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Saviez-vous que David Castello-Lopes était à présent homme de lettres ?

Retrouvez la question de David Castello-Lopes dans le 7/10 (8h55 - date) Retrouvez toutes les questions de David Castello-Lopes sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-david-castello-lopes

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Amusant
Transcription
00:00David Castello-Lopez, bonjour ! Faut-il, David, participer à des salons littéraires ?
00:06Nicolas, Léa, Mathilde, Claude, vous me connaissiez journaliste, vous me connaissiez humoriste,
00:12musicien, comédien, ambassadeur discret du Portugal sur le service public, fotoscarail,
00:17mais saviez-vous que j'étais aussi à présent homme de lettre ? Je suis homme de lettre
00:23puisque je viens de publier un livre aux éditions de Noël, un livre qui s'appelle « Les
00:26origines » et qui raconte les origines des choses de notre quotidien, un livre événement
00:30à la fois documenté et malicieux à lire d'urgence selon Corinne de la librairie
00:35au fil des pages.
00:36Je suis donc officiellement homme de lettre au même titre que par exemple Dostoïevski.
00:42Alors bien sûr, je suis un petit peu moins fort que Dostoïevski, mais d'un point
00:46de vue administratif, je suis exactement autant écrivain que lui.
00:50Si Dostoïevski était vivant, il aurait marqué la même chose sur nos fiches de paye et on
00:55cotiserait aux mêmes caisses de retraite.
00:57En tant qu'homme de lettre, j'ai découvert ces dernières semaines tout le folklore qui
01:01entoure le fait de publier un livre.
01:02J'ai découvert par exemple la rage d'entrer dans une librairie et de voir que mon livre
01:06n'y est pas, mais que si j'ai envie, je peux le commander et qu'il arrivera dans
01:123 à 5 jours, on vous tient au courant ! Oui, j'ai essayé de commander mon propre livre
01:16dans une librairie.
01:17Mais surtout, j'ai découvert les salons littéraires et en particulier celui de Brive
01:21la Gaillarde en Corrèze qui avait lieu ce week-end et qui est l'un des plus importants
01:25de France.
01:26Visuellement, le salon de Brive la Gaillarde, c'est un immense espace couvert dans lequel
01:31il y a des centaines d'auteurs assis les uns à côté des autres devant une pile de
01:35leurs livres et ils attendent que des gens viennent leur demander une dédicace.
01:39La première chose qui frappe, c'est qu'il y a dans ce salon une hiérarchie immédiate
01:44et cruelle entre les auteurs qui est définie par une seule variable, combien de gens font
01:50la queue devant eux pour avoir une dédicace ? Pour la majorité des auteurs, la réponse
01:54est simple, c'est zéro.
01:56Aucune personne ne fait la queue devant eux et donc soit ils regardent dans le vide en
02:00tripotant leur stylo qui ne sert à rien, soit, comble de tristesse, ils lisent leurs
02:05propres livres.
02:06« Ah tiens, il y a une coquille à la page 16, il faudra que j'en parle à mon éditeur ! »
02:10Et puis, à l'autre bout de cette hiérarchie, il y a ceux pour lesquels le salon a prévu
02:15des infrastructures spéciales, des zones d'attente balisées et qui ont devant eux
02:20des foules prêtes à sacrifier une demi-journée de leur existence pour échanger trois mots.
02:24Moi, soyons honnêtes, j'étais quelque part entre ces deux extrêmes.
02:28Mais j'ai quand même vécu un chapelet de petites humiliations.
02:32Il y a ces visiteurs par exemple qui lisent le quatrième de couverture de mon livre d'un
02:36air neutre et qui puient qu'ils reposent avec un demi-sourire gêné qui veut dire
02:39« je vais t'oublier tout de suite et pour toujours ». Il y a cette dame qui a commencé
02:44à m'adresser la parole de façon ultra enthousiaste avant de dire « oh pardon, je vous ai pris
02:48pour quelqu'un d'autre ». Il y a les connards qui me confondent avec François-Régis Gaudry,
02:54même si au fond je les comprends parce que c'est vrai que nos visages sont pratiquement
02:57identiques.
02:58Dans mon cas, ces petites humiliations ont été rendues beaucoup moins petites par le
03:02fait que j'étais cerné d'auteurs célèbres.
03:04A ma gauche, Olivier Norek, à ma droite, Laurent Deutsch et son chien.
03:09Et surtout, juste devant moi, à deux mètres, il y avait Kamel Daoud qui vient d'avoir
03:14le prix Goncourt et dont la file d'attente avait l'air de faire deux fois le tour du
03:17salon.
03:18Voilà, donc petit appel aux auditeurs, ayez pitié de mon égo gigantesque et la prochaine
03:24fois, venez le plus nombreux possible attendre devant moi.
03:27Si vous faites ça, je suis prêt à vous donner une petite somme d'argent.

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