• il y a 2 mois
En 1946, les services de cryptanalyse américains parviennent à déchiffrer les messages cryptés des Soviétiques. Un de ces messages révèle une liste de noms parmi lesquels figurent ceux de plusieurs scientifiques contribuant au projet Manhattan.
Transcription
00:00La course à l'arme suprême.
00:04L'avenir du monde était littéralement sur la balance.
00:08Pour devancer les soviétiques, les décrypteurs américains doivent réaliser l'impossible.
00:12Même si tous les ordinateurs du monde travaillaient ensemble pendant un milliard d'années,
00:16ils n'arriveraient pas à briser ce code.
00:19Ce qu'ils sont parvenus à faire révèle une stupéfiante vérité.
00:23Les espions soviétiques ont infiltré le plus top secret des projets américains.
00:27Les soviétiques ont engrangé suffisamment d'informations pour fabriquer leur propre bombe atomique.
00:33Le gouvernement américain.
00:35Il y a une fuite au plus haut sommet.
00:37Et même au plus haut poste du pouvoir britannique.
00:43C'est une histoire encore plus étrange qu'un thriller d'espionnage.
00:47Et on ne pouvait pas imaginer de plus grands enjeux.
00:52Ces codes ont changé le monde.
00:56Symboles étranges.
00:58Séries de lettres aléatoires.
01:00Ou de chiffres.
01:02Mots dépourvus de sens.
01:07Leur analyse permet de révéler des secrets militaires.
01:10De découvrir les mystères de civilisations antiques.
01:13Ou de démasquer des ennemis infiltrés.
01:20Voici comment ces codes ont été décryptés.
01:24Les génies qui les ont élucidés.
01:26Et les énigmes qu'ils ont résolues.
01:491943.
01:51Le cours de la seconde guerre mondiale a changé.
01:55Les nazis filent droit vers la défaite.
02:01En novembre, les alliés se réunissent pour discuter des étapes finales du conflit.
02:08Mais leur alliance n'est pas simple.
02:13L'Union soviétique et l'Amérique étaient alliées dans la seconde guerre mondiale.
02:18Mais Staline a la réputation d'être un homme brutal et sans pitié.
02:24Les américains ne se font aucune illusion sur ce qui se passera à la fin de la guerre.
02:28On oublie les tralala, les argentiels et le bonheur universel.
02:34Craignant que l'Union soviétique n'émerge de la seconde guerre en tant que superpuissance apte à rivaliser avec l'Amérique,
02:41les Etats-Unis veulent savoir ce que trame Staline et garder un coup d'avance.
02:48C'est comme une partie de poker.
02:50Si vous connaissez le jeu que l'adversaire a en main, vous avez un réel avantage.
02:56Mais les soviétiques n'ont pas l'intention de dévoiler leur jeu.
03:00Les chefs du renseignement américain ont donc peu de moyens de savoir ce qui les intéresse.
03:06En désespoir de cause, ils s'en remettent aux télégrammes soviétiques, toujours plus nombreux,
03:10que les services de renseignement électromagnétique de l'armée empilent au fond d'un bureau de leur quartier général à Arlington, en Virginie.
03:19Ce sont des milliers et des milliers de bouts de papier couverts de séries de groupes de cinq lettres qui n'ont apparemment aucun sens.
03:28Après Pearl Harbor, et dans le cadre d'un gigantesque effort de renseignement,
03:33le gouvernement américain demande aux compagnies télégraphiques de leur communiquer tout télégramme émis par une puissance étrangère depuis ou vers les États-Unis.
03:46Résultat, ils se retrouvent avec des monceaux de messages diplomatiques cryptés échangés entre des diplomates soviétiques en Amérique et leurs homologues en URSS.
03:58Dans l'espoir que ces télégrammes diplomatiques recèlent des informations sur les ambitions post-guerre de Staline, le renseignement américain élabore un projet pour les étudier.
04:11C'est le projet Venona.
04:16L'opération est classée top secret, mais le renseignement américain joue un jeu dangereux.
04:22En effet, si les soviétiques découvrent que les États-Unis les espionnent avant même que l'Allemagne ne soit vaincue, cela pourrait compromettre leur alliance et faire basculer la guerre en faveur des nazis.
04:35Par conséquent, personne ne doit connaître l'existence du projet Venona.
04:40Le président lui-même n'en sait rien.
04:44Le but est de ne surtout pas dévoiler son jeu. Il ne faut pas que les soviétiques qui sont leurs alliés sachent qu'ils se font espionner.
04:53Mais la pile de messages codés grossit d'au moins 4000 nouveaux télégrammes par semaine.
05:01Le projet Venona a un besoin urgent de main-d'œuvre.
05:05Mais en Amérique, les hommes sont réquisitionnés pour aller faire la guerre.
05:13Aussi, l'armée se tourne-t-elle vers les femmes de la nation ?
05:17Elles vont représenter 90% du personnel de Venona.
05:21Et presque toutes sont novices dans l'art du décryptage.
05:25Quand elles sont arrivées à Arlington Hall, les messages continuaient de déferler.
05:31Elles ont commencé à essayer de les déchiffrer, mais la tâche était écrasante.
05:36Quel secret renfermait donc ces télégrammes ?
05:39Et que révélaient-ils des ambitions de Staline ?
05:46La première étape est simple.
05:49Les lettres représentent en fait des chiffres.
05:51Les décrypteurs le savent, car les messages ne contiennent que 10 lettres au lieu de tout l'alphabet.
05:58En effet, les télégrammes ont été envoyés en morse par des compagnies commerciales régulières qui convertissent les chiffres en lettres.
06:09Une table de conversion standard permet de retrouver les lettres correspondantes.
06:14Arrive ensuite l'étape la plus compliquée.
