Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne, répond aux questions de Romain Desarbres au sujet de l'antisémitisme, de l'école, de la laïcité, du Budget, des retraites, de la grève et des réquisitions à l'encontre de Marine Le Pen.
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00:00La grande interview CNews Europe 1 avec vous, Jérôme Gage. Bonjour Jérôme Gage, député socialiste de l'Essonne.
00:06On va comme tous les jours balayer toute l'actualité.
00:09Évidemment, il voulait qu'on commence par le match d'hier soir France-Israël.
00:12On est en Europe, on est en France en 2024.
00:15Et pour sécuriser un match France-Israël, il faut 4000 policiers et gendarmes.
00:20Qu'est-ce que ça dit de la période que l'on est en train de vivre ?
00:24Ça dit la tension et la crispation.
00:25Évidemment, ça dit malheureusement que ce qu'on voulait éviter,
00:30ce qu'on était nombreux à vouloir éviter, à savoir l'importation du conflit sur le territoire national,
00:35a été rendu impossible par toutes celles et tous ceux qui estiment précisément
00:39que plutôt que de chercher des points de concorde et de rassemblement,
00:42on devrait pouvoir les trouver sur ce sujet-là.
00:44Ils sont les mêmes depuis le début.
00:46La demande de la libération des otages, le cessez-le-feu, la protection des civils palestiniens
00:52et la recherche d'une solution politique.
00:55Il y a plutôt certains qui cherchent de la surenchère et qui vont, y compris, le chercher dans le sport.
01:00Ce n'était que du sport. Hier, j'étais au stade.
01:02Moi, je tenais à y être.
01:04C'était un match très ennuyeux, full ballistiquement parlant,
01:07hormis ce gardien israélien qui était très fort, la Peretz.
01:11Mais surtout, ce qui était triste, c'était de voir un stade de France quand même très, très vide.
01:16Il manquait des gens pour supporter l'équipe de France.
01:17Peut-être que d'ailleurs, si elle avait été plus et mieux supportée,
01:20elle aurait réussi à trouver le chemin de la lucarne.
01:23Donc, c'est un sentiment mitigé.
01:24Il fallait y être pour nous rappeler que ce n'est que du sport,
01:28pour dire que tous les appels au boycott, c'est jamais une bonne chose.
01:30Je suis contre les formes de boycott, de mise au banc.
01:34J'ai des désaccords majeurs avec Benyamin Netanyahou.
01:37La veille, je protestais, y compris dans la rue,
01:41avec toutes celles et ceux qui, à gauche notamment,
01:45s'insurgeaient de la politique de l'extrême droite israélienne,
01:48de Smodric ou de Benvir, puisqu'il avait envisagé de venir à un gala.
01:52Donc, on peut avoir cette position,
01:53avoir des désaccords majeurs avec le gouvernement israélien,
01:57mais ne pas mettre au banc des nations les sportifs israéliens,
02:01les artistes, les universitaires.
02:03Je suis contre tous les appels au boycott dans le champ universitaire,
02:08des relations avec les intellectuels, les chercheurs israéliens.
02:12On doit, au contraire, maintenir ce lien avec la société civile israélienne
02:15qui, pour une partie d'entre elles, est très mobilisée elle aussi.
02:18Il y a eu à Amsterdam de véritables chasseaux juifs.
02:21Le Premier ministre néerlandais a parlé de la surreprésentation
02:24de jeunes issus de l'immigration, dans ce qui s'est passé à Amsterdam.
02:27Est-ce que ça vous surprend ?
02:30Est-ce que ça vous a surpris ?
02:31Est-ce que vous l'avez entendu le Premier ministre néerlandais dire ça ?
02:34Non, mais moi, ce qui m'a d'abord atterré et désespéré,
02:38c'est qu'à nouveau pour du sport,
02:40avec les débordements qui sont inhérents aux sportifs,
02:42il y a des hooligans et donc des crétins
02:45parmi les supporters israéliens,
02:47comme parmi les supporters de la jeunesse.
02:50Ce n'est pas ce qui s'est passé à Amsterdam, c'est au-delà.
02:52Ce ne sont pas des affrontements.
02:53C'est bien ce que je dis.
02:54Je veux dire que ça, c'est malheureusement des affrontements.
