:03de la coordination rurale. Et le Rassemblement National est régulièrement salué, certaines
10:08personnalités de ce syndicat sont réputées pour avoir des mots souvent assez tendres
10:14avec l'URN. Donc forcément, ça change tout. Et alors que la FNSEA avait dit que ce mouvement
10:20resterait cadré, qu'il ne visait pas à embêter les Français, l'entrée de la coordination
10:26rurale est sur une toute autre tonalité. On se souvient qu'ils avaient pendu un sanglier
10:32éventré, voilà, ils entrent dans des bâtiments sans autorisation, ils s'en prennent à des
10:39offices de la biodiversité. Et ça, ça risque de durcir le mouvement et de faire qu'il
10:45échappe peut-être un peu à Exécutif qui essaie de tout faire pour le maintien sous
10:49cloche. Ce qui est compliqué, c'est que finalement, les mouvements agricoles, d'agriculteurs,
10:53c'est assez spectaculaire parce que ce sont des convois de tracteurs. Et puis quand on
10:58met du fumier, quand on bloque un port, finalement, ça coûte pas très cher en termes de mobilisation
11:05parce que quelques tracteurs, peut-être quelques dizaines de tracteurs suffisent. Mais le rendu
11:09politique, Pauline Téveniau, il est quand même assez fort. En tout cas, l'espérance,
11:13l'espoir qui est derrière ça, je dis pas que c'est pas sincère et qu'il n'y a pas
11:15des problèmes, mais je veux dire, c'est que l'action politique, elle est assez, c'est
11:20assez spectaculaire et ça coûte pas grand-chose à faire.
11:22Mais c'est ça, ça fait des images de nature à marquer les esprits. Et il y avait un télescopage,
11:31on parlait à l'instant de la mensuitude des gouvernements successifs à l'égard des
11:35agriculteurs. Souvenons-nous, en janvier 2024, quand Gérald Darmanin, vous l'avez dit à
11:41l'instant, donnait quasiment un blanc-seing en appelant les préfets à la très grande
11:46modération. Et Prisca Téveniau, alors porte-parole du gouvernement, disait en Conseil des ministres
11:51qu'il faut laisser les revendications s'exprimer. Et il y a des images spectaculaires, mais
11:56il y a aussi des images qui sont plus fortes que ça, qui sont aussi violentes. Cinq heures
12:02après cette déclaration ce jour-là de Prisca Téveniau au Conseil des ministres, il y avait
12:06quand même des flammes qui léchaient la façade de la préfecture d'Agen. On a rarement
12:11vu des mouvements de protestation qui en arrivent là sans que le gouvernement montre
12:18de fermeté. Et ça s'explique assez bien, comme on le disait, par la bienveillance dont
12:26les agriculteurs bénéficient dans l'opinion.
12:28Les informés, on va continuer ce débat dans quelques instants. Je vous donnerai évidemment
12:31la parole. Il est 20h15, on va faire un tour de l'actualité. Le fil info d'Emmanuel Langlois.
12:37Et au troisième jour de mobilisation en première ligne, des manifestations d'agriculteurs,
12:42des militants ont bloqué une plateforme logistique du groupe Leclerc à Mont-de-Mars-en-Val-les-Landes
12:46et une autre à Libourne en Gironde. D'autres opposants à l'accord de libre-échange entre
12:54l'Union européenne et les pays du Mercosur bloquent le port de commerce de Bordeaux
12:59ce soir. En Corse, ce sont 3500 foyers qui sont privés d'électricité en raison des
13:04vents violents. La vigilance orange a été prolongée sur l'île jusqu'à 23h au moins
13:10par Météo France ce soir. Ryanair au sloton contre le projet d'alourdissement de la taxation
13:16du secteur aérien inscrit dans le projet de budget 2025. La compagnie irlandaise menace
13:21d'arrêter de desservir 10 aéroports régionaux français à partir du 1er janvier si le gouvernement
13:28poursuit son projet à courte vue selon le directeur commercial du transporteur low
13:33cost. Le Royaume-Uni, le Canada, la France ou encore l'Allemagne et l'Australie, 25
13:39pays au total se sont engagés à la COP29 en Azerbaïdjan à ne plus ouvrir de centrales
13:44au charbon. Cet engagement ne les oblige pas en revanche à renoncer à l'extraction ni
13:50à l'exportation de ce minerai. La Chine, l'Inde et les Etats-Unis notamment n'ont pas signé
13:55cet appel.
14:03Retour sur le plateau des informés avec Anne Deguigny du Figaro, Mathieu Haron du Nouvelle
14:11Obs, Pauline Théveniot du Parisien Aujourd'hui en France et Stéphane Zumsteg du département
14:16Opinion. D'Ipsos Stéphane vous vouliez réagir parce que ces mobilisations agricoles elles
14:21ont aussi beaucoup changé. Oui alors elles ont changé. Traditionnellement quand on regarde
14:25ces 50 dernières années il y a eu des grands moments de violence. C'est moins violent peut-être
14:28que dans les années 70 ou dans les années 80 quand il y avait des vraies révoltes paysannes.
14:32Mais évidemment on a tous raison de souligner qu'il y a toujours une bienveillance une mensuétude
14:36à l'égard du monde agricole même quand il y a des débordements. Ceci dit et ça a été le
14:39cas en début d'année quand il y a eu ce premier mouvement de contestation. Ceci dit en moins
14:43d'un an le contexte a quand même radicalement changé. La situation politique est bloquée.
14:49Les indicateurs économiques sont dans le rouge. Il y a un sentiment d'une situation pas de
14:53chaos mais en tout cas d'une situation chaotique politique économique et sociale. Les Français
14:58sont un petit peu perdus. Je ne suis pas sûr que si le mouvement notamment celui qui est
15:01orchestré par la coordination rurale se radicaliser avec des violences à l'égard des policiers,
15:06des dégradations de bâtiments publics. Je pense que dans le contexte actuel avec des Français
15:11qui sont fatigués, qui sont un peu perdus, je ne suis pas sûr que leur degré de tolérance soit
15:14aussi élevé. Ils sont sur un fil en termes de l'opinion. Absolument et je pense même s'ils sont
15:20évidemment que le mouvement en soi suscite de la sympathie. Maintenant s'il y a des débordements
15:23voire des débordements très graves l'accueil ne sera pas le même et d'ailleurs je pense que
15:26le gouvernement l'a bien compris et fait ce pari là. Quand on voit le jeu Prudence de Barnier
15:30et le ministre de l'Agriculture qui est un peu plus sévère en tout cas et qui alerte,
15:38je pense que l'opinion ne se retournerait pas à l'égard du monde agricole. En revanche à l'égard
15:42de dégradations ou de débordements jugés inacceptables ou que l'on juge inacceptable
15:46pour d'autres catégories de manifestants, je ne suis pas persuadé que les Françaises et les Français
15:50suivent les agriculteurs les plus radicaux si les choses devaient en termes de blocage ou de
15:54violence se développer et s'aggraver dans les jours qui viennent. Anne de Guigny. Oui juste un petit
15:58point sur cette sympathie des Français. En fait c'est vraiment intéressant pour le monde agricole.
16:02Déjà évidemment il y a une vraie souffrance. Je pense que tous on est touchés quand on voit
16:06les soucis d'agricole, la difficulté, les revenus très faibles, les heures de travail. Mais
16:13l'histoire est très intéressante parce qu'en fait la France contrairement aux autres pays européens
16:17et les Etats-Unis ont protégé beaucoup plus longtemps par le protectionnisme leurs agriculteurs.
