• il y a 2 mois
Dans "Tout Public" du vendredi 25 octobre 2024, Mélissa Cornet pour l'exposition "Afghanistan : No Woman’s Land", Hélène Gaudy, nommée parmi les quatre finalistes du Prix Goncourt 2024 pour "Archipel", et l'édition augmentée de l'album de Zaho de Sagazan, "La Symphonie des éclairs".

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Transcription
00:00L'histoire d'une trajectoire stratosphérique.
00:03Premier album couronné de succès, critique et populaire, tournée géante, à guichets fermés.
00:07Une voix qui a accompagné les plus grands événements de l'année, qui aujourd'hui,
00:10je vous mets au défi, ne connaît pas Zahaut Sagazan.
00:13Alors il en reste peut-être parmi nos auditeurs.
00:15La voici aujourd'hui, qui revient avec une version augmentée de son album,
00:19la Symphonie des éclairs, réédition titrée comme un clin d'œil, le dernier des voyages.
00:24Bonjour Yann Bertrand.
00:24Et bonjour Mathéo.
00:25À seulement 24 ans, on le rappelle, la chanteuse s'est imposée partout.
00:28En France, bien sûr, où elle tourne à guichets fermés depuis deux ans.
00:31À l'étranger aussi, réclamée partout.
00:34De New York à Londres, où elle vient de se produire cette semaine.
00:36Dans les plus grands festivals aussi, pas un ne manquait à l'appel cet été,
00:40jusqu'à être programmée.
00:41On l'a appris hier au prestigieux Primavera, à Barcelone en juin prochain.
00:46Mais puisqu'il faut un début à tout, datons son incroyable succès
00:49à cette soirée de février dernier, à la scène musicale.
00:53Et je suis trop contente.
00:55Merci infiniment à toute mon équipe et merci à vous qui avez voté.
01:00Je finirai cette phrase par une phrase que je finis toujours par dire à mon concert.
01:05Être sensible, c'est être vivant et nous ne sommes jamais trop vivants.
01:07Pour toutes les petites tempêtes qui m'écoutent, bravo d'être vous.
01:10Il fait toujours beau au-dessus des nuages.
01:14Nommée cinq fois aux Victoires de la Musique, elle repart avec quatre trophées,
01:19dont ceux pour l'album et la chanson originale de l'année, écrasant la concurrence.
01:23C'est inédit pour un premier album, d'autant plus pour une jeune chanteuse
01:26qui avait fait sa première scène deux ans et demi plus tôt seulement.
01:30Trois mois plus tard, on la retrouvera en ouverture du Festival de Cannes,
01:34subjuguant la foule et la présidente du jury, Greta Gerwig,
01:38avec une version retravaillée du « Modern Love » de David Bowie.
01:49Tout ce qu'elle touche se transforme en or, les salles grandissent subitement et les compliments pleuvent.
02:01Mais c'est un autre événement mondial qui va la consacrer encore un petit peu plus.
02:06Souvenez-vous, devant la pyramide du Louvre, lors de la clôture des Jeux Olympiques en août dernier,
02:10Zahou de Sagazan, robe noire, cette couleur qui l'accompagne toujours,
02:14reprend un monument de la chanson française traditionnelle.
02:16Sous le ciel de Paris s'envole une chanson
02:24De secret bien gardé, l'artiste devient personnage majeur de la scène française.
02:29Son album « La Symphonie des éclairs » n'en finit plus de grimper dans les classements.
02:33Cela fait bien longtemps qu'il a dépassé le stade du disque de platine,
02:36se faisant une place recherchée entre les mastodontes du hip-hop qui accumulent habituellement les records.
02:41Ce qui nous emmène, Yann, à cette nouvelle édition.
02:43Enfin, le dernier des voyages sortis ce matin, ce sont 7 titres inédits
02:47dont certains ont déjà été dévoilés en concert, comme ce très sulfureux « Habsex ».
03:02Zahou de Sagazan s'est toujours rêvé entre la chanson et l'électro, entre l'Olympia et le Berghain, disons.
03:08Et ici, on navigue dans ses deux passions avec de grands moments d'écriture,
03:12d'une finesse remarquable. Écoutez cet exemple avec « Au travers ».
03:16« Au travers de l'humain, on comprend des choses controverses.
03:25On au travers, en vers ou bien en prose.
03:29Regardez-moi, de travers, je prendrai la pose.
03:33Moi, je les aime, mais travers, donnez-les-vous, j'en ferai quelque chose. »
03:38Sa notoriété lui ouvre aussi des portes.
