Avec Cécile Pivot
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NewsTranscription
00:00Le 10h30, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:05Bonjour à toutes et à tous. Bonjour Gilles.
00:07Bonjour Valérie, je suis content de vous revoir.
00:09Oui, la semaine même, vous savez.
00:11Et merci à Benjamin Inglès d'avoir été là la semaine dernière.
00:14Bonjour Cécile Pivot, merci d'être avec nous.
00:17On est ravis de vous recevoir ce matin.
00:19Évidemment, Pivot, le nom évoque votre papa Bernard Pivot.
00:24Vous publiez avec votre sœur ce magnifique album
00:28« Bernard Pivot, le goût des autres »
00:30Agnès par Agnès et Cécile Pivot
00:32avec un texte de Pierre Assouline de l'Académie Goncourt
00:35qui a été un de ses proches.
00:37C'est un très très beau livre.
00:39Et je le dis quand on dit beau livre, c'est beau au sens humain.
00:45C'est un livre qui est publié chez Calman Levy.
00:47Il y a des photos, il y a des textes,
00:49beaucoup de textes, des petits extraits.
00:51C'est un livre vraiment qui raconte ce personnage singulier
00:54qui était votre père,
00:56qui a marqué évidemment la vie de très nombreux Français
00:59avec Apostrophe Bouillon de Culture
01:01et après l'Académie Goncourt.
01:03On va en reparler avec vous.
01:05C'est un personnage discret, on ne peut pas dire qu'il était people.
01:08C'est vrai que vous, on vous a rarement vu avec votre sœur.
01:11On a rarement vu votre maman.
01:15Ce n'était pas un personnage qui donnait à des rumeurs ou autre ?
01:19Non, pas du tout.
01:20Mon père avait une vie à côté de ça.
01:22Non, ce n'était pas du tout quelqu'un qui était people.
01:25Déjà, il a eu une vie quand même de reclus
01:27pendant tout le temps d'Apostrophe.
01:29Il ne sortait pas, il n'allait pas au théâtre, il n'allait pas au cinéma.
01:32Nous, on ne voyageait très peu avec notre père.
01:34Il était vraiment dans ses livres.
01:36Donc la vie de people, non, ça, pas du tout.
01:38Et puis après, non, ce n'était pas du tout quelque chose qui l'attirait.
01:41Quand il sortait, il aimait les grands restaurants,
01:45il allait aux matchs de foot.
01:48Mais c'est bizarre pour quelqu'un qui fait de la télé
01:50et qui est animateur télé tous les vendredis,
01:52qui donne rendez-vous à des gens tous les vendredis.
01:54Mais il avait un vrai recul par rapport à ça, mon père.
01:57Il avait un vrai bon sens pour tout.
02:00Et notamment pour ça, oui.
02:02Oui, on le découvre relativement normal,
02:08même si Pierre Assouline dit que c'était quelqu'un
02:10qui n'était pas un homme ordinaire.
02:12Mais il avait une vie normale.
02:14Il aimait la bonne bouffe, il aimait les livres.
02:16Et il était simple, en fait, non ?
02:20Oui, tout à fait, il était simple.
02:22Il aimait en effet les bonnes choses de la vie.
02:24Il est resté très attaché à son Beaujolais.
02:29Il aimait le vin du Beaujolais.
02:32Il aimait les matchs de foot.
02:34Il est resté fidèle à Saint-Etienne,
02:36qui était l'équipe préférée de son père.
02:38Donc il est resté très fidèle à tout ça, mon père.
02:41Oui, il aurait pu à un moment peut-être avoir...
02:43Oui, c'est ça, et puis aller passer ses vacances à Saint-Tropez
02:46ou à Saint-Barthes, je ne sais pas.
02:48Ce n'était pas du tout son truc.
02:49L'idée du livre, elle est venue comment ?
02:51Alors vous le racontez un petit peu dans la préface.
02:53Vous aviez une sœur qui est plus organisée que vous
02:55et qui classait les photos.
02:57Voilà, alors moi j'ai une sœur qui est vraiment la photographe de la famille
03:00et qui avait fait pour mon père beaucoup d'albums photos.
03:03Donc les albums, ouvrez les guillemets, apostrophes,
03:06quinziers, les vacances,
03:09que mon père, je pense, ne regardait jamais.
03:11Le présent, jamais le passé.
03:14C'est ce qu'il disait, exactement.
03:16Donc quand je suis retournée pour la première fois toute seule dans son appartement,
03:21je me suis retrouvée un moment dans son bureau face à sa bibliothèque.
03:27Ça a été dur, très dur.
03:30Et j'ai vu ses albums photos, que j'avais toujours vus en fait,
03:33ils n'étaient pas cachés, mais évidemment,
03:35quand vous avez un être cher qui disparaît,
03:38tous les objets qui lui ont appartenu
03:42prennent une dimension différente,
03:44et encore plus les photos, je pense.
03:46Et j'ai ouvert ses albums,
03:48et je me suis dit tout de suite,
03:50il faut faire quelque chose de ça.
03:52Vous avez eu raison,
03:54parce que c'est un bonheur de se plonger dans sa vie,
03:59dans ses photos,
04:00pour tous ceux qui l'ont aimé,
04:02de retrouver les personnages incroyables.
04:07Je crois qu'il a eu tout ce que la littérature comptait
04:10d'écrivain au combien célèbre.
04:13On va en reparler avec vous dans un instant.
04:15Mais il y a la télé aussi, et le zapping avec Gilles.
04:22Est-ce qu'il regardait la télé ?
04:24Oui, il regardait beaucoup la télé.
04:27Les matchs de foot, forcément.
04:29Oui, les matchs de foot, les émissions, évidemment,
04:31la grande librairie.
04:33Oui, mais pendant qu'il travaillait, lui,
04:35quand il faisait Bouillon de culture, non,
04:37parce que j'ai pas noté, mais le nombre d'heures
04:39qu'il passait à lire était phénoménal.
04:42Il a toujours regardé les infos à la télé.
04:44Je pense que même du temps d'apostrophe,
04:46il regardait toujours le journal de 20 heures,
04:48ça c'est sûr.
04:49Mais évidemment, il avait un temps limité
04:51pour regarder la télé.
04:52Comme une journée sans fin, Valérie,
04:54comme des années sans fin,
04:56c'est reparti pour une semaine de grève.
