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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des suites de la victoire de Trump et de la mobilisation européenne.
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00:00...
00:09Il est 18h, d'abord le rappel des titres de l'actualité
00:12sur CNews et sur Europe 1.
00:14Devant les sénateurs, Bruno Le Maire a rejeté
00:17l'entière responsabilité de la dégradation
00:19du déficit public. L'ancien ministre
00:21de l'Economie et des Finances a renvoyé cette responsabilité
00:25au gouvernement actuel, déplorant des attaques
00:28et des mensonges qu'il subit depuis plusieurs mois.
00:31Le procès de l'effondrement de deux immeubles à Marseille
00:34s'est ouvert aujourd'hui, le 5 novembre 2018.
00:37Deux bâtiments de la rue d'Aubagne se sont effondrés,
00:40provoquant la mort de 8 personnes.
00:4216 prévenus, dont un ancien élu,
00:44comparaissent au tribunal judiciaire de Marseille.
00:47Après l'élection de Donald Trump, la France voit une perspective
00:50pour arrêter les guerres à Gaza et au Liban.
00:53C'est ce qu'a affirmé le ministre des Affaires étrangères
00:56depuis Jérusalem.
00:57Le ministre espère qu'une solution diplomatique
01:00soit trouvée dans les semaines qui viennent.
01:02Et puis 398e jour de détention pour les otages
01:05retenus par l'organisation terroriste du Hamas
01:08dans la bande de Gaza.
01:09Deux de ces otages sont français. Ils s'appellent Ofer et Ouad.
01:13Nous demandons une fois de plus leur libération immédiate
01:16et sans condition.
01:17Il est 18h02 sur CNews et sur Europe 1.
01:19On a le bonheur d'accueillir Catherine Ney.
01:22Bonsoir, Catherine.
01:23Merci d'être avec nous. Ravie de vous retrouver.
01:25Comme chaque semaine, Louis de Ragnel est à vos côtés.
01:28Fringant aussi.
01:30Cher Louis de Ragnel, Rachel Kahn.
01:32Bonsoir, Jeannie Bastier et François Buponnier.
01:34Ancien député, j'ai parlé du peuple tout à l'heure
01:37dans mon petit édito.
01:39Je trouve que nos élites ont oublié ce qu'est le peuple
01:42et qu'ils se rappellent de temps en temps à leurs bons souvenirs.
01:45Cette élection américaine dit ce qui peut se passer dans notre pays.
01:49Est-ce que vous comprenez le vote américain,
01:51cette forme de révolte populaire face à des élites
01:54qui sont méprisantes ?
01:55Écoutez les réponses qu'ils ont apportées à Olivier Madinier
01:59dans la région lyonnaise.
02:00Je le comprends, oui, tout à fait.
02:02Les inégalités se creusent
02:04entre le monde élitiste et le peuple.
02:07On a le même problème, mais à beaucoup moins grande échelle.
02:11Les élites sont trop déconnectées de la réalité du terrain.
02:14Je suis pas très Trump, même pas du tout,
02:17mais il fait partie de...
02:19Il a parlé correctement aux Américains, tout simplement.
02:23C'est ce qu'ils voulaient entendre,
02:25c'est le nationalisme, le pays avant tout.
02:27Les élites vivent, je pense, dans un monde qui leur est propre,
02:31un monde où l'argent ne compte pas,
02:33alors qu'aujourd'hui, les peuples, les démocraties
02:38sont beaucoup touchés par la crise
02:40et je pense qu'en fait, l'argent compte beaucoup pour eux.
02:43Qui parle à une autre Amérique, celle qui travaille,
02:46c'est un peu l'Amérique des Gilets jaunes,
02:48et ça, on peut comprendre ici.
02:50Bien sûr, le personnage peut parfois laisser à désirer,
02:53mais il parle aux gens simples, et ça, ça parle.
02:56-"Très intelligent",
02:57disait Eugénie Bastié.
02:59Les élites sont déconnectées et Trump, comme d'autres,
03:02parle de façon simple au peuple.