06:17Les décrypteuses novices doivent passer au crible ces lignes de chiffres,
06:21en quête du moindre petit indice qui pourrait les aider à décrypter le code soviétique.
06:26Elles cherchent le moindre signe de répétition,
06:29le moindre indice d'une forme ou d'une structure qui leur permettra de déchiffrer tout le message.
06:37Mais ce n'est pas tout.
06:40Mais elles ne trouvent rien.
06:43Car les soviétiques ont dissimulé leur secret derrière non pas un niveau, mais deux niveaux de cryptage.
06:51Les russes ont verrouillé la porte une première fois,
06:55puis une seconde fois,
06:57puis ils ont jeté la clé, pour être sûr qu'on ne puisse rien décoder.
07:02Tout d'abord, les soviétiques codent les messages au moyen d'une édition standard,
07:06du livre de code des services de renseignement.
07:09Un code, c'est quelque chose qui implique du sens.
07:14On prend un mot et on le substitue par un autre.
07:17Dans ce livre de codage, chaque mot se voit attribuer un code à quatre chiffres.
07:22Par exemple, le code unique pour le mot Moscou serait 3214.
07:29Mais les soviétiques complexifient encore le code en ajoutant un second niveau de sécurité,
07:33un chiffrement.
07:36A la différence d'un code, où des mots entiers sont remplacés par d'autres mots ou par des nombres,
07:41le chiffrement permet de changer chaque caractère individuellement, qu'il s'agisse de lettres ou de nombres.
07:48Dans un chiffrement classique, le chiffre 1 serait substitué par le chiffre 3.
07:533 par 5,
07:556 par 8.
07:57Chaque chiffre serait décalé de 2.
07:59Il s'agit d'une formule, d'un algorithme, d'un système.
08:03Et chaque formule et chaque système renvoient à un schéma.
08:08C'est ce schéma que les décrypteurs vont rechercher.
08:11Mais les messages des soviétiques ne révèlent aucun signe de schéma,
08:15parce qu'ils ont crypté leurs messages avec un chiffrement bien plus sophistiqué.
08:22On l'a vu, le code des services de renseignementment,
08:24est très sophistiqué.
08:29On l'appelle bloc aléatoire à usage unique.
08:34Ce bloc à usage unique, c'est le plus extraordinaire système de codage au monde.
08:39Il demeure inégalé,
08:42parce qu'il ne révèle aucun schéma sous-jacent dans le texte qui en résume.
08:49Le bloc à usage unique des soviétiques se compose de feuillets remplis de blocs de 5 chiffres,
08:54de manière aléatoire.
08:56Ils ne contiennent donc aucune trace de schéma ou de système.
09:01Les chiffres aléatoires sont ajoutés au bloc de chiffres déjà codé.
09:06Si j'ajoute des éléments qui n'ont pas de schéma,
09:09alors le résultat n'aura lui-même aucun schéma.
09:12Et si le résultat ne présente aucun schéma identifiable,
09:15je n'ai aucun moyen de déchiffrer.
09:19La seule manière de décrypter chaque message,
09:21c'est d'avoir un double de la même page contenant le même bloc aléatoire.
09:27La puissance de ce code repose sur deux facteurs.
09:30Premièrement, vous et moi sommes les deux seules personnes qui connaissons cette séquence de nombres.
09:34Et deuxièmement, nous n'utiliserons cette même séquence qu'une seule fois.
09:38Pour renforcer encore la sécurité du message,
09:41la page de ce bloc à usage unique est détruite dès que le message a été encodé.
09:45La seule page identique, celle du destinataire, est également détruite dès que le message a été décrypté.
09:52Et c'est tout.
09:54Si vous n'avez pas ces éléments sous la main, vous ne pouvez tout simplement pas décrypter le code.
10:00Face à un code apparemment indécryptable,
10:03les services du renseignement américain n'ont aucun moyen de connaître les secrets éventuels que renferment ces messages.
10:10Cependant, le simple fait qu'ils aient été encodés,
10:12au moyen d'un bloc aléatoire unique, implique de l'espionnage.
10:20Car cette technique était l'un des éléments clés du métier des espions soviétiques.
10:32En 1953, un autre code soviétique à usage unique fait son apparition dans le décor inattendu d'une rue de Brooklyn.
10:40En examinant la pièce de près, le FBI a découvert un trou minuscule dans la lettre « R » du mot « Trust ».
10:48Si fin qu'une aiguille devait être utilisée pour forcer l'ouverture de la pièce.
10:52C'est le résultat d'un coup d'œil.
10:54Le code a été décrypté.
10:56Le code a été décrypté.
10:58Le code a été décrypté.
11:00Le code a été décrypté.
11:02Le code a été décrypté.
11:04Le code a été décrypté.
11:06Le code a été décrypté.
11:07Le code a été décrypté.
11:13Le code!
11:16Le code!
11:29Une live de l'Inde, fin maiculturale du 19empre Apartment.
11:37Sans aucun élément de comparaison, le message s'avère impossible à décoder.
11:45Il faudra attendre 4 ans pour confirmer les soupçons du FBI,
11:49lorsqu'un ex-espion soviétique, Renaud Hainan, décide de passer à l'Ouest.
11:56Hainan avait reçu cette pièce lors de sa première affectation à New York.
12:03Mais il se révèle être loin du maître espion qu'on croyait,
12:06car il a accidentellement dépensé la pièce,
12:10avec le microfilm à l'intérieur, qui se retrouvait en circulation
12:15et passait de main en main pendant on ne sait combien de temps,
12:19jusqu'à ce que ce petit vendeur de journaux ne l'ouvre en deux.
12:24Renaud Hainan a révélé au service secret américain
12:27de quelle façon le message devait être déchiffré.
12:29L'ironie, c'est que le message en question n'était pas très important.
12:33C'est un message de bienvenue avec quelques instructions de base pour commencer à travailler.
