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Vendredi 1 novembre 2024, SMART TECH reçoit Stéphanie du Boucher (secrétaire générale, Fondation Roche) , Jean-Paul Smets (PDG, Rapid.Space) et Delphine Stucchi (Adjointe au Délégué Régional Académique au Numérique Éducatif, site de Paris)

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00:00Bonjour à tous, comment le numérique transforme l'école, la formation et plus largement la manière dont on apprendra demain, ce sera le sujet à la une aujourd'hui de Smartech.
00:17On ira aussi faire un tour du côté du monde du logiciel libre pour s'intéresser à ce qu'il y a de nouveau dans la bureautique.
00:22Mais d'abord une question, l'accès au numérique est-il devenu essentiel en santé ? C'est tout de suite dans Smartech.
00:31Le numérique peut-il aider à améliorer la prévention en santé des personnes les plus fragiles ?
00:38Que nous disent les études à ce sujet sur le lien entre l'accès au numérique et l'accès aux soins ?
00:44Je suis en compagnie de Stéphanie Dubouchet pour y répondre. Bonjour Stéphanie.
00:47Bonjour.
00:48Vous êtes la secrétaire générale de la Fondation Roche qui pour les deux années qui viennent s'est fixée comme mission de renforcer la prévention en santé des personnes vulnérables grâce au numérique.
00:59A ce titre vous avez commandité une étude, c'est la deuxième édition d'un observatoire désormais sur l'accès au numérique en santé.
01:09En général on s'intéresse à l'accès au numérique, on s'intéresse à l'accès aux soins. Là vous mêlez les deux, pourquoi ?
01:15Exactement. La Fondation Roche travaille sur l'accès aux soins des Français et comment améliorer cet accès aux soins à l'heure notamment du virage du numérique
01:27qui est opéré dans le système de santé et de s'assurer que ce virage numérique n'accentue pas ou ne crée pas de nouvelles fractures d'accès aux soins sur les territoires.
01:38Et donc avec ses partenaires, la délégation du numérique en santé, la Croix-Rouge française, la MEDNUM et l'accélérateur d'innovation sociale de la Croix-Rouge française,
01:47nous avons lancé la deuxième édition de cet observatoire de l'accès au numérique en santé pour identifier plus précisément comment le numérique peut être un levier de prévention pour les publics vulnérables.
02:00Un levier de prévention et surtout pas une exclusion supplémentaire en fait.
02:05Exactement.
02:06Qu'est-ce que vous apprenez là justement de cette deuxième édition ? Quels sont les enseignements que vous en retirez ?
02:11Alors dans cette deuxième édition, il y a beaucoup d'enseignements.
02:14D'abord, on a pu constater par rapport au premier observatoire qu'il y a dans les perceptions des Français une dégradation de l'accès aux soins.
02:25Donc on est sur des perceptions, c'est 3000 Français interrogés.
02:28Et par rapport à 2021, donc le premier observatoire, on observe qu'aujourd'hui un Français sur deux se déclare vivant dans un désert médical, donc perçoit en fait qu'il vit dans un désert médical, contre 37% en 2021.
02:44Donc on voit bien qu'il y a un fossé qui se creuse dans les perceptions.
02:48Néanmoins, la bonne nouvelle, c'est que pour 8 Français sur 10 environ, le numérique peut être une réponse pour rapprocher justement les Français du système de santé et améliorer cet accès qu'ils voient se dégrader.
03:04Et alors vous tirez des profils en fait de Français face à cette question du numérique en santé.
03:10Et alors il y a un profil qui est exclu du système de santé et du numérique.
03:15C'est lié les deux ?
03:17Non, alors on voit qu'il y a un parallélisme souvent qui se crée entre l'accès aux soins et l'éloignement du numérique, donc les personnes qui sont isolées globalement.
03:28Mais on distingue en fait trois profils sur les vulnérabilités.
03:32Un profil de vulnérabilité économique, un profil de vulnérabilité plutôt médicale, d'accès en fait aux soins et de littératie en santé, et un profil de vulnérabilité numérique.
03:45Et alors certains Français craignent d'être moins bien soignés à l'avenir, faute de maîtriser justement suffisamment ces outils du numérique. Est-ce qu'il y a un risque réel selon vous ?