02:56On en a régulièrement dans le sport
03:00et singulièrement, surtout d'ailleurs, dans le football.
03:03En effet, il s'est passé considérablement autre chose à Amsterdam
03:07puisqu'on est allé faire de manière indifférenciée
03:12la poursuite, la chasse à des supporters.
03:15Et moi, cette image restera gravée de manière indélébile
03:18d'une personne qui, au sol, est en train de se faire tabasser
03:22comme protection, qui est obligée de dire
03:24« je ne suis pas juif ».
03:25En arriver là, pour moi, c'est l'échec majeur.
03:28Il n'a pas dit « je ne suis pas un supporter du Maccabi ».
03:30Il n'a pas dit « je ne suis pas israélien ».
03:32Il a dit « je ne suis pas juif ».
03:33Ce qui ne veut pas dire que dans les deux autres cas,
03:35ce serait une circonstance atténuante.
03:36Et je suis outré par celles et ceux
03:39qui, là aussi, ont exprimé des circonstances atténuantes
03:43en disant qu'on pourrait lyncher, en gros,
03:45parce qu'on est un soutien d'Israël,
03:47parce qu'on serait un soutien du génocide,
03:50ou parce que...
03:51Sur la surreprésentation de jeunes issus de l'immigration.
03:53Je ne vous ai pas entendu.
03:55Mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
03:56Moi, je ne fais pas d'essentialisation.
04:01Je peux constater les choses,
04:03mais vous voyez précisément, à chaque fois qu'on dit
04:08qu'on s'adresse à telle ou telle catégorie de la société
04:10en disant « c'est parce que vous êtes juif,
04:13c'est parce que vous êtes musulman
04:14que vous devez avoir telle attitude
04:15ou que vous avez telle ou telle attitude »,
04:16je pense que c'est un échec.
04:18Et c'est d'autant plus nécessaire, pour le coup,
04:21de ne pas alimenter ces assignations identitaires
04:25des uns et des autres.
04:26Et ça va permettre de régler le problème
04:29si on ne décrit pas la réalité ?
04:31Mais moi, je décris la réalité, je n'ai pas de problème.
04:33Si votre question est de savoir
04:35est-ce que, parmi les différentes formes d'antisémitisme,
04:38il y a, à côté de l'antisémitisme traditionnel de l'extrême droite,
04:42un antisémitisme qui existe dans le monde arabo-musulman,
04:44oui, ça existe.
04:45Et ce serait une erreur que de dire que ça n'existe pas.
04:48Mais réduire la position des uns et des autres uniquement à ça,
04:52c'est pour ça que moi, je ne veux pas qu'on s'adresse,
04:54je n'aime pas quand on s'adresse aux citoyens français,
04:59moi je suis un député de la nation,
05:00en disant « vous devez penser ceci
05:02parce que votre origine culturelle ou religieuse
05:05devrait vous amener à penser ça ».
05:06C'est ce qu'avait tenté de faire Jean-Luc Mélenchon à votre endroit.
05:08Oui, c'est ce que, exactement, c'est ça.
05:10C'est ce qu'avait fait Jean-Luc Mélenchon à votre endroit.
05:12Ça s'appelle de l'essentialisation.
05:14Considérer qu'on ne parle pas comme citoyen,
05:18comme député, comme homme de gauche,
05:19on parle d'où on vient.
05:21Moi, quand je m'exprime dans le débat public,
05:23je ne m'exprime pas parce que je suis juif,
05:25comme je ne pense pas, quand je m'adresse à quelqu'un,
05:28qu'il va entendre tel ou tel argument
05:30parce qu'il est catholique ou parce qu'il est musulman.
05:32Ça, c'est la logique d'essentialisation,
05:34c'est la logique de communautarisation,
05:35c'est le contraire de l'universalisme républicain.
05:38Et quand on joue avec ça et qu'on a un responsable politique,
05:40alors on tourne le dos à, justement,
05:43cette histoire républicaine du pays, à la laïcité.
05:47Et surtout, on tourne le dos à l'esprit de Concorde.
05:49Et moi, c'est ça qui m'inquiète le plus,
05:50parce qu'à chaque fois qu'on segmente la société,
05:54eh bien, on pose les jalons de la conflictualisation.