12:4410 ans avant que le vendeur de journaux ne découvre la pièce creuse,
12:48les déchiffreurs du projet Venona, eux, n'ont pas autant de chance.
12:53Ils sont bien en possession de milliers de messages codés,
12:56mais aucun espion soviétique transfuge ne va les aider à les décrypter.
13:00Sans la page unique utilisée pour crypter chaque message,
13:03aucune opération mathématique, aucune technologie existante
13:07ne peut décoder le sens de ces chiffres aléatoires.
13:13Le seul espoir des décrypteurs, c'est que quelqu'un du côté soviétique commette une erreur.
13:20Un bloc à usage unique peut être décodé si on en fait usage deux fois.
13:25Sa réutilisation supprime son côté aléatoire.
13:30L'équipe de Venona a déjà analysé des milliers de messages sans avoir noté une seule erreur.
13:37Mais ils doivent continuer à chercher parce qu'il devient de plus en plus clair
13:41que l'enjeu est bien plus grand que l'équilibre des pouvoirs dans l'Europe d'après-guerre.
13:47L'avenir du monde entier pourrait bien dépendre du décryptage de ces messages.
14:01Un an avant le début de la seconde guerre mondiale,
14:04les scientifiques allemands Otto Hahn et Fritz Strassmann
14:08mettent au point une réaction en chaîne qui va bouleverser le monde à jamais.
14:12Ils font une expérience qui va changer le cours de l'histoire.
14:18Ils divisent l'atome.
14:21La fission de l'atome permet de produire environ 200 millions de fois plus d'énergie
14:26qu'une source d'énergie traditionnelle comme le charbon.
14:30En théorie, cette nouvelle source d'énergie gigantesque
14:33pourrait être mise à profit pour produire une arme sans équivalent.
14:39Cette idée attire l'attention des deux superpuissances, l'Amérique et l'Union soviétique.
14:47Tout le monde savait que ce serait la technologie dominante dans le monde de l'après-guerre.
14:51La course à l'arme nucléaire était lancée.
14:55Huit mois après l'attaque sur Pearl Harbor,
14:57le président Roosevelt charge ses plus brillants scientifiques
15:01de fabriquer une bombe atomique pour l'Amérique.
15:05C'est le projet Manhattan.
15:09Roosevelt donne le feu vert au projet militaire et scientifique secret
15:13le plus grand, le plus cher et le plus complexe de l'histoire.
15:19L'Amérique et la Russie sont toujours alliés contre Hitler et le Japon,
15:23mais le gouvernement américain sait qu'une bombe atomique donnera à l'Amérique
15:27la suprématie dans le monde de l'après-guerre.
15:31Et les Américains savent que Staline pense la même chose.
15:35Pour le gouvernement américain, l'urgence absolue est de savoir où en sont les Soviétiques
15:40au niveau de leurs connaissances scientifiques et de leurs connaissances technologiques.
15:44Découvrir ce que savent les Soviétiques permettra à l'Amérique
15:47d'avoir un coup d'avance sur Staline
15:49et peut-être de sauver le monde d'une guerre nucléaire.
15:54C'est difficile d'imaginer un conflit dans lequel les enjeux aient été aussi grands.
15:59L'avenir du monde entier était littéralement dans la balance.
16:04Tandis que les scientifiques de l'Union Européenne
16:06et de l'Assemblée Nationale de l'Union Européenne
16:08sont en train d'étudier l'avenir du monde entier.
16:11La piste ne viendra ni de Moscou, ni de Washington,
16:15mais des profondeurs du passé.
16:21Les scientifiques de l'Union Européenne
16:23et de l'Assemblée Nationale de l'Union Européenne
16:25sont en train d'étudier l'avenir du monde entier.
16:29La piste ne viendra ni de Moscou, ni de Washington,
16:32mais des profondeurs du passé.
16:36Les scientifiques de l'Union Européenne
16:38et de l'Assemblée Nationale de l'Union Européenne
16:42Il y a 2500 ans,
16:44dans la cité antique de Persépolis,
16:46qu'on situerait aujourd'hui en Iran,
16:48les scribes royaux avaient élaboré un langage écrit extraordinairement complexe,
16:53l'ancienne écriture cunéiforme persane.
16:57L'archéologue et décryptologue de Vénona,
17:00Richard Hallock,
17:01a passé des années à décoder ces inscriptions anciennes
17:04à la recherche de motifs et de répétitions.
17:09Cela a exercé son œil au détail
17:11et lui a en plus donné une idée.
17:15Les messages militaires diplomatiques échangés à l'époque de l'Empire persan
17:19avaient une forme particulière.
17:21Il y avait une salutation au début
17:24et une formule signalant la fin du message.
17:30Richard Hallock se demande si les soviétiques,
17:33tout comme les anciens perses,
17:35n'utiliseraient pas une formule standard au début de leur message.
17:38Si c'était avéré, ils franchiraient un grand pas.
17:43Avant l'ère du calcul numérique,
17:45la comparaison des premiers nombres de tous les messages
17:48en quête d'éventuelles répétitions
17:50aurait pris des années,
17:51voire des dizaines d'années,
17:53sans aucune garantie de résultat.
17:58L'équipe se tourne donc vers l'une des rares ressources technologiques
18:01à sa disposition.
18:03Ils rentrent toutes les pages,
18:05des milliers de pages,
18:06dans un ordinateur IBM rudimentaire.
18:10Ces processeurs de données mécaniques pour cartes perforées
18:13sont alors très utilisés par le gouvernement
18:15et le monde des affaires
18:17pour rassembler et trier des informations.
18:19Chaque machine peut traiter 250 cartes à la minute.
18:22C'est l'idéal pour tester l'intuition de Richard Hallock.