16:22Ce qui fait que l'exode rural est arrivé beaucoup plus tard et après la deuxième guerre mondiale
16:26vous aviez encore un tiers des actifs en France qui travaillaient pour le monde agricole. Et donc
16:31les Français ont tous des souvenirs de grands-parents qui étaient dans leur ferme. Donc c'est beaucoup
16:36plus proche que dans les autres pays européens. Et cette protection, c'est les tarifs Méline de la
16:41fin du 19e en fait qui ont été prolongés jusqu'à la deuxième guerre mondiale. En fait on ne peut
16:45peut-être pas rendre du service aux agriculteurs qui sont transformés plus tard. Et ce qui moi me
16:50fait un peu de la peine c'est qu'on est un peu toujours dans cette logique et avec aujourd'hui
16:53les débats sur le verre qu'aux sourds. Donc l'histoire est vraiment intéressante parce qu'on
16:57est vraiment toujours sur cet axe, cette tension, cette crainte et cette envie de protéger quitte
17:01à ne pas aider en fait derrière. Des agriculteurs qui restent mobilisés. De l'autre côté on a une
17:05ministre Annie Gennevard qui a tenté d'afficher sa fermeté ce matin. Est-ce qu'elle est tout
17:09simplement audible Agathe ? Pas vraiment. En tout cas dans la classe politique en ce moment c'est
17:13un peu on cherche Annie Gennevard, on aimerait bien savoir l'entendre un peu davantage. On constate
17:20qu'elle n'imprime pas trop. Mais au-delà du fait qu'elle a été propulsée ici, elle dit
17:26beaucoup du gouvernement Barnier, de la façon dont s'est fait le gouvernement Barnier. Annie
17:31Gennevard n'est pas spécialiste des sujets d'agriculture et elle est sous la houlette d'un
17:35premier ministre qui lui a été en charge du domaine et qui le connaît parfaitement. Donc
17:40déjà c'est pas facile d'exister. Et ensuite il y avait un spécialiste chez LR de l'agriculture,
17:45c'était Julien Dive. Et tout à l'heure je parlais avec un LR qui était absolument désespéré et
17:50qui me dit mais pourquoi on n'a pas mis Julien Dive ? Parce que c'est un proche de Bertrand ? Parce
17:55que Michel Barnier a fait son gouvernement en cédant au chef de groupe et que Julien Dive,
18:03qui aurait dû être à l'agriculture et Annie Gennevard qui était plutôt fléchée pour un
18:08autre ministère et notamment l'éducation, ça c'est pas fait comme ça parce que Gabriel Attal
18:13voulait garder l'éducation. Enfin bref, ça a été un jeu de donner des gages au chef de sa
18:20fragile majorité et on se retrouve avec certains ministères qui ne sont pas incarnés à un moment
18:25où Michel Barnier au contraire aurait besoin de ministres très forts alors qu'on traverse une
18:30crise importante. Tavignot, vous voulez rebondir ? Eh bien ce que vous disiez c'est qu'elle devait
18:35aller à l'éducation, Annie Gennevard et Julien Dive à l'agriculture comme vous disiez à l'instant.
18:39Et les Gennevards ils ont eu Genneté, c'est ça ? Exactement, à quelques lettres près. Oui Genneté
18:44parce qu'elle est proche de Gabriel Attal qui ne voulait pas lâcher l'éducation. Gabriel Attal
18:47voulait garder les ministères de l'éducation dans l'escarcelle de Renaissance et c'est comme
18:52ça que ce jeu de bonneteau a conduit Annie Gennevard à l'éducation. Mathieu Aron sur les
18:55agriculteurs peut-être et sur le ministre. Là où c'est complexe pour la ministre de l'agriculture
18:59ou pour Michel Barnier c'est que la demande agricole qui est de ce refus des accords du
19:04MERCOSUR, en fait comme le gouvernement a déjà dit qu'il refusait, il peut difficilement aller
19:09plus loin. Or on sait pertinemment que comme c'est négocié au niveau européen, la possibilité pour
19:14le gouvernement d'aller plus loin ce n'est pas possible. Donc c'est bloqué quelque part. C'est
19:19la vraie complexité qu'a Michel Barnier ou la ministre de l'agriculture là-dedans. Maintenant
19:23pour rebondir à ce que disait ma consoeur du Figaro, ce qui apparaît à travers cette crise,
19:29c'est aussi ce besoin de protection et ce protectionnisme qui montent dans le pays de
19:36manière assez importante. Et pour que tous les partis politiques aujourd'hui fassent un débat à
19:44l'Assemblée pour dire on est protectionniste, certes protectionniste en matière agricole,
19:49il y a dix ans ça aurait été impossible. Le mot de protectionnisme était presque un gros mot.
19:54Aujourd'hui c'est en train de changer. Or on est toujours dans un cadre européen. Et ça c'est
20:00très complexe pour les politiques. Et c'est très complexe pour Michel Barnier à gérer ça.
20:03Peut-être est-ce qu'on peut parler de la question du Mercosur quelques mots. En fait,
20:09de fait le gouvernement n'a pas grand chose à proposer sur cette question-là. C'est ce qu'on
20:15comprend, Pauline Thévenion. Il n'a plus qu'à espérer que son opération d'influence pour
20:19parvenir à une minorité de blocage à Bruxelles porte ses fruits. Mais en réalité, ce débat qui
20:28va être organisé à l'Assemblée et le vote, même si ce vote, alors on s'attend à une écrasante
20:34majorité de non, même s'il était, imaginons qu'il y ait un vote unanime contre cet accord,
20:40ça ne changerait, il faut le savoir, rigoureusement rien. À Bruxelles, ce vote n'a aucune valeur
20:45contraignante. Ce serait un message politique. Mais ça se joue ailleurs. Ça se joue dans une
20:52lutte d'influence avec la Commission qui est très déterminée à faire aboutir cet accord,
20:56avec l'Espagne et l'Allemagne qui sont très très favorables. Et la France qui essaye un peu de se
21:02battre, mais alors même qu'elle est en perte d'influence compte tenu de ce qui se passe
21:06politiquement chez elle. Donc c'est un peu compliqué. Alors lutte d'influence aussi en
21:10France sur des questions syndicales. Et il y a, Agathe, d'autres syndicats qui se réveillent.
21:15Ça se passe du côté des cheminots qui appellent à la grève demain.
21:17Oui, on demanderait à Stéphane Zumsteig ce qu'en pensent les Français des cheminots. Mais c'est
21:23vrai qu'il y a cette grève annoncée demain. Alors elle aura des impacts limités selon la SNCF. Mais
21:27le symbole est là. Et ce n'est qu'un début. C'est-à-dire qu'il y aura une grève illimitée,
21:32elle, qui est annoncée à partir du 11 décembre, c'est-à-dire à dix jours des vacances de Noël.
21:38Les cheminots protestent contre le démantèlement du fret, l'ouverture à la concurrence de lignes
21:43régionales, entre autres. Mais pas de quoi convaincre de la légitimité de leur revendication
21:49pour Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur. Écoutez, il fait un distinguo entre les
21:54agriculteurs et les cheminots. C'était dimanche sur RTL.
21:57Les cheminots prennent en otage, une partie, pas tous, j'en connais un certain nombre,
22:02prennent régulièrement en otage les Français qui travaillent. On ne peut pas se draper en disant
22:08nous sommes les représentants et nous assumons une mission de service public dans les transports
22:12publics, transports en commun, c'est important pour l'environnement, et en même temps entraver
22:16les Françaises et les Français qui veulent se rendre au travail. Il faut être ferme.
