Camille, une femme aujourd’hui dans la force de l’âge, a grandi avec une douleur qu’aucun enfant ne devrait jamais connaître. Derrière ses gestes mesurés et son regard souvent perdu dans l’horizon, se cache une histoire marquée par une trahison indicible : celle d’un père qui, au lieu de protéger, a infligé le pire.
Son enfance, en apparence banale, était un théâtre d’ombres et de silences. Pour les voisins et même pour sa propre famille élargie, Camille vivait dans un foyer sans histoire, sous l’aile d’un père attentionné et d’une mère discrète. Mais dans l’intimité de leur maison, les gestes qui auraient dû témoigner d’un amour paternel pur et inconditionnel ont pris une tournure qui brisait son innocence.
Elle était petite, trop petite pour comprendre ce qu’elle vivait, mais assez consciente pour sentir que quelque chose n’allait pas. Son père, cet homme qu’elle croyait son pilier, se transformait dans l’intimité en un être qu’elle redoutait. Chaque moment passé dans sa proximité devenait une épreuve, un mélange de peur, de honte et de solitude.
Camille a longtemps gardé le silence, prisonnière de cette emprise qui enferme tant de victimes. Les mots lui manquaient, et la peur d’être rejetée ou accusée pesait lourd. Elle grandissait avec cette cicatrice invisible, qui se reflétait dans ses silences, dans son incapacité à se lier pleinement aux autres.
Ce n’est qu’à l’âge adulte que Camille a trouvé la force de rompre ce cercle de silence. À travers des séances de thérapie, des groupes de soutien et des écrits intimes, elle a lentement reconstruit les morceaux de son être brisé. Parler de ce qu’elle avait vécu lui a semblé au départ insurmontable, mais chaque mot prononcé, chaque larme versée, était une étape vers sa libération.
Aujourd’hui, Camille ne se définit plus par ce qu’elle a enduré, mais par la force qu’elle a trouvée pour survivre. Son histoire n’efface pas sa douleur, mais elle illumine son chemin et celui de tant d’autres.
Son enfance, en apparence banale, était un théâtre d’ombres et de silences. Pour les voisins et même pour sa propre famille élargie, Camille vivait dans un foyer sans histoire, sous l’aile d’un père attentionné et d’une mère discrète. Mais dans l’intimité de leur maison, les gestes qui auraient dû témoigner d’un amour paternel pur et inconditionnel ont pris une tournure qui brisait son innocence.
Elle était petite, trop petite pour comprendre ce qu’elle vivait, mais assez consciente pour sentir que quelque chose n’allait pas. Son père, cet homme qu’elle croyait son pilier, se transformait dans l’intimité en un être qu’elle redoutait. Chaque moment passé dans sa proximité devenait une épreuve, un mélange de peur, de honte et de solitude.
Camille a longtemps gardé le silence, prisonnière de cette emprise qui enferme tant de victimes. Les mots lui manquaient, et la peur d’être rejetée ou accusée pesait lourd. Elle grandissait avec cette cicatrice invisible, qui se reflétait dans ses silences, dans son incapacité à se lier pleinement aux autres.
Ce n’est qu’à l’âge adulte que Camille a trouvé la force de rompre ce cercle de silence. À travers des séances de thérapie, des groupes de soutien et des écrits intimes, elle a lentement reconstruit les morceaux de son être brisé. Parler de ce qu’elle avait vécu lui a semblé au départ insurmontable, mais chaque mot prononcé, chaque larme versée, était une étape vers sa libération.
Aujourd’hui, Camille ne se définit plus par ce qu’elle a enduré, mais par la force qu’elle a trouvée pour survivre. Son histoire n’efface pas sa douleur, mais elle illumine son chemin et celui de tant d’autres.
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NewsTranscription
00:00Mon père, ça a toujours été quelqu'un de très colérique.
00:01Un jour, la voisine entend des cris venant de chez moi.
