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7e du dernier Vendée Globe pour sa première participation, Damien Seguin (Groupe Apicil) aborde cette nouvelle édition, dont le départ sera donné dimanche (7 heures), avec beaucoup d'envie.

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Transcription
00:00Et l'un d'entre eux est avec nous et nous attend en direct des Sables d'Olonne,
00:03c'est Damien Seguin sur son bateau Groupe Apicil. Salut Damien !
00:07Bonsoir !
00:08Il est déjà à bord, il est prêt pour partir.
00:10On est lundi Damien, on a un peu de temps, le grand départ c'est dimanche midi.
00:13Comment est-ce que tu vas ? Est-ce que tu es excité, impatient ?
00:15Est-ce que tu as déjà hâte d'être en mer ?
00:19Oui, on a hâte d'être en mer.
00:20Ça fait trois semaines qu'on a les bateaux ici aux Sables d'Olonne.
00:23Alors il y a énormément de public qui vient nous voir, c'est super sympa,
00:25mais on sera bien en mer dans quelques jours aussi.
00:30J'ai entendu « garou » et je sais pourquoi je pars en mer du coup.
00:33Et il y a même une petite frige derrière,
00:35ce qui me rappelle que tu portais le drapeau paralympique pendant les Jeux,
00:38c'est ça, si je ne dis pas de bêtises ?
00:39Oui, exactement.
00:41On a toujours des petites mascottes à bord du bateau.
00:44Et voilà, la frige va faire le tour du monde avec moi.
00:46Damien, septième du dernier Vendée Globe en 80 jours.
00:49Extraordinaire pour un bisou, parce que c'était son premier.
00:52Forcément, j'imagine que tu es encore plus ambitieux cette année
00:54avec un meilleur bateau en plus.
00:55On vise quoi ? Top 5, podium ?
00:59Oui, l'idée, c'est de faire mieux.
01:00Clairement, on s'est doté d'une belle machine.
01:02On a racheté le bateau qui a été vainqueur du dernier Vendée Globe.
01:05On l'a encore amélioré avec des grands foils.
01:07Et voilà, c'est un bateau que je connais bien maintenant.
01:09Je me suis super bien entraîné avec.
01:11J'ai fait des bons résultats ces quatre dernières années.
01:13Donc voilà, on ne s'interdit pas de rêver.
01:15Après, ça reste un tour du monde sur des bateaux qui sont très grands à terre
01:19et qui sont tout petits au final au milieu des océans.
01:22Donc il faut aussi avoir une part de chance
01:24pour pouvoir terminer avec un bateau en bon état.
01:27Tu changes d'un Vendée Globe à l'autre.
01:28Est-ce que forcément, t'as moins d'interrogations,
01:31t'as plus d'expérience, t'as plus de certitude ?
01:33Tu vas en confiance, là.
01:35Tu peux même prendre un peu plus de risques
01:36maintenant que tu sais à quoi ça ressemble.
01:40Si c'était aussi simple, effectivement.
01:42Mais effectivement, je sais à quoi m'attendre.
01:45C'est peut-être ça la différence par rapport au premier.
01:47Après, effectivement, la météo ne sera forcément pas la même.
01:50Les bateaux ont beaucoup évolué avec notamment les grands foils
01:53et le fait qu'ils vont beaucoup plus vite sur l'eau et la vie à bord.
01:58C'est beaucoup dégradé aussi pour nous les skippers.
02:01Donc voilà, il y a des nouvelles choses à appréhender.
02:03À chaque fois, c'est une découverte.
02:04C'est aussi pour ça qu'on y retourne.
02:06On rappelle que Damien,
02:07et ensuite j'ai des questions du plateau aussi,
02:09mais on rappelle que tu es le premier skipper handi
02:11à avoir bouclé le Vendée Globe
02:13parce que tu es né sans main gauche.
02:14Et aujourd'hui, tu n'es plus le seul skipper en situation de handicap
02:17puisque le Chinois, pardon si je prononce mal,
02:19Xing Kongzhu, qui n'a plus de bras gauche,
02:21eh bien lui aussi, il sera au départ.
02:23Est-ce que Damien, il y a un petit sentiment de fierté,
02:25de mission accomplie parce que t'as ouvert la voie,
02:27t'as montré l'exemple pour montrer que c'était faisable ?
02:31Non, clairement, je suis hyper fier
02:32qu'il ait réussi son parcours de qualification
02:34et qu'il soit lui aussi au départ du Vendée Globe.