22:20C'est la raison pour laquelle, entre des agriculteurs qui n'arrivent plus à vivre
22:25des fruits de leur travail et des syndicats de cheminots qui veulent prendre en otage les
22:29Français, il y a deux points de mesure.
22:31Il a raison, Bruno Retailleau, de s'en prendre comme ça en cheminot, en disant eux c'est
22:36l'agriculture, les agriculteurs c'est plus légitime.
22:39Ce qui est notable, c'est que c'est le ministre de l'Intérieur qui s'exprime sur une grève de la SNCF,
22:43on dit long sur le poids que souhaite occuper, ou la place que souhaite occuper Bruno Retailleau
22:47au sein de ce gouvernement. Alors évidemment ça n'a rien à voir avec les agriculteurs,
22:52pourquoi ? Parce qu'au-delà des éléments de langage pris en otage, tout ça est considéré comme
22:58une revendication sectorielle qui revient de façon régulière, de façon saisonnière, j'ai envie de dire,
23:03avant les vacances de Noël, et il y a une date, il y a un mouvement social qui a été particulièrement
23:07mal perçu, mouvement social d'agent de la SNCF, c'était il y a deux ans, il y a deux hivers,
23:11la grève des contrôleurs, avec l'idée selon laquelle une minorité, une poignée, plusieurs milliers,
23:17quelques dizaines de milliers de personnes, évidemment les contrôleurs, bloquaient des millions
23:21de Français qui ne pouvaient pas partir en vacances. C'était au même moment, je ne sais pas si vous vous en
23:24souvenez, des grèves dans les raffineries, là il s'agissait de quelques dizaines de personnes.
23:29Tout ça est très mal passé dans l'opinion, ça n'a pas retourné l'opinion des Français à l'égard de la grève,
23:33à l'égard des syndicats de salariés ou à l'égard des cheminots, mais on est bien loin, si vous voulez,
23:38de l'accueil qui avait été fait à la grève dans les transports, notamment à la SNCF, c'est loin maintenant,
23:42c'était en 1995, mais ça reste la grande référence d'un conflit social long et réussi de la part des agents
23:48de la SNCF et d'autres entreprises publiques, où pendant trois semaines les Français avaient soutenu des gens
23:52qui avaient totalement bloqué la France, en tout cas les transports, ça, ça avait été populaire.
23:55Ce n'est plus du tout comme ça, parce que les choses, les mentalités et l'état d'esprit des Français
24:00à l'égard de la grève en général, a fortement évolué.
24:03Quand vous faites une grève catégorielle pour défendre un statut spécifique,
24:06c'est votre droit le plus strict, mais ça passe de moins en moins dans l'opinion,
24:09surtout que les régimes spéciaux, on en a beaucoup parlé ces dernières années,
24:13et dans l'esprit des Français, même s'ils n'en connaissent pas tous les détails,
24:15c'est un régime qui est très favorable, et parfois il y a une vraie incompréhension
24:19à l'égard de ce que les gens comme Bruno Retailleux pourraient appeler la gréviculture,
24:23même si le terme est évidemment galvaudé et connoté négativement.
24:26La grève catégorielle, Anne Deguigny, je rappelle que vous êtes journaliste au service Économie du Figaro.
24:30Qu'est-ce qui se joue dans cette grève à la SNCF ?
24:32En fait, c'est beaucoup les salaires qui pèsent dans ces négociations.
24:35Donc officiellement, vous l'avez dit, l'appel à la grève est au sujet du fret et des questions de concurrence.
24:43La concurrence, vous savez, c'est le droit européen.
24:46Il y a une mise en concurrence depuis 2020, des lignes régionales, puis des grandes lignes,
24:51qui honnêtement, les lignes, c'est le cas de le dire, bougent doucement.
24:55Pour l'instant, on voit tous autour de la table, on prend le train.
24:59On n'a pas en permanence le choix entre la SNCF ou un autre opérateur.
25:03C'est même extrêmement rare de pouvoir prendre, par exemple, Trenatilia, qui est l'opérateur italien.
25:10Vous pouvez aller à Lyon, jusqu'à Milan, très rarement, mais de temps en temps.
25:14En fait, ce qui se joue, c'est en effet les salaires.
25:18Et là-dessus, je rejoins assez Bruno Retailleux.
25:21Il n'y a pas de comparaison possible avec les agriculteurs qui ont des énormes tensions sur leurs revenus.
25:26C'est très documenté.
25:28À la SNCF, il y a eu 17% d'augmentation ces trois dernières années, sur trois ans, pas chaque année.
25:36Donc la question des revenus n'est pas la même.
25:38Mais je crois qu'au-delà de ça, au-delà de la tension sur les salaires,
25:41c'est vraiment une entreprise qui change de culture, et c'est très difficile.
25:45Elle rentre dans le marché, mise sous concurrence, et il y a beaucoup de tensions, et c'est difficile.
25:50La réorganisation, et je pense que c'est ça qui se manifeste.
25:53Avec, après, c'est vrai, une tentation des grèves au moment de Noël, qui est assez incroyable,
26:00parce que ces 20 dernières années, il y a eu 17 annonces de grève au moment de Noël.
26:04Et c'est peut-être pour ça que Bruno Retailleux se permet aussi d'avoir ce genre de discours.
26:08C'est que, alors que les agriculteurs, d'ailleurs au Roland un tout petit peu populiste dans l'opinion,
26:14les agriculteurs, ce sont les gens qui triment, qui travaillent très dur pour gagner pas grand-chose,
26:19alors que les cheminots sont les représentants d'une catégorie en voie de disparition,
26:25d'une des ultimes catégories de gens qui ont des privilèges, en fait, avec un statut spécial.
26:31Je ne dis pas que c'est vrai, mais en tout cas...
26:33Qui a été réformé, mais qui reste...
26:35Qui a été réformé, mais qui reste comme ça.
26:37Et avec ces grèves à répétition à Noël, c'est vrai qu'au bout d'un moment, ça finit aussi par incommander les Français.
26:44Un dernier mot, Mathieu Arron.
26:46Le problème, en fait, c'est que la question que posent les cheminots de par leur grève, c'est effectivement celle du fret,
26:52c'est effectivement celle de l'ouverture à la concurrence, avec fondamentalement le libre-échange au cœur.
26:59On en revient à la même problématique, c'est exactement la même problématique,
27:03mais comme personne ne comprend comment marche le fret, et effectivement que c'est très compliqué,
27:08et que ça fait 30 ans qu'il y a des accords dans tous les sens, ils vont avoir du mal à faire passer leur message.
27:14Bon, les informés Mathieu Arron, merci beaucoup. Les informés, on se retrouve dans un instant.
27:17Il est l'heure d'un nouveau journal, car il est 20h30 sur France Info.
27:27Bonsoir Damien Mestre.
27:28Bonsoir à tous. L'heure des réquisitions au procès de Pierre Palmade,
27:32l'artiste jugé pour le grave accident de voiture qu'il a causé il y a près de deux ans après trois jours de fêtes et de drogue.
27:39Le procureur requiert cinq ans de prison dans deux fermes, sans aménagement possible.
27:44Le jugement doit être rendu dans la soirée.
27:47Une cinquantaine d'agriculteurs venus bloquer cet après-midi une centrale d'achat Leclerc dans les Landes, à Mont-de-Marsan.