04:58Ah, la France !
05:00Mais c'est surtout le mouvement des agriculteurs
05:02qui inquiète.
05:03Il va reprendre logiquement vendredi.
05:06Dans cet avou, Michel Bièreau,
05:08c'est le vice-président de Lidl France,
05:10il a prévenu que le mouvement serait puissant
05:12et qu'évidemment, les grandes enseignes
05:14avaient un rôle à jouer.
05:16Tout à l'heure, vous disiez, oui,
05:18tic-tac-boum, ça va péter le 15 novembre.
05:20C'est-à-dire que vous dites, le pays sera bloqué.
05:22Je ne sais pas quelle ampleur ça va prendre,
05:24mais tous les agriculteurs que j'ai au téléphone
05:26me confirment que ça va chauffer.
05:28Mais à juste titre, il y a l'histoire du Mercosur
05:30qui est sur la table aujourd'hui.
05:32C'était libre-échange avec les pays d'Amérique latine.
05:34Exactement.
05:35Et ça, c'est dans les mains de l'Europe,
05:37c'est même pas la France.
05:38Donc si demain, ça passe,
05:40et il y a des chances que ça passe,
05:42ça va être un drame pour le monde agricole.
05:44Ceci étant, on porte une responsabilité
05:46en tant que distributeurs.
05:48Si nous, on a la volonté et qu'on décide ensemble
05:50ou tout seul, chacun dans son coin,
05:52mais qu'on décide de mettre 100% de viande bovine française,
05:54de lait français, à la limite, le Mercosur,
05:56on s'en fiche. Mais il n'y a pas que la distribution.
05:58Finalement, la distribution, c'est que,
06:00moins de 20% de la production agricole.
06:02Il y a aussi, qu'est-ce que font les collectivités locales,
06:04qu'est-ce qu'on mange dans les cantines des lycées,
06:06des collèges et des autres ?
06:08C'est un homme de la terre aussi,
06:10votre père, Bernard Pivot.
06:12Il était proche des agriculteurs.
06:14Il s'est jamais engagé en politique ?
06:16Jamais. Il n'a jamais dit pour qui il votait.
06:20Il n'a jamais dit pour qui il votait.
06:22Mais même à nous, sa famille.
06:24Vous savez s'il était de gauche ou de droite ou pas ?
06:26Même si je le savais,
06:28je ne vous le dirais pas aujourd'hui.
06:30Il ne se mêlait pas vraiment de politique.
06:32Non, il ne se mêlait pas de politique.
06:34Même sur des plateaux très politiques,
06:36il passait la parole, il interrogeait,
06:38il était curieux.
06:40Il craignait le fanatisme, mon père.
06:42Il craignait d'être attaché à un parti politique.
06:44Non, pas du tout.
06:46Une semaine, jour pour jour,
06:48Valérie, après les élections américaines,
06:50elles avaient démarrées mardi dernier,
06:52beaucoup se demandent encore comment les Américains
06:54ont pu voter aussi massivement
06:56pour Donald Trump.
06:58Est-ce que ce sont les Américains qui s'interrogent ou les Français ?
07:00Les Français.
07:02C'est la question qui énerve l'avocat Charles Consigny.
07:04J'avais pas identifié que
07:06on ait pu se mettre à dire
07:08que c'était parce que les Américains
07:10sont stupides qu'ils ont voté Trump.
07:12Il faut vraiment être un chercheur fatigué,
07:14invité par France Inter pour dire ça.
07:16Excusez-moi, je trouve ça d'un mépris
07:18de classe et d'un mépris tout court
07:20insupportable. Il faut
07:22admettre que les gens ont des bonnes raisons
07:24de voter Trump. Il a mis en avant
07:26l'économie, là où Kamala Harris était
07:28sur des thèmes de lutte contre les discriminations,
07:30de féminisme...
07:32Oui, mais il respecte
07:34les gens. Quand il enfile
07:36la tenue de vendeur
07:38chez McDonald's, quand il enfile la tenue
07:40des boueurs, on peut dire
07:42qu'il fait de la com', qu'il fait la garde des signes...
07:44Oui, mais c'est aussi une manière
07:46de se mettre dans la peau de ces gens-là
07:48et de dire que ces gens-là aussi ont le droit d'avoir leur président.
07:50Moi, je suis vraiment très heureux,
07:52franchement, que ni la côte Est ni la côte Ouest
07:54des Etats-Unis n'ait choisi le président,
07:56que les élites n'aient pas choisi le président,
07:58qu'ils n'aient pas choisi par la population.
08:00Et je pense que ça, c'est une démocratie qui fonctionne.
08:02Il y a eu, Valérie, une drôle de promotion
08:04samedi soir, dans quelle époque, je ne sais pas si vous avez vu,
08:06François Ruffin, qui venait
08:08parler de son film avec Sarah Salman.
08:10Sarah Salman, qu'il a viré de son film.
08:12Avec qui il est fâché.
08:14Les deux étaient quand même pour parler de là,
08:16parce que quand même, l'argent n'a pas d'odeur,
08:18quitte à parler d'un film pour qu'il se vende.
08:20Et malgré leurs différends, ils ont fait la promotion
08:22et ils ont parlé, évidemment,
08:24de ce qui les opposait.
08:26Une heure avant la fin du film, elle disparaît.
08:28Pourquoi vous la cancellez ?
08:30Le 7 octobre,
08:32j'ai réagi avec clarté quand il y a eu
08:34les massacres qui ont été commis dans les kiboutz israéliens.
08:36Et j'ai dit à ce moment-là
08:38que c'était des actes terroristes
08:40commis par le Hamas, que une vie valait une vie,
08:42que les larmes d'une mère israélienne
08:44valaient les larmes d'une mère palestinienne.
08:46Pourquoi vous l'avez viré ?
08:48Parce que je ne peux pas faire un film humaniste ici
08:50et ne pas l'être là-bas.
08:52Depuis un an, on n'a jamais entendu Sarah Salman
08:54avoir un mot d'empathie pour les enfants à Gaza.
08:56Est-ce qu'elle est capable, ce soir,
08:58d'avoir un mot d'empathie
09:00pour les enfants à Gaza,
09:02pour des hôpitaux détruits,
09:04des gens qui se font opérer sans anesthésie ?