00:04En fait, elle décide d'appeler les flics
00:06parce que c'est quelqu'un qui crie à la mort et vraiment elle a peur.
00:09Donc j'arrive en foyer et à l'âge de 6 ans,
00:12j'ai été placée officiellement chez ma famille d'accueil.
00:14Donc j'ai quitté le foyer totalement, je devais avoir 7 ans.
00:16Donc c'est-à-dire que j'ai l'équilibre d'un côté d'une famille d'accueil
00:20qui m'apporte beaucoup et de l'autre côté, du coup, je vois mes parents.
00:23Je crois que c'était une fois par mois au début,
00:24puis après ça a été deux fois par mois, puis ensuite ça a été tous les week-ends.
00:30On sort tous les week-ends, on va faire du karting tous les week-ends,
00:33on va au cinéma, on va dans des parcs d'attractions.
00:35On fait des choses dont une petite fille rêve.
00:37Et vraiment, je suis dans un rêve, je suis une princesse.
00:40Et je me dis en fait, pourquoi je suis en famille d'accueil ?
00:43Pourquoi je n'entre pas ?
00:44Si c'est comme ça tout le temps, pourquoi je n'entrerais pas ?
00:45Et la ZEU m'autorise à partir une semaine en vacances chez mes parents.
00:48Et mon père travaille de nuit toujours,
00:51ma mère prend des vacances pendant une semaine.
00:52Donc pendant cette semaine-là, elle se repose et elle ne va pas me sortir.
00:56On ne va pas aller dans un parc, on ne va pas beaucoup sortir.
00:59Je suis en mode, ok, pas de souci.
01:00Un jour, du coup, il y a mon père qui rentre de son du travail.
01:03Il me fait, mais tu ne l'as pas sorti ?
01:04Et ma mère, elle me dit, ben non, je suis fatiguée, je suis fatiguée, je ne peux pas.
01:10Donc on est dans ma chambre et là, mon père se met à tabasser ma mère
01:14mais de manière extrêmement violente devant moi.
01:16Mais vraiment, dans ma chambre.
01:18Donc je me dis, mais attends, mais c'est quoi ça ?
01:20Comment c'est possible ?
01:21Tu vois, je suis une petite fille, j'ai 10 ans.
01:23On passe du rêve au cauchemar.
01:24Mais quand j'ai eu le cauchemar, ça a été atroce.
01:26Je vois ma mère se faire démonter la gueule.
01:29Mais ce n'est pas genre une petite claque.
01:30Non, c'est genre, il la rue, du coup.
01:32Elle était en sang, il y avait bleu partout, les cheveux qui s'en vont, tout.
01:35Enfin, c'était atroce.
01:37Et genre, je me mets à crier, je dis, s'il te plaît, papa, arrête.
01:40Je lui dis, mais je t'en supplie, vraiment.
01:42Donc il s'arrête, il va dans le salon.
01:44Et je crois que c'est le truc qui m'a le plus fait de mal.
01:46C'est que ma mère, après, s'est fait frapper.
01:49Elle va lui chercher de la glace pour le mettre sur sa main
01:52parce que mon père a une bosse sur la main et je la gâche.
01:54Mais pourquoi tu fais ça ?
01:56Et je ne comprends pas, je ne comprends vraiment pas pourquoi elle fait ça
01:59parce qu'à l'époque, je ne connais pas le terme soumis.
02:01Je ne le comprends pas, je ne le sais pas, je ne le connais pas.
02:03Je rentre à la fin de cette semaine-là, je rentre chez ma famille d'accueil.
02:06Je me dis, bon, c'est bon, je suis en sécurité.
02:08Mais j'ai peur pour ma mère.
02:09Et du coup, début septembre, je rentre chez mes parents.
02:12Ça y est, on m'autorise à re-rentrer.
02:13Alléluia, trop contente.
02:15Je rentre en cinquième, dans mon nouveau collège.
02:17Et du coup, à cette même époque, mon père, il a eu un accident de travail.