18:27Si le protocole du bloc à usage unique a été correctement respecté,
18:31alors aucun groupe de cinq chiffres
18:33ne doit se trouver dans la même position
18:35dans deux messages différents.
18:37Mais l'analyse de la machine est différente.
18:42Elle passe les cartes au cribble
18:44et trouve des messages avec le même chiffre initial,
18:47puis deux chiffres identiques,
18:50puis trois,
18:51jusqu'à trouver des paires de messages
18:53commençant par le même nombre à cinq chiffres.
18:57En traitant les données,
18:59ils ont compris qu'il y avait une chance sur un milliard,
19:02qu'il s'agisse d'un pur hasard
19:04et qu'ils avaient trouvé quelque chose.
19:09L'intuition de Hallock s'avère exacte.
19:12Les soviétiques commencent chaque message
19:14avec le même nombre à cinq chiffres
19:16d'un bloc à usage unique.
19:20Cela indique aux destinataires,
19:22qui possèdent un bloc identique,
19:24à quelle page se référer
19:26pour décoder le message.
19:28Puisque cette page provient d'un bloc à usage unique,
19:31censé être détruit après décodage,
19:33ce nombre ne devrait jamais réapparaître.
19:37Mais l'équipe de Venona a découvert
19:39que le même nombre apparaît plus d'une fois.
19:42Il n'y a qu'une explication à cela.
19:45La même page a été utilisée
19:47pour encrypter deux messages différents.
19:51Quelqu'un du côté soviétique
19:53a brisé le protocole et commis une erreur.
19:57L'usine en Union soviétique
19:59qui a fabriqué les blocs à usage unique
20:01pour une raison inconnue
20:03a produit un ensemble de blocs
20:05avec les mêmes groupes de chiffres.
20:07Ainsi, au lieu d'avoir seulement deux blocs en double,
20:10on retrouve beaucoup de messages écrits
20:12avec les mêmes combinaisons de chiffres.
20:16Ce sont souvent des erreurs minimes
20:18qui permettent aux décrypteurs
20:20de trouver la faille dans l'armure
20:22et leur donnent un point de départ.
20:26L'équipe de Venona passe davantage de cartes
20:28dans les machines et trouve d'autres indices.
20:32Beaucoup d'autres indices.
20:35En tout, plus de 35 000 messages
20:37ont été créés avec des blocs dupliqués.
20:42C'est l'erreur humaine
20:44que l'équipe de Venona a tant espéré.
20:46La mission impossible devient soudain possible.
20:49Nous pouvons décrypter ce code.
20:51Nous sommes capables de vaincre ce chiffrage.
20:56L'équipe de Venona est désormais en mesure
20:58d'essayer l'une des techniques les plus fiables
21:00dans l'arsenal du décryptage,
21:02l'attaque en force.
21:04L'attaque en force signifie qu'on essaye tout.
21:08Imaginez un cadenas pour sécuriser votre bicyclette.
21:11Il possède trois petits trous
21:13avec les chiffres de 0 à 9.
21:15Vous pouvez donc créer tous les nombres
21:17de 0-0-0 à 9-9-9.
21:20Vous avez donc mille combinaisons.
21:23Tôt ou tard, vous finirez par trouver la bonne.
21:26L'attaque en force signifie
21:28que vous allez essayer chacune de ces mille combinaisons.
21:31Certes, trouver la bonne combinaison
21:33permettra de débloquer le cadenas de la bicyclette.
21:36Mais si les décrypteurs du projet Venona
21:38tombent sur les bons chiffres,
21:40comment sauront-ils qu'ils les ont trouvés ?
21:43Un décrypteur est confronté à une sorte de charabia,
21:46une série apparemment sans aucun sens
21:48de lettres, de symboles ou de nombres.
21:50Il va donc rechercher des indices
21:52mettant en évidence la structure sous-jacente
21:55ou le sens caché du charabia en question.
22:00Les messages cryptés avec le même bloc
22:02pourraient bien renfermer de tels indices.
22:05Si les messages d'origine contiennent les mêmes mots,
22:08par exemple « Moscou »,
22:10alors une attaque en force sur la couche de chiffrement
22:12devrait révéler le code correspondant
22:14pour le mot « Moscou ».
22:18Les décrypteurs ne sauront pas que ces nombres
22:20représentent ce mot précis.
22:22Mais plus ces nombres apparaîtront souvent
22:24lors de l'attaque en force,
22:26plus les chances seront grandes
22:28qu'ils soient les bons numéros de codes des soviétiques.
22:31Ils commencent par relever des répétitions, des schémas,
22:34puis ils resserrent l'étendue des options possibles du code.
22:39Si on défait un cryptage brique par brique,
22:42au bout d'un moment, on peut escalader le mur.
22:47Au terme d'un travail d'essai-erreur et d'intuition,
22:50les décrypteurs prélèvent des fragments
22:52du chiffrement du bloc à usage unique.
22:55Mais ils découvrent un autre mur derrière.
22:58Ils ont trouvé le code sous-jacent,
23:00mais il reste toujours un code à décrypter.
23:03Ils savent que ces nombres représentent des mots,
23:06mais pour savoir quels sont ces mots,
23:08il leur faut un livre de codes.
23:19Sans un livre de codes soviétiques,
23:21le dur labeur des équipes de Venona
23:23n'aura servi à rien,
23:25et les recherches de Staline sur l'arme atomique
23:27demeureront un mystère.
23:30C'est un problème crucial,
23:32car l'Amérique est sur le point de faire monter les enchaines.
23:37Le 6 août 1945,
23:40l'Amérique lâche une bombe atomique
23:42dans le ciel de la ville japonaise d'Hiroshima.
23:49La première bombe a tué 140 000 personnes.
23:52La plupart ont été pulvérisées instantanément,
23:55les autres ont subi une mort lente après avoir été irradiées.
