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Jean-Pierre Martin, journaliste et co-auteur du livre "Allah n'a rien à faire dans ma classe" aux Éditions Racine, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcription
00:00Il est 7h12 sur Europe 1. Très bon début de journée. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le journaliste et grand reporter Jean-Pierre Martin.
00:07Bonjour Jean-Pierre Martin.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue sur Europe 1 en direct avec nous ce matin depuis Bruxelles en Belgique où vous publiez avec votre consoeur Laurence Donte,
00:16un livre qui fait beaucoup parler ces derniers jours.
00:19« Allah n'a rien à faire dans ma classe », ça paraît aux éditions Racine.
00:23Alors ce titre c'est une citation qui situe l'action de votre enquête Jean-Pierre Martin,
00:28de l'école publique belge, de la maternelle au supérieur où l'emprise islamiste est clairement de plus en plus pesante.
00:35Mais certains, semble-t-il, en Belgique voudraient qu'on n'en parle pas de votre livre.
00:39Vous deviez l'évoquer avec vos lecteurs lors d'une conférence publique samedi dans une grande enseigne culturelle de Bruxelles.
00:46Conférence annulée au dernier moment. Que s'est-il passé Jean-Pierre Martin ?
00:52Dans les 48 heures qui ont précédé cette conférence, des groupes de jeunes, selon l'expression visuelle,
00:59ont à de multiples reprises fait irruption dans cette enseigne, ont menacé le personnel.
01:06Jusqu'au moment où effectivement la direction de cette enseigne a décidé de retirer les livres d'une part,
01:12l'affiche annonçant la conférence et annuler bien sûr cette conférence.
01:19L'enseigne a reculé face à ces jeunes qui invoquaient l'interdiction de citer le nom d'Allah, c'est ce que rapporte la presse belge.
01:25Racontez-nous Jean-Pierre Martin ce qui vous vaut tous ces ennuis.
01:28L'emprise islamiste sur l'école en Belgique, vous êtes allé pour cet ouvrage aller voir des profs,
01:34ou plutôt ce sont eux qui sont venus à vous, ils sont venus se libérer par la parole de ce qu'ils vivaient au quotidien, racontez-nous.
01:42Oui, parce que jamais un tel recueil n'avait été écrit jusqu'à présent.
01:47La question est plutôt taboue, la question de l'islamisme et de l'entrisme islamiste dans la société belge est plutôt taboue,
01:54alors que la société belge fait réellement face, en particulier dans la capitale à Bruxelles, à ce qu'on appelle le communautarisme.
02:02Alors ces enseignants qui sont confrontés à des contestations de matière,
02:07à la contestation de l'égalité entre un homme et une femme, sont venus à nous petit à petit.
02:13Nous avions eu l'idée de recueillir leurs témoignages et encourager après la vision d'un de nos films qui s'appelle Amal, un esprit libre,
02:25qui raconte effectivement la confrontation d'un professeur avec une classe de jeunes endoctrinés par un prof de religion.
02:35Ce sont des phénomènes qu'on connaît en France, mais je vous avoue que quand j'ai lu le livre j'étais stupéfait,
02:40je me suis dit c'est grave en France mais comparé à la Belgique finalement là-bas c'est encore pire.
02:44Parlez-nous par exemple d'Adeline, elle est enseignante, elle a une histoire avec une petite boîte à tartines
02:50qui s'est ouverte devant des élèves musulmans dans laquelle il y avait une tranche de jambon.
02:56Racontez-nous la réaction qu'elle vous a décrite des élèves musulmans qui ont vu cette tranche de jambon.
03:02Alors ça a donné lieu effectivement à une véritable scène d'hystérie dans cette classe d'une école élémentaire du cœur de Bruxelles
03:12et l'autorité, le pouvoir organisateur de l'école, après cette histoire, la plainte des parents d'enfants de confession non musulmane,
03:25l'école a dû faire construire des casiers réservés aux enfants de confession non musulmane et des casiers pour les enfants de confession musulmane
03:36pour qu'ils y déposent leurs boîtes à tartines.