02:21Il s'est sectionné le doigt où il a une fracture ouverte du doigt,
02:24ce qui fait qu'il a dû rester en arrêt pendant pas mal de temps.
02:27Donc, il était tout le temps à la maison, H24.
02:28Et ma mère partait travailler.
02:30Je crois que c'était un week-end où j'étais là, je ne me souviens plus trop du contexte,
02:33mais c'est pareil, c'est une image que je viens de mettre dans ma tête, un flashback.
02:36Je suis dans ma chambre en train de regarder la télé et mon père, il vient me voir.
02:39C'est là où ça a commencé.
02:41Il commençait à glisser sa main sous la couette,
02:43puis il commençait à descendre au niveau de ma poitrine, puis au niveau de mon sexe.
02:46Il me demande si ça ne te dérange pas.
02:48Et moi, je me dis non, je ne comprends pas.
02:51Je prends ça pour une marque d'affection, parce que c'est mon papa.
02:53Donc, je dis rien.
02:55Et puis voilà, c'est ce jour-là que j'aurais dû réagir et dire quelque chose.
02:59Déjà, au fur et à mesure, ça s'est dégradé de manière assez importante, si je peux dire.
03:05J'ai été victime d'attouchements sexuels, de viols, de violences physiques, morales, tous les jours.
03:10Donc, c'était très dur.
03:11Je ne me souviens plus exactement comment ça s'est dégradé aussi vite.
03:15Mais le fait que ma mère ne soit jamais là,
03:18ça lui laissait l'opportunité, entre guillemets, de faire ce qu'il voulait.
03:21Et vu qu'il me disait des trucs du style, c'est notre petit secret.
03:26Tu ne le dis pas, c'est à nous deux.
03:28On est des amoureux, donc il ne faut pas le dire à maman.
03:30Je dis, d'accord, d'accord.
03:32Et au fur et à mesure, ça s'est dégradé dans le sens où il commençait à me dire,
03:36si maman est au courant, elle peut mettre un coup de volant et elle peut se suicider.
03:40Et je dis, je n'ai pas envie qu'elle fasse ça.
03:42Je suis une gamine, je veux protéger ma maman, donc je ne vais rien dire.
03:45Et tous ces faits n'ont pas été faits dans la violence.
03:49Il a toujours été très doux, très en mode, une caresse, c'est une manière douce.
03:53Il ne va pas me taper, il ne va pas m'étrangler, me forcer,
03:56en tout cas, pas forcer de manière physique, mais de manière mentale.
03:59Il sait bien manipuler.
04:00C'est vraiment en mode, je me laisse faire.
04:03Je ne souffre pas, je dis bien entre guillemets,
04:05parce qu'à l'époque, je me dis, c'est normal, je suis en manque de repères.
04:09Je me dis, c'est normal, en fait.
04:10Il va me dire, non, mais c'est pour t'apprendre pour ton futur amoureux.
04:15Donc, il va commencer par montrer des pornos, par exemple.
04:18Il va se balader nu, il va commencer à se *** devant moi.
04:22Et ensuite, il va me dire, vas-y, touche, ne t'inquiète pas, ça ne meurt pas, vas-y.
04:25Et du coup, je me dis, je ne comprends pas, donc je le fais.
04:29Et puis après, c'est parti plus loin.
04:32J'ai commencé à faire des choses dont je ne suis extrêmement pas fière.
04:36Mais j'étais une enfant, donc j'essaie de me pardonner, mais c'est très, très dur.
04:40C'est bizarre, mais en même temps, je me dis, c'est une relation avec mon papa.
04:43Genre, c'est la seule relation que je peux avoir pour le moment, donc je l'accepte.
04:46Ça a été les pires années de ma vie, j'étais vraiment dans un cauchemar.
04:48Il y a un truc tout bête, mais je ne sais pas si je commence à me rendre compte,
04:52mais c'est que ça me dégoûte.