03:04Ce qui est sûr, c'est que les Etats-Unis
03:06sont très différents de la France.
03:09Il n'y a pas un Trump français qui puisse exister un jour.
03:12Quand on regarde, il y a une dynamique
03:14entre la France et les Etats-Unis,
03:16c'est la divergence entre la métropolia d'un côté
03:19et la proliféria de l'autre.
03:21C'est deux mondes qui ne se parlent plus.
03:23Les grandes villes et le reste, en fait, les périphéries.
03:26Et aux Etats-Unis, on le voit très clairement.
03:29A Washington, vous avez 92 % de la population
03:32qui a voté Kamala Harris.
03:33On a retrouvé ces mêmes scores pendant les législatives en France.
03:37Vous avez Paris et les grandes métropoles,
03:39où l'ORN fait 10, 15 % maximum.
03:41Donc, on a vraiment une déconnexion
03:43entre les poumons économiques
03:45où se concentre l'élite médiatique, politique,
03:48du pays, et le reste, c'est ça.
03:50C'est une dynamique qui traverse tous les pays occidentaux
03:53et qui est commune aux Etats-Unis et à la France.
03:55C'est ça qu'on doit méditer sur l'élection américaine
03:59et qui peut nous servir en France,
04:01non pas en essayant de trouver un Trump français.
04:03Mais ces dynamiques électorales sont profondes.
04:06Je parle de la révolte du peuple. Vous l'interprétez ?
04:09Oui.
04:10Le peuple dit arrêtez de nous mépriser.
04:13Quand les auditeurs disent, c'est un peu pareil chez nous,
04:16quand on voit le vote aux législatives,
04:18l'expression des 11 millions de gens qui ont voté,
04:21et le résultat où tout le monde se met d'accord
04:23pour éviter que ces gens-là puissent s'exprimer
04:26dans l'hémicycle avec des postes de responsabilité,
04:29c'est le dire, on vote, il y a une dissolution,
04:32vous demandez de nous exprimer, on le fait,
04:34et notre vote, vous dites, c'est pas le bon, il faut en changer.
04:37C'est ce que voulaient les élites aux Etats-Unis,
04:40en disant qu'on n'était pas des démocrates,
04:43et maintenant qu'il a gagné, le pays est en danger.
04:45Ils veulent des élections, mais quand ils gagnent et perdent,
04:49ils contestent le résultat.
04:50Catherine Ney.
04:51Oui, sur les gilets jaunes,
04:53d'abord, ça a été les conséquences
04:57de l'arrêt du cumul des mandats.
04:59Parce qu'ils sont... Quand il y a eu des...
05:02On a pris des mesures, notamment sur le prix de l'essence,
05:06sur les 90 kilomètres...
05:09Qui étaient des 80 kilomètres, parce qu'ils étaient déconnectés.
05:13Mais ils ont voulu parler, qu'on les écoute.
05:16Ils ne pouvaient plus s'adresser.
05:18Ils avaient des élus qu'ils ne connaissaient pas,
05:20donc ils ont été tagués les permanences,
05:23ils se retrouvaient sur les ronds-points.
05:25Et faute d'avoir un interlocuteur à la mairie,
05:28ils portaient leur parole, ils sont venus à Paris eux-mêmes.
05:31Et là, on peut dire qu'un samedi, l'Elysée a eu très peur,
05:35parce qu'ils étaient très proches, avec des fourches,
05:38et ça allait très mal.
05:39Ils étaient à l'arc de triomphe.
05:41Un sociologue avisé avait dit au président,
05:44écoute, il vaut mieux,
05:46puisque c'est une révolte du peuple contre l'élite,
05:49il vaut mieux que tu supprimes l'ENA
05:52plutôt qu'ils viennent te couper la tête.
05:54C'est pour ça qu'Emmanuel Macron, dans son livre révolution,
05:57disait qu'il ne toucherait pas à l'ENA, a supprimé l'ENA.
06:00Avec des conséquences qui sont autres.
06:02Il a tué une marque qui a des effets secondaires.