24:00Une fraction de seconde d'anéantissement
24:02a suffi à l'Amérique
24:04pour prouver qu'elle était capable de fabriquer une bombe atomique.
24:08Le largage de la bombe atomique
24:10a démontré que l'Amérique
24:12devenait la puissance mondiale dominante.
24:16Elle possédait désormais l'arme
24:18qui faisait d'elle la nation la plus puissante sur Terre.
24:23La guerre se termine,
24:25mais à défaut d'une cause commune
24:27qui soude les superpuissances,
24:29les ex-alliés deviennent rapidement ennemis
24:32dans une nouvelle guerre,
24:34la guerre froide.
24:37Plus que jamais,
24:39les Américains veulent connaître le plan soviétique.
24:46L'équipe du projet Venona
24:48pense avoir trouvé l'ultime pièce du puzzle
24:50qui lui permettra de déchiffrer le code secret de Staline.
24:54Et elle provient du pays ennemi
24:56que les deux nations combattaient ensemble
24:58quelques mois plus tôt.
25:02Les Américains entendent parler d'un château en Allemagne
25:05utilisé par les services secrets nazis
25:07où ils écoutaient les messages échangés par les Soviétiques.
25:13Comprenant qu'il s'agit là d'une véritable mine d'or de renseignements,
25:16dans les tout derniers mois de la guerre,
25:18les Américains constituent une équipe secrète
25:20pour aller enquêter sur place.
25:22Les Allemands les conduisent à la cave.
25:24Et là,
25:25ils découvrent un nombre incalculable de boîtes
25:28contenant des informations accumulées par les Allemands pendant la guerre
25:31tandis qu'ils tentaient de décrypter les codes secrets russes.
25:35C'est en effet une mine d'or
25:37qui renferme l'une des choses qu'ils recherchaient le plus au monde.
25:41Au milieu de ce chaos se trouve le Saint Graal.
25:44La pièce manquante du puzzle
25:46que l'équipe du projet Venona
25:48a tant espéré.
25:50Un livre de codes soviétiques.
25:52Mais quand le livre arrive à Arlington Hall,
25:55il est non seulement calciné,
25:57mais obsolète.
26:00Qu'est-ce que l'équipe de Venona a gagné au juste ?
26:03Un livre de codes, oui,
26:05mais ils demeurent au pied de la montagne
26:07qu'ils sont censés escalader.
26:11Le livre ne donne pas vraiment de réponses,
26:13mais plutôt des informations.
26:15Après deux ans et demi d'efforts,
26:17le projet Venona,
26:19fort de ses 600 décrypteurs,
26:21n'est toujours pas parvenu à décoder
26:23le moindre message soviétique
26:25parmi des centaines de milliers.
26:27Ils possèdent bien un livre à moitié carbonisé,
26:29mais les voilà désormais à court d'idées.
26:31Une fois qu'ils se sont affranchis du chiffrage,
26:33ils doivent encore résoudre le codage.
26:35Et c'est là qu'un homme de génie
26:37entre en contact avec l'équipe du projet Venona.
26:39C'est là qu'il y a eu un coup de poing.
26:41C'est là qu'il y a eu un coup de poing.
26:43Et c'est là qu'un homme de génie entre en scène.
26:45Il s'appelle
26:47Meredith Gardner.
26:51Au début de l'année 1946,
26:53le linguiste Meredith Gardner
26:55rejoint le projet Venona
26:57et sa présence change la donne.
26:59Meredith Gardner est un solitaire.
27:01Il a grandi dans une pension de famille au Texas
27:03et il s'est mis à lire
27:05les journaux étrangers
27:07que les voyageurs apportaient à la pension.
27:09Il a ensuite fait ses études
27:11à l'université du Wisconsin
27:13où il a obtenu son doctorat en allemand.
27:15A l'âge de 23 ans,
27:17il parle allemand, russe, yiddish,
27:19espagnol, apprend le japonais
27:21en autodidacte et connaît aussi le sanscrit.
27:23On le recrute alors à Arlington Hall.
27:27Gardner propose quelque chose d'apparemment impossible.
27:31Reconstruire le livre de codes soviétiques
27:33en se basant sur la version
27:35brûlée et obsolète.
27:37Imaginez que vous ayez une copie de Moby Dick
27:39et que vous vous disiez
27:41voilà à quoi ressemble un roman.
27:43Eh bien d'accord, je vais écrire un roman.
27:45Ce talentueux linguiste
27:47décide de repartir de zéro.
27:49Il commence à travailler à partir
27:51des messages partiellement décodés
27:53pour s'assurer que rien n'a été omis.
27:55Quelques semaines plus tard,
27:57il remarque quelque chose
27:59qui avait échappé à tous les membres de Venona.
28:01Gardner remarque que
28:03dans un certain nombre de messages,
28:05un nombre à cinq chiffres apparaît
28:07dans le texte, puis réapparaît
28:09un peu plus loin.
28:11Cela se reproduit fréquemment.
28:13Que peuvent donc représenter ces chiffres ?
28:15Il émet une hypothèse.
28:17Ce nombre à cinq chiffres serait
28:19le signal pour le destinataire de faire
28:21quelque chose de différent en décodant le message.
28:23Puisque ces messages
28:25parlent des États-Unis,
28:27ils doivent contenir des mots anglais
28:29qui n'ont pas forcément d'équivalent en russe.
28:31Des noms de lieux, par exemple.
28:33Cette répétition
28:35de cinq chiffres
28:37est peut-être un code
28:39qui indique que le texte passe en anglais
28:41ou repasse en russe.
28:43Telle est en tout cas
28:45l'intuition de Gardner.
28:47En tant que linguiste, Gardner sait
28:49que les Russes n'ont pas de mots équivalents
28:51pour un certain nombre de noms anglais.