03:55Nous en fait ce qu'on essaie de distinguer c'est les défis qu'il y a à relever pour justement faire du numérique un véritable levier d'accès aux soins, d'amélioration de la santé des Français.
04:08Et dans ces défis ce qu'on distingue c'est notamment le besoin d'accompagner les Français, donc il y a un vrai besoin de les aider, notamment les populations vulnérables,
04:19puisque plus d'une personne sur deux dans les populations vulnérables n'ont jamais utilisé le numérique pour leur santé.
04:26Donc il y a un vrai besoin d'accompagnement de ces publics pour la prise en main d'utilisations, d'outils, de prises de rendez-vous, etc. qui pourra les rapprocher du système de santé.
04:38Il y a aussi deux autres défis, celui de la confiance que les Français ont dans ces outils numériques, et cela on le voit passer très majoritairement par le professionnel de santé
04:50qui doit être un prescripteur des outils numériques et pouvoir identifier et guider, orienter les Français dans l'usage des outils numériques dont ils ont besoin,
05:00notamment sur les axes de prévention, afin de mieux orienter les personnes.
05:06Et vous pensez à quoi comme outil précisément utile dans la prévention ?
05:11Outil utile dans la prévention, il y a les campagnes de prévention qui sont poussées vers les publics.
05:17Il y a beaucoup de campagnes et on voit notamment que chez les publics vulnérables, ils trouvent ces campagnes parfois trop anxiogènes.
05:25Donc l'idée c'est de pouvoir, grâce à un défi aussi, le troisième dont je n'ai pas parlé qui est la personnalisation,
05:33pouvoir identifier les messages dont ces populations ont particulièrement besoin,
05:38afin qu'elles n'aient pas la pression d'être submergées par trop de campagnes, trop de messages et de pouvoir réellement recevoir les informations qui leur sont utiles.
05:47Merci beaucoup Stéphanie Dubouchet de nous avoir éclairé sur ce sujet et ses défis à relever.
05:52Je rappelle que vous êtes la secrétaire générale de la Fondation Roche.
05:56Merci encore. C'est l'heure de notre débat sur les nouvelles façons d'apprendre avec le numérique.
06:01La délégation de La Prospective au Sénat vient de rendre public son travail sur l'intelligence artificielle et l'éducation.
06:12Les sénateurs demandent notamment un meilleur accompagnement des enseignants, un approfondissement de la recherche sur le sujet.
06:18En effet, derrière les écrans se cache une véritable révolution des apprentissages.
06:23Comment le numérique transforme l'école, la formation et plus largement la manière dont nous apprendrons demain ?
06:29Pour en parler en plateau, Delphine Stucci, pédagogue, référente académique de l'Education, adjointe au délégué régional académique au numérique éducatif sur Paris.
06:48Et à vos côtés, Marie-Christine Leveb, fondatrice d'Educapital, premier fonds européen dédié à l'EdTech.
06:55Objectif, évidemment, c'est d'apporter de l'innovation dans l'éducation et l'apprentissage.
06:59Et on a parlé ensemble d'un livre blanc que vous venez de publier sur l'intelligence artificielle et l'éducation, avec cet enjeu de souveraineté qui est mis en avant.
07:08Je voulais d'abord qu'on revienne sur cet autre rapport qui vient donc d'arriver du côté du Sénat.
07:13Je disais qu'il émane de la délégation à La Prospective, mais l'IA à l'école, ce n'est pas le futur proche.
07:20On peut déjà dire que l'IA a fait sa rentrée scolaire.
07:23On apprend notamment par les sénateurs que 90% des élèves de seconde utilisent les IA génératifs, comme Chad Djibouti, bien évidemment.
07:31Est-ce qu'on n'est pas déjà finalement dépassé par le phénomène de l'IA à l'école ?
07:36Je vais me permettre. Non, nous y réfléchissons depuis un certain nombre de temps, même si peut-être ça ne se voit pas par rapport au grand public.
07:47Il y a justement un rapport de mars 2024 sur lequel nous devons nous appuyer, qui a été apporté notamment par l'inspecteur général Erwin Vettel et qui nous donne des grandes directives.
