Le vice-président LR de la région Ile-de-France chargé de la sécurité estime que "le sport doit transcender tous les problèmes politiques".
Category
🗞
NewsTranscription
00:00France Info Soir, l'invité, Agathe Lambret.
00:05Bonsoir Frédéric Bechnard.
00:06Bonsoir.
00:07Vous êtes vice-président de la région Île-de-France en charge de la sécurité, ancien directeur de la police nationale.
00:13Demain justement aura lieu le match France-Israël au Stade de France,
00:17un match sous très très haute tension sur fond de guerre au Proche-Orient et d'importation du conflit.
00:23La question s'est même posée de l'organiser à huit clots, voire de l'annuler.
00:28Vous, l'ancien directeur de la police nationale, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:31Est-ce que le gouvernement a bien fait de décider de maintenir une organisation normale pour ce match ?
00:36Oui, sans aucun doute.
00:37Il faut maintenir les matchs et il faut maintenir les matchs avec des spectateurs tant que c'est possible.
00:43On est dans un pays libre, démocratique.
00:47C'est du football.
00:49Personne ne s'est posé la question au moment des Jeux Olympiques de savoir si on allait interdire les gens.
00:53Il faut faire en sorte que ce soit possible.
00:55Le sport doit transcender un petit peu tous les problèmes politiques.
00:58Donc oui, c'est une bonne décision de maintenir le match.
01:01Il y avait d'autres solutions quand même.
01:02Il y avait par exemple la piste d'organiser ce match au Parc des Princes, qui est plus petit, qui est dans Paris,
01:07donc qui est plus simple à sécuriser.
01:09Mais Bruno Rotailleau a balayé cette option.
01:12Est-ce que ça n'aurait pas été plus pertinent ?
01:14Non, le Stade de France est assez pertinent.
01:16À part qu'il n'y aura pas beaucoup de spectateurs.
01:18On dit qu'il y aura 20 000 spectateurs.
01:20Donc ça sera un petit peu grand.
01:22Mais la police a l'habitude de sécuriser le Stade de France pour tous les matchs qui sont à risque et compliqués.
01:28Donc ça ne devrait pas poser de problème.
01:30La France Insoumise demandait carrément d'annuler ce match.
01:33Pour vous, c'est important qu'il ait lieu ?
01:35C'est quoi ? C'est symbolique ?
01:37On est quand même une semaine après les débordements à Amsterdam,
01:40entre l'Ajax d'Amsterdam et le Maccabi Tel Aviv.
01:43Raison de plus pour ne pas interdire le match,
01:45de faire en sorte qu'il puisse se passer.
01:47Et qu'il puisse se passer dans de bonnes conditions, bien sûr.
01:50Il y a une pression qui est due à ce qui se passe au Moyen-Orient.
01:54Une pression à ce qui s'est passé la semaine dernière à Amsterdam.
01:57Mais visiblement, le ministre de l'Intérieur et le préfet de police ont pris toutes les dispositions possibles
02:02pour que ce match se passe dans de bonnes conditions.
02:05Et qu'on n'assiste pas à des débordements et à des agressions antisémites,
02:09comme on a pu le voir à Amsterdam.
02:11Et à présent, parce qu'Emmanuel Macron a décidé de s'y rendre,
02:13il y aura aussi deux anciens présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
02:16Le premier ministre, Michel Barnier.
02:18En termes de sécurité, c'est assez énorme.
02:20Est-ce que ça complique les choses ?
02:22Bien sûr, ça les complexifie.
02:24Il y aura aussi Valérie Pécresse, la présidente de la région.
02:26Donc on va avoir les personnalités de tout premier plan.
02:29A chaque fois qu'il y a des personnalités de tout premier plan,
02:32ça complexifie un petit peu parce qu'il faut prévoir un service d'ordre supplémentaire.
02:36Mais là, je crois que les choses ont été faites en grand.
02:38Bruno Retailleau a prévu 4000 policiers.
02:41Le RAID, qui est l'unité d'élite de la police nationale,
02:44va être là pour sécuriser à la fois l'intérieur et également l'équipe d'Israël.
02:50Je crois vraiment que, pour que vos spectateurs se rendent compte,
02:55vos auditeurs, pardon, se rendent compte,
02:57normalement, un match important, il y a 1000 policiers qui sont convoqués.