06:05Mais la colère populaire demeure.
06:07C'était pas la réponse.
06:08Ils ont le sentiment d'être méprisés.
06:11Absolument.
06:12La force de l'élection de Trump, c'est d'avoir réussi à dire
06:15la cabale dont je suis victime, médiatique, politique et judiciaire,
06:19elle est organisée par les mêmes que ceux qui,
06:22vous, le peuple américain,
06:24vous empêchent de travailler, de vivre,
06:27vous asphyxiez, vous imposez les normes woke,
06:30vous imposez l'immigration.
06:31C'est ça, en fait.
06:33Si on peut simplifier un peu, schématiser la réussite de l'élection,
06:37je trouve que c'est à travers ça.
06:38Effectivement, je rejoins ce que dit Catherine Ney,
06:41le problème, c'est que quand l'élite en France
06:44essaie de trouver des réponses en direction du peuple,
06:46à chaque fois, ça tombe à côté.
06:48Parce qu'ils se disent, typiquement, Emmanuel Macron,
06:51qui se dit, pour calmer la colère populaire,
06:54je vais supprimer l'ENA, comment ça peut émerger ?
06:57Déjà, il y a plein de gens qui ne connaissent pas l'existence de l'ENA,
07:01et c'est pas méprisant de dire ça, ça correspond à une réalité,
07:04mais pas ça qui va les satisfaire.
07:06C'est pas la revendication des Gilets jaunes.
07:09Rachel ?
07:10C'est quelque chose contre le wokisme, aussi, ça.
07:12Complètement. En fait, il y a deux choses.
07:15Je trouve que, déjà, dans le texte, aux Etats-Unis,
07:17la Constitution commence par « we the people »,
07:20« nous, le peuple ».
07:21Et en France, notre Constitution commence par « le peuple français ».
07:24En fait, il y a quand même un détachement
07:26entre les deux dynamiques et l'énergie.
07:30Et effectivement, ce qui s'est passé, là, avec Donald Trump,
07:34ce sont pourtant des personnes
07:36qui n'aiment pas forcément le personnage,
07:39qui est quand même assez sulfureux, etc.
07:42Mais ce racialisme, ce wokisme,
07:45ces replis identitaires qui sont imposés à des personnes,
07:49que ce soit aux islamiques, aux Afro-Américains,
07:52ce sont des formes de prison mentale
07:55dans lesquelles les personnes ne veulent pas s'enfermer.
07:59Et par ailleurs, ce qu'il a fait,
08:00c'est qu'il a réuni toutes ces personnes-là
08:03autour du drapeau américain.
08:05Ces personnes-là, chez elles,
08:06veulent avoir le drapeau et se reconnaître dedans.
08:09Eugénie ?
08:10C'est paradoxal, parce que ce que soulignaient
08:12plusieurs commentateurs, notamment conservateurs aux Etats-Unis,
08:15c'est que le Parti conservateur a créé une coalition multiraciale.
08:18Vous avez 45 % des latino-hommes qui ont voté pour Donald Trump
08:21et 20 % des hommes noirs américains,
08:23ce qui est le taux le plus haut,
08:25on peut dire que c'est pas beaucoup,
08:27dans l'histoire américaine, pour les Républicains.
08:29C'est paradoxalement celui qu'on traite de fasciste et de nazi.
08:32Le premier président républicain
08:33a fait une coalition multiraciale et post-libérale.
08:36C'est assez intéressant, je trouve, à regarder.
08:38Et avoir obtenu le vote populaire, justement.
08:41Catherine Lecq ?
08:42Il faut reconnaître que Trump est un homme politique extraordinaire.
08:45D'abord, la première fois, il a éliminé,
08:47lors des primaires, tous les candidats républicains.
08:50Il n'y en a plus.
08:51Et donc, c'est la première fois aussi
08:53que pour ces nouvelles élections, il n'y a pas eu de primaire,
08:56puisqu'il était autodésigné
08:58et qu'il n'y a plus de candidats.
08:59Il était le seul candidat possible.