08:02Nous avons aussi fait des séminaires pour accompagner nos cadres. Il y en avait un le 30 septembre.
08:09Il y a un grand séminaire qui a été porté par le ministère à Infiné, à Poitiers.
08:15Nous sommes complètement dans l'objet de l'IA qui effectivement...
08:21Et déjà depuis le premier rapport Villani en 2018, l'éducation faisait partie des grands secteurs qui étaient concernés par ces questions.
08:29Tout à fait. Et on est tout à fait conscients que les élèves utilisent ChadJPT ou TikTok au niveau de l'IA, que les enseignants de leur côté aussi l'utilisent.
08:39Et à un moment donné, il faut justement croiser, comme dit Bastien Mas, chercheur avec lesquels on travaille, il faut croiser justement les enseignants et les élèves pour apporter un cadre.
08:51Et c'est tout le rôle que nous avons, nous, à la région académique Ile-de-France, dont je fais partie, pour apporter ce cadre et bien évidemment respecter tout ce qui est aussi RGPD.
09:02Parce qu'il faut bien évidemment porter ce sujet-là qui est prégnant.
09:08Alors c'est un vrai pharmacon, l'IA. On peut le craindre, mais c'est passionnant.
09:14C'est-à-dire que ce qu'on peut arriver à faire avec l'IA va être passionnant.
09:19Et l'éducation nationale justement va avoir, à mon avis, une vraie révolution dans l'éducation de nos élèves.
09:28Alors c'est ce que j'allais dire. Finalement, quand on parle de l'intelligence artificielle à l'école, dans l'éducation, ça va au-delà de simplement faire faire ses devoirs à GPT.
09:38On est vraiment sur une transformation des modes d'apprentissage, non, Marie-Christine ?
09:42Oui, alors l'IA bouleverse vraiment la manière dont on enseigne et dont on apprend.
09:46C'est une véritable révolution. Nous, ça fait dix ans qu'on regarde un peu toutes les disruptions technologiques dans le secteur de la tech.
09:52Et c'est vrai que là, on a vraiment une énorme révolution technologique.
09:55Alors après, ça fait dix ans qu'il y a aussi plein de rapports qui sortent.
09:59Chaque année, il y a un rapport qui sort, soit du Sénat, soit de l'inspection générale des entreprises.
10:06Il y a eu des milliers de rapports qui sont sortis sur le numérique éducatif pour dire, voilà, il faut y aller, il faut investir dans le numérique éducatif.
10:13On sait qu'à un moment donné, il n'y a pas de raison que l'éducation ne s'en prenne pas de la technologie, puisque tous les autres secteurs ont vécu leur évolution numérique.
10:22Et malgré le fait qu'il y ait tous ces rapports, on est toujours aujourd'hui dans une situation où le numérique a du mal à rentrer à l'école.
10:30Alors vous, vous faites partie d'un cas un peu différent. C'est un peu un OVNI, je vous l'ai dit tout à l'heure.
10:35Vous êtes un peu un OVNI, puisque c'est vrai que Paris et la région Île-de-France ont fait beaucoup de choses dans le numérique éducatif.
10:41Mais aujourd'hui, si on regarde au niveau français, on a dans un lycée ou dans un collège, sur 100 élèves, on en a 30 équipés.
10:48Donc on a toujours un problème d'équipement, on a toujours des problèmes de Wi-Fi 20 ans après l'arrivée d'Internet.
10:55Alors on a quand même un qui est équipé un peu, et derrière, pour moi, on n'a encore pas assez investi dans l'innovation pédagogique.
11:02Et les élèves, eux, ils y vont. Et ils y vont par Tchad-GPT, par OpenAI.
11:08Et c'est dommage, parce que l'idée, moi j'en suis convaincue, c'est qu'il faut mêler éducation et innovation.
11:16Et Tchad-GPT, ce n'est pas un outil d'éducation.
11:19Par contre, si on crée vraiment des outils, des innovations d'IA responsables, éthiques, qui sont vraiment faites pour l'éducation,
11:27on pourra aller beaucoup plus loin et on pourra résoudre quand même un problème majeur en France, c'est l'hétérogénéité des classes.
