Hospitalisé pour une inflammation des intestins, Gérald a passé la nuit dans le garage du centre hospitalier de Langres, faute de place.
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00:00Je vais replanter le décor, 26 octobre, vous avez des douleurs au ventre, une inflammation de l'intestin, je ne me trompe pas, vous êtes hospitalisé, aux urgences, sauf qu'on vous annonce en pleine nuit que vous devez quitter les urgences, il n'y a plus de place, et là qu'est-ce qu'il se passe ?
00:15Je me retrouve dans un lieu totalement insolite, un garage.
00:20Ce sont les images que l'on voit là ?
00:22Tout à fait, vous verrez que d'un côté comme de l'autre, on a deux portes de garage, avec séparation des lits, avec un paravent muni d'un drap par-dessus.
00:33Cela témoigne d'un manque de moyens, d'un nombre de lits fermés, notamment sur la journée où je suis resté aux urgences.
00:50Le but de ce Google, c'est de dire qu'on est au XXIe siècle, en 2024, il est anormal de se retrouver dans une situation de ce type-là, donc il faut impérativement que l'on puisse relayer l'information de manière différente,
01:04que ce soit pour moi, que ce soit pour d'autres patients, que ce soit pour les médecins, que ce soit pour les soignants qui sont là-bas.
01:09On ne nous met pas dans une case, dans un endroit de ce type-là pour le plaisir.
01:17D'abord, quand vous vous retrouvez là, qu'est-ce que vous vous dites et qu'est-ce que vous dites aux soignants ?
01:26C'est le désarroi total. Vous arrivez, vous avez un lieu qui ne ressemble à rien d'autre, mis à part un garage, ce n'est pas une chambre d'hôpital, ça n'a absolument rien à voir.
01:38Très peu de confort, vous avez un lit, vous êtes séparés que les autres, donc on était quatre ce soir-là.
01:45Le bruit ?
01:46Le bruit, ça aussi, c'était le deuxième effet qui se coule, on va dire. Il y a un bruit qui était intenable et infernal.
01:52J'ai été mis dans ce garage à une heure du matin. La seule chose, c'est que j'ai pris au petit matin à 7h les décibels de ce lieu, nous étions à 55 décibels.
02:04Vous avez téléchargé sur votre téléphone portable une petite application pour mesurer les décibels, vous étiez à 55.
02:10Donc, il était 7h30 du matin, je me tiens à la disposition de l'ARS s'il le souhaite.
02:14Il y a d'autres patients, vous vous parlez avec les autres patients ?
02:17Non, parce que dans tous les cas, à une heure du matin, on n'a qu'une seule chose, c'est se poser.
02:23Et puis, d'autant plus qu'on est sur la partie douleur, on est sur la partie repos, donc on n'est pas uniquement là que pour communiquer autour des autres.
02:32Mais personnellement, ça m'a choqué. Les autres de la même manière, peut-être qu'ils n'ont pas fait la même démarche que moi.
02:39Mon but aujourd'hui, c'est de dire et de dénoncer ce système qui ne peut pas être...
02:43Mais les médecins, vous leur dites, qu'est-ce que je fais là ?
02:45C'est ça, qu'est-ce que je fais là ?
02:46Et qu'est-ce qu'ils vous répondent ?
02:47Ils sont comme moi, ils me disent, écoutez, on n'a plus de place au-dessus, c'est pas qu'on ne veut pas vous mettre au-dessus.
02:52Les lits ont été fermés et aujourd'hui, on n'a pas d'autre choix que de vous garder aux urgences et de vous mettre dans ce fameux garage.
02:59Ça veut dire que ce jour-là, ça n'était pas la première fois qu'ils le faisaient.
03:02Tout a été installé, tout a été fait pour que ce soit possible.
03:05Tout a été installé, tout a été... Alors, on a déplacé les lits au fur et à mesure.
03:10C'est-à-dire que les 4 patients sont arrivés les uns derrière les autres.
03:13Je ne me rappelle plus si j'étais le premier arrivé.
03:17En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'à voir les images, on est bien d'accord que ce n'est pas un lieu où on doit transiter dans un hôpital.
03:27Éventuellement, à l'arrivée des urgences.
03:30Le couloir qu'on voit sur le côté, c'est le couloir d'entrée aux urgences.
03:34Mais ce n'est pas normal qu'on soit là.
03:37– Vous avez écrit, je le disais, à la ministre, Jadia El-Ghassek, la ministre de la Santé.
03:40– Tout à fait.
03:41– Vous lui expliquez, on voit les déclarations, les extraits de votre lettre.
03:44Vous lui expliquez ce qui s'est passé.
03:45Ils ont besoin de ma place et me transfèrent donc dans un autre lieu.
03:47– C'est ça.
03:48– Un garage, avec le garage écrit en grandes lettres, en lettres capitales.
03:52Est-ce que vous avez une réponse, que ce soit de la ministre ou que ce soit de l'Agence régionale de santé ?
03:56– Alors, l'Agence régionale de santé m'a répondu, a ouvert une réclamation
04:00et a relayé cette information-là sur l'ARS local, qui est situé à Chaumont.
04:06Donc, j'ai écrit également au directeur.
04:09Alors, ça fait environ une semaine qu'ils ont les courriers entre les mains.
04:13Aujourd'hui, je n'ai pas plus de retours que ça.
04:16J'aimerais en avoir davantage.
04:18– Mais qu'est-ce que vous attendez d'eux ?