09:01Il a gagné et il a pluralisé tout le monde.
09:03Et donc, il était considéré déjà...
09:06Le candidat.
09:08Le prochain candidat.
09:09Mais surtout, il s'est baladé absolument dans tout le pays.
09:14Il a vu tout le monde, il est revenu.
09:15Il a montré qu'il s'intéressait aux gens,
09:18il les faisait rire et il parlait comme eux,
09:20si quelquefois, il pouvait nous révulser.
09:22Mais il était proche des gens et il leur annonçait, évidemment,
09:25que lui, ce serait l'América Gretzken encore plus
09:28et qu'il allait les guérir de tous leurs maux.
09:30Mais il a quand même pris une énergie...
09:34250 meetings.
09:35Oui, voilà. Même plus que ça.
09:37Je veux dire, une énergie...
09:38Or, je crois qu'aujourd'hui, d'abord,
09:40un pays se donne à celui qui désire le plus.
09:43Or, lui, il a montré que lui,
09:45d'abord, depuis quatre ans où il n'avait pas été battu,
09:49où il avait été... Voilà.
09:50Il n'a pas arrêté.
09:52Donc, ça a été quelque chose.
09:54C'est quand même, oui, un résultat d'un travail.
09:57Et aujourd'hui, vous savez, chez les politiques,
10:00il y a l'intelligence, le savoir-faire,
10:02mais ce qui prime, c'est l'énergie.
10:04L'énergie et l'écoute des Américains.
10:07Je voudrais qu'on écoute quelques témoignages poignants.
10:10L'Amérique ne va pas si bien que ça.
10:11Il y a une énorme pauvreté,
10:13une grande précarité pour les salariés.
10:15Écoutez ces témoignages édifiants recueillis par nos équipes
10:18qui ne gagnent pas leur vie, qui ne s'en sortent pas.
10:22Écoutez-les.
10:23...
10:25On travaille 50 heures par semaine.
10:28Une semaine le jour, une semaine la nuit.
10:31Nous nous battons pour une meilleure vie,
10:33de meilleurs salaires, davantage de sécurité
10:35et un meilleur planning.
10:37Donald Trump souhaite supprimer les taxes
10:39sur les heures supplémentaires.
10:41Il veut aussi fourrer davantage,
10:44ce qui n'est pas très bon pour l'environnement.
10:46Mais les Etats-Unis ont beaucoup de voitures,
10:48beaucoup de gaz.
10:49...
10:52D'ailleurs, notre prix du gaz a augmenté
10:55depuis qu'on importe du pétrole.
10:56La production de notre propre pétrole nous aiderait beaucoup.
11:00...
11:02J'ai perdu ma jambe quand j'étais au lycée.
11:04Elle a été coupée dans un accident de voiture.
11:06Aujourd'hui, c'est très dur de survivre.
11:10Je paye les factures en début de mois
11:12et ensuite, nous vivons à crédit le reste du mois.
11:15...
11:19On va sûrement devoir vendre la maison
11:21parce qu'on est fauchés.
11:24On n'a plus rien.
11:25...
11:31Ma femme ne peut pas travailler non plus.
11:33On n'a pas d'aide du gouvernement.
11:35Donald Trump peut-il changer quelque chose ?
11:38J'espère, même si c'est trop tard pour nous.
11:43C'est un témoignage édifiant.
11:45C'est la même problématique qu'on rencontre chez nous.
11:47Je suis agacée par les libéraux français
11:49qui montrent les Etats-Unis en pointant du doigt
11:52le décrochage de l'Europe par rapport aux Etats-Unis.
11:55Quand on regarde les critères macroéconomiques,
11:57notamment la croissance américaine,
11:59elle est bien plus forte qu'en France et dans les pays européens.
12:02Ce sont des critères macroéconomiques.
12:04Ca masque une très forte inégalité
12:07et une pauvreté, une misère beaucoup plus forte qu'en Europe.
12:10Je voudrais rappeler que l'espérance de vie des Américains,
12:13de la classe ouvrière blanche américaine,
12:16a reculé ces dernières années.