27:52Agriculteur de la coordination rurale qui appelle à poursuivre la mobilisation,
27:57le syndicat de la FNSEA lui appelle à mener des actions contre l'administration la semaine prochaine
28:02pour dénoncer notamment la multiplication des normes.
28:06Les salariés d'ArcelorMittal, eux, sont en grève à Denain dans le Nord.
28:10Mouvement qui doit durer au moins jusqu'à lundi disent-ils.
28:14Ils protestent contre la possible fermeture de cette usine ainsi que de celle de Reims annoncée hier par l'entreprise.
28:21C'est une première victoire pour ceux qui s'opposent au projet d'autoroute A69 entre Toulouse et Castres.
28:27Le rapporteur public demande l'annulation de l'autorisation environnementale accordée au chantier.
28:32Le tribunal administratif doit se prononcer lundi.
28:35Selon le rapporteur public, il n'y a pas de raison impérative d'intérêt majeur
28:40qui justifie la dérogation accordée concernant les espèces protégées.
28:45La neige attendue de la Bretagne à l'Alsace demain jusqu'à 7 cm en région parisienne du côté de l'Essonne,
28:53notamment 20 cm possible à Belfort.
28:55Du vent est également attendu par Météo France qui place en tout 49 départements en vigilance orange.
29:06Les informés, Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
29:09Retour sur le plateau des informés, vous écoutez, vous regardez les informés du soir avec Stéphane Zumsteig
29:14du département Opinion d'Ipsos, avec Pauline Théveniot, journaliste politique au Parisien.
29:18Aujourd'hui en France avec Mathieu Haron, grand reporter au Nouvelle-Aube.
29:21C'est avec Anne Deguigny, journaliste au service économie du Figaro.
29:25On va ouvrir une page très politique car la menace est agitée depuis un moment,
29:29mais on en parle de plus en plus, elle agite de plus en plus ce petit microcosme politique.
29:33Désormais, c'est Marine Le Pen en personne qui la profère.
29:36Agathe, on parle de la motion de censure, d'une éventuelle motion de censure.
29:39Voilà, d'une éventuelle motion de censure contre le gouvernement Barnier.
29:43Bien sûr, agitée depuis des semaines par Marine Le Pen, mais jamais concrétisée.
29:48Au contraire, le RN a été pointé du doigt d'ailleurs au départ pour sa bienveillance envers le Premier ministre.
29:54Mais depuis, le ton a bien changé.
29:56Il semble que l'heure soit à la désillusion.
29:59Écoutez, Marine Le Pen, c'était sur RTL ce matin.
30:02Il y a zéro ambiguïté.
30:04Depuis le départ, nous avons dit ce que nous souhaitions.
30:08Voilà, il l'entend ou il ne l'entend pas.
30:11S'il ne prend pas tout, ce sera la censure.
30:13Mais ce n'est pas tout, ça n'est pas tout.
30:15On est bien conscient qu'il ne peut pas tout prendre.
30:18Mais ce qui est sûr, c'est que nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français
30:22soit encore amputé dans la situation qu'ils connaissent aujourd'hui.
30:25Donc ça, c'est une ligne rouge.
30:27Et si, effectivement, cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure.
30:32Il n'y a aucune difficulté là-dessus, je le dis de la manière la plus claire qu'il soit.
30:35Pourquoi ce changement de pied ? Cap ou pas cap ?
30:38Marine Le Pen ira-t-elle vraiment au bout cette fois avec les risques que cela implique ?
30:43Pauline Tavignon, cap ou pas cap ? Est-ce que le RN bluffe une fois de plus ?
30:47Je peux vous dire que c'est une question qui taraude plus d'un ministre, plus d'un député de cette simili-coalition.
30:56Ce que je peux vous dire, parce que c'est vraiment toute la question,
31:00c'est que ça fait quelques jours que les craintes se font de plus en plus concrètes
31:05dans les rangs du gouvernement, dans les rangs de ce qu'on ne peut pas appeler une majorité,
31:10mais de ce socle commun comme le…
31:12Similiaire.
31:13Voilà, c'est ça, pseudo-majorité, on ne sait plus comment dire.
31:15Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que cette équipe s'est toujours vécue et a toujours su,
31:21dès le premier jour qu'elle était en sursis, n'ayant pas la majorité à l'Assemblée,
31:24là, ça fait quelques jours que la crainte est vraiment forte de se dire que le gouvernement ne passera pas Noël.
31:33Pourquoi ? Parce qu'ils entendent bien les lieutenants de Marine Le Pen qui ont haussé le temps,
31:38et ça a été graduel, jusqu'à ce qu'elle sorte elle-même du bois ce matin.
31:43Et on vient de l'entendre, elle s'avance quand même beaucoup, et elle s'avance publiquement,
31:48notamment en disant qu'elle ne laissera pas faire un budget qui grèverait le pouvoir d'achat des Français.
31:54Elle se met elle-même, elle se lie un petit peu les mains elle-même en disant ça,
31:58parce que ça veut dire qu'en creux, si elle ne censure pas, ça veut dire qu'elle approuve ce budget
32:04et qu'elle juge qu'il est bon pour le pouvoir d'achat des Français.
32:07Ça va être compliqué à assumer politiquement derrière.
32:09Petite chose, il y a quand même encore une porte de sortie pour Michel Barnier et pour elle,
32:14c'est qu'ils se voient lundi.
32:16D'ailleurs la première qu'ils voient, non ? Si j'ai bien compris ?
32:18Ou une des premières qu'ils voient ?
32:20Il verra Mathilde Panot aussi le même jour,
32:24mais c'est vrai que la tension sera évidemment focalisée sur ce rendez-vous-là.
32:29Est-ce qu'à ce moment-là, est-ce que là, elle fait monter la pression pour obtenir une victoire politique
32:33à ce moment-là, et qu'elle sortira en disant, bah j'ai obtenu telle mesure,
32:37on pense notamment par exemple à la suppression de la taxe électricité,
32:42et bon, c'est suffisant pour arrêter ?
32:44Ou est-ce qu'en fait là, elle a enclenché une machine qui fera tomber le gouvernement ?
32:49Réponse dans quelques jours, mais là, le suspense est à son comble,
32:54comme il n'a jamais été depuis l'installation du gouvernement Barnier.
32:56Mathieu Arron, qu'est-ce qui fait que cette fois, Marine Le Pen pourrait aller jusqu'au bout éventuellement ?
33:01Je crois qu'il s'est passé quelque chose pour Marine Le Pen il y a quelques jours.
33:05Il y a quand même eu des réquisitions dans un procès qui l'ont assommée,
33:09et qui menacent sa vie politique.
33:12Et je pense que ça joue beaucoup.
33:14Ça joue beaucoup, parce que quand on réfléchit une seconde,
33:17en fonction du jugement qui interviendra au premier trimestre 2025,
33:24sa vie politique se rétrécit.
33:26C'est-à-dire que le moment où elle pourra potentiellement se présenter,
33:29à la condition qu'elle ne soit pas condamnée à une inéligibilité qui serait immédiate,
33:34se réduit entre un procès de première instance et un procès en appel, c'est-à-dire 12 mois.
33:40Si pendant cette période de 12 mois, il n'y a pas d'élection, c'est problématique.
33:43Si on a une présidentielle, il y a une petite fenêtre de tir qui s'ouvre.
33:48À partir de là, Marine Le Pen a probablement intérêt, à partir de maintenant,
33:53à rendre la situation de plus en plus chaotique politiquement.
33:56Pour qu'effectivement, il y ait peut-être une censure, puis une autre censure derrière.