03:41Elle n'a jamais caché son amour pour le chanteur anglais Tom Hodel.
03:44Et bien voici qu'elle s'offre un duo avec lui sur cet album, le bien nommé « Old Friends ».
04:05Qu'on ne s'y trompe pas, les versions dites « augmentées » qui arrivent avant Noël
04:09servent beaucoup aux maisons de disques pour des questions commerciales.
04:12Ces sept titres sont donc pensés comme un point final d'une première aventure des plus épatantes.
04:16Mais ils prouvent aussi que Zaout Sagazan écrit toujours, même sans jamais se reposer.
04:21Et d'un point de vue personnel, je repense à cette première interview avec elle
04:24dans un café proche de la gare Montparnasse qui allait la ramener chez elle à Nantes
04:28quelques heures plus tard pour retoucher inlassablement ce premier album
04:31qui sortirait quatre mois plus tard.
04:33Nous sommes alors en novembre 2022.
04:35Elle s'apprête à triompher au Transmusical de Rennes.
04:38Ses mots résonnent autrement aujourd'hui.
04:41Tu peux être n'importe qui, personne ne te connaît, c'est génial.
04:43Je trouve ça absolument fabuleux de pouvoir se réinventer à chaque scène
04:47parce qu'en plus les gens ne te connaissent pas.
04:48Et en plus de ça, ils se diront, après avoir vu le live,
04:51« Oh, je vais écouter des chansons. Oh putain, c'est pas possible.
04:53Bon, il faut que je retourne en live. »
04:54Ça, c'est encore plus marrant.
04:55De toute façon, c'est l'adolescence qui m'a donné envie de faire de la musique,
04:57de crier au monde que ça ne va pas, que c'est un enfer.
05:00Qu'est-ce qui se passe dans mon corps ?
05:02Et l'adolescente a grandi.
05:03Je ne sais plus si même tu mérites encore mes mots.
05:08Et je crois, Mathéo, qu'aujourd'hui, on peut le dire sans se tromper,
05:10ils sont beaucoup, beaucoup à connaître Zao de Sagazan.
05:14Exactement. Et comme le champion olympique de natation allait en marchant,
05:17peut-être qu'elle ne peut plus aller chercher son pain
05:18ou boire un café tranquille maintenant, Zao de Sagazan.
05:21Merci infiniment, Yann Bertrand.
05:28Une exposition débute aujourd'hui même au magnifique réfectoire des Cordeliers à Paris.
05:32Sans doute une bonne idée dans cette période de vacances scolaires,
05:34si vous passez par la capitale, No Woman's Land,
05:37jusqu'au 18 novembre consacré aux droits des femmes afghanes.
05:41Bonjour Anne Schepo.
05:42Bonjour Mathéo.
05:43Et bonjour Melissa Cornet.
05:44Bonjour.
05:45Vous êtes chercheuse, photographe, dessinatrice.
05:47Vous avez imaginé en duo et composé cet événement.
05:51Avant d'en parler avec vous, Anne, racontez-nous
05:53ce qu'on peut donc voir et comprendre sur place.
05:55Eh bien, avec cette exposition, Kiana Ahiri, photographe,
05:59et Melissa Cornet documentent la vie des femmes aujourd'hui en Afghanistan.
06:03On découvre donc 80 photos de Kiana Ahiri,
06:06une douzaine de dessins de Melissa Cornet,
06:08des vidéos et des œuvres mixtes,
06:10mêlant photos et peintures réalisées avec des jeunes Afghanes.
06:13On entre dans l'intimité de ces femmes,
06:15car la quasi-totalité des photos ont été prises à l'intérieur des maisons.
06:19Seul espace de vie encore possible aujourd'hui pour les Afghanes,
06:22privés de la plupart de leurs droits et de toute existence dans l'espace public.
06:26Les photos témoignent que certaines, les plus jeunes en tout cas,
06:29continuent de se réunir pour danser,
06:32que d'autres continuent d'étudier dans des écoles clandestines,
06:35une façon pour elles de résister.
06:37Ces photos racontent aussi des histoires parfois terribles,
06:40comme celle de Muska qui vit avec sa famille,
06:42récemment expulsée du Pakistan à Jalalabad.
06:45Muska a 14 ans et ses parents, très démunis,
06:48ont accepté de la marier au fils du propriétaire de la maison dans laquelle ils vivent,
06:52contre un puits et des panneaux solaires,
06:54tout simplement pour avoir de l'eau et de l'électricité.
06:57Mélissa Cornet, à quel moment est né ce projet ?