11:35Aujourd'hui, on a vu quand même une forte chute des élèves dans les classements PISA, particulièrement dans les matières scientifiques.
11:45Et on a une forte hétérogénéité des classes, avec vraiment une très très grande différence de niveau entre les élèves.
11:52Et là, c'est ce que l'IA peut faire. Elle peut aider à créer des parcours personnalisés.
11:57Plus personnalisés. Qu'est-ce qu'on appelle le numérique éducatif, quand même, d'abord, peut-être, pour commencer ?
12:02Oui, c'est une très bonne question, parce que le numérique est partout aujourd'hui.
12:06Et en fait, très peu de gens savent qu'il a complètement intégré l'éducation avec la création en 2013 des délégations académiques au numérique éducatif.
12:15Donc le numérique éducatif, c'est la transformation de l'éducation au et par le numérique pour favoriser l'engagement de nos élèves,
12:22diversifier justement les apprentissages, puisqu'avec le numérique, on va tout à fait porter des sujets transversaux.
12:29Et c'est les neuf gestes transversaux que l'on a écrits à Paris, ici dans notre livre blanc aussi, pour le numérique.
12:36Et puis, c'est aussi faire de nos élèves des citoyens éclairés.
12:40Mais ça veut dire des nouvelles pratiques éducatives qui arrivent à l'école ?
12:44Totalement.
12:45Par exemple ?
12:46Je suis, notamment moi, chef de projet e-éducation sur Paris.
12:52Et ça veut dire quoi, la e-éducation ? C'est aussi concevoir des parcours pédagogiques scénarisés.
12:56Et c'est là où l'intelligence artificielle va évidemment faire en sorte qu'on va différencier dans les classes,
13:02permettre cette différenciation, évaluer différemment.
13:05Et le parcours pédagogique scénarisé avec Moodle et l'EA, pour ne pas le nommer, qui est un outil national, une ressource nationale,
13:12va permettre effectivement de passer d'une posture de l'enseignant, de l'enseigner, à faire apprendre.
13:17Et là, on est complètement, et je rejoins complètement Marie-Christine...
13:20C'est pas la même chose ça ? Enseigner, faire apprendre ?
13:22Ah non. Enseigner, c'est... Si vous avez la posture d'enseigner, vous êtes dans du descendant du transmissif.
13:28Le faire apprendre, vous êtes dans le côte-à-côte.
13:30Et là, l'enseignant a vraiment une vraie réflexion pédagogique, d'ingénierie pédagogique,
13:37où il va voir sa classe, dire quelle est la ressource, et le choix de la ressource est essentiel pour l'enseignant.
13:43Et on ne déplace pas le sujet. L'enseignant garde toute son importance pour sa classe.
13:51Et par contre, la réflexion va être autre, parce que quand on a des élèves justement en difficulté,
13:57il faut s'adresser à tous nos élèves. Je parlerai aussi de l'accessibilité avec l'intelligence artificielle,
14:03qui va avoir, je l'espère, quand même sa place...
14:06Pour les élèves en situation de handicap, par exemple.
14:08Exactement. Pour tous nos élèves en situation de handicap, sur lesquels il faut aussi faire un grand pas en avant.
14:13Et je rejoins complètement Marie-Christine, la région académique Ile-de-France,
14:17et peut-être, même si je côtoie beaucoup le National, en avance sur l'accompagnement de nos cadres,
14:24formateurs, enseignants sur le numérique éducatif. Mais nous avons une stratégie à Paris.
14:30Alors cette stratégie, je vais peut-être la donner rapidement.
14:32Alors très rapidement, parce que moi j'ai quand même plusieurs questions avant que vous nous présentiez la stratégie.
14:37D'abord, cette première question. Est-ce qu'on est sûr que ce numérique,
14:43parce que moi j'entends bien toutes les possibilités de nouvelles manières d'apprendre grâce au numérique,
14:48mais est-ce qu'on est sûr que, par exemple, l'utilisation de l'IA générative qui est généralisée partout,
14:53ça peut améliorer les apprentissages, ça peut élever le niveau des élèves ?