34:01C'est peut-être, c'est une supposition que je fais, un calcul qui est fait au sein du RN,
34:06en tout cas par les soutiens de Marine Le Pen.
34:09Parce que c'est quand même très troublant de voir que son changement d'attitude
34:12correspond pratiquement jour pour jour avec les réquisitions du parquet.
34:16Maintenant, juste une petite remarque.
34:19Ce qui est particulier dans sa déclaration de ce matin, c'est de mettre une ligne rouge
34:23qui, de toute façon, est déjà franchie et qui sera, quoi qu'il arrive, franchie.
34:27Mais oui, c'était évident que dans ce budget, quel que soit le projet de budget qui sera retenu,
34:32forcément, les classes moyennes vont payer.
34:35Et d'ailleurs, que ce soit dans ce projet de budget ou sur le projet de budget de la Sécurité sociale.
34:40Il a déjà été annoncé, par exemple, que le remboursement des médicaments
34:43ne serait pas aussi important qu'il l'est.
34:45C'est fait. Déjà, le niveau des Français va baisser.
34:49Et on le sait, à travers toute une série de mesures, forcément, ce niveau baissera.
34:53En tout cas, le lien que vous faites avec le procès, d'autres le font dans l'opposition.
34:58Ils se disent qu'en fait, si Marine Le Pen veut montrer qu'elle est une opposante,
35:02comme le réclame sa base, qui réclame majoritairement une censure de Michel Barnier,
35:07elle n'a d'autre choix que de censurer maintenant.
35:10Parce qu'elle est sous le coup d'une inéligibilité.
35:13Une fois que cette inéligibilité sera prononcée, si elle l'est, et qu'il y a une dissolution,
35:19Marine Le Pen ne pourra pas candidater à nouveau pour devenir députée.
35:24Je ne parle même pas de la présidentielle, je parle de redevenir députée.
35:28Alors que si elle dépose une motion de censure tout de suite,
35:32de toute façon, il n'y aura pas de dissolution, parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution avant un an.
35:37C'est un peu complexe, mais elle a une fenêtre.
35:42Elle a une fenêtre pour déposer une motion de censure sans risquer la dissolution pour l'instant.
35:47Mais si elle attend trop longtemps, une censure pourrait déclencher une dissolution.
35:53Et si elle était inéligible, elle ne pourrait pas se présenter. C'est un peu compliqué.
35:57Il y a tout un tas de calculs complexes qui sont effectivement faits en ce moment.
36:02Mais je pense qu'en tout cas, ça joue sur l'attitude du RN en ce moment.
36:07Il y a aussi un autre élément qui est très intéressant, et on n'y assiste pas toujours,
36:11c'est un parti politique qui s'institutionnalise, et il ne l'avait pas prévu.
36:14Il se fait rattraper par sa base.
36:16Il ne faut pas oublier que derrière le RN, il y a les 11 millions de Français qui ont voté pour ces candidats, pour cette formation politique.
36:22Ces gens-là, quand ils votent, ce n'est pas pour avoir Michel Barnier Premier ministre,
36:25c'est pour avoir la moitié du gouvernement qui vient de la Macronie.
36:28Au début, ça a fonctionné, la stratégie de respectabilité, d'institutionnalisation.
36:33Ça a été un choix de Marine Le Pen.
36:35Mais là, devant la montée des mécontentements, devant les indicateurs économiques qui sont au rouge,
36:39devant la contestation sociale que l'on parle, qu'il s'agisse des entreprises ou des agriculteurs,
36:44on a affaire à une base qui n'est pas radicalisée, ce n'est pas ça.
36:47Elle n'est pas plus anti-système que les autres, mais elle veut faire de la politique autrement,
36:51avec des hommes et des femmes politiques différents de ceux qui exercent le pouvoir aujourd'hui.
36:54À force de trop vouloir ressembler aux autres, quelque part, Marine Le Pen s'est un petit peu piégée.
36:59Ce n'est pas un piège définitif, ce n'est pas une catastrophe pour elle,
37:02mais elle a aussi la pression de sa base populaire qui ne veut pas d'un parti comme les autres,
37:08dans une sorte de transaction politique jour après jour,
37:12dans un certain nombre de domaines avec un gouvernement,
37:16que les électeurs du RN détestent, parce qu'il est trop libéral,
37:19parce qu'il est trop centriste, parce qu'il est trop macroniste,
37:21parce qu'il est trop anti-RN.
37:23Peu importe, les arguments sont légions, mais on a une base,
37:26et on le voit bien quand elle s'exprime dans les enquêtes d'opinion,
37:28qui ne veut pas que son parti, que ses responsables,
37:32s'accoquinent trop, soient trop bienveillants à l'égard du RN.
37:35Le seul enjeu pour Marine Le Pen, si elle ne veut pas d'une censure,
37:39ce serait d'arracher à Michel Barnier, c'est la même chose.
37:42C'est le même enjeu pour Michel Barnier, s'il veut garder son parti,
37:45c'est arracher des compromis.
37:46Vous évoquiez le pouvoir d'achat, évidemment,
37:48et de toute façon, si le RN justifie à un moment donné de voter une motion de censure,
37:51ce ne sera pas sur des questions d'immigration, sur des questions régaliennes,
37:54parce que Bruno Retailleau, pour l'instant, asphyxie un petit peu le RN,
37:57mais ce seront sur des problématiques économiques et sociales.
38:02Il y a une bataille des milieux populaires.
38:04Le RN est aujourd'hui un parti très fort électoralement,
38:07parce qu'il est le principal réceptacle de tous les mécontentements en France.
38:11S'il n'est pas assez contestataire, c'est la gauche qui récupérera la mise
38:14dans certains segments de la population.
38:15Donc il y a urgence pour le RN à remonter les dents,
38:18mais il y a aussi du grain à moudre quelque part,
38:20notamment au sujet de la proportionnelle.
38:22Des chantiers qui pourraient permettre, non pas un rapprochement,
38:28mais en tout cas une décision du RN de ne pas censurer,
38:30ils existent, charge à Michel Barnier de les accepter.
38:33Ça veut dire qu'éventuellement Marine Le Pen pourrait,
38:35tout ça est très hypothétique,
38:37mais pourrait arracher des compromis à Michel Barnier
38:40et qu'on pourrait la voir, comme a fait Laurent Wauquiez,
38:43débarquer à un 20h pour dire « j'ai arraché ça à Michel Barnier ».
38:47Anne de Guigny, vous imaginez ça ?
38:49C'est sans doute… Non, j'ai du mal à l'imaginer,
38:52parce que du côté de Michel Barnier,
38:54la séquence est quand même très difficile sur ce budget.
38:57Et là, on est un peu hors-sol en parlant de pouvoir d'achat
39:02et évidemment c'est ce que veulent les Français.
39:04Mais la réalité financière aujourd'hui du pays,
39:07c'est qu'il y a une immense pression sur la dette.
39:10C'est évidemment mon point de vue, je suis journaliste économique,
39:13que tout ça peut se terminer par une crise de la dette avant la fin de l'année.
39:16Parce que vous savez, les crises de la dette ne sont jamais annoncées.
39:19Vous n'avez pas d'indicateur, vous n'avez jamais le rendement
39:23des taux souverains qui montent, montent, montent.
39:25Tout d'un coup, il y a une perte de confiance.
39:27Et typiquement, la motion de censure,
39:29c'est l'événement qui peut créer la perte de confiance.
39:31Parce que tout est tendu.