09:06Je ne sais pas si vous avez un mot pour les enfants palestiniens,
09:08mais comment vous avez vécu
09:10le fait d'avoir été viré du film
09:12à cause de votre soutien indéfectible à Israël ?
09:14Je l'ai très mal vécu
09:16parce que je ne voyais pas le lien entre le film
09:18et le conflit israélo-palestinien.
09:20C'est un drôle de moment.
09:22C'est amusant de voir François Ruffin
09:24qui fait un licenciement.
09:26On aurait pu lui faire remarquer.
09:28Je ne sais pas si elle a été payée.
09:30Vous croyez qu'elle n'a pas été payée dans le film ?
09:32Non, je ne pense pas.
09:34Ça y est, le couple Flavie Flamand et Julien Arnaud
09:36se sont enfin reformés
09:38pour Télématin.
09:40Une Flavie Flamand qui n'est pas encore habituée
09:42à son nouvel employeur.
09:44Il est 9h12 sur RTL.
09:46Non, sur France 2,
09:48pas sur RTL.
09:50Ça va me reprendre encore cette saison.
09:52Ne vous inquiétez pas.
09:54Il est 9h12 sur France 2.
09:56Écoutez donc, c'est la musique
09:58de votre série préférée.
10:00Elle se marre, Capitaine Marleau,
10:02car c'est à elle qu'on la doit.
10:04On est ravis de la recevoir.
10:06Bonjour Catherine Lara.
10:08J'en fais des gaffes.
10:10C'était un petit moment rigolo.
10:12Elle a joué la première fille
10:14fictive de Louis de Funès
10:16dans Les gendarmes de Saint-Tropez.
10:18Geneviève Grade, comédienne,
10:20est décédée dans la nuit du 7 au 8 novembre.
10:22Elle avait 80 ans.
10:24Elle était aux côtés de Patrice Laffont
10:26dans Le premier gendarme.
10:28Elle interprétait,
10:30dans le film,
10:32le fameux Dujudou Saint-Tropez.
10:34C'est elle qui chantait ?
10:36Oui, c'est elle qui chantait.
10:38Dans le film et dans la réalité.
10:40Je ne savais pas.
10:42C'était Geneviève Grade qui chantait.
10:44J'ai eu peur que vous me passiez l'astaraque.
10:46Non, j'ai eu ma dose la semaine dernière.
10:48Très bien.
10:50On se retrouve dans un tout petit instant
10:52avec Cécile Pivot pour parler
10:54de son père, Bernard Pivot.
10:56Le goût des autres.
10:58Un très très bel album qui paraît
11:00chez Calman Levy.
11:02A tout de suite.
11:12L'invité du jour, c'est Cécile Pivot.
11:14C'est l'une des filles de Bernard Pivot.
11:16Avec votre sœur Agnès,
11:18vous faites paraître aux éditions Calman Levy
11:20le goût des autres.
11:22Avec un magnifique texte de Pierre Assouline
11:24de l'Académie Goncourt.
11:26Pierre Assouline qui a travaillé
11:28et qui lui a succédé
11:30à un moment qui a été à la tête de lire
11:32du magazine lire qu'il a dirigé.
11:34C'est un voyage dans la vie de Bernard Pivot.
11:36Ce sont des photos,
11:38ce sont de courts extraits
11:40soit de lui, soit des extraits
11:42de ses livres, soit de personnalités
11:44qui l'ont rencontré.
11:46Je tombe au hasard sur Michel Onfray
11:48qui raconte que tous les auteurs
11:50attendaient d'être reçus par Bernard Pivot.
11:52Il publie un livre, un deuxième, un troisième.
11:54Il n'est jamais invité. Un jour, il le croise.
11:56Il parle vin, il parle Beaujolais et il l'invite.
11:58Dans ce petit texte
12:00de Michel Onfray,
12:02on voit l'importance
12:04qu'il a pu avoir pour les auteurs
12:06et pour tout le monde de l'édition.
12:08On voit son humour parce qu'il dit
12:10qu'après mon souvenir,
12:12un philosophe qui s'y connaît en vin, je l'invite tout de suite.
12:14Oui, parce qu'il lui dit, il est bouchonné.
12:16Et donc Bernard Pivot dit
12:18« Quoi, vous êtes philosophe et vous y connaissez
12:20en vin, je vous invite. »
12:22Aujourd'hui, il y a des
12:24programmateurs sur des émissions de télé
12:26qui disent avec les attachés de presse
12:28la présence des écrivains et autres dans les émissions.
12:30Est-ce que lui, il les appelait
12:32personnellement ou il y avait également un
12:34programmateur sur Apostrophe où il prenait
12:36la peine de les appeler pour venir dans l'émission ?
12:38Non, je pense qu'il avait très peu de contacts
12:40avec les attachés de presse. Il les connaissait, bien sûr.
12:42Elle venait sur le plateau, il les connaissait.
12:44Mais c'était Anne-Marie Bourgnon qui appelait.
12:46Qui était sa collaboratrice
12:48pendant
12:501970
12:52jusqu'à la fin de sa vie.
12:54Ils ont commencé ensemble au Figaro littéraire
12:56et jusqu'au
12:58dernier jour, elle a été là, Anne-Marie.
13:00Elle est sur énormément
13:02de photos. C'est un livre
13:04joyeux, en fait. C'est un livre
13:06où on voit un homme
13:08qui aime la vie. C'est ce que vous
13:10dites, d'ailleurs, dans la préface. Il a aimé la vie
13:12comme peut-être personne
13:14comme personne. Absolument.
13:16Moi, je me suis rendue compte
13:18en travaillant sur ce livre
13:20que je me disais très souvent
13:22quelle vie cet homme a eue.
13:24Vous dites que la chance l'a presque
13:26toujours accompagnée. Il a eu beaucoup de chance
13:28dans sa vie. Oui, il le reconnaissait.
13:30Il a eu beaucoup de chance, oui. Puis je pense
13:32qu'il a eu beaucoup de chance, plein de fois.
13:34Il est arrivé à la télé, je pense,
13:36quand il fallait. Après,
13:38la chance, il l'a
13:40chaque fois saisie. Il en a fait quelque chose.
13:42Il a remercié cette chance.
13:44Absolument.
13:46Comment vous expliquez le succès d'Apostrophes ?
13:48Parce que les émissions littéraires, ce n'est pas
13:50des émissions qui font de l'audience.