14:56Alors oui, clairement oui. Pizarre, qui a fait une étude et qui a montré la baisse de niveau,
15:01a montré que les élèves qui utilisaient une heure d'outils numériques par jour dans le cadre de l'école
15:09avaient progressé de 10 points par rapport aux autres élèves.
15:13Pourquoi ? Parce que c'est des outils qui les engagent plus,
15:16qui sont beaucoup plus liés à la manière dont ils consomment l'information dans leur vraie vie.
15:20L'école, il n'y a pas l'école et on oublie totalement sa vraie vie.
15:24C'est une continuité de la vie et donc c'est vraiment des outils qui sont en général plus liés à leurs usages.
15:30Donc il peut y avoir de la vidéo, des formats courts, etc.
15:33qui les engagent plus dans des outils d'adaptive learning.
15:37C'est ce qu'on appelle l'apprentissage personnalisé.
15:39C'est vraiment le fait de donner à chacun un parcours d'apprentissage qui lui correspond,
15:45puisque chaque élève apprend, retient de manière différente.
15:48Certains ont besoin de plus de répétitions, d'autres moins.
15:51Donc là, comment ça se passe ? Le professeur fait son cours de manière normale
15:54et quand il donne les exercices, au lieu de donner finalement le même exercice à tous les élèves d'une classe,
15:59grâce au numérique, on a juste des exercices qui s'adaptent à son niveau.
16:05C'est ce que font déjà les enseignants.
16:07C'est ce que fait le professeur particulier quand il a 2-3 élèves.
16:09Mais quand il a une classe de 40 ou de 30, on ne peut plus le faire.
16:12Et donc on a des preuves que les résultats sont là à chaque fois.
16:15Oui, les résultats sont là.
16:17Et ce que je voulais dire, c'est que le numérique éducatif, c'est avant tout des outils pour le professeur.
16:21Donc le professeur fait-let, c'est des outils qui lui permettent de gagner du temps.
16:24Là, par exemple, avec l'IA, on a une société comme Nolège
16:27qui permet au professeur de créer plein d'exercices, plein de quiz à partir de n'importe quel contenu.
16:32Donc ça, ça lui gagne énormément de temps, qui est du temps un peu fastidieux.
16:35Ça permet, maintenant on voit même des choses qui permettent de corriger des copies,
16:38corriger des QCM, des choses qui n'ont aucune valeur ajoutée.
16:41Et ça lui permet effectivement de différencier un petit peu l'apprentissage.
16:46Et de l'autre côté, du côté d'élèves, ça l'engage plus, parce que c'est adapté à son usage.
16:51Et surtout, ça utilise un peu les mêmes mécaniques que le jeu vidéo,
16:55c'est-à-dire qu'on progresse toujours.
16:57Parce que la grosse difficulté de l'éducation, c'est le décrochage.
17:00Et c'est ce qu'on voit, il y a 80 000 enfants qui décrochent chaque année du système scolaire,
17:04c'est vraiment notre fléau.
17:06Et ça continue à la fac, en première année de fac, il y a 60% des élèves qui décrochent.
17:10Et grâce à un apprentissage plus adapté, on arrive finalement à faire progresser les élèves et ne plus bloquer.
17:17Alors, juste sur corriger les copies, alors effectivement ça peut être un gain de temps sur des QCM,
17:22mais j'imagine que l'importance quand même de l'enseignant sur,
17:25bien comprendre justement ce qu'a restitué son élève, la manière dont il a fait, ça reste l'essentiel.
17:33Il est de plus en plus clé le rôle de l'enseignant, surtout à l'ère de fake news, de manipulation des masses.
17:39Donc il y a un énorme sujet que l'enseignant doit éduquer aussi au numérique, éduquer aussi au danger du numérique,
17:45et éduquer à l'esprit critique.
17:48Je pense que ce dont on aura le plus besoin dans les années à venir, c'est le développement de l'esprit critique.
17:52Alors, peut-être que ça va être pour vous l'occasion d'expliquer justement comment se positionne l'académie sur ce sujet,
17:58mais on a quand même aussi un problème, c'est la défiance vis-à-vis des écrans.