07:01Alors, ce projet vient en fait grâce au soutien de la Fondation Carménia
07:07qui tous les ans choisit un thème ou un pays.
07:10Cette année, l'édition a été consacrée à la situation des femmes et des filles en Afghanistan
07:15et nous avons décidé avec Kiana de postuler.
07:17Kiana travaille en Afghanistan depuis 10 ans,
07:20j'y travaille depuis 7 ans,
07:21nous travaillons toutes les deux depuis toutes ces années sur la question des droits des femmes,
07:25donc c'était pour nous une évidence de postuler.
07:28Grâce à cette bourse, grâce à Spree, nous avons eu 6 mois pour réaliser ce reportage.
07:34Nous avons passé au total 10 semaines dans le pays,
07:37nous avons pu voyager dans 7 provinces différentes du pays,
07:41nous avons interviewé plus d'une centaine de femmes et de filles
07:44et notre objectif c'était vraiment de documenter la réalité de leur vie
07:47de manière la plus nuancée, mais aussi la plus digne et respectueuse,
07:52expliquer quelle est leur vie 3 ans après la prise de Kaboul par les talibans
07:57et amener ces histoires à Paris.
08:00Mélissia Cornet, vous êtes évidemment avec nous aujourd'hui dans tout public.
08:03Anne Schepo, vous vouliez nous faire entendre notamment,
08:06puisque vous avez fait ce reportage également pour France Info,
08:09vous vouliez nous faire entendre Kiana Ayeri que vous avez eue au micro.
08:12Oui, Kiana Ayeri qui raconte la façon dont elle a travaillé avec ces femmes
08:16puisqu'on sait que pour elle évidemment c'est éminemment dangereux parfois
08:20de tout simplement montrer leur visage.
08:23Certaines femmes ont décidé de montrer entièrement leur visage,
08:26d'autres ne voulaient pas le dévoiler totalement,
08:29d'autres encore ne voulaient pas être reconnaissables.
08:32Nous refusions d'avoir recours à des masques, des burqas ou des hijabs,
08:35donc on a essayé d'être créative et on a joué sur la lumière
08:38pour cacher en partie leur visage.
08:40Ces femmes afghanes ont été très courageuses de se montrer face à notre appareil photo.
08:44Elles risquent énormément et pas seulement pour apparaître face à notre objectif,
08:47mais aussi en acceptant de nous rencontrer chez elles ou chez nous.
08:51Mélissa Cornet, si je ne me trompe pas, vous étiez basée à Kaboul depuis 2018.
08:55Donc vous avez assisté à ce retour des talibans au pouvoir en août 2021.
09:00Vous pouvez nous raconter comment ça s'est passé, notamment pour les femmes,
09:03puisque c'est une véritable guerre, c'est ce que montre cette exposition,
09:07qui ont été menées aux femmes et à leurs droits après ce retour au pouvoir.
09:12C'est cela, donc Kiana et moi, nous sommes restées en Afghanistan après la chute de Kaboul.
09:17Étant étrangères, évidemment, nous avions beaucoup plus de privilèges,
09:20ce qui nous a permis de rester aussi et de continuer ce travail de documentation.
09:23Ce qui s'est passé, c'est que la première année du régime taliban,
09:27tout le monde s'est posé la question, y compris en France ou en Europe ou aux Etats-Unis,
09:31est-ce que les talibans ont changé ?
09:32Parce qu'on se souvient que la première année, ils ont fait beaucoup de promesses,
09:35ils ont bien mieux communiqué, il y a eu des réseaux sociaux.
09:38Pour être franche avec vous, les femmes allaient encore à l'université, pouvaient travailler.
09:41Les journalistes ont travaillé de manière relativement libre pendant un an.
09:44Et c'est vraiment au bout d'un an, un an et demi, qu'on a commencé à comprendre
09:48qu'en fait, on commençait à revenir au régime des années 90.
09:52Le choc pour tout le monde, je pense que ça a été en mars 2022,
09:55quand les talibans, qui avaient promis la réouverture des lycées pour filles, ont changé d'avis.
10:00Après ça, on a eu une espèce de lente constante descente aux enfers.
10:03Les universités ont fermé, les femmes ont eu l'interdiction de travailler
10:07dans le secteur public évidemment, mais aussi par exemple pour les ONG et les Nations Unies.
10:12Il y a eu des décrets sur la couverture du visage.
10:14Elles n'ont plus le droit non plus d'aller à la gym, au parc, dans les bains publics.