05:57Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne,
05:59invité de la grande interview CNews Europe 1.
06:02Le constat de la ministre de l'Éducation, Anne Jeuneté,
06:05sur l'école est inquiétant.
06:07Elle s'exprime dans le Figaro.
06:09Elle dit qu'il faut rétablir l'ordre.
06:11Avant même de parler de savoir,
06:13elle dit qu'il faut rétablir l'ordre à l'école.
06:16Depuis trois ans, le nombre d'incidents graves
06:18déclarés dans nos établissements a été multiplié par deux.
06:20Elle dit qu'il y a de plus en plus de violence à l'école primaire.
06:24À l'école primaire, on a entre 6 et 11 ans.
06:26Comment en est-on arrivé là ?
06:29Moi, je ne veux pas réduire l'école à ces questions-là,
06:31qui sont essentielles.
06:32On entend des remontées d'inquiétude
06:36sur le respect de l'autorité.
06:38C'est la ministre de l'Éducation nationale qui fait l'attente.
06:40La ministre de l'Éducation nationale doit d'abord et avant tout
06:42se poser la question du fonctionnement
06:44de ce grand et nécessaire service public de l'éducation.
06:48On ne peut pas avoir un budget en préparation
06:51et qui sera adopté à coup de 49.3
06:53avec 4 000 postes d'enseignants potentiellement supprimés.
06:56Et après, s'émouvoir de la question de l'ordre.
06:59Parce que des enseignants, des adultes,
07:01de la présence dans l'établissement,
07:03c'est la transmission des savoirs,
07:04mais c'est aussi les conditions d'ordre et de sécurité.
07:08Les enseignants, il faut qu'ils puissent avancer sur les deux jambes.
07:11La question du respect de l'autorité, elle est indispensable
07:13et je serai toujours le premier aux côtés des enseignants.
07:16Quand je vois, encore hier,
07:17une élève qui gifle un enseignant,
07:20là, j'ai failli dire tolérance zéro,
07:22c'est-à-dire rappel qu'il ne peut pas y avoir
07:25de conditions d'enseignement sans le respect de l'ordre.
07:27Ils n'ont pas su rééduquer en eux-mêmes, les professeurs,
07:28sur le respect, sur l'autorité,
07:30en acceptant de se laisser tutoyer, par exemple ?
07:33Non, mais je ne veux pas avoir une vision vintage,
07:36moi, j'ai, à une époque, tutoyé des enseignants
07:39et le respect pouvait être concomitant.
07:42Donc, il peut y avoir une proximité
07:44sans altérer le respect des valeurs,
07:50le respect de l'autorité.
07:51Mais, encore une fois, faisons attention
07:53à ne pas réduire la mission d'enseignement,
07:56à la caricaturer et à la mettre uniquement sur ce terrain-là.
07:59Il faut des enseignants qui soient en nombre suffisant,
08:03il faut des enseignants qui soient correctement rémunérés.
08:06Moi, je suis plus meurtri aujourd'hui
08:08par une forme de déprime dans le monde enseignant.
08:11Aujourd'hui, un enseignant qui débute,
08:13il gagne 1,3 fois le SMIC
08:16quand, au début des années 80,
08:18il gagnait environ deux fois le SMIC.
08:20C'est-à-dire qu'il y a eu une sorte de relégation
08:22dans la société du statut des enseignants.
08:26En Allemagne, le respect et la qualité du travail,
08:30c'est aussi parce qu'on a des enseignants
08:32presque deux fois plus payés en début de carrière
08:34que les enseignants français.
08:36Donc, vous voyez, c'est une combinaison
08:38sur tout ce qui se passe à l'école.
08:40Je suis absolument d'accord sur les principes de la République,
08:43la transmission des savoirs,
08:45mais dans ce cas-là, il faut vraiment s'en donner les moyens
08:47et ne pas se payer de mots.
08:48Jérôme Gage, le budget, vous y faisiez allusion
08:50à l'instant, les postes de professeurs
08:53qui seraient supprimés, 4 000 postes.
08:55Il faut dire qu'il y a moins d'élèves scolarisés.
08:57Mais bon, le budget.
08:58C'est l'occasion, précisément, d'avoir moins de profs,
09:02moins d'élèves par classe.
09:04On a moins de moyens.