12:17Il faut arrêter avec cette image d'une Amérique florissante
12:21avec une Europe décrépie.
12:23Nous avons des graves problèmes.
12:24Nous ne produisons pas de croissance.
12:26Mais aux Etats-Unis, cette croissance masque des inégalités.
12:29Vous avez la Silicon Valley,
12:31l'économie numérique qui produit énormément de croissance,
12:35mais elle n'est pas distribuée dans le reste de la population.
12:38Il y a une classe ouvrière blanche qui décroche.
12:41Un peu sur les élites aussi.
12:43Ce que j'ai constaté au fil des années,
12:45c'est qu'il y a des élites qui ne connaissent pas la France.
12:48Ils ne la connaissent pas telle qu'elle est, avec sa diversité.
12:51Parfois, on ne peut pas dire qu'ils aiment les gens.
12:54Quand on est responsable politique et qu'on ne connaît pas son pays,
12:57et qu'on n'aime pas forcément les gens,
12:59on ne peut pas prendre les bonnes décisions.
13:01Après, c'est aussi les erreurs du camp démocrate.
13:06C'est-à-dire que...
13:07Du camp démocrate, c'est qu'en réalité,
13:10la détestation de ces idéologies déshumanisantes
13:15et complètement déconnectées
13:17était telle qu'ils sont allés voter pour Donald Trump.
13:20C'est ça aussi.
13:21Petite pause. On se retrouve dans un instant.
13:23On continuera à évoquer la situation
13:25à la fois en France et aux Etats-Unis.
13:27On verra aussi que si Trump l'a emporté aux Etats-Unis,
13:31c'est parce que la gauche a perdu ses électeurs.
13:33Ca rappelle quelque chose, peut-être ?
13:35Mon cher François Pépounier.
13:36En France. Allez, à tout de suite.
13:38Dans Punchline, CNews Europe 1.
13:4018h19, on se retrouve en direct sur CNews et sur Europe 1.
13:44On a le plaisir d'accueillir Nicolas Baverez.
13:46Bonsoir.
13:47Pour votre livre, Le sursaut, la France qui tombe 20 ans après.
13:50Un constat de notre déclin, évidemment, malheureusement,
13:54qui ne s'arrête pas.
13:55Votre premier livre, c'était La France qui tombe il y a 20 ans.
13:58Là, c'est Le sursaut. Espérons qu'il ait lieu.
14:00C'est vous qui avez mis en exergue cette phrase de Zola
14:02que je citais tout à l'heure.
14:04Je t'en conjure, François, encore la grande France.
14:06Reviens à toi, retrouve-toi.
14:08On en a encore les moyens, Nicolas Baverez ?
14:10Je crois qu'on en a les moyens.
14:12Le problème, c'est de savoir si on en a la volonté.
14:15Le paradoxe de notre pays,
14:16c'est qu'il continue à regorger d'atouts.
14:19Il a des talents, il a du capital,
14:21il a des pôles d'excellence, il a des infrastructures.
14:25Il a une armée qui a gardé l'expérience du combat.
14:28Encore un semblant de diplomatie
14:30quand le président de la République
14:32ne donne pas des indications contradictoires
14:35d'un jour à l'autre.
14:36Il a son patrimoine, son mode de vie.
14:38On peut tout se faire en France, normalement.
14:40Et on a détruit méthodiquement tous les secteurs d'activité.
14:44On a détruit l'agriculture.
14:46C'est la première d'Europe.
14:48On s'est fait passer devant par les Pays-Bas et l'Allemagne.
14:51On a détruit... On avait l'énergie décarbonée.
14:55On voit aujourd'hui, aux Etats-Unis,
14:57que les GAFAM rachètent des centrales nucléaires.
15:00Nous, on avait le nucléaire qu'on a méthodiquement saccagé,
15:05qu'on essaie de relancer.
15:07On avait une industrie qui s'est réduite comme peau de chagrin.
15:11On va en parler.
15:12On a une crise du logement
15:14qu'on n'a pas connue depuis les années 50.