13:52Comment vous expliquez ce climat qu'il instaurait ?
13:54Je pense que mon père
13:56est vraiment né à la bonne époque, à une époque
13:58qui lui correspondait. J'en suis convaincue.
14:00Ça aussi, c'est une chance de naître
14:02à une époque qui nous correspond
14:04par rapport à nos émotions,
14:06par rapport à notre caractère.
14:08Et puis, il était...
14:10C'est ce qu'il dit, c'est-à-dire
14:12qu'il n'avait pas fait... La chance qu'il a eue,
14:14c'était une chance, c'est qu'il n'a pas fait d'études
14:16et qu'il arrivait sur le plateau d'Apostrophes
14:18et qu'il posait des questions
14:20que tout un chacun pouvait poser.
14:22Il était lui-même, en fait. C'est ça, c'est qu'il ne jouait pas.
14:24Il était lui-même. Il a fait le CFJ
14:26quand même. C'est là où il a rencontré votre maman.
14:28C'est ce qu'il dit, c'est-à-dire qu'il est...
14:30C'est un jeune homme, un enfant,
14:32puis un jeune homme assez dilettante,
14:34qui ne savait pas du tout ce qu'il voulait faire,
14:36qui n'était pas du tout inquiet, d'ailleurs, par rapport à ça.
14:38Et quand il est arrivé au CFJ,
14:40déjà, il y a eu deux choses dans sa vie.
14:42Il y a eu le CFJ, où il s'est dit
14:44c'est ça que je veux faire.
14:46Il a tout de suite été un très bon élève,
14:48ce qu'il n'était pas jusque-là. Il a vraiment découvert
14:50le journalisme. Vraiment, ça a été
14:52une révélation. Et puis, je pense
14:54que Paris aussi. Mon père,
14:56qui était lyonnais, a tout de suite
14:58aimé Paris. Il adorait Paris.
15:00Il connaissait très bien Paris.
15:02Très, très bien.
15:04Je vous propose d'écouter un moment fort.
15:06C'était en primetime,
15:08comme on dit maintenant. C'était la dernière
15:10d'Apostrophes, où il y avait
15:12un nombre incroyable d'écrivains
15:14invités. Je ne sais pas si vous
15:16vous souvenez de cette émission,
15:18qui était dans une bibliothèque géante,
15:20qui était un plateau
15:22incroyable d'une bibliothèque géante,
15:24avec plus de
15:26150 écrivains.
15:28Voici la dernière d'Apostrophes.
15:30Eh oui, bonsoir à tous. Voici donc la
15:32724e et dernière émission d'Apostrophes,
15:34la première ayant-il lieu
15:36il y a 15 ans et demi, le 10 janvier
15:381975. Donc, c'est la dernière émission. Et en même temps,
15:40c'est une première, parce que c'est la première fois
15:42qu'elle est programmée aussitôt, dans la soirée.
15:44Émission exceptionnelle, par sa durée,
15:46plus de deux heures, par le nombre de ses invités,
15:48plus de 80 écrivains, et par
15:50la profusion des documents
15:52tirés de la mémoire d'Apostrophes.
15:54Je ne voudrais surtout pas
15:56que ce soit une émission de nostalgie.
15:58J'espère, au contraire, que ce sera
16:00la rencontre heureuse
16:02du passé et du présent d'un
16:04rendez-vous hebdomadaire autour du livre, ce qui était
16:06Apostrophes. Apostrophes,
16:08724e émission, la dernière.
16:10Voilà. Ah, on n'a pas le
16:12Rachmaninoff, j'attendais le...
16:14Vous l'attendiez aussi ? Non. Non, non,
16:16j'attendais pas. Ça vous fait bizarre d'entendre ça ?
16:18Ah oui, vous avez dit. Et il l'avait prévu.
16:20Pourquoi ça vous donne envie de pleurer ?
16:22Il me manque.
16:24Et vous racontez que,
16:26pour ses obsèques, il avait prévu les musées
16:28qu'il voulait entendre, et il y a eu Rachmaninoff.
16:30Effectivement. Et il avait prévu autre chose.
16:32Est-ce qu'il s'était confié à Catherine
16:34Sélac ? Je ne sais pas si vous connaissez
16:36ce passage, si c'était dans le livre.
16:38Écoutez l'extrême.
16:40J'ai écrit la prière qu'on dira
16:42sur ma tombe, le jour où
16:44dans le cimetière de Quincy, en Beaujolais,
16:46on m'enterra. Vous dites
16:48quelque chose de très amusant,
16:50concernant aussi Jean Dormesson. Vous dites
16:52le premier qui va mourir, il
16:54recevra des coups de fil.
16:56Quand un écrivain meurt,
16:58les radios m'appellent tout de suite pour me demander
17:00quelques phrases sur l'écrivain,
17:02à condition qu'il soit célèbre.
17:04Celui de Dormesson et moi
17:06qui mourra le premier,
17:08il va laisser l'autre dans le chagrin, bien entendu,
17:10mais il va emmerder l'autre terriblement
17:12parce que le téléphone va sonner
17:14toute la journée.
17:16Voilà,
17:18donc je ne vous dirai pas
17:20ce que je souhaite.
17:22Je ne vous le souhaite pas, en tout cas.
17:24Nous en étions éternels, tous les deux,
17:26sait-on jamais. Lui, en tout cas, il l'est.
17:28Lui, il l'est.
17:30Dormesson est parti avant lui, en fait.
17:32Il y a toujours ce mélange,
17:34je trouve, je réalise là,
17:36maintenant, en l'écoutant chez mon père,
17:38par rapport à la mort,
17:40à la disparition, ce mélange d'humour
17:42et de grande angoisse, en fait.
17:44Il y avait les deux.
17:46Il prenait ça toujours, ah ah ah,
17:48Jean Dormesson et moi, et en même temps,
17:50il en parlait beaucoup, en fait.
17:52Du moment qu'on écrit quelque chose, c'est qu'on y pense.
17:54Oui, absolument.
17:56Ça a été respecté ?
17:58Oui, bien sûr, tout a été respecté.
18:00Dans ce qu'il voulait.
18:02Pourquoi il ne vous a pas laissé
18:04maître de son enterrement ?
18:06Il n'avait pas tout prévu du tout.
18:08Il avait prévu certaines choses.
18:10La musique.