03:02Et là, il y en aura 4000.
03:04C'est un dispositif de mémoire d'ancien patron de la police nationale ?
03:08C'est un dispositif absolument hors norme ?
03:10Oui, c'est un dispositif hors norme.
03:11Très important.
03:12Mais c'est normal qu'il en soit ainsi,
03:14parce qu'il y a des risques qui pèsent,
03:16compte tenu de ce qui se passe au Moyen-Orient,
03:18ce que je viens de te dire,
03:20et de ce qui s'est passé la semaine dernière à Amsterdam.
03:22Il était donc normal qu'on prenne le maximum de précautions.
03:25C'est ce qui est fait.
03:26Il y aura à la fois des policiers aux abords du Stade de France,
03:29mais aussi plus de 1000 policiers dans les rues de Paris.
03:33Est-ce que finalement, le danger demain, il ne sera pas plutôt dans les rues de la capitale ?
03:37C'est d'ailleurs pour ça qu'il y a autant de monde.
03:39Naturellement, le danger n'est pas uniquement pendant le match proprement dit,
03:42d'autant plus que toute disposition a été prise pour pouvoir fouiller les gens
03:47qui vont rentrer à l'intérieur, savoir qui va rentrer, etc.
03:50Mais il y a tous les flux, notamment par les transports en commun.
03:53Vous êtes en charge d'ailleurs de la sécurité dans les transports à l'occasion de ce match ?
03:58Entre autres.
03:59Vous avez quoi comme dispositif ?
04:01La sécurité dans les transports en commun, c'est très intéressant,
04:05parce que c'est exactement ce qu'on appelle le continuum de sécurité.
04:08La région Ile-de-France, la présidente d'Ile-de-France Mobilité,
04:12qui est l'autorité organisatrice des transports,
04:14et Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France.
04:17Et donc, nous avons financé un centre de commandement pour les Jeux Olympiques,
04:20qui est un centre de commandement unique,
04:22c'est-à-dire qu'il y a la police nationale, la SNCF, la RATP, nous-mêmes,
04:26Ile-de-France Mobilité,
04:28ce qui permet d'avoir une remontée d'informations immédiates
04:30et un centre de commandement qui est également un centre de gestion de crise,
04:33ce qui nous permet d'être beaucoup plus réactifs.
04:35Il faut savoir que dans tout le réseau francilien,
04:38on a plus de 80 000 caméras,
04:40ce qui nous permet d'avoir une information très complète de ce qui se passe.
04:43Donc concrètement, le responsable de la sécurité, c'est l'État,
04:46et donc le préfet de police, avec la sous-direction de la police régionale des transports,
04:49mais Ile-de-France Mobilité, donc la région Ile-de-France,
04:52a embauché plus de 3 000 personnes,
04:55en plus que ce qu'il y avait quand on est arrivé,
04:58tant à la SNCF que dans le privé,
05:01Keolis, Transdev, que à la SNCF.
05:03Et puis nous avons maintenant nos propres brigades régionales de transport.
05:07Mais donc vous dites aux parisiens qu'ils pourront se balader en toute sécurité ?
05:10Tout ça travaille ensemble, sous une même autorité
05:13et avec un même centre de commandement,
05:15ce qui fait que je pense qu'on est plus efficaces.
05:17Donc il faut naturellement prévoir la sécurité dans les transports,
05:20et puis il faut pouvoir accompagner les supporters et l'équipe
05:24jusqu'à leur hôtel, garder les hôtels,
05:28et jusqu'à leur départ éventuel.
05:30Donc c'est vrai que c'est une mission qui est relativement complexe,
05:33mais je pense que la police française est tout à fait capable de faire ça,
05:37et le préfet de police a montré son savoir-faire en matière de maintien du ordre.
05:42Une police qui est quand même un peu essorée.
05:44On sort d'une année absolument très intense,
05:47sur le plan des mouvements sociaux,
05:49il y a eu les Jeux Olympiques,
05:51les policiers aussi sont fatigués.
05:54Est-ce que ce n'est pas trop ?
05:56Est-ce qu'on ne leur impose pas trop de missions ?
05:59Alors ça c'est un vrai sujet.
06:01C'est vrai que les policiers français et les gendarmes,
06:03d'ailleurs, ont eu une année 2024 particulièrement difficile.