04:54À un moment donné, par exemple, quand il commence à venir me faire des ***,
04:57je vais prendre les devant et je vais plutôt lui faire des ***
04:59pour éviter qu'il me touche, pour éviter qu'il me fasse des choses, en fait.
05:03Et que je contrôle la situation.
05:05Je dis bien entre guillemets, parce que je ne la contrôlais pas du tout.
05:07Quand j'avais 12 ans, ça a commencé, j'avais 11 ans jusqu'à 15 ans et demi.
05:12Donc, je n'en parle à personne, je vis un cauchemar,
05:15mais je n'ai personne à qui me confier.
05:17Donc, à l'époque, je suis vraiment dégoûtée de mon corps,
05:20mais en même temps, c'est horrible ce que je vais dire,
05:22mais je suis forcée de prendre du plaisir.
05:24Par exemple, la jouissance, je l'ai découverte comme ça.
05:26Parce que quand on te force, tu n'as pas le choix
05:29et ton corps, tu ne peux pas le contrôler à ce niveau-là.
05:31Et en même temps, je me dis, non, je n'ai pas envie, je ne veux pas,
05:33mais je ne peux pas contrôler.
05:35Et donc, ça a accéléré le truc.
05:37Mon père s'est donné comme objectif de me dépuceler, par exemple.
05:41Et je lui disais, non, mais je ne suis pas prête, je ne suis pas prête.
05:43Et il s'était donné comme objectif de me dépuceler avant mes 15 ans et demi.
05:47Du coup, le 13 février, donc c'est pendant les semaines de vacances,
05:50je vais voir une amie qui est dans ma classe.
05:51C'est une fille qui adorait maquiller, vraiment, elle adorait ça.
05:55Je me dis, je me prête au jeu, vas-y, je suis un petit cobaye, maquille-moi.
05:58Et là, mon père me voit et il me dit, c'est quoi ton maquillage de pute, là ?
06:02Et là, il me fout la plus grosse torgnole de ma vie.
06:04Je tombe par terre tellement elle est forte.
06:06Il me rue de coups, mais vraiment, il me tape dans tous les sens,
06:08des coups de poing, des coups de pied, il me prend par les cheveux, il me frappe.
06:11J'ai eu l'impression que ça a duré une éternité.
06:13Donc, j'avais 12 ans, ça avait commencé, j'avais 11 ans jusqu'à 15 ans et demi.
06:18Donc, je n'en parle à personne, je vis un cauchemar,
06:21mais je n'ai personne à qui me confier.
06:23La première fois que mon père me frappe, et là, c'est le jour où...
06:26J'avais 12 ans, ça avait commencé, j'avais 11 ans jusqu'à 15 ans et demi.
06:30Donc, je n'en parle à personne, je vis un cauchemar,
06:34mais je n'ai personne à qui me confier.
06:36Et ma mère, la meilleure idée qu'elle ait eue,
06:39« Viens, Mimi, on va faire les courses. »
06:40« Pardon ? Qu'est-ce que tu me racontes ? »
06:42« Donc, on va faire les courses. »
06:43Et là, j'ai tous les regards possibles à tous les gens dans le magasin.
06:47J'essaie d'appeler à l'aide, et je suis en mode, il n'y a personne qui voit.
06:50Personne n'a rien vu.
06:51Donc, on rentre, et là, j'ai extrêmement peur.
06:55Chaque minute qui découle, je suis en mode,
06:56si ça se trouve, il va arriver dans la chambre, il va me frapper,
06:58il va me violer, il va faire je n'en sais rien, il va faire quelque chose, tu vois.
07:01Du coup, il y a, je crois, un mois qui passe,
07:03il s'excuse, il me dit « Je suis vraiment désolée pour ce que j'ai fait, je regrette et tout. »
07:09Il me dit pour m'excuser, je vais faire le cochon.
07:12En gros, pour lui faire le cochon, c'est m'exciter, etc.
