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L'ancien ministre Philippe De Villiers revient sur la victoire de Donald Trump. «Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est la défaite du wokisme», selon lui.

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Transcription
00:00Je dirais que c'est le nom du grand retournement
00:06qui vaut pour tout l'Occident,
00:08étant donné que nous sommes les cousins,
00:15ou plutôt les neveux de l'oncle Sam.
00:19Et que ce qui se passe aux Etats-Unis
00:22se passe ensuite chez nous.
00:27Et moi j'y ai vu plusieurs dimensions symboliques
00:30dans cette victoire de Trump.
00:33Par-delà tout ce qu'on peut dire sur l'homme,
00:40en général pour s'abstenir de porter un jugement d'ensemble,
00:45en faisant une analyse froide.
00:48Je pense que cette victoire, c'est la victoire de la politique.
00:54Et je vais essayer de l'expliquer pendant cette émission.
00:58Et donc c'est réconfortant pour tous ceux qui ne croient plus à la politique,
01:02qui ne croient plus qu'on puisse changer les choses.
01:09Et en même temps il y a un côté de mondantesse
01:13qui est extraordinaire,
01:16qui fait que le gars il a 78 ans,
01:20et il revient de tout.
01:23Il a échappé à tout.
01:28C'est le comte de Montecristo des Grands Lacs.
01:32Et je pense que ça a contribué à son élection.
01:36Mais alors on fait des choses.
01:39Pour répondre à votre question sur la signification de l'élection.
01:44Premièrement, c'est la déroute du wokisme.
01:52Et ça ne sera pas sans conséquence pour nous.
01:56Le wokisme c'est quoi ?
01:58Le wokisme c'est une explication donnée au problème de la discrimination.
02:04Pour le wokisme, le responsable de la discrimination,
02:10c'est l'homme blanc, occidental, hétérosexuel, sexiste, raciste,
02:19esclavagiste et colonialiste.
02:23C'est une idéologie simpliste, redoutable.
02:26Il n'y a pas de grand soir puisque de toute façon l'humanité ne survivra pas.
02:33Une fois qu'on aura viré la masculinité toxique.
02:39Mais cette idéologie elle est née aux Etats-Unis, dans les universités.
02:46Elle a fait des ravages dans la société américaine.
02:54Et elle est arrivée chez nous.
02:55Et pourquoi je dis ça ?
02:57Pourquoi j'en parle pour commencer ?
02:58Parce que Kamala Harris incarnait l'idéologie du wokisme
03:05puisqu'elle vient de San Francisco
03:07qui est la vitrine des idées libérales de la bourgeoisie wokiste de la côte ouest.
03:18Et en fait le parti démocrate s'est laissé piéger,
03:22s'est laissé gangrené par le wokisme avec trois étapes successives.
03:27La première c'est George Floyd avec des manifestations monstres.
03:34Et à partir de cet instant 2020,
03:38le parti démocrate s'est focalisé sur les minorités raciales et sexuelles.
03:46Deuxième étape, les programmes scolaires
03:49qui ont intégré les questions LGBT, transidentité.
03:55Puis troisième étape,
04:00la construction d'un discours sur le privilège blanc
04:05avec la dénonciation des violences policières
04:08et du passé raciste de l'Amérique.
04:13En face des démocrates, il y a les républicains,
04:18les républicains de tradition qui disent,
04:21ils sont en train d'atteindre les valeurs fondatrices
04:25du melting pot qu'a fait l'Amérique multiethnique
04:28mais fondée sur l'éthique protestante.
04:34Et la surprise c'est que les latinos et les arabos musulmans,
04:38eux disent, on ne veut pas que dans les classes,
04:41nos enfants nous racontent le soir qu'ils ont vu arriver les drag queens.
04:48Et donc voilà, le wokisme est défait.
04:54Ensuite, il y a une deuxième leçon,
04:59c'est la revanche des ordures, pour parler comme Biden.
05:07C'est la benne à ordures qui a gagné.
05:11Nous, nous sommes aussi des ordures
05:13puisque Mme Hidalgo nous réserve comme sort les rats.
05:20Là-bas, aux Etats-Unis, les ordures,
05:22c'est comme les déplorables d'Hillary Clinton.
05:25C'est une métaphore qui veut dire,
05:27le petit peuple des déclassés, ce sont des ordures.
05:32C'est-à-dire, on ne tient pas compte de ces gens-là
05:34qui ne sont plus dans l'histoire, qui ne feront plus jamais l'histoire.
05:40Et pourquoi ?
05:42Parce qu'en fait, l'Amérique, à un moment donné, il y a 30 ans,
05:46moi, j'ai vécu ça, avec Jimmy Goldsmith, il me dit,
05:49vous verrez, Philippe, ça va basculer un jour.
05:52L'Amérique, elle invente la globalisation.
05:55Elle veut la globalisation, le GATT, l'OMC, 1994.
06:01Et donc, en fait, elle se transforme en une pieuvre avec des tentacules,
06:04des chaînes de valeurs globales dans le monde entier.
06:08Et donc, toute la ceinture de rouille,
06:13comme on dit aux Etats-Unis, autour des grands lacs, elle est sacrifiée.
06:18Et vous avez en fait les élites côtières,
06:23Californie, New York, qui tiennent le pays
06:28et qui en viennent à oublier qu'il y a toute une Amérique du milieu
06:34qui est une Amérique déclassée, une Amérique dépossédée
06:41et une Amérique qui souffre de l'inflation et de la globalisation
06:46puisque cette Amérique est frappée par la désindustrialisation depuis 30 ans.
06:53Et donc, c'est la revanche de tous ces déclassés
06:59qui regardent Trump comme un héros populaire,
07:05un héros populaire qui affronte et toise la technocratie,
07:13la haute finance, lui le milliardaire,
07:16et cette Amérique déclassée, quand il fait son pas de danse, elle adhère.
07:23Pour ce cas, parce qu'il n'est pas comme les autres, il est moins guindé
07:27et en plus de ça, comme je le disais à l'instant, il triomphe de tout.
07:31Donc, s'il triomphe de tout, y compris des juges,
07:35peut-être qu'il va enfin pouvoir gouverner contre l'État profond.
07:41Et la troisième signification, c'est la victoire de la personnalité américaine profonde.
07:54C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on voit sur les images ?
07:57On voit les drapeaux.
08:00Alors, on se moque des casquettes parce que les couleurs américaines...
08:05Les Américains sont des grands enfants, me disait toujours mon père, il avait raison.
08:09Mais ils portent sur eux les couleurs, donc ils sont fiers.
08:13Le drapeau américain, l'hymne et la frontière.
08:19Chez nous, la frontière, c'est un tabou.
08:22Vous avez remarqué, il y a des conférences de presse sur la drogue, etc.
08:25La frontière, on ne peut pas en parler, c'est un tabou.
08:28Il n'y a plus de frontière.
08:29Et donc, je reprends ce que je disais il y a une semaine.
08:34Un pays qui perd ses contours et qui perd ses compteurs meurt.
08:40Eh bien, je pense que, contrairement à ce qu'on a pu dire,
08:48le nouveau président des États-Unis est un homme intelligent,
08:52fantasque, mais qui a su parler à tout ce petit peuple des dépossédés,
09:04des expatriés de l'intérieur qui l'ont porté au pouvoir.

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