18:12Il y a eu des magazines People
18:14qui ont dit vraiment n'importe quoi,
18:16en disant qu'il avait même prévu son cercueil.
18:18C'est honteux.
18:20Vraiment, c'est vraiment honteux.
18:22Pas du tout. Il a prévu deux, trois choses.
18:24Oui, ce qu'il aurait eu en vie.
18:26La musique de Rachmaninov
18:28et qu'il voulait qu'il y ait cette prière
18:30que mon compagnon a lue, en effet, dans le cimetière.
18:32C'est tout.
18:34Le reste, on a été bien libres
18:36de faire ce qu'on voulait et on a fait,
18:38on pense le mieux possible à son image.
18:40Quel rapport il avait avec la célébrité ?
18:42Parce qu'on l'a un petit peu évoqué tout à l'heure
18:44en disant qu'il n'était pas mondain.
18:46Je pense que son rapport à la célébrité
18:48a un petit peu changé avec le temps.
18:50Il a été très célèbre, Bernard.
18:52Il ne faut pas oublier ça.
18:54Le temps d'Apostrophe, j'ai des souvenirs
18:56enfants, on ne parlait vraiment que de ça.
18:58Et vous, vous le viviez comme un enfant,
19:00justement, Bernard Pivot, c'est ton père.
19:02Je le vivais comme tous les enfants
19:04de parents célèbres.
19:06Il y a des avantages et des inconvénients.
19:08Il y a plus d'avantages
19:10que d'inconvénients.
19:12Ça ne m'a pas traumatisé.
19:14La célébrité n'était pas quelque chose
19:16qui l'intéressait.
19:18C'est ce que dit Marie-Laure Delorme,
19:20j'ai relevé la phrase,
19:22il était insensible aux honneurs et à l'argent.
19:26Et surtout, c'était quelqu'un
19:28d'incorruptible.
19:30Ce n'était pas l'homme des renvois d'ascenseur.
19:32C'est pour ça qu'il a réussi.
19:34C'est pour ça qu'il a fait la carrière qu'il a faite.
19:36En effet, il n'est jamais allé
19:38à un moment, il a eu des ponds d'or
19:40pour partir de France Télévisions.
19:42Enfin, d'Antenne 2 à l'époque.
19:44Il n'a jamais cédé à ça.
19:46Non, non, il n'a jamais cédé.
19:48Il savait mon père, là où il était bon
19:50et là où il n'était pas bon.
19:52Donc, il est resté
19:54là où il devait être,
19:56là où il était bien, là où il était le meilleur.
19:58Le seul virage qu'il a fait, c'est au moment de la Coupe du Monde
20:00où il l'a commenté avec Michel Drucker.
20:02Ils étaient tous les deux sur Antenne 2.
20:04Je crois que ça a été un moment de plaisir incroyable.
20:06Mais ça, il l'a adoré.
20:08Je pense que ça, c'est l'une de ses
20:10plus grandes fiertés
20:12et l'un de ses plus grands bonheurs.
20:14D'avoir été allé au Mexique
20:16faire toute la Coupe du Monde.
20:18Ça a été pour lui...
20:20La célébrité, il était très heureux
20:22et jusqu'au dernier jour, on le reconnaissait dans la rue.
20:24Jusqu'à la dernière semaine.
20:26Les gens s'arrêtaient
20:28pour lui dire à M. Pivot et puis
20:30la génération les plus jeunes
20:32pour les championnats de France d'orthographe.
20:34Il le reconnaissait.
20:36Il y avait toujours quelqu'un, M. Pivot.
20:38Merci pour tout.
20:40Ça lui faisait plaisir.
20:42Après, la célébrité, non.
20:44Est-ce qu'il y a des écrivains qui venaient manger
20:46à la maison ?
20:48Il y a eu des petites exceptions.
20:50Mais il n'aurait jamais invité ces écrivains-là
20:52s'ils avaient...
20:54Il y a eu Jean-Claude Lattès, par exemple, qui est un éditeur.
20:58Oui, on s'est très proches.
21:00Il y a une photo formidable de Pierre Perret.
21:02Mais il a dit, par exemple, à Jean-Claude...
21:04Je ne sais plus où j'avais lu ça.
21:06Quand j'ai travaillé, j'ai lu ça. J'ai trouvé ça génial.
21:08Jean-Claude lui avait dit,
21:10pourquoi tu n'as jamais lu l'un de mes auteurs ?
21:12Et il lui avait répondu,
21:14le jour où t'auras un auteur qui écrira un bon livre,
21:16je l'inviterai.
21:18Ça, c'était Bernard.
21:20Il y a eu Georges Semprin.
21:22Et Robert Sabatier.
21:24Robert Sabatier, c'est vrai qu'il était proche.
21:26Moi, je n'ai pas le souvenir d'avoir vu beaucoup...
21:28Mais Georges, j'ai le souvenir de l'avoir vu
21:30à la maison, à la campagne,
21:32à la maison à Paris.
21:34Ça, oui.
21:36Mais pas tellement plus que ça.
21:38Non, pas tellement. Il y a eu Pierre Hébé aussi.
21:40Mais voilà.
21:42Et il y avait des grands chefs, alors ?
21:44Des grands chefs...
21:46Ah oui, il y a eu des grands chefs.
21:48Il était très proche.
21:50Il était très copain.
21:52On était dans une région, dans le Beaujolais.
21:54Mon père avait une maison dans le Beaujolais.
21:56On n'était pas loin de chez Georges Blanc,
21:58de chez Alain Chapelle.
22:00Sur la route, il y avait Bernard Loiseau.
22:02Il y avait Paul Bocuse.
22:04Il y avait les trois gros.
22:06On était très bien placés.
22:08Et qu'est-ce que tu fais à manger
22:10pour lui faire plaisir ?
22:12Il aimait beaucoup de choses, mon père.
22:14Il aimait la cuisine française.
22:16Et ma mère était une excellente cuisinière.
22:18Une excellente cuisinière.
22:20Donc il ne se mettait pas trop au fourneau, lui ?
22:22Pas du tout.
22:24Qu'est-ce qu'il lisait ?
22:26Ça, ça m'a manqué un peu dans le livre,
22:28d'avoir ce quotidien.
22:30Parce qu'il y a le nombre d'heures qu'il passe.
22:32Le lundi, entre 8h et 12h.
22:34Le mardi, entre 12h.