07:15Tu vois, je suis en mode, on essaie d'apaiser, entre guillemets.
07:18Sa meilleure idée, c'est de les gens m'écarter devant ma mère et moi
07:22pendant qu'on fait de la pâtisserie.
07:24Et donc, ça, c'était sa manière de s'excuser.
07:25Ma mère le laisse faire.
07:27Et aujourd'hui, je me dis « Mais comment c'est possible ?
07:28Vraiment, je ne comprends pas dans sa tête comment elle a pu se dire ça. »
07:31Donc, le temps passe et je rentre en seconde et je rencontre un garçon.
07:35Et je me dis « C'est peut-être ma chance d'aller ailleurs
07:38et de choisir la personne avec qui je veux le faire pour la première fois. »
07:41Donc, on se met à sortir ensemble le 7 décembre 2015, pour être exacte.
07:44Nous, ça, on a toujours des dates.
07:45Et le 31 décembre 2015, on couche ensemble.
07:48C'était ma première fois.
07:49Ma première fois, on va dire réelle.
07:51Donc, je rentre, je souris aux lèvres, je suis bien,
07:53j'ai les papillons dans le ventre et tout.
07:55Enfin ouais, je suis très bien.
07:56Et mon père, il pète un câble.
07:57« Tu ne rentres pas à cette heure-ci, nanana. »
07:59Il découvre que j'ai un copain parce qu'il y a ma mère.
08:01Donc, du coup, certes, il pète un câble,
08:03mais il se retient quand même un minimum.
08:05Il ne va pas partir non plus dans les extrêmes.
08:07Mais il fait la gueule toute la soirée.
08:08On fête le premier nanana.
08:09Et le premier, du coup, il se réveille à 16h.
08:12Je viens de finir le ménage, j'ai encore le balai dans la main.
08:14Il me regarde et il me dit « T'as cinq minutes et tu te casses.
08:17Je ne veux plus jamais t'envoyer sinon je te tue. »
08:18Je me souviendrai de ce que j'ai eu quand je prends un plaid.
08:19Le plaid que ma fameuse garçon m'a offert pour Noël.
08:22Des bottes.
08:23Et je m'en vais.
08:24Donc, j'appelle mon copain.
08:25Je lui dis « Écoute, mon père, il a pété un câble.
08:28Je suis toute seule là, je suis dehors.
08:30J'ai besoin que tu viennes me chercher. »
08:32Il me dit « On arrive. »
08:33Donc, ils font 45 minutes de route avec son papa.
08:35Ils viennent me chercher.
08:36Et là, c'est la libération.
08:37Et je dis « Attendez, je vais appeler mon ancienne femme d'accueil. »
08:40Donc, je l'appelle.
08:41Elle me dit « Ma porte, elle est grand ouverte.
08:43Bien sûr que tu peux venir. »
08:44Donc, je viens.
08:44Ça fait du bien.
08:45Je retrouve la maison dans laquelle j'ai grandi.
08:47Elle me pose des questions.
08:48Elle me dit « Mais qu'est-ce qui s'est passé ? »
08:49Et là, je lui ai dit « Pas tout, mais presque. »
08:52Je lui ai dit « Comme quoi, j'ai été frappée.
08:54Comme quoi, tous les jours, j'ai été insultée pendant 5 ans.
08:56Que je suis complètement détruite.
08:58Et que là, mon père m'a viré de chez moi.
08:59Que ma mère n'a rien dit. »
09:00Donc, je lui ai dit « Le gros du gros. »
09:03Mais pas ce qui se passe en dessous de l'iceberg.
09:05Encore une fois.
09:06Et du coup, elle me dit « Mais là, tu y retournes pas.
09:08C'est mort, tu y retournes pas. »
09:09Je rentre en internat au lycée.
09:11Et début janvier, mon copain me quitte.
09:14Et à l'internat, je rencontre des gens.
09:16Et je rencontre mon futur second petit copain.