28:53Il est donc possible qu'il n'ait pas
28:55de code chiffré pour ces noms.
28:57Ils doivent donc décomposer
28:59la langue anglaise en fragments plus simples
29:01au moyen d'un système
29:03de substitution de certains chiffres
29:05par des lettres
29:07afin d'épler correctement les mots
29:09qui ne figurent pas dans leur livre de code.
29:11Il s'agit donc
29:13d'une fissure dans l'armure,
29:15d'un moyen de percer le code
29:17sans avoir de livre de code à disposition.
29:19Lettre par lettre,
29:21méticuleusement,
29:23l'équipe du projet Venona se concentre alors
29:25sur l'identification des mots anglais
29:27éplets dans les messages.
29:29S'ils trouvaient un mot familier
29:31ou un nom suivi d'un verbe,
29:33ils pourraient commencer à formuler
29:35des hypothèses sur le sens de ces mots.
29:39Leur pari est que,
29:41comme il s'agit de câbles diplomatiques,
29:43ils doivent contenir des mots
29:45tels que Washington DC
29:47ou Président Truman
29:49ou d'autres formulations
29:51qui intéressent de près les soviétiques.
29:53En tout cas, ils ne sont sûrement pas
29:55en train de discuter du dernier spectacle de Broadway.
29:57C'est un processus
29:59de conjecture et d'essais-erreurs.
30:03Ce jeu de mots croisés linguistiques
30:05extraordinairement complexe
30:07requiert une profonde compréhension
30:09du langage et de ses mécanismes,
30:11aussi bien que des principes
30:13d'encodage.
30:19Trois ans après le début du projet Venona,
30:21Meredith Gardner
30:23parvient enfin à décoder
30:25des fragments d'un télégramme soviétique.
30:29Contre toute attente,
30:31Venona a atteint son objectif
30:33apparemment impossible.
30:35Et ce que l'équipe découvre
30:37dans ce premier télégramme est troublant.
30:43Il a été envoyé deux ans plus tôt
30:45de New York à destination de Moscou.
30:47Et il contient des réflexions
30:49à propos du succès potentiel
30:51du président Roosevelt
30:53à la présidentielle de 1944.
30:57Ce qui surprend Gardner,
30:59c'est que ce message ne parle pas de négociations,
31:01mais de politique américaine.
31:03Et il semble avoir été envoyé
31:05par un correspondant de langue anglaise.
31:07Y aurait-il un espion ou des espions
31:09travaillant au sein du gouvernement américain
31:11qui utiliserait ce système de code soviétique
31:13pour adresser des messages à Moscou ?
31:17Ce premier télégramme
31:19n'est que le début.
31:21À mesure que Gardner et son équipe
31:23extraient lentement les mots des télégrammes,
31:25l'un après l'autre,
31:27leurs découvertes sont explosives.
31:29En se concentrant
31:31sur les composantes anglaises de ces messages,
31:33Gardner finit par obtenir
31:35une liste de noms anglais,
31:37ainsi que des formulations
31:39qui réapparaissent plusieurs fois
31:41dans chaque message.
31:45Parmi ces noms,
31:47beaucoup sont ceux des scientifiques
31:49travaillant au programme top secret
31:51de la bombe atomique, le projet Manhattan.
31:55Leurs identités
31:57étaient classées top secret.
31:59Ils étaient surveillés de près et supervisés.
32:01Ils ne communiquaient aucun élément
32:03de leur projet au monde extérieur.
32:05Ils ne parlaient même pas à leur famille
32:07de l'objet de leur recherche.
32:09Les soviétiques n'avaient qu'un seul moyen
32:11de connaître le nom de ces scientifiques.
32:13Il y avait eu une fuite
32:15dans le projet Manhattan.
32:19Le gouvernement des États-Unis
32:21a réalisé que les soviétiques
32:23avaient envoyé des espions
32:25travailler en Amérique.
32:27Et ces espions n'avaient pas seulement
32:29découvert l'existence du projet Manhattan,
32:31visant à la fabrication
32:33d'une arme atomique,
32:35mais ils s'y étaient infiltrés
32:37et en avaient dérobé des secrets.
32:39Staline
32:41est la dernière personne au monde
32:43à devoir accéder à des informations
32:45internes du projet top secret Manhattan.
32:47Mais si le décryptage
32:49de Gardner est correct,
32:51alors Staline a bel et bien reçu
32:53des rapports sur le projet
32:55de bombe atomique américain
32:57depuis au moins 1942.
32:59Il devient alors évident
33:01que les soviétiques ont rassemblé
33:03assez d'informations pour construire
33:05leur propre bombe atomique.
33:09Mais quel type de bombe atomique ?
33:13Les Américains
33:15travaillaient d'arrache-pied à l'arme nucléaire
33:172.0, la plus grosse.
33:21La bombe thermonucléaire
33:23à hydrogène.
33:25Une avancée exponentielle
33:27dans le pouvoir destructeur de ces armes.
33:29Si Staline
33:31possédait une bombe à hydrogène
33:33avant les États-Unis,
33:35cela
33:37changerait complètement la donne.
33:41Même si l'arme n'était
33:43jamais utilisée, si Staline
33:45pouvait menacer l'Ouest avec la puissance
33:47d'une bombe à hydrogène,
33:49la guerre froide
33:51serait effectivement terminée
33:53et l'Union soviétique aurait gagné.
33:59La seule manière
34:01de découvrir ce que savent les Russes
34:03est d'identifier les espions
34:05qui ont fait fuiter l'information
34:07depuis le projet Manhattan.
34:10À mesure que Gardner dévoile
34:12le contenu des messages,
34:14il entre dans un monde d'intrigues
34:16encore insoupçonnés.