10:18Donc aujourd'hui, on est dans une situation où il reste très peu de liberté encore à prendre aux femmes.
10:24Et trois ans après la chute, on est pratiquement de retour aux années 90.
10:27Et en plus, vous avez documenté tout cela, on est en train de le raconter.
10:31Vous êtes revenue en France, notamment pour préparer cette exposition.
10:36Pendant ce temps-là, c'est peu dire que la situation ne s'est évidemment pas arrangée, elle s'est même dégradée.
10:41Et c'est ce qui ressort notamment de cette exposition, ce que montre votre travail,
10:45à vous et Kiana Ayeri, c'est que la plupart de ces femmes que vous avez rencontrées, interrogées,
10:50pour ne pas dire la totalité, aucune n'a d'espoir sur un meilleur avenir.
10:55C'est cela, c'est une question qu'on a posée de manière systématique à ces femmes.
10:59Est-ce que vous avez l'espoir que votre situation puisse s'améliorer ?
11:02Et systématiquement, la réponse était non.
11:04C'est un espoir qu'elles ont pu avoir, encore une fois, la première année, peut-être deux premières années.
11:08Aujourd'hui, elles ont bien compris qu'elles n'avaient plus de futur en Afghanistan,
11:12mais surtout que leurs filles n'avaient pas de futur en Afghanistan.
11:15Et donc, toutes ces femmes nous demandaient, aidez-nous à sortir du pays.
11:19Alors la question va peut-être paraître un petit peu étrange,
11:22puisque Anne Schepo disait très bien, et on le comprend avec votre travail,
11:26qu'en se montrant à vos objectifs, ces femmes couraient un immense danger.
11:32Est-ce que vous-même, en effectuant ce travail, vous avez été en danger ?
11:37Est-ce que vous avez été protégée ?
11:39Quand je dis que la question est bizarre, c'est qu'elles sont sans doute plus en danger que vous,
11:42mais est-ce que vous-même, vous avez été menacée, éventuellement ?
11:47Non, mais la sécurité des femmes avec lesquelles nous travaillons,
11:51ainsi que notre sécurité évidemment, était vraiment notre priorité.
11:55Donc il y a beaucoup de décisions qui ont été prises,
11:57de femmes qui n'ont pas été incluses, de photos qui n'ont pas été incluses,
12:00pour des raisons de sécurité.
12:02Aujourd'hui, de manière ironique, le fait d'être étrangère en Afghanistan nous protège.
12:08Je dis que c'est ironique, parce qu'avant la chute de Kaboul,
12:10il était beaucoup plus dangereux d'être une femme étrangère qu'une femme afghane,
12:13en raison des risques de kidnapping ou autres.
12:16Et je pense que, parce que nos protocoles sécuritaires étaient très forts,
12:21nous n'avons pas vraiment eu d'inquiétudes.
12:24Donc, non.
12:26On parlait d'Afghan... Anne Schepo ?
12:28Non, non, juste par rapport à la dégradation de la situation.
12:32Vous disiez, je crois, que ce travail que vous avez fait il y a quelques mois,
12:36au début de l'année 2024, ne serait finalement peut-être plus possible aujourd'hui.
12:40C'est cela. On a travaillé entre janvier et juin 2024,
12:43et on a vraiment vu l'accès, qui était déjà très compliqué,
12:46que nous avions, se fermer devant nos yeux.
12:48Même sur la fin du reportage, nous avons dû prendre des décisions,
12:52écourter certaines visites, parce qu'en fait, le travail des talibans,
12:56de suivre, de savoir ce qui se passait,
12:58fait qu'en fait, ça ne valait pas les risques...
13:02Voilà, on a pris des décisions, et on a décidé que ça ne valait pas le coup,
13:05en fait, de mettre en danger ces femmes en les rencontrant.
13:08Aujourd'hui, ce serait impossible de faire le même reportage
13:11que nous avons pu faire au début de l'année avec Yana.
13:13Une dernière question. J'imagine que vous êtes revenu un peu plombé par cette situation.
13:18Ça doit jouer sur votre morale.
13:20Les exposer, ces femmes-là, leur donner cette forme de liberté-là,
13:25chez nous, en France, à travers ces photos, à travers ce travail,
13:28c'est une façon de les soutenir, de leur rendre hommage, évidemment ?
13:31Bien sûr, et la majorité des femmes d'adolescentes dans l'exposition,
13:35on est encore en contact avec elles, sur WhatsApp, sont devenues des amies,
13:38et elles sont très heureuses que leur histoire puisse être amenée en Europe.