09:19Avec qui je suis restée 2 ans et demi.
09:20Et lui, il se rend compte aussi rapidement
09:21qu'il y a des comportements qui sont bizarres.
09:23Style par exemple, quand on me pose la main par derrière,
09:25je vais sursauter.
09:26Quand on va rentrer dans un ascenseur et qu'il y a des hommes,
09:29je vais me mettre peut-être à pleurer.
09:30Quand on est dans le bus et qu'il y a trop de gens autour de moi,
09:32je vais avoir des crises d'angoisse.
09:33Tout ce genre de petits facteurs font qu'il commence à se poser des questions.
09:38On est en train de se faire un câlin.
09:39Et là, il me dit,
09:40« Cam, est-ce que ton père t'a déjà touchée ? »
09:43Trois dans les yeux.
09:44Et là, je le regarde, je me dis « Touchée dans quel sens ? »
09:46Et là, il me dit « J'ai compris. »
09:48Je n'ai même pas eu besoin de le dire.
09:49Il a tout dit dessus.
09:50Et du coup, au fur et à mesure, j'ai pu libérer ma parole.
09:53C'était le premier à qui j'en ai parlé.
09:54Et du coup, mon copain me dit,
09:56« Dis-le à ta femme d'accueil. »
09:58Donc, je vais en parler à ma femme d'accueil.
10:00Et là, elle me rejoint.
10:01Je m'écroule.
10:02Et je lui dis, « J'ai vécu des choses atroces. »
10:04Elle me dit, « Je sais. Je sais. »
10:06Parce qu'elle, ça faisait 40 ans qu'elle faisait ce métier.
10:08Ce n'était pas la première fois qu'elle croisait ce genre de passé.
10:10Enfin, ce genre d'enfant qui a vécu ça.
10:12Donc, elle me dit,
10:13« Écoute, tu n'as pas à me raconter tout dans les détails.
10:16Tu prendras le temps qu'il te faut.
10:17Je t'accompagnerai. »
10:18Mais la seule chose que je peux te dire,
10:19c'est qu'il y a eu une personne qui lui en a parlé.
10:21Elle m'a dit qu'elle n'a pas osé porter plainte.
10:23Et aujourd'hui, elle la regrette, cette personne.
10:24Et elle m'accompagne, en fait, à ma femme d'accueil
10:27dans ce processus, en fait, pour porter plainte.
10:29J'ai, du coup, mon dépôt de plainte qui avance un petit peu.
10:31Et on me convoque pour témoigner, pour dire ce que j'ai vécu.
10:34Et je commence à réaliser un petit peu ce que je suis en train de faire.
10:36Donc là, à la fois, je suis fière,
10:38à la fois, je m'en veux terriblement de porter plainte.
10:40Donc, je préviens ma mère.
10:43Je lui dis comme quoi j'ai porté plainte.
10:44Je crois que c'était par message.
10:45Elle me répond par message.
10:46Elle me dit, « Il y a des vidéos et des photos de toi
10:48qui prouvent que c'est toi qui es venu allumer ton père. »
10:50Elle m'écrit ça par message.
10:52Je lui dis, « Mais quoi ? Mais qui ? »
10:54Donc, j'essaie de reprendre du recul.
10:55Et je lui réponds, « Ok, très bien.
10:57Si ces photos et ces vidéos existent, balance-les-moi. »
11:00Je les envoie aux flics.
11:00Au moins, ça prouvera que ce que je dis, c'est vrai,
11:02que ce qui s'est bien passé, tu vois.
11:05Parce que le problème, quand tu portes plainte,
11:06c'est que c'est sa parole contre la mienne.
11:07Le gendarme, elle m'appelle.
11:08Quand tu portes plainte, t'es pas censée décrocher, normalement.
11:11En gros, il y a une injonction d'éloignement.
11:12T'es pas censée rentrer en contact avec la partie adverse.
