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Philippe de Villiers, ancien ministre et auteur de «Mémoricide» : «Le mémoricide est à une nation ce que le génocide est à un peuple».

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Transcription
00:00Je me suis dit, en fait on est en train de vivre quelque chose qu'il faudrait caractériser.
00:05C'est plus que la perte de la mémoire, c'est la perte d'une civilisation, c'est la perte d'une manière de vivre qui était celle de nos pères, de nos mères,
00:14de tous nos repères, nos idéaux, nos filiations, etc.
00:17Mémoricide.
00:19Le mémoricide c'est à une nation ce que le génocide est à un peuple.
00:25En fait le mémoricide c'est quand un peuple vit avec une mémoire atrophiée, qu'on ne transmet plus,
00:34on laisse en jachère la mémoire vivante du dépôt millénaire,
00:39un peuple tente de vivre avec une mémoire pénitentielle, avec l'amnésie des grandeurs et l'hypermésie des lâchetés,
00:48avec une mémoire invertie quand on cherche à vivre à l'envers de ce que nos pères ont vécu.
00:57Et c'est le contraire d'une civilisation traditionnelle.
01:03Une civilisation c'est un état social dans lequel celui qui arrive au monde s'aperçoit très vite que ce qu'il a apporté est infiniment moins subtil que ce qu'il trouve malgré lui.
01:17Or là nous avons basculé dans un état social inverse.
01:23Nous sommes dans un monde post-historique où l'instant d'après mange l'instant d'avant,
01:31où le temps long est grignoté, effacé par le caprice fugitif de l'illimitation marchande.
01:42C'est-à-dire qu'on tente de greffer une mémoire, on l'a vu dans la cérémonie des Jeux, une nouvelle mémoire sur l'ancienne mémoire qu'on répudie.
01:50C'est le temps de la transmémoire.

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