22:36On habitait à Venugnel,
22:38dans un grand appartement,
22:40dans le 17ème, en face de la FNAC Étoile.
22:42Et en fait, mon père travaillait
22:44dans trois pièces différentes.
22:46Il lisait dans le bureau.
22:48Assis ?
22:50Assis, toujours assis.
22:52Il écrivait souvent sur la table de la salle à manger.
22:54Et il lisait, pardon,
22:56sur la table qui était dans le salon.
22:58Il y avait aussi une table ronde, il lisait là.
23:00Et l'après-midi aussi, souvent,
23:02il était dans la salle à manger,
23:04et il lisait là.
23:06Donc en fait, dans la journée,
23:08mais à des horaires très précis,
23:10il se déplaçait dans ces trois pièces.
23:12Il ne lisait jamais dans la chambre.
23:14Il n'y avait jamais un livre dans sa chambre.
23:16Jamais. Il n'y avait pas de livre dans sa chambre.
23:18Il ne lisait pas le soir, au lit ?
23:20Oui, il ne voulait pas de livre dans sa chambre.
23:22Il n'a jamais eu de livre dans sa chambre.
23:24Même pas une petite bibliothèque.
23:26Rien.
23:28Et donc, il lisait assis ?
23:30Avec un crayon à la main ?
23:32Toujours.
23:34Toujours un bic à la main.
23:36C'est amusant.
23:38On va marquer une pause et on se retrouve
23:40dans un instant avec vous pour évoquer
23:42ce livre, Le goût des autres,
23:44par Agnès et Cécile Pivot.
23:46Hommage à Bernard Pivot.
23:48Je vous conseille vraiment ce livre.
23:50Si vous avez connu ces années Pivot,
23:52ces années apostrophes,
23:54c'est un livre jubilatoire,
23:56même si je n'aime pas ce mot,
23:58parce qu'il est un peu galvauté.
24:00J'ai pris un immense plaisir à le lire hier.
24:02Ce n'est même pas le feuilleter,
24:04c'est à le lire.
24:06J'ai tourné les pages, les unes après les autres,
24:08parce que c'est un livre gourmand,
24:10comme lui l'était.
24:12A tout de suite.
24:14Merci.
24:18Le supplément média.
24:20Toujours avec Cécile Pivot
24:22pour parler de ce
24:24très beau livre, Bernard Pivot,
24:26Le goût des autres, par Agnès et Cécile Pivot.
24:28Avec un texte de Pierre Assouline.
24:30Il y a plusieurs textes de Pierre Assouline.
24:32Il y en a un magnifique au milieu
24:34du livre.
24:36Celui qui suit aussi est intéressant
24:38parce qu'il raconte sa relation
24:40avec Bernard Pivot, lui et moi.
24:42Il y a ce chapitre que j'aime beaucoup
24:44qui s'appelle Les journaux.
24:46Ce sont des photos de Bernard Pivot.
24:48Il y a 5-6 pages.
24:50Avec des journaux en main.
24:52Je ne peux pas commencer une journée
24:54sans lire les journaux.
24:56Il les recevait tous les jours.
24:58Comment il lisait ces journaux ?
25:00Il n'était pas abonné.
25:02Il n'avait pas d'abonnement.
25:04Sauf les abonnements gratuits
25:06qu'on lui proposait.
25:08Mais il aimait aller au kiosque.
25:10Tous les jours.
25:12Dans les mots de ma vie, il dit
25:14des petits extraits.
25:16Il faut vous dire que ce livre
25:18se lit très facilement.
25:20Au kiosque à musique, je préfère
25:22les kiosques à journaux.
25:24Dans aucun autre lieu ouvert au public,
25:26je ne me rends deux fois par jour
25:28le matin et en début d'après-midi.
25:30Ce court chapitre
25:32sur Bernard
25:34avec des journaux,
25:36c'est vraiment venu
25:38d'une ancienne compagne,
25:40Bérangère, qui m'a fourni
25:42des photos qu'elle m'a prêtées.
25:46J'avais tellement l'habitude
25:48de voir mon père avec des journaux
25:50que je n'ai pas pensé à faire un chapitre.
25:52Elle avait raison.
25:54Mon père, où qu'il soit,
25:56il fallait qu'il lisse ces journaux.
25:58Quand il était à l'étranger,
26:00s'il n'y avait pas de journaux français,
26:02il se rabattait sur la presse
26:04locale
26:06et en priorité sportive.
26:08On le voit avec un coriéré.
26:10C'est un journal italien.
26:14C'est la Gazzetta dello Sport.
26:18Votre père, Bernard Pivot,
26:20était évidemment en direct.
26:22C'était un adepte du direct,
26:24ce qui faisait toute la saveur
26:26du programme et de l'émission.
26:28Il s'est passé plein de choses,
26:30mais il s'est passé aussi ce soir-là
26:32où un enseignant est venu
26:34et c'est un moment fort
26:36où il dit
26:38les médias ne nous donnent pas la parole,
26:40on n'a pas la parole
26:42et je vais prendre la parole.
26:44Votre père essaye de l'empêcher
26:46et il lui dit
26:48si vous m'empêchez,
26:50là j'ai un couteau
26:52et je vais me trancher la gorge en direct.
26:54Voilà comment Bernard Pivot,
26:56dans un calme serein,
26:58a géré l'affaire.
27:00Je viens parler de l'éducation.
27:02Non mais là, ce n'est pas le sujet,
27:04on ne va pas parler d'éducation.
27:06Ce ne sera jamais le sujet à la télévision
27:08où vous avez du Le Pen,
27:10vous avez du machin à la lune en permanence,
27:12les élections, vous ne parlez rien,
27:14pas de programme,
27:16vous vous faites simplement
27:18d'aligner des chiffres et des statistiques.
27:20Vous vous foutez de la gueule du monde en permanence.
27:22Je ne parle pas de vous, M. Pivot,
27:24mais en général des médias.
27:26Ce qui va se passer, c'est que
27:28la direction va donner l'ordre
27:30Prenez le risque et vous allez voir.
27:32Prenez le risque et vous allez voir.
27:34Je dis à la direction, à M. Bourges,
27:36ce n'est pas pour rien que j'ai amené ça.
27:38Cette violence, elle sera contre moi
27:40et c'est vous qui l'exercerez,
27:42les médias, en me censurant.