15:16Et le tourisme, on se fait passer devant par l'Espagne
15:19et, demain, par l'Italie et la Grèce.
15:22Tout ne va pas très bien, si j'entends bien ce que vous dites.
15:26Oui, mais ce résultat, c'est vraiment de nos erreurs.
15:30Ce n'est pas la mondialisation, l'Europe, l'Allemagne,
15:34les immigrés.
15:35C'est uniquement nos bêtises.
15:37Donc, si on les arrête...
15:39D'habitude, vous êtes quelqu'un de très brillant,
15:43mais plutôt classé dans les pessimistes.
15:45Je trouvais que votre nouveau livre, avec le sursaut,
15:48me disait qu'il y a un espoir.
15:50C'est très goliant.
15:51Si on sortait de tous ces états, c'est possible aussi.
15:55C'est ce que vous voulez dire.
15:57C'est absolument possible.
15:58C'est rassurant.
16:00Ce qu'on peut peut-être dire, c'est qu'on a aujourd'hui
16:03une occasion assez unique, mais qui est peut-être la dernière.
16:07Le modèle qui nous a perdus, c'est le modèle de la décroissance
16:10par la dette publique et privée.
16:12Maintenant, on a tapé le mur, et on ne peut plus continuer.
16:16Si on essaie de continuer, on va se retrouver dans une situation
16:20qui ressemblera à celle de l'Italie ou de la Grèce.
16:23Et donc, on est dans la situation où il faut qu'on choisisse.
16:27Soit on se réforme et on fait les transformations
16:30qu'on peut faire par nous-mêmes,
16:31soit elles nous seront imposées de l'extérieur.
16:34Et ça, ça implique une crise politique très dure,
16:38mais qu'on a encore les moyens d'éviter.
16:40C'est pour ça qu'il faut le faire.
16:42Dans ce livre, vous parlez des Français désorientés
16:45par le dysfonctionnement de la monarchie présidentielle,
16:48dont Emmanuel Macron a poussé les vis jusqu'à l'affaire implosée.
16:52C'est à Budapest, en Hongrie,
16:54pour le sommet de la Communauté politique européenne.
16:57Il essaie de récupérer le leadership en Europe
16:59pour peut-être contrer Donald Trump.
17:01Écoutez ce qu'il a dit.
17:03Une première séquence, puis une autre hallucinante
17:06avec Emmanuel Macron.
17:07-"Comme plusieurs, j'ai eu l'occasion hier
17:10d'avoir le président élu, Donald Trump,
17:12qu'on ait quelques-uns autour de cette table
17:15à avoir connu il y a 4 ans de cela dans ses précédentes fonctions.
17:18Je l'ai félicité, mais je trouve que notre rôle ici,
17:21au sein de l'UE,
17:22c'est pas de commenter l'élection de Trump,
17:25il a été élu par le peuple américain
17:27et il va défendre l'intérêt des Américains.
17:29C'est légitime et c'est une bonne chose.
17:32La question, c'est est-ce qu'on est prêts à défendre
17:35l'intérêt des Européens ?
17:36C'est la seule question qu'il nous est posée.
17:39Je pense que c'est notre priorité.
17:41Ca ne doit être ni dans un transatlantisme
17:43qui serait naïf, ni dans la remise en cause de nos alliances,
17:47ni dans un nationalisme étriqué qui ne nous permettrait pas
17:50de faire face à la Chine aux Etats-Unis d'Amérique.
17:53Il essaie de récupérer le leadership européen
17:55en l'absence de Olaf Scholz, qui a occupé autre chose.
17:58Olaf Scholz, effectivement,
18:00sa coalition explose.
18:02En réalité, ce qui est frappant, c'est que pour la France,
18:06pour faire une politique étrangère,
18:08il faut deux conditions, un dirigeant crédible
18:10et des moyens de puissance.
18:12On n'a aucun des deux aujourd'hui.