18:02C'est qu'on entend beaucoup aujourd'hui un discours de rejet vis-à-vis des écrans.
18:08Les parents sont inquiets de voir leurs enfants derrière des écrans en permanence.
18:12Les professeurs n'ont pas forcément non plus envie de ça.
18:14L'éducation appelle à ranger les smartphones dès l'entrée dans l'école.
18:21Donc, comment est-ce qu'on gère ce paradoxe en disant on veut plus de numérique, donc il faut de l'équipement,
18:27et en même temps on dit oh là là, mais attention les écrans c'est méchant.
18:30Je pense justement qu'on va le gérer en apportant de la qualité.
18:34Si on rassure les premiers, je pense inquiets, c'est quand même les parents,
18:39à un moment donné, les parents doivent faire partie intégrante de nos réflexions.
18:45Ça c'est un sujet évident, notre objectif c'est d'accompagner leurs enfants,
18:51d'éduquer leurs enfants à justement les nouvelles technologies.
18:55C'est comment on va faire de nos élèves leurs enfants des futurs citoyens.
19:01On ne peut pas, nous, être à l'écart de ce qui se passe dans le monde entier
19:05et ce que les élèves prennent déjà en main.
19:09Donc il y a un moment donné, si l'école dit on continue avec des méthodes du 19ème siècle,
19:15sauf que là on est complètement dans l'industrialisation de l'éducation
19:18où on a comme disait Marie-Christine 35 à 40 élèves par classe,
19:22comment nous allons avoir une crédibilité pour faire de nos élèves,
19:26vraiment je le redis, les citoyens de demain.
19:29Les métiers vont beaucoup évoluer avec l'arrivée de l'intelligence artificielle,
19:33mais déjà avec le numérique ça va beaucoup évoluer.
19:36Les parents ne sont pas toujours au fait de ces métiers.
19:39Je peux engager aussi la réflexion sur l'inégalité des métiers pour les filles et les garçons.
19:46C'est un vrai sujet et c'est un sujet très important
19:49sur lequel il va y avoir des impacts économiques, sociaux et sociétaux.
19:53Il va falloir prendre ça avec beaucoup de sérieux
19:56et ça c'est ce qu'il faut faire passer aux parents.
19:59Je parle de qualité, je parle bien évidemment d'engagement
20:02et à partir du moment où on a un cadre, et ça le cadre est essentiel pour rassurer,
20:07je pense qu'on doit dire aux parents ok, entièrement d'accord en maternelle, pas d'écran.
20:12Mais à un moment donné, on monte justement avec un niveau d'écran plus ou moins élargi
20:19et chaque enseignant de toute façon, je vais vous le dire,
20:22nous ne demandons pas à tous nos enseignants de se lancer dans le numérique éducatif.
20:26Nous allons garder bien évidemment dans une progression à l'année
20:31il y a quelques moments où le numérique, ou l'utilisation notamment des parcours,
20:36avec Knowledge Nous c'est très important aussi, c'est une ressource importante,
20:41on va former nos enseignants et les cadres aussi à l'utilisation modérée de ces ressources
20:49pour l'intérêt de nos élèves.
20:51Est-ce que cette polémique sur les écrans, elle freine aujourd'hui la révolution des apprentissages ?
20:56Alors oui, la polémique des écrans, elle freine l'entrée du numérique à l'école
21:00et c'est vraiment un faux débat.
21:02Parce que le problème du temps d'écran, c'est le problème des grands réseaux sociaux
21:07où les jeunes ont une attitude totalement passive à passer des heures et des heures
21:12et celui qui est le plus à nommer c'est TikTok.
21:15Donc aujourd'hui il faut s'attaquer au vrai problème, à ce temps passé sur les réseaux sociaux,
21:19à cette captation des données par des gens qui ont un modèle publicitaire,
21:23c'est pas du tout le numérique éducatif.
21:25Et au contraire, le numérique éducatif c'est enseigné par le numérique,
21:29enseigné au danger du numérique et c'est le prof qui en a le contrôle.
21:33Et c'est un faux débat qui vraiment est en train de faire reculer la France
21:38dans l'avènement du numérique dans l'éducation.
21:41Et il faut vraiment s'adresser au vrai coupable.