27:44La vie est trop précieuse.
27:46La vie n'est précieuse que si on la laisse
27:48s'exprimer en liberté et librement.
27:50Je suis désolé de cette intrusion,
27:52mais des fois la réalité rejoint la fiction.
27:54Je vous donne 3 minutes
27:56et puis vous expliquez.
27:58Non, vous n'êtes pas honnête.
28:00Alors là, ce n'est pas bien.
28:02L'honnêteté à la télévision,
28:04j'en vois pas beaucoup ces temps-ci.
28:06Vous avez perdu 18 points de crédibilité
28:08en 4 ans au niveau des journalistes
28:10à la télévision. C'est dans le monde diplomatique.
28:12C'est un sondage sans frais.
28:14Vous n'en parlez pas beaucoup de ça à la télévision.
28:16La crédibilité des journalistes
28:18et de M. Poivre d'Arvor,
28:20les fouilleurs de merde,
28:22on n'en parle pas beaucoup à la télévision.
28:24N'attaquez pas mes confrères sur ce plateau,
28:26c'est une vraie résonance avec notre époque
28:28et avec le manque de parole.
28:30On a l'impression que c'est très actuel.
28:32Et lui, il est d'un calme olympien.
28:34Comment il a vécu ? Il a eu peur ?
28:36Non, je ne crois pas.
28:38Ça, c'était mon père. Je trouve que c'est un extrait
28:40qui le montre très bien.
28:42C'est un homme qui ne s'énervait pas.
28:44Pas du tout.
28:46Là encore, il est plein de bon sens.
28:48Oh non, c'est dommage.
28:50La vie est vraiment précieuse.
28:52Il ne perd pas du tout son sang froid.
28:54C'est incroyable.
28:56Il est incroyable.
28:58Et en effet, c'est lui.
29:00Je trouve que c'est tout à fait lui, cet extrait.
29:02Il n'élevait jamais la voix.
29:04Il était comme ça.
29:06Et moi, j'ai le souvenir de lui
29:08quand j'étais enfant.
29:10A mon père, il n'était pas du tout...
29:12Je trouve qu'il montre une vraie douceur,
29:14une grande douceur. Il était comme ça.
29:16Je vois bien qu'on est en direct,
29:18il ne s'attend pas du tout à ça.
29:20Toujours ce ton-là.
29:22Je ne peux pas vous dire.
29:24Juste pour revenir sur la dernière d'Apostrophe,
29:26il y a une photo formidable.
29:28C'était peut-être...
29:30Non, ce n'était pas la dernière.
29:32C'était la 524e émission.
29:34Bernard Pivot avait demandé sur le plateau,
29:36avait invité sur le plateau
29:38Kabu et Wolinsky.
29:40Et puis à la fin de l'émission,
29:42il a remercié deux personnes,
29:44sa concierge et le coursier
29:46qui lui portait les livres.
29:48Ça aussi, c'était lui.
29:50On parlait du rapport à la célébrité.
29:52Il n'avait pas la grosse tête.
29:54Et il n'oubliait pas
29:56ceux qui étaient là
29:58pour lui aussi au quotidien.
30:00Bien sûr, mais Mme Reversa
30:02et donc la concierge de l'Avenue Niel,
30:04c'était...
30:06Je ne vais pas vous dire que c'était quelqu'un de la famille,
30:08mais elle était trois fois par jour.
30:10Elle sonnait à la porte de chez nous
30:12pour nous apporter des livres.
30:14Et nous, quand on passait devant sa loge,
30:16elle nous voyait.
30:18Elle nous disait,
30:20Cécile, arrête-toi.
30:22Elle nous passait un paquet de livres à monter.
30:24Donc oui, elle était là, Mme Reversa.
30:26Donc c'était tout à fait normal.
30:28Souvent, les animateurs de télé
30:30aiment bien briller.
30:32Ce sont des séducteurs.
30:34Ils font parfois de la télé pour ça,
30:36pour se rassurer sur ce qu'ils sont.
30:38Est-ce que votre papa était un séducteur
30:40ou est-ce qu'il était un timide
30:42qui faisait de la télé pour un peu se rassurer ?
30:44Non, je pense que mon père
30:46a tout de suite été à l'aise,
30:48ça c'est sûr, devant les caméras.
30:50Il le disait lui-même.
30:52Quand il s'est revu dans la première émission
30:54où il a fait de la télé, il a dit
30:56comment j'ai pu être aussi à l'aise
30:58dès la première fois.
31:00Les caméras ne le faisaient rien.
31:02Je ne pense pas du tout
31:04que c'était un timide.
31:06Il n'était pas timide.
31:08Je pense qu'il aimait séduire quand même.
31:10Il s'est très vite pris de passion
31:12pour Twitter,
31:14les tweets de Bernard Pivot.
31:16Il y en a quelques-uns à la fin qui sont formidables.
31:18J'ai eu du mal à les sélectionner.
31:20J'aurais pu mettre le double, voire le triple.
31:22Il en avait fait un livre, non ?
31:24Oui, tout à fait.
31:26Les tweets de Bernard Pivot
31:28sont incroyables.
31:30Jérôme Commandeur,
31:32je ne sais pas si vous connaissez,
31:34il parle de votre père.
31:36C'est amusé d'aujourd'hui.
31:38La lecture a été remplacée,
31:40c'était un peu ça, par les tweets.
31:42On remonte le commentaire et on ne découvre plus rien.
31:44Un petit extrait de Jérôme Commandeur
31:46qui parle de votre père.
31:48Je suis sur le site de l'Express.
31:50Il y avait un très beau portrait sur Bernard Pivot.
31:52C'est quand même un grand monsieur de la littérature
31:54et de la télévision.
31:56Il n'y a rien à dire sur Bernard Pivot.
31:58Martin 294,
32:00c'est pas ce qu'il aimait.
32:02Je suis sous le portrait de Bernard Pivot.
32:04Bernard Pivot va te faire enculer.
32:08J'espère qu'il est prévenu.
32:10Ça ne fait pas le même effet
32:12à tout le monde.
32:14Il y en a qui refusent.
32:18En dessous,
32:20petit Didier Desbauges.
32:22L'autre déboule, il veut venger Bernard
32:24parce qu'il est un fan de Bernard.