18:14Le problème de l'Europe, c'est que d'un côté,
18:17on a une Amérique surpuissante
18:19avec, effectivement, en termes macroéconomiques,
18:22ce qui n'empêche pas le malaise que vous avez rappelé
18:25de beaucoup d'Américains,
18:27mais l'Amérique est surpuissante.
18:29Elle a un leader.
18:30Trump, contrairement à son premier mandat,
18:32il a aujourd'hui un mandat qui est extrêmement clair.
18:36Il va maîtriser le Sénat, la Chambre des représentants
18:39et la Cour suprême, ce qui n'est jamais...
18:41Et les quatre fonds d'expérience.
18:43Il va arriver avec, cette fois-ci,
18:45un projet et des choses extrêmement claires.
18:49Pour l'Europe, en fait, ça va vraiment être une heure de vérité.
18:53C'est-à-dire que le défi que va nous lancer Trump,
18:56ça va être un défi commercial,
18:58un défi stratégique sur l'Ukraine et sur l'OTAN
19:01et, j'allais dire, un défi moral,
19:03parce que Trump s'est réclamé de Orban
19:08et donc de la démocratie libérale,
19:10qui d'ailleurs accueille...
19:12C'est la Hongrie qui accueille ce sommet.
19:15Et donc, il va falloir faire notre choix.
19:17Et là aussi, c'est un peu comme pour la France,
19:20le choix est assez clair.
19:22Soit on fait allégeance aux Etats-Unis,
19:24soit l'Europe se désintègre et se fait manger
19:28par les empires autoritaires Russie et Turquie,
19:31soit on arrive à reconstruire et à construire
19:34une Europe puissance.
19:36Mais ça, on a un mode d'emploi assez bon,
19:39qui a été donné par Mario Draghi,
19:41mais pour l'instant, Mme Van der Leyen fait l'inverse.
19:44On va écouter le deuxième extrait d'Emmanuel Macron.
19:47Il avait fait un comparatif assez spécial
19:49entre les herbivores et les carnivores.
19:52Ecoutez cette comparaison
19:54par Emmanuel Macron à Budapest.
19:56Au fond, pour moi, c'est simple.
19:59Le monde est fait d'herbivores et de carnivores.
20:02Si on décide de rester des herbivores,
20:04les carnivores gagneront.
20:05Et nous serons un marché pour eux.
20:07Et je pense qu'au moins,
20:10ce serait pas mal de choisir d'être des omnivores.
20:14Je veux pas être agressif,
20:15je veux qu'on sache se défendre sur chacun de ces sujets.
20:18Mais je n'ai pas envie de laisser l'Europe
20:20comme un formidable théâtre habité par des herbivores
20:24que des carnivores, selon leur agenda, viendront dévorer.
20:27Faut-il parler d'herbivores et carnivores ?
20:29Eugénie Bastier ?
20:30Je continuerai la métaphore.
20:32On peut être des carnivores,
20:33mais aux zoos, quand il y a plusieurs espèces animales,
20:36ça se passe pas très bien.
20:37Le problème de l'Europe, c'est qu'il y a des éléphants,
20:40des crocodiles, des léopards.
20:42Les léopards, les crocodiles et les éléphants
20:44sont pas forcément les mêmes animaux.
20:46Vous l'avez dit, pour réformer une institution,
20:49un pays, pour donner un cap,
20:50il faut un mandat clair et une majorité.
20:52Aujourd'hui, la France n'a pas de majorité,
20:55elle est irréformable.
20:56L'Union européenne n'a pas non plus de majorité.
20:59Les pays de l'Union européenne n'ont pas le même agenda,
21:02les mêmes intérêts.
21:03L'Allemagne a intérêt à une monnaie forte,
21:05à faire des exportations, à une industrie.
21:07C'est ça, le problème, le nœud de l'Europe.
21:10C'est des états qui n'ont pas les mêmes intérêts.
21:12Vous êtes herbivore ou carnivore ?
21:14Je ne sais pas.
21:15Je peux vous le dire, vous êtes carnivore.
21:17Vous voyez, je regardais Emmanuel Macron ce matin.