06:06Absence de congé pendant les Jeux Olympiques,
06:08les cérémonies du débarquement,
06:10un certain nombre de manifestations.
06:12Là, ce soir, ce match de football.
06:14Mais d'ailleurs on peut remonter un petit peu.
06:16Il y a eu des périodes très complexes,
06:18les Gilets jaunes, les attentats de 2015 et 2016,
06:21qui finalement, quand j'étais directeur général de la police,
06:25j'ai eu la chance d'avoir des périodes quand même moins complexes à gérer.
06:29Donc il faut effectivement compter avec la fatigue,
06:32avec l'épuisement des policiers.
06:35Et je pense qu'il faut qu'ils aient des compensations,
06:37des compensations financières avec le paiement des heures supplémentaires,
06:40et puis des compensations de repos,
06:42qui me paraissent très importantes.
06:44Mais c'est vrai qu'ils ont été soumis à une très forte activité.
06:49Je trouve que tout ça s'est quand même très bien passé,
06:52notamment les Jeux Olympiques.
06:54Donc je pense qu'il faut tirer un coup de chapeau
06:56à la police et à la gendarmerie française.
06:58Justement, Bruno Retailleu, le nouveau ministre de l'Intérieur,
07:00réunit demain tous les patrons de la police et de la gendarmerie départementaux
07:04pour leur présenter sa feuille de route.
07:06Quelle doit être sa priorité selon vous ?
07:08Ça c'est à lui de le dire.
07:11En tant qu'observateur avisé.
07:13C'est à lui de le dire, et notamment demain,
07:15c'est tout à fait normal que le nouveau ministre de l'Intérieur
07:17réunisse la totalité des chefs locaux de police,
07:21de gendarmerie et les préfets pour leur dire
07:23« voilà quelle est ma priorité ».
07:25On voit bien que la priorité de Bruno Retailleu,
07:27c'est la lutte contre l'immigration irrégulière,
07:29c'est la lutte contre le terrorisme,
07:31et c'est surtout, et aussi naturellement,
07:33la lutte contre la criminalité organisée,
07:35le narco-banditisme,
07:37qui est une réelle inquiétude.
07:39Ne laissons pas monter la criminalité organisée
07:42chez nous ou par l'intermédiaire du narcotrafic,
07:44parce que ce sont des gens qui menacent directement
07:47la République ou la démocratie.
07:49On le voit aujourd'hui dans un certain nombre de pays,
07:52on l'a vu dans le passé en Italie.
07:54Ne nous laissons pas déborder
07:56par cette criminalité organisée.
07:58Je pense que Bruno Retailleu en a parfaitement conscience
08:00et d'une certaine manière, ça me rassure.
08:02D'un mot, ce soir il y a
08:04le gala Israel Forever,
08:06c'est un gala de soutien à l'État hébreu,
08:08qui est organisé par une association proche
08:10de l'extrême droite israélienne,
08:12qui a invité des personnalités
08:14comme un ministre israélien
08:16suprémaciste,
08:18connu pour ses propos racistes,
08:20pour avoir dit que le peuple palestinien n'existe pas.
08:22Beaucoup d'associations ont demandé
08:24l'annulation de ce gala,
08:26mais le préfet de police de Paris a décidé
08:28de le maintenir.
08:30Est-ce que là encore, il n'aurait pas fallu
08:32annuler ce gala, avec tout ce que ça implique
08:34comme risque de débordement ?
08:36Vous savez, quand on annule, quand on interdit
08:38un gala, une manifestation, c'est toujours une entorse
08:40à l'État de droit. Après tout, on a le droit
08:42de manifester en France.
08:44Et le préfet de police le fait,
08:46il s'est lui déjà arrivé de prononcer
08:48des interdictions, mais seulement s'il y a un trouble
08:50à l'ordre public. Donc il a estimé,
08:52à juste titre semble-t-il, puisque la justice
08:54lui a donné raison qu'il n'y avait pas de trouble à l'ordre public,
08:56d'autant plus que ça ne se passe pas, si j'ai bien compris,
08:58sur la voie publique, mais dans une salle,
09:00donc c'est parfaitement sécurisé,
09:02donc il n'y a pas de risque de trouble à l'ordre public,
09:04donc je pense que le préfet de police a eu raison d'autoriser.
