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Y a-t-il un problème avec le sport en France ? François Da Rocha Carneiro, auteur de « Un peuple et son football » est l'invité de l'After ce soir.

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00:00Je vous raconte une anecdote, j'ai vu récemment un documentaire sur les étudiants ENARC et il y
00:06avait un jeune gars là, qui était issu de banlieue, et qui dit voilà on a un groupe
00:11WhatsApp, les étudiants de la promo, sur le groupe WhatsApp je mets ouais, qui veut faire un Five
00:14demain ? Zéro réponse. Une demi-heure plus tard, il y a ouais, on a des places pour l'Opéra, je sais
00:21pas quoi, demain soir, et là bam bam bam, c'est parti dans tous les sens, les étudiants ENARC ont
00:25tous répondu pour l'Opéra, il n'y en a aucun qui a répondu pour le Five. Et là le gars te dit...
00:29Ils ne savent pas jouer. Et le gars se dit bah ça y est je sais où je suis en fait, je sais où j'ai atterri.
00:33Et Daniel a raison, peut-être qu'ils ne savent pas jouer. Ah peut-être. C'est possible.
00:39Mais excusez-moi, pour moi vous êtes en train... Allez au bout, qu'est-ce que vous voulez dire ?
00:43Pardon, allez au bout. Pour moi vous êtes en train... Et bien que la culture foot, elle n'a pas infusé les
00:47électro-métries sociales. Pour moi vous êtes en train d'enfiler les lieux communs qui sont
00:52totalement éculés. Vous avez un Président de la République qui est un vrai fan de foot et qui
00:57s'y connaît. L'ancien Président, et je ne suis pas en plus d'accord avec l'ancien Président, je vois qu'il donne
01:03des conseils à Nasser, ils sont à l'envers. Mais pour être un fan de sport et un fan de foot, Sarko,
01:07alors là, si lui n'a pas une culture foot, Macron c'est pareil. Beaucoup de ministres, pareil, il y en a
01:13qui ne connaissent rien du tout. Et il y en a qui sont... Si tu me parles de la classe politique d'il y a
01:1830-40 ans, je suis d'accord avec toi. Mais celle d'aujourd'hui où parmi les députés, il y en a plein
01:24qui adorent le foot. Il y a eu un vrai changement. Et d'ailleurs il le dit, puisque c'est le propos du
01:33livre, de dire que... Moi j'ai lu un papier de toi dans La Montagne, il y a dix jours, où tu dis qu'il
01:45peut y avoir en revanche encore une sorte de mépris de classe pour le foot. Ça peut-être, c'est ce que
01:52je lui avais expliqué. Mais non, t'as pas dit ça, toi. T'as dit que quand t'étais énarque, quand tu poussais
02:02loin tes études... Excuse-moi, énarque, ça te mène à la vie politique la plupart du temps.
02:07La vie administrative, la plupart du temps. Eh ben là, tu dis, les mecs, le foot ça les intéresse pas, c'est pas vrai.
02:12Je pense que le cœur du sujet, c'est plutôt le mépris de classe, à mon avis. C'est plutôt ça, et savoir s'il est justifié ou pas,
02:17sur quoi il est basé, est-ce qu'il y a une... Mais même là, il y a tellement d'énonceux, il va dans les loges, dans tous les stades, il y a plein de gens qui adorent le foot maintenant, il n'y a pas de mépris de classe, c'est pas vrai.
02:27Si on se fie aux trois derniers présidents, aux présidents du XXIe siècle, en effet, ils s'y connaissent en football. Les trois sont amateurs. Leur
02:35prédécesseur, en revanche, ne l'était pas, et certainement un de ceux qui l'étaient le moins est celui qui en a tiré le plus grand
02:43profit en 1998. Bon, c'est un fait. Cela n'empêche qu'il y a encore ce mépris de classe. Quelle est la reconnaissance que l'on a scolairement, par exemple, de cette qualité de footballeur ?
02:59C'est-à-dire ? Vous parliez tout à l'heure de l'éducation, et tu vantais les mérites de l'éducation sportive en sport-études, à horaires renforcés. Quel est le regard que l'on porte encore, scolairement, sur ces sportifs qui font du sport de haut niveau ?
03:20C'est pas prioritaire, c'est pas prioritaire.
03:22Non, vous vous trompez.
03:24Excusez-moi, j'étais un peu professeur.
03:26J'étais un peu professeur.
03:28Excusez-moi, alors, excusez-moi, est-ce que j'ai bien compris ?
03:30Ce que tu veux dire, c'est quel est le regard que tu portes sur les gamins qui font le horaire aménagé ?
03:34Pas en conseil de classe. Comment tu valorises un gamin qui réussit dans son club de foot ?
03:39Comment tu le valorises ?
03:41C'est difficilement quantifiable.
03:44Là, on ne se comprend pas.
03:46C'est quantifiable parce que tu as les résultats, enfin, le contenu scolaire ensuite qui arrive, qui se diffuse.
03:53C'est quantifiable quand un gamin va au théâtre, quand un gamin va à l'opéra, parce qu'il a cette culture qui va pouvoir être mesurée dans un certain nombre de matériaux.
04:03Alors, soit on ne s'est pas compris, soit ce que vous dites est faux.
04:06Je ne me fonde que sur des faits.
04:08Les jeunes qui font donc horaire aménagé, qui donc, à partir de la sixième, quand ils rentrent au collège, font...
