• il y a 2 mois
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Chaque matin dans son édito, Alexis Brézet revient sur l'actualité politique du jour. Ce lundi, il s'intéressent au débat autour du Budget 2025 qui est mis à l'arrêt à l'Assemblée nationale le temps d'étudier la question du budget de la Sécurité sociale.

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Transcription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexi, bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Alors Alexi, les députés ne sont pas parvenus à terminer samedi l'examen de la partie recette du budget,
00:10ils ne reprendront ce dossier-là que dans dix jours, puisque ce lundi, pas le choix,
00:14ils doivent entamer l'examen du budget de la sécurité sociale.
00:16Est-ce que ce report vous semble grave, Alexi ?
00:19Alors évidemment Dimitri, les juristes experts dans cet art chinois qu'est la procédure parlementaire
00:25vont nous dire que non, ce n'est pas grave, que ce n'est que partie remise
00:29et que d'ailleurs, même si le budget a été rejeté par l'Assemblée en première lecture
00:33ou s'il n'était pas voté parce que le délai légal aurait été dépassé,
00:37eh bien le gouvernement pourrait encore s'en tirer en appliquant quand même ce texte que personne ne veut voter,
00:42en invoquant pour cela le bénéfice de tel ou tel dispositif subtil prévu par la Constitution.
00:49Juridiquement, ce n'est pas faux.
00:51Mais enfin, il n'en reste pas moins que politiquement,
00:53cette incapacité manifeste des députés à doter le pays d'un budget
00:58envoie aux Français comme au reste du monde un signal catastrophique.
01:02Je dis au reste du monde parce que vendredi soir, il s'est passé quelque chose de grave
01:06dont on a assez peu parlé et dont demain, vous verrez, on ne parlera déjà plus,
01:10c'est que l'agence de notation Moody's a sanctionné la France.
01:14Alors certes, elle ne nous a pas formellement dégradé,
01:17mais enfin, en plaçant notre notation sous perspective négative
01:21et en assortissant sa décision de commentaire d'une grande sévérité,
01:25elle a clairement indiqué que si rien n'était fait pour rétablir énergiquement,
01:30séance tenante, notre situation financière,
01:33nous n'échapperions pas la prochaine fois au coup près.
01:36Et vous nous dites, Alexis, que ce qui se passe à l'Assemblée n'est pas de très bon augure.
01:40Enfin, c'est accablant.
01:41Normalement, une telle menace devrait conduire nos représentants à se retrousser les manches,
01:46à prendre le problème à bras le corps.
01:47Mais c'est tout le contraire.
01:49La faillite nous guette, nos créanciers s'inquiètent,
01:52les huissiers de la finance internationale sont à nos trousses,
01:55bientôt ils demanderont la saisie de nos meubles.
01:58Et que font les députés ?
01:59Enfin, quand ils daignent siéger, de droite, de gauche, du centre, des extrêmes,
02:04tous en chœur et à l'unisson,
02:06ils se donnent le mot pour réduire notre projet de budget en sharpie.
02:10Ils déchiquettent les impôts prévus au motif qu'ils sont absurdes.
02:13Ce qui n'est pas faux.
02:14Mais alors, ils en inventent d'autres impôts plus absurdes encore.
02:18On remplace une taxe sur les entreprises par une taxe sur leurs actionnaires,
02:22un impôt sur les milliardaires par un autre impôt sur les multimilliardaires.
02:27On supprime le malus auto, tant mieux,
02:29mais on invente une taxe prohibitive sur les billets d'avion et les avions d'affaires.
02:33Et puis alors, il y a aussi la ministre de la Santé
02:36qui sort de son chapeau une taxe sur le sucre et les produits sucrés,
02:40qui font grossir, comme chacun sait.
02:42Et pourquoi pas le sel, tant qu'on y est ?
02:44Parce que c'est pas bon pour la tension, le sel.
02:46Et l'impôt, d'ailleurs, il a existé pendant des siècles.
02:47Ça s'appelait la Gabelle et ça a très bien fonctionné.
02:50Rétablissons la Gabelle.
02:52Et puisqu'on est dans l'alimentation,
02:54n'oublions pas la contribution décisive du grand Emmerich Caron,
02:58la niche fiscale Milou, un crédit d'impôt pour les acheteurs de croquettes pour chiens.
03:03Bon, le résultat de ce grand n'importe quoi,
03:06c'est que le volet recette du budget n'a pas pu être adopté dans les temps
03:10et qu'on ne sait pas s'il le sera un jour.
03:12Et vous pensez que les marchés, à cause de cela, peuvent nous sanctionner ?
03:16Mettez-vous à la place, Dimitri, du gérant de fonds américain ou singapourien.
03:20Il sait à peine où est notre pays, il ne comprend rien à nos argusties parlementaires.
03:24Tout ce qu'il voit, c'est que la maison France brûle
03:26et que les députés français ne font rien pour éteindre l'incendie.
03:30Et vous pensez qu'ils vont continuer, ces gérants, de prêter leur argent,
03:33enfin, leur argent, celui de leurs épargnants ou de leurs retraités,
03:36à ce pays qui n'a jamais été bien sérieux, mais enfin,
03:38à qui on reconnaissait au moins le mérite de savoir lever l'impôt
03:41et qui, aujourd'hui, n'est même pas capable de se doter d'un budget.
03:46Vous savez, en 2009, lorsque la tempête financière s'est abattue sur elle,
03:51la Grèce, non plus, ne voulait pas croire que le pire pouvait lui arriver.
03:55L'édito politique sur Europe 1, bien sombre au destin que vous nous prédez.
03:59Voyez, mon cher Alexis, je signale la lune du Figaro ce matin,
04:02Michel Barnier, contraint de reporter le vote sur le budget.
04:06Merci Alexis, à demain.

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