04:20– Qu'ils bougent et qu'ils entendent également le personnel soignant.
04:23On a une structure qui ferme des lits, on a un étage complet qui a été fermé,
04:29remplacé par des bureaux, à ce que j'ai pu en apprendre et comprendre.
04:35Et dans le futur, apparemment, il est précisé qu'il va y avoir des réaménagements,
04:41des reconstructions, mais on va encore fermer 80 lits.
04:45Et les urgences aujourd'hui sont saturées, tout simplement parce que les lits ne sont pas ouverts dans les étages.
04:52– Je m'arrête sur la phrase qui est juste derrière vous.
04:54Je suis prêt à revenir y passer un séjour en votre compagnie.
04:56– En votre compagnie.
04:57– Je vous invite à venir voir les lieux, à vivre une expérience hors du commun,
05:00dans ce lieu insolite, un, une ou plusieurs nuits.
05:03– Tout à fait.
05:04– Vous dites à la ministre, venez avec moi, on va aller dans le garage.
05:06– Venez avec moi, on va aller dans le garage.
05:07Ou au directeur, ça ne me dérange pas.
05:09C'est-à-dire que les personnes les plus proches qui prennent les décisions
05:12sont notamment l'ARS et le directeur de l'hôpital,
05:14mais qu'ils viennent passer un séjour, je les invite.
05:17Je pense que la France leur paiera aisément une nuit dans cet hôpital
05:21ou dans ce garage, puisque ce n'est plus un endroit où on parle d'hôpital.
05:25– Je ne sais pas comment dire ça, mais il est toujours ouvert ce garage ?
05:27– Il est toujours ouvert ce garage, alors il est toujours vert.
05:29– Il accueille toujours des patients ?
05:30– Il me semble bien que c'est pour un plan blanc,
05:32il avait été créé pour un plan blanc.
05:34– C'est-à-dire au moment où il y aurait des hospitalisations en grand nombre ?
05:37– En grand nombre, tout à fait.
05:39Et donc, lorsque les urgences sont saturées de par le manque de lits dans les étages,
05:44ils ouvrent ce garage, puisque dans tous les cas,
05:46ils ne peuvent pas mettre les patients en extérieur.
05:49Donc, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que c'est l'ultime ressource
05:54qu'ils ont trouvée pour décaler les patients
05:59lorsqu'ils sont en nombre dans les services des urgences.
06:02– Il y a le lieu et il y a le personnel soignant.
06:04Est-ce que vous avez été bien soigné ?
06:06– On a été très bien soigné, le personnel est agréable, est compétent.
06:11Personnellement, je ne peux pas me plaindre du personnel, bien au-delà.
06:15D'ailleurs, ils compensent ce manque de confort, si on peut dire ça comme ça.
06:22Ils sont aux petits soins, ils sont même désolés pour nous,
06:27puisque dans tous les cas, ils ne peuvent rien faire.
06:30Ils ne sont ni entendus, ni écoutés.
06:33Ou alors, s'ils le sont, c'est sans doute très rapidement.
06:37Le garage est ouvert depuis déjà un petit peu de temps.
06:40Il y a quelques éléments sur Facebook et ailleurs
06:44qui mettent en avant des articles qui remontent à au moins une année en arrière.
06:51– Pour ce même garage ?
06:52– Pour ce même garage.
06:53Et aujourd'hui, on n'a toujours pas trouvé de solution.
06:55Ou alors, on n'a peut-être pas voulu trouver de solution.
06:57– Qu'est-ce qui fait que vous, patient qui arrive dans cet hôpital,
07:01vous décidiez derrière, d'écrire notamment la ministre, de médiatiser cette affaire ?
07:07On sent qu'il y a quelque chose qui vous…
07:09– Oui, il y a quelque chose qui me tient à cœur.
07:12Je n'ai pas envie de laisser filer les acquis qu'on a eus par le passé.
07:20Des personnes se sont battues pour avoir ces acquis.
07:22Aujourd'hui, j'ai l'impression que tout part en lambeaux.
07:25Et ce n'est pas normal.
07:27On paye des impôts, on paye des charges sociales, on a une dette colossale.
07:31Mais que faisons-nous de cet argent ?
07:34On ne peut pas se retrouver en plein milieu, en 2024, dans un garage,
07:38alors même qu'on a décidé de fermer quelques lits.
07:40Ce n'est pas possible.
07:41Donc, j'aimerais vraiment qu'on m'entende
07:43et j'aimerais aussi qu'on puisse comprendre que ce ne sont pas des lieux d'accueil.
07:49On est là pour se soigner, on n'est pas là pour faire autre chose.
07:52– Vous avez reçu d'autres témoignages depuis ?
07:54– Oui, j'ai eu quelques… Ah, pas de témoignages.
07:57J'ai fait hier, puisque vous m'avez invité, chercher un petit peu plus d'informations.
08:02J'ai découvert d'autres choses.
08:05Le personnel, d'ailleurs, est à votre écoute.
08:07Si vous voulez aller les interviewer, c'est avec plaisir.
08:10– Découvrir d'autres choses, c'est-à-dire ?
08:12– Écoutez, sans doute les problèmes qui sont précédents.
08:15C'est-à-dire qu'on n'arrive pas à un garage de manière immédiate.
08:19Donc j'imagine qu'il y a eu des pourparlers, des choses comme ça,
08:22et des discussions par le passé.
08:25Et certains sont prêts à relayer l'information
08:29pour que ça avance de manière différente.