34:18Il comprend qu'il les fait référence
34:20à des agents soviétiques dont les vrais noms
34:22sont inconnus. Seuls leurs noms de code
34:24sont mentionnés. Il découvre ainsi
34:26des noms comme Repo,
34:28Oua, Antenne
34:30ou Libéral
34:32et il s'efforce de les identifier.
34:34Qui sont donc Repo,
34:36Libéral, Antenne ?
34:39Le projet Venona a cessé d'être
34:41une mission d'enquête. Il devient
34:43une chasse à l'homme.
34:48Le FBI travaille à présent en équipe
34:50avec les décrypteurs d'Arlington Hall
34:52pour faire la chasse
34:54à ces espions russes
34:56déjà implantés et cachés
34:58en Amérique.
35:00En 1949,
35:02il devient clair qu'un agent
35:04infiltré au service des soviétiques
35:06a communiqué à ces derniers des secrets
35:08d'importance capitale.
35:10Il s'agit de l'espion au nom de code
35:12Repo, identifié dans des messages
35:14ultérieurs par le prénom Charles.
35:16Ce nom de code apparaît
35:18de manière répétée dans ses transmissions,
35:20particulièrement dans un grand nombre
35:22d'entre elles ayant trait aux recherches
35:24en cours à Los Alamos.
35:26Mais ces noms de code n'apparaissent
35:28que dans des messages envoyés jusqu'en 1945.
35:30Par la suite,
35:32les soviétiques ont cessé
35:34d'utiliser le duplicata du bloc
35:36de codage à usage unique
35:38et les messages sont redevenus indécodables.
35:40Dans cet intervalle de 4 ans,
35:42l'espion en question a pu continuer
35:44à communiquer les secrets les mieux gardés
35:46d'Amérique,
35:48y compris les recherches concernant
35:50la nouvelle génération d'armes atomiques.
35:56La course est lancée pour tenter
35:58d'arrêter cet agent nommé Repo,
36:00s'il n'est pas déjà trop tard.
36:02Gardner et son équipe
36:04décryptent une partie d'un télégramme
36:06qui révèle que cet agent réside
36:08dans l'île.
36:10Le nom de code de l'Angleterre,
36:12ce qui permet de restreindre drastiquement
36:14la zone de recherche.
36:16L'agent nommé Repo, ou Charles,
36:18doit donc être l'un des 15 scientifiques
36:20britanniques occupant un poste clé
36:22dans le projet Manhattan.
36:24Ils découvrent petit à petit,
36:26à travers d'autres messages,
36:28que l'agent Repo
36:30a une sœur qui vit en Amérique,
36:32dans le Massachusetts.
36:36Ils savent donc à présent que Repo
36:38est un scientifique britannique
36:40dont la sœur vit au Massachusetts.
36:44Un seul des scientifiques du projet Manhattan
36:46coche ces deux cases.
36:50C'est le physicien en chef et théoricien
36:52Klaus Fuchs.
36:54Fuchs avait fourni aux soviétiques
36:56toutes sortes d'informations,
36:58de la quantité de plutonium nécessaire
37:00à des spécifications et informations techniques,
37:02soit une grande quantité
37:04de pièces du puzzle,
37:06essentielles à l'assemblage de leurs propres bombes.
37:10Face à l'accusation,
37:12Fuchs avoue et passe 9 ans en prison.
37:16Mais il n'a pas agi seul.
37:20Lettre après lettre, message après message,
37:22les décrypteurs de Venona
37:24démêlent un réseau entier d'espions
37:26centrés sur le projet Manhattan.
37:30Calibre est en fait
37:32David Greenglass, opérateur technique
37:34à Los Alamos.
37:36Libéral
37:38et Antenne sont les noms de code
37:40du beau frère de Greenglass,
37:42Julius Rosenberg.
37:44Loi est le chimiste
37:46Harry Gold.
37:48Mlade est le physicien Théodore Hall.
37:52Beaucoup de ces espions sont mus,
37:54non par un attachement idéologique au communisme,
37:56mais par la croyance
37:58que le monde serait plus sûr
38:00si les deux superpuissances possédaient la bombe atomique.
38:04La plupart ne sont jamais passés devant un tribunal.
38:08Comme le projet Venona
38:10devait rester secret,
38:14ils n'avaient aucune preuve à apporter au tribunal.
38:18Ils ne pouvaient se permettre de faire savoir aux Russes
38:20qu'ils découvraient leurs secrets.
38:24En effet, cela aurait compromis
38:26l'enseignement.
38:28Environ 200 autres espions mentionnés
38:30dans les télégrammes russes
38:32demeurent encore non identifiés à ce jour.
38:36Les deux seuls espions à avoir subi
38:38le plus grave châtiment font en fait
38:40partie des plus insignifiants,
38:42Julius Rosenberg et sa femme Ethel.
38:46Julius était un recruteur
38:48et un courrier délivrant des renseignements.
38:52Sa femme Ethel n'était pas directement impliquée.
38:54Elle n'a probablement fait que d'actylographier
38:56des informations.
38:58Mais malgré cela, ils ont tous les deux été
39:00reconnus coupables de trahison et exécutés.
39:08Après six années de travail minutieux
39:10et en dépit d'obstacles
39:12en apparence insurmontables,
39:14les décrypteurs du projet Venona
39:16sont parvenus à colmater la fuite
39:18dans le projet Manhattan.
39:20Mais cela les a alertés sur une autre fuite
39:22encore plus dangereuse.
39:24Et elle provenait directement du cœur du pouvoir,
39:26à Washington D.C.
39:30Parmi les messages que Venona a décodés
39:32se trouvait une transcription verbatime
39:34d'un télégramme venant de Churchill en personne
39:36et adressé au président américain.
39:40Le télégramme a été envoyé
39:42en septembre 1944
39:44à une époque où la communication
39:46entre les chefs de guerre
39:48était plus que jamais bien gardée.