13:43De manière paradoxale, elles ont aussi abandonné tout espoir
13:46que la communauté internationale allait les aider.
13:49Elles ont bien vu ce qui s'est passé, on est venus,
13:51on leur a fait miroiter ce qu'elles pouvaient avoir,
13:53et puis on les a quand même abandonnées en août 2021, en quittant le pays.
13:56Merci infiniment d'être venue à France Info.
13:58Mélissa Cornet, merci. Anne Chepot, No Woman's Land, au Cordeliers, à Paris.
14:02Je précise que l'entrée est gratuite, dans le quartier Odeon, Cluny-la-Sorbonne.
14:05Travail, on le disait, réalisé avec la photographe iranienne Kiana Ayeri.
14:09Précision, au réfectoire des Cordeliers.
14:11Au réfectoire des Cordeliers, vous avez raison. Merci beaucoup.
14:13Et la suite de tout public, juste après le Fil Info, à 13h46, avec vous,
14:17Théo Metton-Réjimbaud.
14:20Une foule déjà massée devant l'église de La Plaine, dans le Barin,
14:23village où les obsèques de l'INA seront célébrés dans une quinzaine de minutes.
14:27Plus d'un an après sa disparition,
14:29le corps de l'adolescente a été retrouvé la semaine dernière.
14:32Le principal suspect s'est suicidé l'été dernier.
14:35La cérémonie religieuse sera ouverte à tous,
14:37et les haut-parleurs sont installés devant l'église.
14:40Les juges d'instruction ordonnent un procès pour assassinat
14:43contre deux militants d'ultra-droite.
14:45Pour avoir tué par balle Fédérico Martina Rambourou.
14:48Le rugbyman argentin avait été descendu boulevard Saint-Germain à Paris
14:52en mars 2022, après une altercation nocturne dans un bar.
14:56Michel Barnier est dans le Rhône, à Givor,
14:59auprès des sinistrés des intempéries de la semaine dernière,
15:01pour constater les dégâts.
15:03Le Premier ministre doit présenter le plan national d'adaptation
15:06aux changements climatiques,
15:08alors que le Sud est de nouveau touché par des pluies diluviennes.
15:12Les Alpes-Maritimes, le Gard et le Var sont en vigilance orange.
15:16Les casques bleus au Liban font face à une situation sécuritaire
15:20extrêmement difficile, estime l'ONU.
15:23Les forces des Nations Unies au sud Liban ont de nouveau été visées
15:27ces derniers jours par des tirs israéliens sur leur poste,
15:30affirme-t-il. Dans les semaines précédentes,
15:33plusieurs soldats internationaux ont été blessés par des tirs israéliens.
15:37Et puis les autorités sanitaires françaises retirent de la vente des oeufs.
15:41Il s'agit de marques tout frais, tout français,
15:44Douce France, Ovalis, Poitou, Oeuf et Eco Plus.
15:47Les produits sont rappelés par précaution pour un risque potentiel
15:51de contamination à la salmonelle.
16:02A la fin, comme dans le film Highlander,
16:04pour les moins jeunes d'entre nous qui auront forcément la REF,
16:07il ne pourra en rester qu'un ou une récompensé par le Prix Goncourt.
16:10Ce sera le 4 novembre.
16:12Parmi ses finalistes, Gaël Fay, il sera dans tout public lundi
16:15avec son livre Jacaranda. Jeudi prochain, dans cette émission,
16:18Sandrine Collette pour son ouvrage Madeleine avant l'aube.
16:21Et aujourd'hui...
16:23Bonjour Hélène Gaudy.
16:24Bonjour.
16:25On va revenir sur votre livre Archipel, au pluriel,
16:27paru aux éditions de l'Olivier dans quelques secondes.
16:29Mais d'abord, félicitations, depuis mardi,
16:32depuis l'annonce de cette finale à quatre
16:34pour le Prix Goncourt avec Kamel Daoud, Gaël Fay et Sandrine Collette.
16:38Depuis mardi, justement, je suis obligée de vous poser la question,
16:40est-ce que vous êtes sur un petit nuage ?
16:43Ou est-ce que vous êtes stressée au contraire ?
16:45Ou allez peut-être un peu des deux ?
16:47Un peu de mal à réaliser sans doute, surtout.
16:50Et non, c'est une grande joie et un peu de tension aussi, c'est sûr.
16:53Mais voilà, on voit venir.
16:56Ça fait un moment que vous écrivez.
16:58C'est pas la première fois qu'un de vos ouvrages,
17:01encore une fois, on va le détailler dans un instant,
17:03est salué par la critique, par le public.