04:15D'ailleurs, le foot n'entre pas dans ce cas de figure, puisque le foot, tu entres en centre de formation, ça n'a rien à voir.
04:20L'horaire aménagé au collège, c'est pour le tennis.
04:22Il y a également les classes de musique.
04:24Il y a d'autres sports, cheval, machin et tout.
04:26Ce sont des élèves qui sont très bien vus.
04:30Non seulement parce qu'ils bossent bien, mais en plus, ils ont un cadre disciplinaire qui les fait être plutôt bien dans leur tête.
04:37Et quand ils passent les entretiens pour les écoles, post-bac ou même après en entreprise, quand ils ont été très bons dans un sport,
04:44très souvent, très souvent, ça leur ouvre des portes.
04:47Donc, ce mépris n'existe plus.
04:49Surtout quand ça leur ouvre les universités américaines.
04:51On ne s'est pas compris, en effet.
04:53Ah, voilà.
04:54Puisque ce n'était pas à propos des horaires aménagés que je tenais à dire cela.
04:58C'est à propos du sport civil, de ce qu'on appelle le sport civil, à savoir le sport fait en dehors de l'école.
05:05Quand on a des gamins qui font du foot tous les soirs, qui sont à l'entraînement tous les soirs,
05:11qui sont pris par des clubs d'assez bons niveaux locaux, amateurs, le week-end.
05:19Quelle est la valorisation que l'on a de cette activité-là ?
05:23En revanche...
05:24J'imagine qu'ils sont traités également aux autres pays.
05:26Oui, ils sont traités également.
05:27C'est-à-dire que sur un plan scolaire, ça ne réussit pas.
05:30Ça ne marche pas.
05:32Alors, je reviens au bouquin.
05:33Il y a quelques chapitres assez étonnants, assez surprenants.
05:37J'en prends un.
05:39Tu reviens sur l'histoire de certains clubs avec des hiérarchisations.
05:45On parle de Sochaux, par exemple.
05:46On avait reçu d'ailleurs l'auteur d'un bouquin passionnant sur l'histoire de Sochaux et la façon dont Peugeot...
05:52Le grand déclassement.
05:53Le grand déclassement de Sochaux.
05:54Il y a un chapitre qui s'appelle « Le comptoir et le ballon, la place du débit de boisson et de l'alcool dans le football français ».
05:59Explique-nous, François.
06:02Le comptoir, le café, c'est d'abord le lieu de naissance du football en tant qu'association.
06:07C'est à la fois le siège social lorsqu'on le déclare à la préfecture.
06:12Les parents de Platini, par exemple.
06:14C'est le lieu de réunion.
06:17C'est aussi souvent ce que Julien Sorez a pu montrer pour Paris, entre autres.
06:22C'est aussi souvent le vestiaire.
06:24Il n'y a pas encore de clubhouse.
06:27Lorsque les stades ne sont pas encore tout à fait installés, il n'y a pas encore ce lieu-là.
06:32Donc c'est le lieu de naissance d'une culture.
06:34C'est le lieu de rassemblement, le lieu de naissance du football en tant que culture associative.
06:40Il n'y a pas que le football.
06:41Toutes les associations s'y retrouvent.
06:44C'est par ailleurs un rapport qui est très presque incestueux entre l'alcool et le football,
06:52avec des marques d'alcool qui financent des clubs.
06:55On peut penser, bien sûr, à Excelsior pour l'Olympique Lillois,
07:00puisque le patron de l'Excelsior, Henri Joris, était aussi le patron de l'Olympique Lillois.
07:09On peut penser à Cronenbourg.
07:12On peut penser à la polémique récente sur Pernod Ricard.
07:16Là, on a des financeurs.
07:19Et puis, il y a aussi, vous l'avez abordé tout à l'heure,
07:23avant, les joueurs allaient devenir alcooliques.
07:28Maintenant, ils vont voir des psys.
07:30Il y a aussi ce problème de l'alcool.
07:34Mais ça permet aussi de voir une différence de classe,
07:39un jeu de classe qui se joue dans le football,
07:42avec ces loges VIP où on a le droit de boire de l'alcool,
07:47où les expériences stade sont vendues très cher pour boire,
07:52pas uniquement pour boire de l'alcool, mais à l'occasion de ces expériences.
07:56Pour avoir un accès privilégié.
07:58C'est-à-dire que selon la classe sociale, on a plus ou moins le droit de boire de l'alcool ou pas ?
08:03Ailleurs, dans le stade, on n'a pas le droit de boire de l'alcool.
08:07C'est interdit. Ce qui fait qu'on boit en dehors.
08:10Avant, après, mais pas pendant.
08:14Alors que dans les loges, on peut boire juste avant.
08:16Je suis un peu perdu sur les cultures foot, si tu permets.
08:18L'alcool aussi, le bistrot.
08:20Pas vite à lire le chapitre ?
08:22Oui, mais j'avoue que je ne...
08:25Je comprends tout à fait que ça a été, dans l'histoire de développement du foot,
08:31une sorte de ventre de naissance.
08:34On l'a dit hier, le vice finance la vertu.
08:37Si on a besoin d'alcool, il n'y en a qu'un qui finance avec des champions, à part en France.
08:42Mais dans les pays européens, il n'y en a qu'un.
08:45On continue la discussion dans quelques instants.
08:46La France est-elle définitivement un pays de foot ?
08:48On a donc tranché. C'est oui.

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