09:05Oui, mais c'est une question de choix.
09:06Parce qu'on va parler du budget.
09:08Ce n'est pas une question d'explosion des dépenses.
09:10Aujourd'hui, c'est un appauvrissement
09:12au niveau des recettes.
09:14Que ce soit pour le budget de la Sécurité sociale.
09:16Moi, j'ai beaucoup travaillé pendant trois semaines
09:18sur le budget de la Sécu et malheureusement,
09:19on n'a pas pu le voter à la fin.
09:21Ou pour le budget de l'État.
09:23Le choix qui est fait, c'est celui...
09:25C'est très facile de dire qu'il n'y a plus de recettes,
09:27il y a un déficit, donc on coupe dans les dépenses.
09:29C'est un problème de recettes.
09:31Que ce soit pour le budget de l'État,
09:32où il y a environ presque 60 milliards
09:34depuis 2017 de recettes
09:36qui ont été diminuées.
09:38Que ce soit par des exonérations d'impôts,
09:40par des suppressions d'impôts
09:42qui concernent une petite partie.
09:44Ce n'est pas l'impôt
09:46du plus grand nombre
09:48qui a été supprimé.
09:50Sur la Sécurité sociale, on est à 80 milliards
09:52d'exonérations de cotisations patronales.
09:54Est-ce que ça marche ?
09:56Est-ce que quand le gouvernement,
09:58pour la première fois, réfléchit
10:00à dire qu'on peut revenir sur certaines de ces exonérations,
10:025 milliards d'euros, ce n'est pas colossal,
10:04c'est sa propre majorité,
10:06je mets beaucoup de guillemets, qui rejette
10:08ce type de dispositions.
10:10On a un problème de recettes, pas un problème de dépenses.
10:12Michel Barnier qui dit dans Sud-Ouest
10:14qu'il utilisera probablement le 49-3,
10:16c'est plus que probable, non ?
10:18C'est certain. La différence avec
10:20Elisabeth Borne, c'est que lui ne le fait pas dès le début
10:22puisqu'il pense qu'il va pouvoir mieux
10:24négocier avec les sénateurs
10:26républicains,
10:28de la droite républicaine au Sénat.
10:30Et donc, quand le texte reviendra,
10:32fin novembre, début décembre,
10:34après une commission mixte paritaire,
10:36il y aura un 49-3. Mais le résultat est le même.
10:38Moi, je suis frustré, comme parlementaire,
10:40si je vous reparlais du budget de la Sécu,
10:42de ne pas avoir pu parler, par exemple,
10:44du gel des pensions de retraite.
10:46On n'a pas pu aborder dans l'hémicycle ce sujet-là.
10:48Ils ont fait traîner pour qu'on n'y arrive pas.
10:50Pourtant, ça préoccupe l'ensemble des retraités de savoir
10:52si au 1er janvier 2025,
10:54ils vont avoir une revalorisation de leurs pensions de retraite.
10:56Ça a été annoncé par l'ordre.
10:58Ça a été annoncé par le Premier ministre.
11:00Oui, mais au bout du bout,
11:02j'espère que tout le monde a bien compris
11:04que ce ne sera pas à la hauteur
11:06de ce qui était prévu. C'est une sorte de demi-mesure.
11:08Il y a au moins 9 millions de retraités qui seront pénalisés
11:10puisque seuls ceux qui ont
11:12des retraites inférieures au SMIC,
11:14à 1 400 euros,
11:16auront une demi-revalorisation.
11:18Et l'année d'après,
11:20en 2026, ce sera sur la base
11:22de cette demi-revalorisation à 0,9 %
11:24au lieu de 1,8 %.
11:26Concrètement,
11:28c'est quelques centaines d'euros de moins
11:30par an pour des gens qui ont besoin
11:32de payer leur mutuel, qui ont besoin
11:34d'avoir un peu de
11:36mou, si j'ose dire, pour
11:38leur quotidien, leur logement,
11:40ou faire plaisir à leurs petits-enfants. C'est ça qui va manquer
11:42dans le budget des retraités.