21:20C'est vrai que l'Europe, il a fait le discours de la Sorbonne,
21:24il a une vision de l'Europe, c'est peut-être sa permanence.
21:27Un dernier discours, il y a quelques mois,
21:29qui a duré 2 heures, on était épuisés,
21:31tellement sous cette avalanche de mots.
21:33Là, c'était un discours qui était construit,
21:36qui a duré une demi-heure.
21:37Je me disais, dans tout cet aréopage où ils étaient,
21:40il y a 44 pays, mais je crois qu'il y avait 40 chefs d'Etat,
21:43parce que c'est vrai qu'après l'élection de Trump,
21:46on se demande ce qu'on va faire.
21:47Peut-être qu'il n'est pas un leader crédible
21:50vu ce qui se passe en France et qu'il n'a pas la puissance économique,
21:54mais je me disais, qui est le dirigeant économique
21:57qui est capable, dans cette réunion-là,
22:00de faire ce discours ?
22:02Il l'a fait plusieurs fois, il marque quand même des points,
22:05ne serait-ce que parce que cette réunion sur l'UE,
22:07c'est lui qui en a eu l'idée.
22:09Mais la France a toujours été comme ça.
22:11Depuis De Gaulle, en passant par Giscard...
22:14La France a toujours fait avancer l'Europe,
22:17sur le G20, le G5, les Conseils européens,
22:21a été la plus imaginative, ce qu'il faisait dire à Giscard en 1975.
22:25La France a une dimension, c'est sa supériorité de l'esprit.
22:30C'est pas la supériorité économique,
22:32mais elle propose les meilleures solutions pour les autres.
22:35Il aurait dû penser un peu plus à la France,
22:38mais il se trouve que c'est vrai.
22:40Je regardais ce matin le président,
22:42il est toujours dans ce rôle-là.
22:44Est-ce qu'il est écouté ?
22:45En ce moment, c'est difficile, mais c'est vrai.
22:48Vous êtes d'accord avec ça, Nicolas Baverez ?
22:50Je crois quand même qu'il a une difficulté.
22:53Le diagnostic, il est bon.
22:55On peut le dire la même chose,
22:56on est à l'âge des empires, des hommes forts,
22:59donc notre monde, on l'aime ou on l'aime pas,
23:02c'est le monde de Trump, de Xi, de Poutine, de Erdogan,
23:06et c'est au milieu de ça qu'il faut vivre.
23:08Donc, si on continue à croire qu'au milieu de ça,
23:11on va faire la paix par le droit et le commerce,
23:14c'est vrai que les choses ne vont pas bien se passer.
23:16Mais là où...
23:18On est des herbivores.
23:19Là où je crois qu'il ne présente pas de solution,
23:23parce qu'il n'est pas en état de le faire.
23:26Et on a deux grands problèmes auxquels il faut remédier.
23:30Le problème de la compétitivité, de la sécurité économique,
23:33ça, Mario Draghi, avec son rapport,
23:35a fourni une très bonne feuille de route.
23:37Et puis, il y a le problème de la sécurité.
23:40La sécurité, normalement, la France est très crédible.
23:43-"Sécurité", et violences, agressions ?
23:45-"Sécurité", avec la défense de l'Europe,
23:48donc de ses frontières extérieures,
23:51et la réponse à ce qui est aujourd'hui
23:53la menace existentielle de la Russie.
23:55Et là, c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a un énorme vide,
23:59et que ce vide de sécurité, il est très inquiétant.
24:02Et si on voulait être concret, là,
24:05il avait parlé un peu de ces questions de défense
24:09dans cette communauté, mais c'est pas le bon forum.
24:12Si on veut parler de sécurité de manière concrète,
24:16il faut faire quelque chose de vraiment ad hoc
24:18avec les grands pays européens,
24:20avec le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne.
24:25Il faut que les cinq se réunissent et travaillent ensemble.
24:28On continue ce débat passionnant avec vous, Nicolas Baverez.
24:32Il est 18h30 lors du rappel des titres de l'actualité
24:35avec Simon Guylain.

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