11:15Et donc, ma femme d'accueil me dit à ce moment-là,
11:18Sauf que c'est ma maman et j'ai besoin de savoir de quel côté elle se range.
11:22J'ai besoin de savoir si elle m'abandonne ou si elle me soutient
11:24et si elle va quitter, par exemple, mon père, tu vois.
11:26Genre, mon rêve, c'était vraiment qu'elle quitte mon père
11:27et qu'elle vienne habiter avec moi et basta.
11:29Donc, je lui dis à ma femme d'accueil, je la regarde droit dans les yeux,
11:32je fais, « Écoute, ce qu'on va faire, c'est qu'on va enregistrer l'appel. »
11:35Je vais l'enregistrer, je vais mettre le téléphone à côté en haut-parleur
11:37et je vais décrocher.
11:38Elle me dit, « Ok, fais-le. »
11:39Je décroche et elle me dit,
11:41« Je sais, Mimi, c'est important d'accorder le pardon. »
11:44Pardonner ? Pardon ?
11:46Elle me dit, « Non, mais il y a eu des dérapages des deux côtés. »
11:51What ?
11:52Vraiment, je ne comprends pas, je suis en mode...
11:55Donc là, j'essaie vraiment à chaque fois qu'elle me balance une bombe,
11:57j'essaie de la désamorcer en mode,
12:00« Reste calme, calme, tout va bien. »
12:02Tout ce que tu veux de base, quand t'as décroché,
12:03c'était pour savoir si elle était de ton côté ou pas.
12:05Donc, je continue de rester calme et un gros sien s'installe encore.
12:11Et là, ce n'est plus elle que j'entends, mais c'est lui.
12:14Il a pris le téléphone et là, il avoue tout.
12:17Et je me dis, j'ai l'enregistrement ?
12:19J'enregistre ce qu'il vient de me dire ?
12:20J'ai une preuve, ça y est ?
12:22Donc, on raccroche et là, j'envoie directement l'enregistrement à mon avocate.
12:25Du coup, le dossier commence à être constitué et ils sont reconvoqués à telle date.
12:29Donc, le matin même, j'ai ma femme d'accueil qui m'appelle.
12:33Elle me dit, « Ton père, il est à l'hôpital. »
12:35Je lui dis, « Mais attends, c'était aujourd'hui qu'il devait être entendu chez les flics. »
12:38Elle me fait, « Oui, il a fait une tentative de suicide. »
12:40Donc là, je souffle.
12:42Je me dis, « Attends, c'est un lâche. »
12:44« Genre, comment il peut faire ça ? »
12:46« Assume en fait ce que tu as fait. »
12:47« Je n'arrive pas à me construire si tu n'assumes pas. »
12:48Donc, il est à l'hôpital.
12:50Je n'en ai rien à foutre s'il canne ou pas.
12:52Genre, intérieurement, je suis tellement en colère que franchement, si demain, il crevait, je ne verserais même pas une larme.
12:57Les années passent.
12:58En septembre 2020, je fais ma rentrée en bachelor.
13:01Donc, en troisième année de licence.
13:03Je suis convoquée au tribunal pour confronter mes parents à nouveau,
13:05mais cette fois, devant le juge d'instruction.
13:07Donc, pas au commissariat, c'est vraiment devant un juge.
13:09Et là, je vois ma mère rentrer en squelette.
13:12Elle doit faire 45 kilos à peine, 42.
13:14Vraiment très, très maigre, très marquée physiquement.
13:17Déjà, ma douleur dans mon cœur.
13:19J'ai l'impression de faire énormément de mal à ma mère.
13:22Mais vraiment, cette culpabilité que j'ai en moi, je n'arrive pas à l'enlever.
13:26Je me dis que c'est de ma faute s'il y avait d'un stéthère aujourd'hui.
13:28Et là, j'ai le cœur qui bat mille à l'heure.
13:29J'ai l'impression qu'il va m'exploser au sortir de ma poitrine,
13:32parce que je sais que mon père arrive juste derrière.
