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Une agriculture « placée sur l’autel du sacrifice ». En plein regain de la colère des agriculteurs partout en France, lundi 18 novembre, des centaines de tracteurs français, rejoints par quelques collègues allemands, ont bloqué le pont de l’Europe, qui relie Strasbourg à l’Allemagne, afin de protester contre le projet de libre-échange avec le Mercosur.

L’action, lancée en milieu d’après-midi par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs du Bas-Rhin, vise à pointer du doigt la « distorsion de concurrence » qu’implique le traité avec l’Amérique du sud selon les agriculteurs européens, au moment même où s’ouvre le G20 à Rio de Janeiro (Brésil), où pourrait se jouer cet accord sur table depuis deux décennies.

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Transcription
00:00Le boeuf brésilien et le maïs argentin, c'est niaître.
00:03La colère des agriculteurs refait surface partout en France aujourd'hui.
00:06Au premier jour du sommet du G20 à Rio,
00:09on pourrait se jouer le Mercosur,
00:11un projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne
00:13et plusieurs pays sud-américains,
00:15sur la table depuis une vingtaine d'années.
00:17À Strasbourg, des centaines de tracteurs investissent le pont de l'Europe,
00:21à la frontière avec l'Allemagne.
00:22Ces agriculteurs français, rejoints par leurs collègues allemands,
00:25dénoncent un traité qui serait déloyal pour eux.
00:28On nous impose un traité qui va importer massivement
00:31des produits alimentaires qui seront moins chers,
00:33qui ne respectent en aucun cas nos normes de production.
00:36Ils ont envie de faire des traités de libre-échange,
00:39surtout et n'importe comment, sans réfléchir aux répercussions derrière.
00:43Ils nous imposent, on n'a rien à dire,
00:46soit marche ou crève, adapte-toi ou t'es plus là.
00:50Le Mercosur, ce serait une zone commerciale englobant 780 millions de consommateurs
00:54et dans laquelle seraient supprimés 90 % des droits de douane,
00:57notamment sur les produits alimentaires.
00:59Les pays en faveur de l'accord, comme l'Italie et l'Espagne,
01:02voudraient diversifier leurs échanges.
01:04L'accord prévoit aussi la reconnaissance de 400 IGP,
01:08indications géographiques protégées.
01:10Ce seraient donc des débouchés évidents pour le vin et le fromage.
01:13Mais inversement, c'est favoriser l'importation de viande bovine,
01:17de maïs, de sucre,
01:18bref, des filières dans lesquelles l'Argentine et le Brésil sont très compétitifs.
01:23La viande, vous la faites pas de la même manière ici qu'en Amérique latine, j'imagine ?
01:26Clairement. La montagne barinoise, on est sur un système très extensif,
01:30où les animaux sont dehors.
01:31Moi, pour moi, par exemple, les animaux sont dehors six mois de l'année,
01:35et ils sont pas poussés aux hormones ou je sais pas quoi.
01:37Chez nous, ils voyaient de l'herbe.
01:39Là-bas, ils voyaient beaucoup d'hormones.
01:41C'est pas la même chose.
01:43Vous croyez que ça peut pas être contrôlé ?
01:46On le saurait à l'heure actuelle, c'est déjà pas le cas maintenant.
01:48Pour rassurer les agriculteurs, on évoque notamment des clauses miroirs
01:51pour un respect réciproque des normes.
01:53Mais en octobre dernier, un audit de la Commission européenne
01:56concluait qu'il était impossible aujourd'hui de garantir l'absence
01:59d'hormones de croissance dans la viande brésilienne.
02:02D'un point de vue environnemental, l'accord a aussi été critiqué
02:05par une commission indépendante d'experts français
02:07qui pointe le risque d'une accélération de la déforestation de l'Amazonie
02:11au profit de l'élevage si l'accord est ratifié.
02:14On déforeste l'Amazonie pour planter du soja et élever du bétail là-bas,
02:18pour les faire venir ici, le poulet brésilien, etc.
02:21Alors que le consommateur français veut des produits français.
02:24Et on laisse venir des produits d'ailleurs, c'est un non-sens.
02:26L'Europe doit nous protéger aussi.
02:28Nous on est Bernays et je pense que le consommateur il le sera aussi.
02:31Moi il sera à Bernays lui aussi.
02:33Est-ce que vous savez comment les choses sont produites là-bas ?
02:35Vous faites déjà pas confiance aux agriculteurs d'ici,
02:37alors comment vous faire confiance aux agriculteurs de là-bas ?
02:39La bonne nouvelle pour les agriculteurs,
02:40c'est qu'Emmanuel Macron semble de leur côté.
02:43Il l'a redit cette semaine, il est contre cet accord dans sa version actuelle.
02:47Ça vous rassure, hein ?
02:48Ouais...
02:49Entre ce qu'il dit et ce qu'il fait, il faut voir ce qu'il fait.
02:52Il était déjà de notre côté au printemps, enfin l'hiver dernier,
02:55et puis bon, les résultats sont très...
02:57Enfin voilà, moi j'ai rien vu.
02:59Honnêtement, mon salaire est toujours encore le même,
03:02mes charges sont toujours encore les mêmes, donc voilà.
03:04C'est déjà une bonne chose qu'il soit de notre côté,
03:06mais est-ce que ça va suffire pour changer la décision de l'Europe ?
03:11Ça m'étonnerait.

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