17:07Vous avez l'impression d'être dans cette shortlist.
17:10C'est une reconnaissance de votre travail ?
17:12C'est vrai que c'est des choses qui prennent du temps.
17:14Moi, ça fait presque 20 ans que je publie des livres maintenant.
17:16Donc il y a des signes de reconnaissance petit à petit.
17:19Et c'est sûr que là, il y a quelque chose qui rend le livre plus visible.
17:23Et ça, c'est très chouette, tout simplement.
17:28Et puis oui, on a l'impression que ce qu'on essaye de faire depuis longtemps
17:32commence à être vu et c'est vraiment très agréable.
17:35Vous l'avez appris d'une manière un peu marrante ou pas du tout marrante ?
17:38De manière classique ?
17:40Je l'ai appris en cours, figurez-vous.
17:42Et c'est une de mes étudiantes qui était sur son téléphone
17:45et que je regardais bizarrement en me disant
17:46« Mais qu'est-ce que tu es en train de faire ? »
17:47Elle me dit « Mais vous n'avez pas vu les nouvelles ? »
17:48Je dis « Mais quoi ? Quelles nouvelles ? »
17:50Et donc là, tout le monde m'a regardé bizarrement en me disant
17:52« Oui, il y a quelque chose qui est en train de se passer. »
17:55Le Prix Goncourt sera remis le lundi 4 novembre.
17:57Ce sera évidemment à suivre sur France Info.
17:59Archipel, paru aux éditions de l'Olivier,
18:01c'est un des livres les plus remarqués de la rentrée littéraire,
18:04en tout cas visiblement, puisque vous êtes dans les 4 finalistes du Prix Goncourt.
18:07Si je devais le résumer en deux phrases, même si l'exercice est cruel,
18:11c'est un dialogue que vous, la narratrice,
18:14tente de nouer avec son père qui n'est pas causant,
18:17qui dit n'avoir aucun souvenir d'enfance.
18:20Dialogue que vous tentez de constituer en passant notamment
18:22par les nombreux objets qu'il a collectionnés.
18:24Oui, c'est une bonne définition.
18:26C'est vrai que c'est un dialogue parce que petit à petit,
18:28j'ai voulu qu'il participe au livre.
18:30C'est un livre que j'ai fait en voulant mieux le connaître
18:34à travers ce que lui-même avait gardé, effectivement,
18:36parce que mon père m'a toujours dit qu'il n'avait pas de mémoire, pas de souvenir.
18:39Et en même temps, c'est quelqu'un qui ne laisse rien s'échapper
18:41puisqu'il garde absolument tout, y compris les stylos qui ne marchent plus,
18:44par exemple, ou les tickets de métro.
18:46Et il assemble tout ça, il a assemblé en tout cas tout ça
18:48pendant très longtemps dans un atelier,
18:50qui est donc une sorte de portrait de lui,
18:52mais à travers les objets.
18:54Et donc j'ai voulu le redécouvrir,
18:56le re-rencontrer à travers ces objets,
18:58et lui demander aussi
19:00ce que cette écriture lui faisait revenir
19:02comme souvenir. Donc essayer de lui rendre,
19:04c'est un peu utopique, mais de lui rendre la mémoire
19:06à travers ce travail d'écriture.
19:08Avant d'entrer dans le détail du livre,
19:10c'est la première fois que vous parlez autant de vous
19:12comme ça dans un ouvrage ?
19:13C'est complètement la première fois.
19:14J'ai toujours plutôt travaillé sur des sujets
19:16très loin de moi, sur des lieux lointains,
19:18sur des questions
19:20historiques aussi,
19:22et là j'ai eu envie d'utiliser
19:24ces outils de l'enquête que j'avais
19:26déjà utilisés sur d'autres motifs plus lointains,
19:28sur le plus proche, en me disant
19:30peut-être que finalement on voit pas mieux les gens très proches
19:32de nous que des personnages
19:34dont l'histoire nous sépare.
19:36Donc j'ai voulu essayer
19:38cette méthode avec mon père.
19:40Pas besoin d'aller à des milliers de kilomètres pour faire une exploration,
19:42parce que vous avez parlé d'exploration...
19:44Finalement c'était pas plus simple.
19:46La fameuse galerie, cave,
19:48caverne d'Ali Baba, où se passe
19:50une bonne partie du roman,
19:52galerie de votre père, artiste, c'est un lieu
19:54assez magique que vous décrivez très bien.
19:56C'est un joyeux bazar.