11:44Et je le redis, alors que d'autres solutions
11:46étaient possibles. Dans ce même budget de la Sécurité sociale,
11:48à la place de cette mesure,
11:50on avait dit qu'on pouvait dégager des retraites
11:52pour taxer, par exemple, les retraites chapeau,
11:54pour taxer les distributions
11:56gratuites d'actions. Ça, c'est pas
11:58le commun des Français qui était concerné.
12:00La politique, c'est des choix. Et là, on a fait
12:02les mauvais choix de pénaliser
12:04tous les retraités, plutôt que
12:06d'aller mettre dans l'effort
12:08collectif et dans une forme de patriotisme
12:10économique,
12:12ceux qui, par exemple, continuent
12:14à distribuer de grands dividendes et beaucoup de dividendes
12:16aujourd'hui. Jérôme Guedj, député
12:18PS de l'Essonne, invité de la grande interview
12:20de CNews Europe 1, je voulais vous entendre
12:22sur la grève des fonctionnaires.
12:24Plusieurs syndicats de fonctionnaires
12:26veulent faire grève le 5 décembre.
12:28Ils refusent les économies demandées, notamment
12:30les trois jours de carence et la répulsion
12:32de l'indemnisation des petits arrêts maladie.
12:34Vous comprenez cette grève de fonctionnaires
12:36le 5 décembre ? Dans ce pays, le service
12:38public, il est absolument indispensable.
12:40Oui, on est d'accord.
12:42Sauf que je suis un peu effaré quand je vois
12:44le nouveau ministre de la fonction publique
12:46tweeter de manière
12:48enthousiaste et complètement béate face
12:50à Elon Musk, ou quand je vois Valérie Pécresse
12:52qui dit qu'il faut faire un comité
12:54de l'âge pour sabrer dans la
12:56bureaucratie. La réalité, c'est sabrer dans les services
12:58publics. Concrètement, c'est l'hôpital,
13:00c'est l'école dont on vient de parler, c'est la police
13:02et la justice. Il n'y a pas d'économie à faire dans les services publics ?
13:04Tout va bien ? Je serais le dernier à vous dire ça.
13:06Il y a de l'efficacité et de l'efficience
13:08de la dépense publique qu'il faut chercher
13:10partout. Mais il faut d'abord se poser
13:12la question, justement, de la
13:14qualité du service qui est rendu. Et la grève ?
13:16La grève, c'est un constat d'échec.
13:18Toujours. Donc moi, je préfère qu'il y ait
13:20des préavis, qu'on négocie et que le
13:22gouvernement, par exemple, se dise que sur les jours
13:24de carence ou sur la moindre indemnisation
13:26des petits arrêts de travail,
13:28comme vous le dites, il faut se poser la question
13:30pourquoi il y a ça ? C'est quoi les questions
13:32de qualité de vie au travail,
13:34de pénibilité dans un certain nombre de ces métiers ?
13:36Pourquoi la fonction publique territoriale ? Non, mais je vous
13:38voulais lever les... Moi, j'étais président
13:40d'un département. J'avais
13:424 500 agents. Pourquoi il n'y a plus d'arrêts maladie dans la fonction
13:44publique ? Parce que le profil
13:46des gens qui travaillent dans la fonction publique
13:48est pas le même. Il y a plus de
13:50femmes dans la fonction publique.
13:52On a une population
13:54plus âgée en termes de
13:56pyramides des âges.
13:58Et puis, il ne faut pas oublier qu'il y a des métiers
14:00pénibles dans la fonction publique. Il ne faut pas
14:02avoir une vision
14:04courtelinesque du fonctionnaire. Mais il y a des métiers pénibles dans le
14:06privé. Ils existent aussi,
14:08mais vous savez, le rapport
14:10de Ligas, sur la base duquel
14:12la discussion a lieu, dit
14:14que les différences ne sont pas
14:16gigantesques entre
14:18les 11 jours, virgule 6,
14:20d'absentéisme pour raison de maladie
14:22dans le secteur privé et les 14 jours
14:24dans le secteur public.
14:26La différence, c'est le profil des métiers
14:28et d'âge des
14:30agents de la fonction publique.
14:32Jérôme Gage, sur CNews Europe 1. À votre place,
14:34fin octobre, il y avait un autre élu,
14:36j'allais dire élu local,
14:38vous êtes député, mais en tout cas, c'était Christian Estrosi,
14:40maire de Nice. Il nous disait
14:42que la question de l'emploi à vie
14:44des fonctionnaires, je pense aux abus,
14:46c'est la question sous-jacente
14:48sur les arrêts maladie.
