Le père d’une des victimes du Bataclan Jean-Pierre Albertini s’exprime en ce jour d’hommage du 13 novembre : «C’est bien les hommages, les fleurs et les discours, mais il faut agir en amont et éradiquer les racines du mal.»
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00:00Effectivement, depuis 9 ans, chaque jour, chaque nuit, on pense à notre fils, on pense aussi à toutes les victimes.
00:08Et ce qu'on voudrait surtout, c'est que désormais, ce soit le principe de précaution qui prévale.
00:15Parce que c'est bien de commémorer, c'est bien les fleurs, les discours, mais il faut agir en amont.
00:22Et on sait très bien que l'amont, c'est réguler un petit peu les forces mauvaises qui essaient de détruire notre pays.
00:33Jean-Bertini, depuis les attentats du Bataclan, la France a subi tant de chocs, tant d'attentats,
00:38avec aussi les assassinats terroristes de professeurs, dont Samuel Paty est gorgé sur le sol français.
00:45Selon vous, si je vous entends bien, on n'a pas pris la mesure aujourd'hui de ce projet mortifère qui nous est opposé ?
00:53Alors, je pense que la mesure a été prise. J'en parlais tout à l'heure avec le ministre de l'Intérieur en lui disant qu'il fallait de la fermeté.
01:03Il m'a dit qu'effectivement, il a très bien compris le message et qu'il faisait tout ce qui était dans ses capacités pour revenir à la normale.
01:15Mais le travail va être très difficile parce qu'après tant d'années de laxisme, on se retrouve effectivement dans des situations difficiles à contrôler.
01:25Il y a l'aspect politique, sécuritaire, il y a l'aspect humain, charnel. Je disais tout à l'heure que je me souvenais de votre témoignage il y a quelques années,
01:32qui avait énormément ému tout le monde. Et vous racontez aussi dans votre livre une matinée épouvantable quand vous êtes à l'Institut médico-légal.
01:41Je voudrais pas y revenir, mais comment on fait pour accompagner aujourd'hui toutes ces familles endeuillées, pour ne pas les oublier ?
01:45Nous sommes neuf ans après le Bataclan. Nous qui sommes... Nous n'avons pas été touchés. On a tous été touchés dans notre chair,
01:52mais nous n'avons pas perdu, en tous les cas, en ce qui nous concerne, sur ce plateau de proches. Comment on fait pour accompagner, vous accompagner, ne jamais oublier ?
02:02Alors c'est vrai que j'ai assisté au procès des attentats. C'est vrai que j'ai été stupéfait de voir le torrent de douleur qui avait été subie par les familles,
02:14non seulement celles qui avaient perdu les proches, mais aussi les familles qui étaient blessées. Et je pense qu'effectivement, on doit se souvenir de tout ça,
02:24mais en même temps, je comprends que la société civile, qui n'a pas connu dans sa chair ces attentats, ait envie de les dépasser. Donc on se retrouve en fait avec une communauté,
02:36grâce aux associations de victimes, avec une communauté qui se comprend, qui s'entraide, mais on ne peut pas demander à un pays entier d'être en permanence dans la douleur.
02:49Et c'est pour ça que je pense qu'il faut agir en amont et éradiquer les racines du mal.
02:55Et être dans le combat. En tous les cas, je ne sais pas quel est le mot qui convient, mais merci, je disais vraiment votre témoignage, je l'ai revu ce matin pour préparer cet entretien,
03:03beaucoup ému, et je pense qu'on peut tous s'associer. Vous parliez de votre fils comme de quelqu'un avec beaucoup de vie, de projets, et vous les portez pour lui.
03:12Donc je vous remercie. Merci, monsieur Albertini.