19:58Est-ce que c'est un bazar, quelque chose de
20:00désordonné ou quelque chose au contraire
20:02de très organisé, votre père
20:04sachant précisément ce qui est où et pourquoi ?
20:06C'est plutôt très organisé.
20:08C'est pas un lieu public, c'est un atelier
20:10où il a peint longtemps,
20:12où il ne peut plus aller maintenant. C'était aussi une démotivation
20:14du livre, c'était refaire la lumière
20:16sur ce lieu où plus personne ne va.
20:18C'est vraiment une architecture où
20:20chaque objet, y compris les plus insignifiants,
20:22va être mis en relation avec les autres.
20:24C'est aussi ça qui m'a donné envie d'écrire
20:26sur ces objets, c'est surtout les liens qu'il y a entre
20:28pourquoi a-t-il gardé telle ou telle chose
20:30et surtout pourquoi les a-t-il assemblés de cette manière-là.
20:32Et c'est ça aussi
20:34qui crée vraiment une sorte de portrait
20:36à travers la mémoire des autres.
20:38C'est ça aussi qui m'intéresse dans sa
20:40manière de garder, c'est qu'il glane
20:42la mémoire des autres, la mémoire d'anonymes
20:44finalement, et très peu d'objets personnels.
20:46Il y a les objets,
20:48il y a aussi beaucoup de textes, et pour cause,
20:50il y a de nombreux poèmes qu'il vous
20:52a écrits, je crois que
20:54l'idée c'était un par jour de votre vie, c'est ça ?
20:56Alors, il ne me les a pas écrits
20:58pour moi, il écrit un poème par jour
21:00depuis les années 60, donc vous voyez, ça fait
21:02un certain nombre de poèmes.
21:04Souvent ces poèmes sont adressés, c'est-à-dire qu'il y a un tu
21:06dans ces poèmes, que chacun
21:08ou chacune peut croire adresser à lui-même,
21:10mais je ne pense pas
21:12qu'il les ait écrits vraiment pour moi, mais c'était aussi
21:14une des hypothèses du livre que ces poèmes
21:16étaient une sorte de langage secret
21:18que je pouvais peut-être décrypter, et où il y avait peut-être
21:20un message qui m'était, entre autres,
21:22adressé. Hélène Gaudi, votre livre est
21:24très beau, pour dire la vérité, j'ai
21:26voulu crayonner certaines phrases
21:28que je trouvais particulièrement belles, et en fait j'ai arrêté
21:30parce qu'il y en avait trop, et je vous promets que c'est sincère,
21:32bravo pour cela, je vais quand même en citer une,
21:34peut-être que vous pouvez nous l'expliquer,
21:36que je la trouve vraiment sublime,
21:38que je n'avais
21:40pas simplement à devenir sa lectrice
21:42en restant son enfant.
21:44Oui, que c'était difficile
21:46finalement de
21:48comprendre peut-être ce qu'écrit un père,
21:50parce qu'on a tendance à voir nos parents
21:52uniquement comme nos parents, et l'écriture poétique
21:54c'est quelque chose qui échappe
21:56au rôle qu'on tient dans une famille, au rôle
21:58qu'on tient dans une société, c'est une autre personne
22:00quelque part qui écrit de la poésie,
22:02et c'est cette autre personne que j'ai voulu rencontrer
22:04à travers ce livre. Vous dites que vous voulez faire
22:06une archive d'ailleurs du présent, c'est aussi ce que
22:08vous expliquez. Il y a
22:10des vies, il y a des histoires, parfois des
22:12histoires pas banales, le livre
22:14fonctionne aussi un petit peu selon le principe de la poupée
22:16russe, c'est-à-dire qu'on pense au début que vous allez
22:18nous parler quasi exclusivement
22:20de votre père, et puis votre grand-père
22:22apparaît également dans le récit,
22:24grand-père qui a été résistant, vous le
22:26décrivez un petit peu comme un grand homme malgré sa petite
22:28taille. Oui,
22:30c'est vrai, et puis c'est quelqu'un qui est resté très marqué
22:32par la guerre, par la clandestinité,
22:34ce qui a causé
22:36des rapports assez difficiles dans la famille,
22:38donc c'est quelqu'un que j'ai vraiment pas pu connaître,
22:40ou très mal, et que j'ai vraiment...