39:33C'est pour ça qu'Edouard Philippe dit qu'une motion de censure
39:35pourrait entraîner une crise financière.
39:37Oui, une crise financière très importante.
39:39Et là, on ne sera plus dans des histoires de pouvoir d'achat.
39:41Vous repasserez et il faudra un budget beaucoup plus dur
39:44et tout le monde aura des augmentations d'impôts.
39:46Mais ça, c'est ce que vous dites par exemple, vous qui êtes journaliste économique.
39:48Dans les milieux économiques, dans les milieux financiers, on vous dit quand même...
39:51Les milieux financiers sont très inquiets.
39:53C'est de la posture ou c'est vrai ?
39:55Ah non, mais c'est vrai.
39:57Moi, je suis inquiète.
39:59Je pense que le pire n'est jamais sûr.
40:03Pour l'instant, les choses tiennent.
40:05Mais c'est vrai que ces discussions budgétaires se sont mal passées.
40:09Je pense plus mal que l'on espérait, Michel Barnier.
40:12Les débats au sein des commissions,
40:15où il y a eu énormément d'impôts qui ont été votés.
40:17Ensuite, évidemment, ce ne sont pas ces textes-là qui ont été adoptés.
40:21Mais faire entendre un bruit très mauvais dans les milieux économiques,
40:25les investisseurs étrangers qui ne sont pas au courant,
40:27que les débats de la commission des finances ne sont pas bons,
40:29évidemment, ce n'est que pour du beurre,
40:32n'entendent parler que de hausse d'impôts.
40:34Vous avez eu là une enquête sur l'attractivité de la France
40:37qui s'est totalement effondrée en quelques semaines.
40:41Non, non, mais c'est un point de vue économique et c'est très inquiétant.
40:43Et je pense d'ailleurs, c'est en partie pour cela,
40:46que les électeurs RN, qui au départ, franchement,
40:48étaient assez contents de ce retour du vieux monde.
40:51Et en effet, il y avait Bruno Retailleau et Michel Barnier.
40:53Ce n'est pas leur candidat, clairement, mais ça allait mieux.
40:56Il décroche. Là, il y a un sondage où 62% sont pour la motion de censure.
41:01Je pense qu'ils sentent aussi ce chaos.
41:03Et quelque part, je vais vous dire, peut-être quelque part,
41:06cette grande tension, la fragilité en ce moment de Michel Barnier,
41:10ça peut être ce qui va le sauver.
41:12Parce que ceux qui voteront pour une motion de censure,
41:14il faudra qu'ils soient responsables devant les Français.
41:16Michel Barnier qui n'a pas très bien joué quand même,
41:18parce que si on en est là, c'est aussi,
41:20et on en avait parlé dans les informés,
41:23il avait donné une victoire à Laurent Wauquiez.
41:26Il a laissé Laurent Wauquiez, le patron du petit parti de droite à l'Assemblée,
41:31annoncer qu'il y avait eu un demi-recul sur la non-indexation des retraites sur l'inflation.
41:39Laurent Wauquiez a pu s'arroger cette victoire auprès d'un électorat
41:42convoité par les macronistes et par le Rassemblement national.
41:46Marine Le Pen aurait voulu que cette avancée sur les retraites soit la sienne.
41:50Michel Barnier aurait pu la donner au RN.
41:52Il a choisi de la donner à la droite.
41:54Et aujourd'hui, il y a Gabriel Attal et Marine Le Pen qui réclament également leur dû.
41:58Sauf que les caisses sont vides et qu'il y a déjà eu beaucoup de recul sur le budget.
42:02Donc en fait, Michel Barnier, il a le choix entre une crise de la dette,
42:06une crise financière s'il recule trop,
42:08et une crise politique s'il ne recule pas assez pour donner des gages à ses alliés ou à ses opposants.
42:15On a un peu l'impression d'être dans une impasse.
42:18Et oui, peut-être que le sentiment d'urgence budgétaire qu'il y avait quand il est arrivé à Matignon
42:22est un peu moins prégnant aujourd'hui et qu'il est en train de se laisser dépasser par l'urgence politique.
42:29On verra ce qu'il décide dans les jours qui viennent.
42:31Un dernier mot, Mathieu, avant les titres.
42:33Non, mais c'était pour rebondir sur ce que vous venez de dire.
42:35Effectivement, il y a de toute façon 60 milliards à trouver, à minima.
42:38Donc il faut bien les trouver quelque part, ces 60 milliards.
42:41Si les macronistes disent qu'on ne touche pas aux aides qu'on donne aux entreprises,
42:46ça pose un problème.
42:47Si d'un autre côté, on dit qu'on ne va pas aller demander aux retraités un geste,
42:52il n'y a pas de milliards qui rentrent.
42:54Bref, vous pouvez faire toute la liste qu'a proposé Michel Barnier.
42:57À chaque fois, vous avez soit ces parties de gouvernement qui disent non,
43:02soit de l'autre côté, l'URN qui dit non.
43:04Donc forcément, il y a un blocage qui existe.
43:08Et on ne voit pas trop aujourd'hui, effectivement, quelle sera la solution.
43:12Au moins qu'il y ait une forme de responsabilité devant la crise,
43:16de la part des partis de gouvernement,
43:18voire, qui sait, au moment du vote d'une motion de censure,
43:22d'une partie du NFP, en l'occurrence les socialistes.
43:24Mais ça va être l'heure de vérité qui interviendra, effectivement,
43:27entre le 15 et le 20 décembre.
43:29L'heure de vérité, un dernier mot peut-être, Pauline Tébuneau, sur cette question-là.
43:31C'est quand même centrale, cette question politique.
43:33Oui, parce qu'on a l'impression que ce sont des débats théoriques,
43:35voire politiciens, des petites batailles.
43:37Qui pour faire oublier son procès ?
43:39Qui pour se positionner pour la présidentielle de 2027 ?
43:43Voir espérer une présidentielle anticipée ?
43:46Mais en fait, très concrètement, quand on dit que le gouvernement Barnier
43:49risque de tomber sur le budget et de ne pas passer les fêtes de Noël,
43:54ça veut dire qu'on a une France qui est sans budget.
43:58Il n'y a pas de budget du pays.
44:02Ce qui a toutes les conséquences qu'on vient d'évoquer.
44:05Et qu'il n'y a pas de solution de rechange.
44:07Il n'y a pas de gouvernement de rechange.
44:09L'Assemblée ne changera pas.
44:11Il ne peut pas y avoir de dissolution avant le mois de juillet prochain.
44:14Donc l'équation parlementaire, elle sera la même.
44:17Qui remplace Michel Barnier ?
44:21Xavier Bertrand que le RN a dit vouloir censurer ?
44:24Bernard Cazeneuve ?
44:26Aucune solution ne tiendrait.
44:29Donc là, ce serait une crise politique et économique vraiment majeure.
44:36On se retrouve dans un instant.
44:38On va continuer à débattre de l'actualité.
44:40On parlera notamment de la condamnation de Pierre Palmade.
44:44C'est évidemment à retrouver aussi dans le fil info.
44:46Il est 20h47. Emmanuel Langlois.
44:49C'était donc la peine requise par le parquet.
44:52Pierre Palmade est condamné ce soir à 5 ans de prison dont 2 ans ferme.
44:56L'humoriste de 56 ans ira donc derrière les barreaux.
44:59Il était jugé pour blessure involontaire aggravée après l'accident de voiture
45:03qu'il avait provoqué sous l'emprise de stupéfiants.