32:26Alors il dit, oui, d'où tu dis,
32:28va te faire enculer Bernard Pivot,
32:30fils de pute de Martin qui met
32:32Smileys, yeux en chœur, banane, parasol,
32:34banane, il met.
32:36Je ne connaissais pas.
32:38Je connais Jérôme Commander,
32:40mais je ne connaissais pas ça.
32:42C'est rigolo de l'inclure comme ça
32:44dans la vie.
32:46Le numérique, on en est même
32:48à critiquer quelqu'un incriticable
32:50comme Bernard Pivot.
32:52Je suis content de vous faire entendre
32:54cet extrait.
32:56Je vous conseille de relire.
32:58Ses livres sont toujours en vente.
33:00Et à la fin, plusieurs de ses tweets
33:02de tous les appareils,
33:04instruments de la cuisine, le tire-bouchon
33:06le plus prometteur et le plus joyeux.
33:08Et il disait ce qu'il aimait de Twitter,
33:10c'est à la fois l'exercice mental
33:12et l'exercice de style, c'est-à-dire
33:14d'arriver à résumer une pensée, un souvenir,
33:16un fait, un sentiment, en 140 signes.
33:18Et il avait pris ce pli.
33:20On parlait de,
33:22Gilles disait, un homme qui a beaucoup fait
33:24pour la littérature. J'avais lu une phrase
33:26qui m'a marquée et qu'il avait dû
33:28tweeter et que je répète assez régulièrement.
33:30C'est que le jour
33:32où sa chronique au journal du dimanche s'est arrêtée,
33:34les éditeurs ont arrêté de lui envoyer
33:36des livres. Oui, mais il l'avait prévu.
33:38Ça n'a pas été une surprise pour lui.
33:40Quand même.
33:42Quand même. Oui, vous dites ça
33:44quand même. Moi aussi, je vous dis quand même.
33:46Moi, j'en ai pleuré.
33:48J'ai trouvé ça tellement...
33:50Mais oui, c'est vrai.
33:52Et à son enterrement, c'est Gérard Collard,
33:54mon libraire
33:56préféré, qui avait fait un coup de gueule
33:58dans une des émissions que j'anime avec lui
34:00en disant, j'ai été choqué de voir
34:02qu'il y avait aussi peu du monde
34:04de la littérature, aussi peu de gens du monde de la littérature
34:06et de l'édition en particulier
34:08à l'enterrement de Bernard Pivot.
34:10C'est vrai aussi.
34:12C'est vrai aussi. Bien sûr.
34:14Après, c'est vrai qu'avec ma soeur, on avait
34:16mis dans le Fairpark un hommage très rendu.
34:18Donc peut-être que c'est pour ça.
34:20On va les excuser. Voilà.
34:22On va dire que c'est pour ça qu'ils ne sont pas venus
34:24à Quincy et en Beaujolais.
34:26Mais c'est pas très grave.
34:28Mon père a eu un enterrement à son image
34:30c'est-à-dire dans l'intimité
34:32avec des gens qu'il aimait.
34:34Il y avait beaucoup de monde quand même. Il y avait des gens du Beaujolais.
34:36Et il y avait quand même des gens de...
34:38Il y avait un peu des gens de tous les milieux
34:40que mon père a aimé.
34:42Mais il n'était pas dupe de tout ça.
34:44Pas du tout. Il n'était pas dupe du tout.
34:46Non, non. Absolument pas.
34:48Buvez du bain, je rajouterai avec modération.
34:50L'époque nous le demande. Et vivez joyeux.
34:52Cette photo aussi est formidable.
34:54Vraiment, je vous conseille ce livre. Offrez-le
34:56pour les fêtes si vous n'avez pas d'idée de cadeau de Noël.
34:58Des gens qui aiment la littérature.
35:00Qui ont aimé Bernard Pivot. C'est un homme vivant.
35:02Toutes ces photos sont vivantes, joyeuses.
35:04Et vous découvrirez un personnage singulier.
35:06Un personnage hors du commun
35:08sous les traits de cet homme
35:10un peu bonhomme et joyeux.
35:12Enfin et simple.
35:14C'était quand même un sacré
35:16bonhomme. Vous avez un
35:18qualificatif pour lui ? Un mot qu'il qualifie ?
35:20Vous diriez quoi ?
35:22Alors moi le seul mot...
35:24Je vais juste finir là-dessus.
35:26J'ai demandé à Pierre Hassouline d'écrire le texte.
35:28Parce que dans tous les hommages qu'il y a eu
35:30après sur mon père, et Dieu sait qu'il y en a eu,
35:32Pierre a parlé
35:34de sa gentillesse.
35:36Alors vous voyez comment il parle
35:38Pierre Hassouline, il parle très doucement.
35:40Il a dit mais il ne faut pas oublier que
35:42Bernard Pivot était quand même quelqu'un
35:44d'une extrême gentillesse.
35:46Et je trouve que
35:48avant tout, c'est comme ça,
35:50pour moi ce qui qualifie mon père avant tout
35:52c'est sa gentillesse.
35:54Quel est l'objet que vous avez gardé de votre père
35:56qui est le plus précieux pour vous et votre soeur ?
35:58Alors moi
36:00c'est une petite
36:02statue qu'il m'a offerte et il trouvait
36:04qu'elle me ressemblait parce qu'elle disait
36:06c'est une petite statue, comme ça,
36:08où c'est une femme qui lit un livre.
36:10Il l'avait offerte avant sa mort, il m'a donné des choses
36:12avant sa mort.
36:14Et ma soeur a gardé...
36:16Moi j'ai gardé beaucoup de choses de mon père.
36:18Beaucoup, un peu trop.
36:20Et ma soeur elle a gardé
36:22un cèpe de la Romanée Conti.
36:24Et comme il avait dit qu'il voudrait
36:26être réincarné dans un cèpe
36:28de la Romanée Conti.
36:30Je vous conseille
36:32donc ce livre, Le goût des autres, par Agnès
36:34et Cécile Pivot, avec un texte
36:36de Pierre Assouline. Bernard Pivot,
36:38Découvrez l'homme, derrière
36:40l'animateur. C'est un livre,
36:42moi je retiendrai, joyeux.
36:44C'est ce qui ressort. Joyeux et curieux.
36:46Merci à vous Cécile Pivot. Nous on se retrouve
36:48dans un instant pour commenter l'actualité.
36:50Soud Radio, votre avis
36:52fait la différence.