22:42avec qui j'ai fait connaissance
22:44après sa mort finalement, et à travers
22:46les archives, et à travers son histoire
22:48que j'ai apprise après. L'art,
22:50c'est clairement familial,
22:52évidemment, votre père est artiste,
22:54il était prof de littérature
22:56en école d'art, vous-même vous avez étudié
22:58aux Arts Déco de Strasbourg, donc il y a une
23:00vraie continuité
23:02dans l'affiliation et dans cet amour-là,
23:04dans cette passion. Oui, et puis
23:06c'est vrai que c'est des choses qui semblent évidentes, mais que j'ai
23:08sur lesquelles j'ai vraiment mis le doigt
23:10en écrivant finalement sur tous les points communs
23:12qu'on a avec mon père,
23:14toutes ces choses qu'on a traversées un peu en parallèle,
23:16alors effectivement l'art, la lecture
23:18aussi, mon père me prêtait beaucoup de livres
23:20quand j'étais adolescente, que je lisais pas
23:22toujours, mais quand je les lisais j'avais l'impression qu'il me disait
23:24quelque chose à travers ça. Donc ce livre
23:26c'était aussi une manière de
23:28chercher justement en quoi nos pratiques
23:30artistiques ou
23:32d'écriture, ou tout simplement nos petites
23:34habitudes, en quoi nos vies
23:36avaient des points de contact et des points communs que je n'avais
23:38peut-être pas décelés jusque-là.
23:40L'art a été pas mal
23:42secoué
23:44notamment au moment du Covid
23:46et d'ailleurs c'est une période qui
23:48apparaît dans votre ouvrage
23:50parce qu'il y a eu ces fameux lieux de culture
23:52qui ont été fermés et qu'au départ on a considéré
23:54comme non essentiels. L'art,
23:56vous, vous le voyez, qu'il soit d'ailleurs
23:58plus noble ou plus populaire,
24:00forcément comme quelque chose qui rapproche,
24:02quelque chose aussi qui réconforte ?
24:04Pas forcément, l'art
24:06ça peut être aussi quelque chose qui dérange, quelque chose
24:08qui vient nous perturber dans
24:10notre façon de voir les choses.
24:12Pour moi, dans l'écriture,
24:14en tout cas, c'est avant tout une question de regard.
24:16Quand on a une pratique artistique ou
24:18une pratique d'écriture, même
24:20quand on n'écrit pas, même quand on n'est pas en train
24:22de créer quelque chose, on est dans
24:24l'observation, dans la curiosité, dans le regard.
24:26Ça je crois que c'est quelque chose que mon père m'a
24:28transmis aussi et que ce livre m'a permis de
24:30mieux voir
24:32à quel point c'était
24:34important pour lui de regarder ce qu'il y avait autour.
24:36Et le fait d'être très discret et de ne pas
24:38me raconter sa vie, c'était aussi une manière de me dire
24:40c'est toujours d'ailleurs aussi une manière de me dire
24:42regarde plutôt ce qui t'entoure, regarde autour
24:44de toi. J'ai une dernière question,
24:46vous avez rappelé tout à l'heure que ça faisait 20 ans que vous écriviez
24:48des livres, vous avez écrit des romans,
24:50vous avez écrit des livres d'art,
24:52vous avez écrit de la littérature jeunesse,
24:54un peu comme Agnès de Sarthe, avec qui vous partagez
24:56le même éditeur, à les éditions de l'Olivier.
24:58C'est vital pour vous de vous
25:00frotter comme ça à plusieurs genres ?
25:02Peut-être pas vital,
25:04j'exagère un peu mais c'est important.
25:06C'est intéressant parce que ça accompagne aussi des périodes de la vie,
25:08c'est vrai que moi j'ai écrit beaucoup de mes livres jeunesse
25:10quand mon fils avait l'âge,
25:12des livres, des lecteurs des livres que j'écrivais
25:14donc c'était une manière aussi de créer
25:16encore un dialogue avec lui.
25:18J'aime bien
25:20cette idée qu'on peut, quand on écrit, retrouver
25:22aussi différentes périodes de sa vie.
25:24C'est vrai que quand j'écris de la littérature jeunesse,
25:26j'ai l'impression de
25:28retrouver le plaisir de lecture
25:30ou le plaisir d'écriture que j'avais quand j'étais enfant
25:32et donc c'est la possibilité assez géniale
25:34de se remettre dans le corps qu'on avait
25:36quand on était enfant, quand on était ados, j'ai écrit pour les ados
25:38aussi pas mal,
25:40et c'est ça que je trouve formidable avec l'écriture
25:42aussi, c'est que selon les moments
25:44on peut aussi
25:46se remettre dans un autre corps,
25:48dans un autre moment, et ça fait partie des
25:50plaisirs de l'écriture.

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