45:06C'était il y a près de 2 ans en Seine-et-Marne.
45:09Il était jugé à Melun ce soir.
45:113 membres d'une même famille dont un enfant et une femme enceinte
45:15avaient été blessés ce jour-là dans la collision.
45:17Elle avait perdu le bébé qu'elle portait.
45:20Alerte au vent, à la neige et au verglas sur l'Hexagone
45:23qui se prépare au premier épisode hivernal de la saison.
45:26Météo France a placé une cinquantaine de départements en vigilance orange.
45:31À partir de demain matin 6h, 32 pour neige et verglas sur un axe
45:35allant du Nord-Bretagne jusqu'au Grand-Est et 17 autres départements
45:39pour des vents forts.
45:40Plus au sud, en Corse, l'alerte orange au vent violent est maintenue
45:44au moins jusqu'à ce soir 23h.
45:463500 foyers sont privés ce soir d'électricité sur l'île.
45:51Par précaution, les transports scolaires seront suspendus demain
45:55dans 4 départements de Normandie.
45:57Le Calvados, l'Eure, la Manche et l'Orne.
45:59Le préfet de police de Paris lui appelle les usagers de la route
46:02à la vigilance.
46:03Il met en place son dispositif d'urgence qui prévoit notamment
46:06l'abaissement de la vitesse autorisée dans la capitale
46:09de 30 à 20 km heure.
46:22Retour sur le plateau des informés avec Anne Deguigny du Figaro,
46:25Mathieu Haron du Nouvel Obs, Pauline Théveniot du Parisien.
46:28Aujourd'hui en France.
46:29Et Stéphane Zumstek du département Opinion à Dipsos.
46:32On va prendre tout de suite la direction du tribunal correctionnel de Melun.
46:36On vous retrouve Pierre de Cossette.
46:38Vous avez suivi le procès dit « palmade » ce soir.
46:42Et la peine, Pierre, est donc tombée.
46:45Oui, Pierre Palmade ira en prison.
46:48Il a été condamné à 2 ans de prison ferme non aménageable
46:51avec ce qu'on appelle un mandat de dépôt différé.
46:53C'est-à-dire qu'il purgera sa peine un peu plus tard.
46:55C'est la procureure de Bordeaux où il vit aujourd'hui
46:57qui prendra contact avec lui pour fixer la date et le lieu de son incarcération.
47:01Après ces deux années, trois aînés en plus avec sursis,
47:04qu'il aura au-dessus de sa tête, a dit le président du tribunal.
47:06Obligation de soins, de verser des dommages d'intérêt aux victimes
47:09et évidemment de ne pas récidiver.
47:11Une peine conforme aux réquisitions du parquet de Melun,
47:14un petit peu plus tôt dans la journée.
47:15Pierre Palmade, stoïque à l'énoncé du jugement
47:18avant d'aller parler de longue seconde avec ses avocats.
47:21Lui qui avait fait acte de contrition à de nombreuses reprises
47:24durant cette journée d'audience en présentant plusieurs fois
47:27des demandes et des pardons aux victimes.
47:30Merci beaucoup Pierre de Caussette, journaliste France Info, spécialiste police-justice.
47:34On a suivi évidemment avec vous cette...
47:37Pierre Palmade, condamné à 5 ans de prison,
47:40dont 2 ans ferme pour son accident de la route sous drogue.
47:43L'occasion peut-être, Agathe, de revenir sur ce qui s'est passé
47:47et sur aussi...
47:48Derrière ça, il y a eu aussi beaucoup de réactions.
47:50Ça a beaucoup choqué.
47:51Il y a eu beaucoup de réactions aussi politiques.
47:53Oui, il y avait eu des milliers d'articles en quelques jours,
47:56des chaînes d'infos branchées toute la journée sur cette affaire
48:00Pierre Palmade qui battait des records d'audience.
48:03Il y a eu aussi beaucoup de réactions dans la classe politique.
48:09Écoutez notamment à l'époque le garde des Sceaux,
48:12Éric Dupond-Moretti, c'était sur BFM TV.
48:14Je pense qu'il y a tous les ingrédients dans cette affaire
48:17pour susciter au mieux de la curiosité
48:20et au pire une forme de voyeurisme.
48:23Plus on parle de cette affaire,
48:26du moins les conditions de sérénité sont requises.
48:30Moi, vous voyez, je voudrais vous faire une réflexion
48:33que je n'ai pas entendue.
48:35C'est qu'il y a une partie de nos concitoyens
48:38qui regardent cette affaire, les commentaires,
48:41puis qui sont pro-prison,
48:43et puis une autre partie, nos compatriotes,
48:45qui disent non, il ne fallait pas.
48:48Et ce que j'en tire comme conclusion,
48:50c'est que rendre la justice est difficile.
48:53La justice est difficile.
48:55À l'époque, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur,
48:57avait immédiatement proposé une modification de la loi,
49:00un retrait de permis des 12 points
49:03pour quiconque conduirait sous l'emprise d'alcool ou de drogue.
49:07Pourquoi cette affaire a-t-elle tant ému Stéphane Zombsteg ?
49:11D'abord, un touche au-delà de la personnalité médiatique
49:15qui est palmade et du caractère dramatique de ce qui s'est passé,
49:18et des victimes,
49:20ça renvoie aux sentiments qu'ont les Français,
49:23que la violence routière,
49:25pour parler concrètement le nombre de morts par an,
49:27est quelque chose au-delà de l'inacceptable,
49:29est quelque chose d'incompréhensible.
49:30Comment, dans une société moderne, policée,
49:32où les choses se passent plutôt bien,
49:33il y a encore plusieurs milliers de personnes qui meurent chaque année ?
49:35Ça, c'est quelque chose que les Français, quand je dis qu'ils ne comprennent pas,
49:37ils comprennent très bien, mais qu'ils ne l'acceptent pas
49:39parce que ça, ce sont des souffrances, ce sont des morts
49:41qui sont intolérables et inacceptables.
49:43Et la conséquence derrière,
49:45c'est qu'ils manifestent toujours
49:47la plus grande approbation
49:50à l'égard de tout ce qui est punitif
49:52en matière de punition
49:55des conduites dangereuses.
49:58C'est la conduite dangereuse, c'est la conduite sous alcool,
50:00c'est la conduite sous psychotropes ou sous drogue,
50:03c'est quelque chose d'inacceptable.
50:04Et là, ils sont toujours très, très, très sévères
50:07et souhaitent un renforcement de la sévérité des peines
50:09et de la réelle application.
50:10On pourrait en parler de ça.
50:11On en parlait il y a quelques semaines sur les OQTF
50:13ou des choses comme ça.
50:14Toujours le sentiment que finalement,
50:15on ne punit pas véritablement quelqu'un
50:17qui tue ou qui blesse beaucoup de gens.
50:19Après, il y a la dimension publique.
50:20Pierre Palmade, il y a toujours cette suspicion
50:23dans l'opinion publique
50:24qu'une justice qui est considérée,
50:25ce n'est pas de la faute des magistrats ou de l'administration,
50:27c'est de la faute de moyens qui sont insuffisants.
50:29Elle est trop lente, elle est trop chère,
50:30elle est trop compliquée.
50:31Et quand on a les moyens et quand on est connu,
50:33on peut mieux être défendu.
50:34Est-ce que là, c'est la preuve que peut-être
50:36une star est aussi injusticiable comme un autre ?
50:39Oui, bien sûr. Dans ce cas bien précis, oui.
50:43Dans ce cas, on a affaire à des Français qui sont...