13:33Et là, je le vois, il a pris 30 kilos.
13:36Je ne le reconnais pas.
13:36Je m'en veux terriblement.
13:38Genre, vraiment, c'était...
13:39Mais c'est horrible parce que je ne dois pas m'en vouloir, tu vois.
13:42Mais j'ai l'impression de détruire leur vie.
13:44Et là, il y a des choses qui sont dites
13:46et de plus en plus de choses qui commencent à être révélées.
13:49Mais encore une fois, il n'avoue pas m'avoir violée ou m'avoir touchée sexuellement.
13:53Et la seule chose qu'il dit, c'est que je ne l'ai jamais forcée ou contrainte,
13:58que ce soit par l'alcool, la drogue ou un autre truc.
14:02À faire quoi que ce soit sans son consentement, ça veut tout dire.
14:05Ça fait plus d'un an et demi que j'ai confronté mes parents.
14:08Ça fait plus d'un an et demi qu'on est censé avoir une réponse.
14:10J'ai besoin de ça.
14:10J'ai besoin de cette réponse-là.
14:11J'ai besoin d'être connue.
14:13Et là, c'est toujours en stand-by.
14:16J'ai peur.
14:17J'ai peur aujourd'hui, quand je rentre chez moi,
14:18que je ferme ma porte à double tour,
14:20parce que j'ai peur que mon père se ramène,
14:21parce qu'il sait où j'habite.
14:22Ils ont mon adresse.
14:23Je suis toujours perdue à ce niveau-là.
14:25Et je n'ai toujours pas de réponse.
14:27Et j'attends.
14:27Je suis extrêmement en colère,
14:28parce qu'on m'a abandonnée de tous les côtés.
14:31Mes parents m'ont abandonnée.
14:32La ZEU m'a abandonnée.
14:33La justice m'abandonne.
14:34Et j'en ai marre.
14:35Et c'est pour ça, aujourd'hui, que je suis venue témoigner aussi,
14:36parce que j'en ai marre d'attendre et j'ai envie d'être entendue.
14:39Ça fait déjà longtemps que je veux en parler,
14:41que je veux assumer ce que j'ai vécu,
14:43parce que j'en ai très honte, encore aujourd'hui.
14:46C'est une honte que j'ai.
14:47Je me sens sale, toujours.
14:48Ça n'a pas changé.
14:49Mais je veux assumer et je veux que, quand on me rend compte,
14:52on voit une femme, une battante,
14:54une femme qui rigole, qui vit la vie qu'elle veut.
14:57Et je ne veux pas qu'on voit la pauvre petite fille qui attend.
15:00Voilà, je veux vraiment...
15:02Je veux juste bouger, en fait, et me faire entendre.
15:04Et je veux vraiment, vraiment,
15:05que mon témoignage puisse aider des gens.
15:07Je veux qu'on puisse venir me parler,
15:09qu'on puisse libérer la parole.
15:11Je ne veux pas forcément être un exemple,
15:12parce que je ne suis pas la reine du monde.
15:15Je ne suis pas incroyable.
15:16Mais je veux montrer que, vraiment,
15:17on peut s'en sortir, peu importe ce qu'on vit.
15:18Et le fait de parler, le fait de porter plainte,
15:21le fait de vivre les choix à 100%,
15:22c'est la meilleure des manières.
15:24Il ne faut pas que les gens hésitent vraiment à parler.
15:26Il y a toujours une oreille pour écouter.
15:29Il y a toujours une épaule sur laquelle se reposer.
15:31Et juste, la vie, elle est belle, putain, vraiment.
15:33Je sais que, genre, quand on vit des choses compliquées,
15:35c'est dur, mais la vie, elle est vraiment belle.
15:36Elle vaut le mérite d'être vécue.
15:37J'ai juste envie que les gens, ils aiment la vie
15:40et que, malgré le Covid,
15:42ils vivent la vie à 100%, quoi.