03:39Donc une sorte de séparatisme sur une base confessionnelle dans les écoles.
03:44Oui tout à fait et on le ressent aussi à travers les cris des enfants, à travers la manière dont ils s'expriment dans la cour de récréation,
03:54aussi les remarques qu'ils peuvent faire à leur institutrice, à leur maîtresse quand ils apprennent qu'elle n'est pas mariée par exemple.
04:03Ces mêmes enfants qui ne peuvent pas aller en classe verte, qui ne peuvent pas accepter une sortie scolaire.
04:14Un exemple qui était incroyable, c'est une école qui organise chaque année une classe verte au bout des Ardennes belges
04:24et les parents se sont rendus sur place pour bien vérifier que la nourriture proposée à leurs enfants était halal, conforme à la religion musulmane.
04:36Alors ça va très loin, vous nous parlez notamment du quartier de Molenbeek qu'on connaît tristement en France.
04:41C'était le quartier d'origine des frères Abdeslam, les participants aux attentats de 2015.
04:50Je cite un témoignage que vous avez recueilli d'une enseignante.
04:53Une élève m'a demandé pourquoi je ne parlais pas arabe puisqu'on n'a pas besoin de parler le français en Belgique.
04:59Autre témoignage, certaines filles viennent directement du Maroc, elles sont habillées normalement avec les bras découverts
05:05et quand elles sont en Belgique, elles se voilent.
05:08C'est ça aussi que voient les enseignants qui ont peur de témoigner.
05:12Malheureusement, quand ils racontent ça, on leur dit « extrême droite, islamophobie Jean-Pierre Martin ».
05:17Pardon ? Je n'ai pas entendu votre question.
05:22Je dis qu'on les accuse d'islamophobie ces enseignants quand ils rapportent ce qu'ils vivent au quotidien.
05:27Évidemment, c'est pour ça que c'était tellement difficile pour eux de témoigner, de briser ce tabou.
05:34La plupart des témoignages dans ce livre sont anonymes.
05:39Les professeurs ont tenu à ce que leur nom ne figure pas dans ce livre,
05:45à ce que même l'établissement dans lequel ils exercent leur métier ne soit pas identifiable.
05:52Plusieurs d'entre eux se sont écroulés devant nous lors des entretiens
05:57et ils ont réfléchi parfois, comme l'une des professeurs le raconte,
06:02pendant plusieurs nuits pour savoir si finalement elles allaient accepter de témoigner ou non.
06:07Le phénomène nous est confirmé encore depuis la sortie du livre.
06:12Nous recevons des appels de professeurs qui ont l'impression qu'enfin la parole se libère.
06:17Mais oui, parce que le phénomène, vous le dites bien, en France il est documenté par l'éducation nationale.
06:21Ce n'est pas du tout le cas en Belgique. Il y a une espèce de voile qui est posée sur la situation.
06:25Totalement. Jusqu'à présent, cette question n'était pas prise au sérieux.
06:31En tout cas, que ce soit au niveau de l'éducation nationale, que ce soit au niveau des pouvoirs organisateurs,
06:38il y avait une impossibilité de reconnaître cette situation, ce phénomène.
06:45Aujourd'hui, pour la première fois, sans doute suite aussi à ce livre,
06:50et un changement de majorité gouvernementale au sud du pays,
06:54il semble qu'il y a une volonté de venir en aide, en tout cas de mettre à disposition des enseignants
07:01des outils comme en France, qui leur permettraient d'abord de trouver une protection,
07:06et puis surtout de pouvoir mesurer le nombre de signalements de faits d'autocensure
07:12dans les écoles de la communauté francophone.
07:15Merci beaucoup Jean-Pierre Martin pour votre témoignage.
07:18Je renvoie les auditeurs d'Europe 1 vers la lecture de votre livre, co-écrit avec Laurence Donte.
07:22« Allah n'a rien à faire dans ma classe », c'est paru aux éditions Racine.
07:26Bonne journée à vous.
07:28Merci.

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