50:45Mais quand je dis foudrage, je pèse mes mots.
50:47Foudrage, ça n'a rien à voir avec la violence routière.
50:49Mais que Gérard Depardieu, à un certain moment,
50:51ait été défendu, que Roman Polanski,
50:53sur un tout autre registre,
50:54ait été défendu par des personnalités médiatiques ou politiques,
50:57c'est quelque chose qui rend, je le répète,
50:59je pèse mes mots, fou furieux une partie des Français
51:01et ça renvoie aux fossés entre les élites protégées
51:05et les vrais gens qui, eux, souffrent
51:07et qui, eux, sont maltraités.
51:09Mais ça, ça laisse énormément de traces.
51:11Là, ce n'est pas le cas dans cette affaire
51:12parce qu'il y a une condamnation à prison ferme,
51:14mais c'est souvent la suspicion qu'il y a
51:16quand un puissant ou quelqu'un de connu
51:18a des soucis avec la justice,
51:19on a toujours l'impression
51:20qu'il s'en sortira d'une façon ou d'une autre
51:22ou qu'il ne sera pas condamné à la hauteur de ce qu'il a fait.
51:24Mais là, c'était le procès Pallemade
51:25ou c'était le procès de la drogue, Mathieu Arron ?
51:27Deux choses.
51:29Oui, il y a le problème de...
51:31Selon que vous soyez riche ou pas,
51:33vous n'avez pas la même justice
51:35qui vous est donnée.
51:36Dans le cas Pallemade,
51:37il y avait une situation un peu particulière
51:39dans le sens où il avait passé sa détention provisoire
51:42en partie à l'hôpital,
51:43qui donc avait été très mal reçu
51:45par une partie de l'opinion
51:47en disant que c'est bien la preuve
51:48que si on ne l'a pas mis en prison,
51:49s'il a été à l'hôpital,
51:50qu'effectivement il y a une justice
51:53qui s'applique aux plus puissants.
51:54La condamnation qui intervient ce soir,
51:56il y a un mot très important dans la condamnation,
51:58c'est deux ans de prison ferme non aménageable.
52:01Non aménageable,
52:02ça veut dire que la personne partira en prison
52:04et qu'il n'y aura pas d'aménagement de peine
52:06qui lui permettra d'éviter la prison.
52:08Deuxième chose,
52:09les chiffres en matière de violence routière
52:13et de conduite sous état de stupéfiants
52:16sont spectaculaires.
52:17Moi je les ai regardés avant de venir,
52:19je ne les connaissais pas,
52:20je les ai regardés pour l'émission.
52:21Au début des années 2000,
52:23vous aviez quelques milliers de condamnations,
52:264-5 000 condamnations.
52:27En 2021, 55 000.
52:29Donc une multiplication par 10.
52:33Alors ça s'explique
52:34parce qu'on détecte beaucoup plus.
52:37On contrôle plus.
52:39Il n'empêche qu'aujourd'hui,
52:41on a un mort sur cinq sur la route
52:44qui est lié à la prise de stupéfiants.
52:46Donc on a fondamentalement
52:48l'expression sur la route
52:50de ce qui se passe dans la société,
52:51c'est-à-dire une consommation de stupéfiants
52:53de plus en plus importante.
52:54C'est aussi ça que raconte ce procès
52:57au-delà de la personnalité de Pierre Palmac.
53:00C'est un fait de société
53:01parce que déjà tout le monde
53:02pouvait s'identifier à cette famille
53:04dans cette voiture.
53:06C'est indicible, inimaginable
53:08ce qui s'est passé.
53:09Une famille, une femme enceinte
53:11qui prend sa voiture
53:12et qui se fait percuter.
53:13La femme qui perd son bébé,
53:15le fils et l'homme
53:17qui sont très gravement blessés,
53:20qui ont des séquelles.
53:21À vie, c'est absolument monstrueux.
53:23Donc déjà je pense
53:24que tout le monde s'est identifié.
53:25Et puis en plus, cette affaire,
53:26elle a posé aussi des questions
53:28sur notre législation.
53:30Et parfois, il y a des affaires
53:31qui font aussi avancer le droit.
53:33Alors là, l'affaire Palmac,
53:35elle survient après
53:36l'affaire du fils de Yannick Allenaud
53:38qui avait été tué par un chauffard.
53:40Et à l'époque, on s'était interrogé
53:43sur le droit qui prévoyait
53:46un homicide involontaire
53:47pour ce type de délit.
53:49Suite à ces deux affaires,
53:50il y a la création d'un homicide routier.
53:52Ce n'est pas la même chose
53:53de dire homicide routier
53:54que homicide involontaire
53:56qui a été lancé au Parlement.
53:59Le processus n'a pas abouti encore,
54:01interrompu par la dissolution.
54:03Mais il y a ce nouveau délit
54:04d'homicide routier
54:05qui est en cours de création.
54:07Et ce qui, pour les familles des victimes,
54:09change quand même la donne.
54:12Ce n'est pas la même chose
54:13de reconnaître que quand quelqu'un
54:14a pris de la drogue ou de l'alcool
54:16et qu'il conduit ensuite
54:17volontairement son véhicule,
54:19on ne peut pas parler
54:20d'homicide involontaire.
54:22Ce n'est pas tout à fait la même chose.
54:24Un dernier mot peut-être, Anne de Guinier,
54:26sur ce dossier-là ?
54:27Oui, on comprend bien pour les familles,
54:30dans les deux cas,
54:32qui ont perdu un enfant,
54:34l'appellation homicide involontaire
54:36est insupportable.
54:37Je pense qu'il faut quand même
54:38faire attention quand on bouge le droit
54:40parce que vous avez beaucoup de cas.
54:41Par exemple, si quelqu'un meurt
54:43dans le cadre d'un incendie,
54:45est-ce qu'il faut aussi bouger l'appellation ?
54:47Vous avez des histoires aussi
54:48de gens qui ont des chiens horribles
54:50et vous avez des morts parfois.
54:51Il y a sur tout le domaine du droit.
54:54Je comprends l'émotion des victimes
54:58et changer la loi est légitime.
55:01Mais il y a aussi beaucoup d'autres cas
55:03qui ne pourraient pas être regardés.
55:05Je pourrais prendre une réflexion.
55:07Une fois passé l'émotion,
55:08observer tous ces cas.
55:09Anne de Guinier d'ailleurs,
55:10à la Lune du Figaro demain.
55:12C'est quoi la Lune du Figaro ?
55:13Vous l'avez en tête ?
55:14Vous ne l'avez pas du tout en tête ?
55:15Bon, ce n'est pas grave.
55:16Nous, on ne l'a pas.
55:17On ne l'a pas en régie.
55:18En tout cas, merci beaucoup
55:19d'avoir été avec nous, Anne de Guinier,
55:20journaliste au service Économie du Figaro.
55:22Mathieu Haron, vous la connaissez,
55:23la Lune du Nouvel Obs ?
55:24Je la connais d'autant plus
55:25qu'on fête nos 60 ans.
55:27C'est les 60 ans de l'Obs.
55:29C'était facile, franchement.
55:30Et figurez-vous que nous avons décidé
55:32de célébrer le pouvoir de la joie
55:34que, dans une ambiance si meureuse,
55:36on met en scène.
55:3860 éclats de joie
55:39de la part de toute une série
55:41de grandes personnalités.
55:42Et que ce week-end,
55:44il y a aussi un festival du Nouvel Obs
55:46organisé pendant deux jours.
55:47Donc, c'est la fête.