14:50Est-ce que les fonctionnaires n'abusent pas des arrêts maladie
14:52parce qu'ils ont l'emploi à vie ? Il disait
14:54que la question de l'emploi à vie des fonctionnaires
14:56devait être posée.
14:58Non, mais il y a des vieilles lunes
15:00de la droite républicaine qui consistent
15:02à dire qu'il y a des abus.
15:04Dans ce cas-là, je veux bien qu'on pose la question
15:06de la contrepartie
15:08de l'emploi à vie,
15:10c'est le fait que les fonctionnaires, globalement,
15:12sont moins payés
15:14en début de carrière, en déroulement de carrière.
15:16On parlait des enseignants que des autres.
15:18C'est une sorte de deal implicite.
15:20Vous avez une garantie de l'emploi
15:22et vous acceptez une forme
15:24de modération salariale tout au long
15:26de votre vie.
15:28Moi, je poserais plutôt la question
15:30de la pertinence
15:32encore de ce deal
15:34sur le volet
15:36du niveau de la rémunération.
15:38Aujourd'hui,
15:40on a des difficultés de recrutement.
15:42Comment on va faire demain
15:44si on manque de profs de maths
15:46dans certains collèges
15:48ou dans certaines académies ?
15:50Pourquoi on a une grande démission, y compris
15:52dans le champ de la santé ?
15:54On a des difficultés à recruter des infirmières
15:56pour faire tourner les services d'urgence
15:58ou les services d'anesthésie.
16:00Imaginez un monde sans fonctionnaires.
16:02Je sais que c'est la mode
16:04précieuse et facile de dire du mal
16:06des fonctionnaires, mais c'est vieux comme le monde.
16:08Sauf que dans les moments de crise,
16:10quand il y a une tempête ou des incidents climatiques,
16:12dans les moments de drame, quand il y a des attentats,
16:14dans des moments de cohésion nationale,
16:16on repose toujours sur la qualité du service public
16:18dans ce pays, et ne l'oublions pas.
16:20Une dernière question. Le parquet a réclamé
16:22cinq ans d'inéligibilité pour Marine Le Pen
16:24dans le procès des assistants parlementaires du FN.
16:26Si les juges suivent le parquet,
16:28Marine Le Pen ne pourra pas se présenter
16:30à la prochaine présidentielle.
16:32Est-ce que la justice puisse décider de fait
16:34de qui peut ou pas se présenter ?
16:36Dure à l'aix, cède l'aix.
16:38La loi est dure, mais c'est la loi.
16:40Je n'avais pas entendu Marine Le Pen,
16:42je crois même quand cette loi-là a été votée,
16:44ou les évolutions de celle-ci, s'y opposer.
16:46Je me rappelais même d'une Marine Le Pen
16:48qui disait que c'était scandaleux
16:50les politiques qui volent l'argent des Français.
16:52Je me rappelle qu'elle disait ça au moment du procès
16:54Juppé en 2004 ou en 2005.
16:56Il ne faut pas oublier que,
16:58d'après les réquisitions, manifestement,
17:00le RN, de manière organisée,
17:02en bande organisée,
17:04a volé l'argent des Français
17:06en détournant
17:08des financements publics
17:10au profit de son parti.
17:12Vous savez,
17:14la démocratie, c'est l'état de droit.
17:16Si les juges estiment
17:18qu'on ne respecte pas la loi
17:20et que cette loi prévoit
17:22cette peine d'inégalité, c'est ainsi.
17:24Je sais qu'elle poussera des cris d'orfraie,
17:26mais je suis respectueux
17:28de l'état de droit.
17:30On verra les décisions du juge le moment venu.
17:32Ça ne veut pas dire que, pour autant,
17:34je refuse la confrontation avec les idées du RN.
17:36Elle aura lieu de toute manière.
17:38Il y a Marine Le Pen, il y a Jordan Bardella.
17:40Ils ont de quoi présenter
17:42des candidats aux différentes élections.
17:44Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne,
17:46était l'invité de la grande interview CNews Europe 1.
17:48Merci à vous. Bonne journée.