02:37J'étais le premier il y a quatre ans
02:39et maintenant, je ne suis plus tout seul.
02:40Donc ça prouve que la voile fait partie des sports
02:42qui s'ouvrent complètement à une mixité totale.
02:45Là, on va être 40 au départ.
02:46Sur les 40, il y a six femmes,
02:48il y a des jeunes, il y a des plus anciens
02:50et puis aujourd'hui, il y a deux handis parmi les valides.
02:52Donc voilà, c'est un des rares sports
02:55où on peut parler d'intégration vraiment complète.
02:57Je ne me souviens plus, t'as du matos adapté à ton handicap
03:00ou c'est toi qui t'adaptes
03:01et tu te débrouilles avec les moyens du bord ?
03:04Alors, je n'ai que la colonne de winch
03:05qui est adaptée à mon handicap.
03:07On peut aller voir, c'est ici.
03:09C'est la manivelle ?
03:10C'est les manivelles de winch ici.
03:12Il y a les manchons, en fait,
03:14qui me servent pour wincher.
03:17Mais c'est finalement le seul outil du bateau qui est adapté.
03:19Le reste, effectivement, c'est moi qui fais différemment,
03:22forcément, des personnes qui ont leurs deux mains.
03:24Mais à ma manière, à moi.
03:25Très bien. On a hâte de te voir wincher la voile.
03:28Éric Rabé, Sandra Tanna a une question.
03:29Oui, bonjour Damien.
03:30Juste une question sur la préparation mentale et physique
03:34pour tout ça.
03:36Est-ce que...
03:37Comment ça se passe, en fait ?
03:38Est-ce que c'est vraiment long ?
03:40Est-ce que c'est plutôt court et intense ?
03:43Je ne sais pas comment ça se passe, mais en tout cas, pour comprendre.
03:45Non, c'est le type de course quand même
03:48qu'on met du temps à bien préparer.
03:51La préparation physique, elle est quasiment quotidienne sur nos bateaux.
03:53Donc, ce n'est pas vraiment un enjeu de force physique,
03:56mais c'est un enjeu de ne pas se blesser à bord.
03:59C'est des bateaux qui bougent beaucoup, qui tapent beaucoup.
04:01On est sans arrêt en train de déplacer du matériel aussi à bord
04:05dans un environnement qui n'est pas très stable.
04:07Donc, il faut garder son équilibre.
04:09Il faut avoir des bons appuis.
04:11Donc voilà, c'est ça l'enjeu, en fait.
04:13Et ensuite, la préparation mentale.
04:15Oui, il faut quand même se préparer.
04:16Un tour du monde qui va durer à peu près 80 jours,
04:19tout seul sur un bateau,
04:22ce n'est pas quelque chose qu'on aborde de la plus simple des manières.
04:25Donc, il faut quand même être prêt aussi psychologiquement à endurer tout ça.
04:28Et puis, forcément, le chemin, il n'est pas tout droit.
04:31Ça ne se fera pas sans casse et sans réparation à bord du bateau.
04:35Donc voilà, il faut être prêt à affronter tout ça.
04:3780 jours, c'était l'année dernière, Damien.
04:38Alors, on va mettre un petit peu moins de temps, s'il te plaît.
04:40Pierre Bouby, question.
04:42Salut Damien.
04:44Écoute, moi, je te vois à l'écran.
04:45J'ai l'impression que tu es plus ingénieur qu'autre chose.
04:47Est-ce qu'on va te voir au retour avec des cheveux et une barbe ?
04:50T'en as un rasoir.
04:54Ça, c'est une bonne question.
04:55On verra bien au retour.
04:56Mais là, j'ai pris la version aérodynamique du skipper.
05:01Non mais ça, c'est important.
05:02Il y aura un avant et un après.
05:03Tinian Yembo.
05:03Oui, bonjour Damien.
05:04Une question qu'on a très certainement dû déjà vous poser.
05:07Mais qu'est-ce que vous appréhendez le plus sur une course de cette nature,
05:11avec cette exigence ?
05:12Est-ce que ça va être l'avarie matérielle ?
05:14Est-ce que ça va être le sommeil ?
05:15Est-ce que ça va être la faim ?
05:17Est-ce que ça va être le psychologique aussi ?
05:20La solitude, bien sûr.
05:21Voilà, être tout seul pendant autant de temps sur un bateau,
05:24à devoir avoir la tension à droite, à gauche,
05:27avec un niveau, je pense aussi, de tension qui existe.
05:29Qu'est-ce qui se gère le plus difficilement de votre côté ?