09:06Mais en marge, il y aura
09:08une manifestation
09:10du mouvement Betar,
09:12le mouvement de la jeunesse
09:14juive nationaliste,
09:16une contre-manifestation à l'appel de partis politiques
09:18à République, c'est peut-être là aussi
09:20que ça risque de déborder ?
09:22Bien sûr, et c'est pour ça que quand il y a une manifestation
09:24et une contre-manifestation,
09:26souvent les policiers sont au milieu
09:28pour essayer de maintenir
09:30les protagonistes qui voudraient en venir aux mains
09:32à distance, c'est une des raisons pour lesquelles
09:34il y a autant de policiers qui sont engagés ce soir.
09:36Tout autre sujet, vous connaissez bien Laurent Wauquiez,
09:38vous appartenez
09:40à sa famille, la droite,
09:42est-ce que cela vous a surpris que ce soit
09:44lui qui annonce que les retraites
09:46seraient revalorisées sur l'inflation ?
09:48Ça peut paraître un petit peu baroque
09:50que ce ne soit pas le Premier ministre qui l'ait annoncé.
09:52Maintenant, on voit bien qu'il y avait une petite compétition
09:54entre M. Attal et
09:56Laurent Wauquiez. Laurent a
09:58dégainé le premier, j'ai envie de dire, bien joué.
10:00Le paradoxe, c'est que
10:02Laurent Wauquiez, parce que vous dites bien joué,
10:04il se félicite d'avoir obtenu quelque chose qui en réalité
10:06est moins favorable que le projet de loi
10:08initial du gouvernement
10:10pour les retraités.
10:12Finalement, beaucoup seraient perdants
10:14par rapport à ce qui était prévu.
10:16Ce n'est pas un peu trompeur plutôt que la communication ?
10:18Non, je ne pense pas. Je pense qu'il s'est exprimé assez longuement
10:20sur ce fait
10:22puisqu'il a été
10:24longuement à la télévision. Je l'ai d'ailleurs
10:26écouté. Je trouvais qu'il était
10:28assez clair et qu'il n'y avait pas de problèmes
10:30particuliers. Est-ce que
10:32Elon Musk, c'est un modèle pour vous, Frédéric Péchenard ?
10:36Non, ce n'est pas un modèle pour moi.
10:38Je suis un petit français
10:40policier et c'est un géant
10:42américain.
10:44Non, c'est loin d'être un modèle. Après,
10:46visiblement, il va être, si j'ai bien
10:48compris, ministre.
10:50Chargé de l'efficacité gouvernementale
10:52et Valérie Pécresse,
10:54que vous connaissez bien, présidente de la région
10:56Île-de-France, a commenté cette nomination
10:58le communiqué de Donald Trump.
11:00Un comité de la hache anti-bureaucratique,
11:02j'en ai rêvé, Elon Musk va le faire.
11:04Vous pensez vraiment
11:06qu'il faut se réjouir de cette nomination
11:08d'Elon Musk qui promet
11:10qu'il va couper partout,
11:12tout régler, tous les problèmes ?
11:14D'abord, je pense qu'il est normal qu'on félicite
11:16les gens qui viennent d'être élus ou nommés.
11:18Le président Macron a félicité
11:20Donald Trump. Je ne suis pas sûr que ce soit son meilleur ami.
11:22Donc, il paraît tout à fait normal qu'on puisse
11:24féliciter les gens qui vont avoir
11:26des positions importantes.
11:28Par ailleurs, même si je ne pense
11:30pas que Valérie Pécresse
11:32est comme modèle d'Elon Musk, c'est vrai
11:34qu'à la région Île-de-France, on essaye
11:36d'être des cost-killers et d'être
11:38tout aussi efficaces dans l'investissement
11:40en dépensant moins. Parce que finalement,
11:42l'argent de la région, c'est de l'argent public
11:44et il me paraît très important
11:46qu'on y fasse attention.
11:48Valérie Pécresse fait toujours extrêmement
11:50attention aux coûts
11:52et on essaye systématiquement
11:54d'éviter les doublons,
11:56de coûter moins cher, tout en étant
11:58plus efficace.
12:00Merci beaucoup Frédéric Péchenard, ancien directeur
12:02de la Police nationale, d'avoir répondu aux questions de France 1.
12:04Merci Agathe, on vous retrouve à 20h pour Les Informés.