Régis Le Sommier, journaliste était invité ce mercredi 20 novembre de La Matinale sur CNEWS, en direct de Kourtchatov en Russie. «Cette escalade est inquiétante», a-t-il prévenu, après les menaces de Vladimir Poutine de recourir au nucléaire.
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00:00Écoutez, moi je pense que cette escalade est extrêmement inquiétante.
00:03Vous signaliez que je me trouve actuellement à côté de la centrale de Kourt-Chatov à deux kilomètres.
00:10Et hier soir j'observais, en revenant, des interceptions de missiles ukrainiens.
00:15Alors j'ai eu deux cas, c'est-à-dire l'interception de missiles ukrainiens dans la zone de Kourt-Chatov,
00:20donc à quelques kilomètres de cette centrale.
00:23Centrale qui quand même remonte à l'époque de Tchernobyl, qui a été construite en même temps.
00:27C'est une RBMK, une très vieille centrale, qui fonctionne toujours.
00:30Donc ça, c'est le danger. Elle est à moins de 50 kilomètres d'en bas.
00:34Et puis d'autre part, j'ai aussi vu au passage des missiles hypersoniques russes de Kiev il y a trois jours.
00:44Donc le ciel ici est quand même extrêmement saturé de missiles qu'on envoie de part et d'autre.
00:51Alors les Ukrainiens n'ont pas envoyé encore de missiles à Takhenets directement sur le front de Kourt,
00:56ce qu'ils l'ont fait à Bryansk hier.
00:59Six missiles, dont cinq ont été interpellés d'après les autorités russes.
01:04Mais il s'agit quand même d'une escalade.
01:06Et le fait que le ministre Emmanuel Macron ait rappelé Poutine à la raison,
01:12mais Poutine avait déjà fixé ses limites en disant si vous utilisez les missiles à longue portée,
01:18eh bien nous allons réviser, enfin il avait déjà dit qu'il avait révisé la doctrine nucléaire russe.
01:26Et c'était d'ailleurs au moment où Volodymyr Zelensky s'était rendu à New York à l'époque,
01:31Joe Biden avait dit non à l'usage de ces missiles à longue portée
01:35qui permettraient aux Ukrainiens justement de frapper la Russie à plus de 300 kilomètres,
01:40voire 500 kilomètres avec l'escalpe à l'intérieur.
01:43Et que ça serait une sorte de ligne rouge à nouveau fixée par Vladimir Poutine.
01:49Donc Vladimir Poutine a une responsabilité,
01:51mais ces missiles-là c'est quand même nous qui les fournissons aux Ukrainiens.
01:55Donc on ne peut pas complètement dire rappeler Vladimir Poutine à la raison,
02:00et d'un autre côté dire aux Ukrainiens c'est bon, allez-y,
02:02vous pouvez frapper les installations dans la profondeur en Russie.
02:07Donc il faut savoir raison garder et appeler au calme des deux côtés.
02:14On ne peut pas être uniquement à dire Vladimir Poutine nous fait des menaces nucléaires,
02:18c'est de sa faute, c'est lui qui doit se calmer.
02:20Donc voilà, ça c'est mon point de vue,
02:22et d'un autre côté on est dans une situation, et ça je voulais vraiment insister là-dessus,
02:28sur le front de course, l'Ukraine se bat très bien,
02:34l'Ukraine continue à résister, elle continue à conserver une partie du territoire russe,
02:40même si ce territoire n'a pas une importance stratégique,
02:43il s'agit de quelques villes et de quelques forêts,
02:46mais c'est important symboliquement puisque les Russes ne veulent pas négocier
02:51tant que les Ukrainiens seront présents sur leur sol,
02:55mais en revanche sur le reste du front c'est absolument catastrophique,
02:58et il faut le dire, il faut arrêter de dire oui l'Ukraine va résister,
03:02non, on s'attend d'une semaine à l'autre à ce que le front soit enfoncé quelque part,
03:07les Russes sont à coups piants,
03:09ils sont à deux doigts d'enfermer dans une poche 15 000 combattants ukrainiens,
03:15sur le front de Pokrov, sur le front de Torez, à Kourakovo,
03:18la ville est quasiment encerclée, donc les Russes progressent partout,
03:21et de plus en plus rapidement dans le Donbass,
03:23et donc ça, ça veut dire quoi ?
03:24Ça veut dire que plus on attend pour la négociation,
03:26et plus l'Ukraine va perdre de territoire,
03:29et c'est le drame qui risque d'arriver,
03:31c'est que le front perce et que les Russes arrivent jusqu'au dernier.