05:34Alors, pour en dire sur le sommeil, l'alimentation,
05:36c'est des choses qu'on maîtrise
05:37et qu'on a testées quand même depuis pas mal de temps.
05:40Mais clairement, ce qu'on craint le plus, c'est la casse mécanique.
05:43On est un sport mécanique.
05:44Nos engins sont fabuleux.
05:45On voit les images.
05:47C'est des bateaux qui volent au-dessus de l'eau.
05:48Donc forcément, si le bateau est amené à avoir une grosse avarie,
05:52alors il y a des choses qui sont réparables
05:54et d'autres qui ne seront pas réparables
05:55et qui contraindront certains d'entre nous à abandonner.
05:57Et voilà, c'est ça qu'on redoute le plus.
05:59C'est la rencontre malencontreuse
06:02avec un objet flottant non identifié
06:04qui nous oblige à arrêter la course.
06:06C'est ça aussi le Vendée Globe.
06:09On n'est que 115 à avoir réussi à terminer un tour du monde en solitaire.
06:13Ça prouve la difficulté de réaliser l'exploit.
06:16Et à contrario, Damien, le moment que tu attends le plus ?
06:20On attend le départ parce que ça fait 4 ans qu'on se prépare pour ça.
06:24Et une fois qu'on aura passé une semaine en mer,
06:27je peux vous assurer qu'on attendra avec impatience l'arrivée aussi.
06:31Avant de se quitter, Damien, on peut en profiter ?
06:33Tu peux nous faire un petit tour du proprio rapidement
06:35avec ton téléphone, là où tu dors, là où tu manges,
06:37et puis finir avec tes salles de boulot.
06:38Montre-nous.
06:39Alors là ici, on est dans le cockpit qui est ouvert sur l'extérieur.
06:42On voit le public des Sables d'Olonne qui est derrière nous.
06:44Coucou madame !
06:45Si je rentre à l'intérieur du bateau,
06:48on va trouver ici mon siège adapté qui est moulé sur moi,
06:54l'écran d'ordinateur, ma cuisine.
06:56Alors ça, ça va vous faire rêver ici.
06:58Ah ouais !
06:58C'est juste un petit réchaud.
06:59Ça c'est pas énorme !
07:00Et la nourriture que j'embarque,
07:01c'est de la nourriture lyophilisée qui est dans ce sachet-là.
07:04Ça prend pas de poids.
07:04Et puis derrière moi, vous avez la banette avec le pouf.
07:08Voilà, c'est là où je vais dormir.
07:10C'est le coin dodo ?
07:10Alors par sieste de 40 minutes.
07:13Jamais plus de 40 minutes à bord du bateau.
07:15Et ça pendant 3 mois ?
07:16Voilà, pendant 80 jours, c'est un sacré rythme à prendre.
07:19Et par rapport aux 40 minutes que tu expliques,
07:22il y a un autre skipper qui expliquait justement
07:25que lui faisait des siestes de 20 minutes.
07:26C'est vraiment adapté à chacun ?
07:28Bah ouais.
07:29Oui, on adapte avec son rythme de sommeil.
07:32Moi, 40 minutes, en fait, c'est deux cycles de 20 minutes qui se suivent.
07:36Mais on est à peu près tous calés sur le même rythme.
07:39Voilà, l'idée, ce n'est pas de se faire mal en dormant aussi peu,
07:42mais c'est de gérer aussi bien la performance du bateau
07:45que notre environnement autour du bateau.
07:47Et pour ça, du coup, on ne peut pas dormir trop longtemps de suite.
07:51Damien, est-ce que pour finir, tu peux montrer un peu dehors ?
07:53Parce que moi, je ne suis pas au Sable d'Olonne
07:55et je ne vois pas dans le port tous les bateaux et tout le public.
07:58Ça aussi, ça fait partie de l'ambiance.
07:59Montre-nous un petit peu qui sont tes voisins ?
08:01Voilà, ici, on a tous les bateaux.
08:04Les 40 bateaux qui sont amarrés au Sable d'Olonne.
08:07Il y a un monde.
08:09C'est assez incroyable, il y a une ferveur ici.
08:12Et c'est assez sympa de vivre ça.
08:15Pour nous, les skippers, on essaye de prendre le plein d'énergie
08:19avec tout le monde qui nous emmène, nos encouragements.
08:21C'est génial. Merci de nous avoir fait partager ça.
08:24On se donne rendez-vous dimanche midi pour le Grand Départ.
08:26Salut Damien, à la prochaine, bonne chance.

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