21:44Et même la commission écrans n'a pas dit ça.
21:48La commission écrans a vraiment dit que le gros sujet c'était ce temps passé sur les réseaux sociaux.
21:54Alors il reste des âges fixés dans cette commission écrans
21:58qui vont poser un problème si on met le numérique à l'école.
22:02Puisqu'il ne faut pas avoir accès à un portable avant 13 ans par exemple.
22:06Oui alors moi je pense que je suis tout à fait d'accord.
22:08Avant 3 ans bien sûr il n'y a pas de portable.
22:10Après c'est un usage qui peut être encadré par les adultes.
22:14Après honnêtement mieux vaut avoir un smartphone à 11 ans ou à 12 ans à l'entrée en 6ème,
22:20qui est en général l'âge à lequel on commence à avoir son smartphone.
22:23Et faire tous les soirs 15 minutes d'anglais sur une application d'apprentissage des langues.
22:27Ou 15 minutes de mathématiques etc.
22:31Plutôt que de ne rien faire.
22:33Et c'est honnêtement pas les 15 minutes de maths qui vont créer une addiction.
22:38Et en même temps il faut s'adresser au vrai problème.
22:40Et peut-être à un moment donné couper l'accès sur les réseaux au bout d'un certain temps d'usage.
22:46De faire demander des cartes d'identité.
22:49Alors il y aura toujours des gens qui contourneront.
22:51Mais au moins pour la plus grande majorité on évitera ce temps excessivement passif.
22:55Qui aujourd'hui vous nous dites freine cette révolution des apprentissages à l'école.
23:00Oui parce qu'on se cache derrière ce débat pour ne pas aborder les vrais sujets.
23:05Parce que le vrai sujet c'est aussi le manque de moyens du numérique éducatif.
23:10On a investi dans des équipements.
23:12Il y a eu beaucoup d'argent un peu perdu dans les équipements.
23:16Il y a eu les fameuses tablettes de François Hollande qui sont restées dans des placards.
23:19Parce qu'il n'y avait rien à mettre dessus.
23:21Et derrière on n'a pas assez investi dans l'innovation pédagogique.
23:25C'est ça le nerf de la guerre.
23:26C'est vraiment comment j'utilise le numérique pour faire de l'innovation.
23:29Et on n'a pas assez investi aussi dans un grand sujet qui est la formation des profs.
23:32Merci beaucoup en tout cas de travailler toutes les deux sur ces sujets très importants.
23:37Marie-Christine Levesque d'Educapital.
23:39Merci encore Delphine Stoucky.
23:41Adjointe au délégué régional académique au numérique éducatif à Paris.
23:45Juste après c'est notre rendez-vous avec le monde du logiciel libre.
23:51On termine cette édition avec un regard sur le monde du logiciel libre raconté par Jean-Paul Smets.
24:01Comme d'habitude PDG de Rapid Space.
24:03Bonjour Jean-Paul.
24:04Bonjour.
24:05Alors là tu viens de rentrer de Chine avec encore une fois des nouveaux logiciels libres venus d'Asie.
24:10Oui j'ai découvert une société qui s'appelle DreamNum qui fait un logiciel libre de bureautique du nom de Univer.
24:16Ils sont situés à Shanghai dans le quartier de Lujajui.
24:20Justement à côté de la Pearl Tower et des gratte-ciels financiers.
24:23Bon mais on a déjà pléthore d'offres de suite de bureautiques libres non ?
24:27On a l'impression qu'on en a beaucoup.
24:29Parce que par exemple dans le domaine du libre on a des gens comme Nextcloud, Netframe, Twake, Only Office, X-Wiki.
24:36Ou chez les gens qui font des suites de collaboratifs on a James Pott par exemple ou Waller.
24:43Mais en réalité derrière ces offres qui sont très nombreuses se cachent seulement deux moteurs technologiques.
24:48D'accord.
24:49L'un qui s'appelle Collabra, libre office de l'éditeur anglais du même nom.
24:53Et l'autre qui s'appelle Only Office de Ascensio System.
24:56Et en fait toutes ces offres de solutions collaboratives dépendent de moteurs bureautiques européens.
25:02Mais qui sont un peu limités et qui n'évoluent pas très vite.
25:06Et donc il y a plein d'autres logiciels.
25:08Par exemple en Chine on a WPS depuis 36 ans qui est une belle offre libre.
25:12Bydance l'éditeur de TikTok est aussi l'éditeur de Lark.
25:15Une suite bureautique en ligne qui a beaucoup de succès.
25:18Singfree en Corée.
25:20Mais bon.
25:21Et donc que propose Dreamnium de différents avec Univer ?
25:26Alors toutes les suites ou tous les moteurs bureautiques ont un gros problème.
25:30C'est qu'ils gèrent très mal un tableur Excel de dizaines de millions de lignes avec des formules compliquées.
25:36Et ça c'est ce dont on a besoin quand on fait le budget d'un état.
25:39Ou quand on fait les trajectoires de risque d'une grande banque.
25:42Et donc le fondateur de Dreamnium qui s'appelle Liu Yang s'est attaqué au problème en 2016.
25:49En essayant de faire un moteur de tableur capable de traiter des calculs avec des dizaines de millions de lignes.
25:56Il a réussi.
25:57Il en a fait un logiciel libre qui s'appelle Lucky Sheet.
26:01Et qui a commencé à rencontrer beaucoup de succès dans le monde du libre.
26:05Et donc c'est lui qui a créé Dreamnium après ?
26:07Oui parce qu'avec le succès il a été remarqué par tous les géants chinois.
26:10Meituan, Ali, Kingsoft eux-mêmes.
26:14Et il a eu des offres.
26:16Alors il a rejoint ByteDance pour travailler sur le tableur de l'arc.
26:20Mais en fait la technologie de l'arc était en quelque sorte moins avancée que celle de Lucky Sheet.
26:26Et donc il s'est dit.
26:27Moi ce que j'ai envie c'est que mon tableur, mon moteur qui permet de gérer des dizaines de millions de lignes.
26:31Que ça devienne un produit international.
26:33Qu'on puisse vendre à toutes les entreprises du monde.
26:36Et c'est comme ça en fait qu'un dirigeant des GAFAM.
26:39Et un très célèbre investisseur chinois.
26:41Lui ont fait un fonds d'amorçage.
26:43Et lui ont permis avec quelques millions d'euros.
26:45De transformer Lucky Sheet en univers.
26:48De créer la société Dreamnium.
26:50Au passage les fonctions de table pivot qui étaient libres sont devenues propriétaires.
26:56Le produit s'est donc développé plus vite.
26:58Au détriment de la liberté avec un modèle OpenCore.
27:00Et alors comment est-ce que tu vois l'avenir de Univer ?
27:03Alors en fait ce que nous dit Liu Yang.
27:05C'est que pour lui ce qui va changer les choses c'est l'IA.
27:08Donc ça s'appelle Univer.AI.
27:10Et parce qu'en fait quand on fait du tableur.
27:13Avant de traiter les données on les collecte.
27:15Ensuite on les met dans une base de données.
27:16Ensuite on les traite.
27:17Ensuite on les présente.
27:18Et pour lui l'IA permet d'automatiser la collecte.
27:21Et d'automatiser le nettoyage d'une part.
27:23Et d'aider l'utilisateur en fait à faire ses présentations plus rapidement.
27:28Et donc c'est ce genre de service propriétaire qui va être intégré dans Univer.
27:32En complément d'une base libre.
27:34Qui est en fait le socle technologique intégré par les éditeurs.
27:37Puisqu'on va pouvoir imaginer par exemple.
27:39Qu'un des éditeurs français de solutions collaboratives intègre Univer.
27:42Et l'argent en fait entre 3000$ et 30000$ par an que peut gagner Univer.
27:48Va provenir en fait de ces services propriétaires.
27:51Merci beaucoup Jean-Paul Smets.
27:53Qui nous raconte ce monde du logiciel libre régulièrement dans Smartech.
27:56Et merci à vous de nous suivre régulièrement à la télé sur la chaîne Bsmart4Change.
28:01Sur les podcasts et les réseaux sociaux.
28:04A très bientôt pour de nouvelles discussions sur la tech.