39:52Et là, dans les coulisses même du pouvoir,
39:54un agent secret soviétique
39:56a vu et recopié le message.
40:00Cela montre bien qu'il y a une fuite
40:02au plus haut niveau dans les hautes sphères
40:04anglaises ou américaines,
40:06voire dans les deux.
40:08Cette fuite provenait d'un agent
40:10dont le nom de code était Homer.
40:14C'était un espion prolifique et très dévoué.
40:16Les décrypteurs de Venona
40:18ont ainsi découvert qu'entre 1944
40:20et 1945,
40:22il a envoyé au moins 12 messages
40:24à Moscou révélant des informations
40:26politiquement sensibles
40:28classées top secret.
40:30Ils comprennent que
40:32si cet espion est toujours actif,
40:34des informations secrètes doivent encore parvenir
40:36aux soviétiques au sujet de l'activité
40:38de la base militaire et scientifique
40:40à son plus haut niveau.
40:42Pire encore, des renseignements
40:44d'ordre technique sur cette nouvelle arme
40:46dévastatrice, la bombe à hydrogène,
40:48pourraient se retrouver entre les mains
40:50des soviétiques.
40:52À mesure que l'équipe de Venona
40:54décode les messages de ce Homer,
40:56ils comprennent qu'ils ont été
40:58envoyés cinq ans plus tôt,
41:00quand l'espion était infiltré à l'ambassade
41:02britannique à Washington.
41:06Le FBI circonscrit le nombre
41:08de personnes ayant potentiellement
41:10vu ce télégramme à environ
41:126000.
41:14Puis,
41:16ils déterminent
41:18ceux qui ont pu avoir
41:20des sympathies communistes
41:22et ceux qui auraient
41:24le plus de raisons de vouloir
41:26envoyer ce document top secret
41:28à Moscou.
41:32Entre alors en scène
41:34l'homme le plus à même de trouver l'espion.
41:38En septembre 1949,
41:40Kim Philby, diplomate britannique
41:42de haut rang, arrive à Washington.
41:46Pour identifier Homer,
41:48Philby gagne la confiance de ses collègues
41:50de l'ambassade britannique, du projet Venona
41:52et du FBI.
41:54Philby est un homme
41:56charmant, très bien habillé.
41:58C'est un merveilleux
42:00compteur. Tout le monde l'apprécie
42:02et lui fait confiance.
42:06Mais c'est un désastre
42:08pour les services secrets anglais et américains.
42:12Car à l'insu
42:14de ses supérieurs et collègues des deux côtés de l'Atlantique,
42:16Kim Philby est un agent
42:18soviétique.
42:20Il protège
42:22en fait la personne qu'il est censé démasquer
42:24à l'ambassade britannique.
42:28À l'ambassade britannique de Washington,
42:30Philby doit marcher sur la corde raide.
42:34D'un côté, il doit apparaître
42:36comme celui qui traque l'espion
42:38et de l'autre,
42:40il doit faire en sorte de protéger l'identité
42:42de l'espion.
42:44Philby est au-dessus de tout
42:46soupçon. Il peut accéder
42:48librement à l'élite politique de Washington,
42:50à l'enquête du FBI
42:52et au projet Venona.
42:58Il parcourt les couloirs,
43:00il assiste aux réunions avec Meredith Gardner
43:02et il apprend tout de leurs découvertes.
43:04En un sens, c'est le renard
43:06dans le poulailler, sauf que personne
43:08ne sait que c'est un renard.
43:10Mais la chance
43:12du renard va tourner.
43:18Au printemps 1951,
43:20le cryptologue de génie
43:22Meredith Gardner découvre l'indice
43:24qui va permettre de démasquer
43:26Homer.
43:28Le message qu'il décode est le suivant.
43:30Homer vient en visite à Tyre,
43:32Tyre étant le nom de côte de New York
43:34pour un mois
43:36avant d'avoir sa femme enceinte.
43:40Les autorités restreignent alors leur liste
43:42de suspects aux employés de l'ambassade
43:44dont les épouses étaient enceintes à New York
43:46en 1945.
43:48La liste est très courte.
43:50C'est Donald Maclean
43:52qui était le premier secrétaire
43:54de l'ambassadeur britannique.
44:00Donald Maclean,
44:02le diplomate le plus brillant
44:04de sa génération.
44:06Quand il arrive à Washington,
44:08il n'a que 31 ans.
44:10Il est déjà premier secrétaire
44:12de l'ambassade la plus importante de toutes,
44:14celle de Washington.
44:16Il côtoie véritablement les sommets.
44:18Maclean possède le plus haut niveau
44:20d'accréditation en termes de sécurité.
44:22C'est le représentant britannique
44:24de la commission la plus secrète
44:26contre toutes,
44:28la commission à l'énergie atomique.
44:30Mais Philby sait déjà tout cela.
44:32En effet,
44:34il connaît l'identité de Homer
44:36depuis qu'on l'a chargé de le démasquer.
44:40Kim Philby
44:42a recruté Maclean en 1933
44:44quand ils ont tous les deux
44:46quitté Cambridge.
44:48A l'université de Cambridge,
44:50les deux hommes ont développé
44:52de profondes convictions
44:54pour la cause communiste.
44:56Dès qu'on montre à Philby
44:58les documents prouvant
45:00que Homer est l'un de ces espions,
45:02il ne lui faut pas longtemps
45:04pour comprendre que Maclean
45:06est celui qu'ils cherchent.
45:12Kim Philby
45:14est l'instigateur de tout ce qui est arrivé
45:16à Maclean.
45:18Avant que Maclean ne soit interrogé,
45:20Philby l'avertit.
45:22Maclean s'enfuit à Moscou
45:24avec un autre diplomate anglais
45:26son ami de Cambridge
45:28et co-espion pour les soviétiques,
45:30Guy Burgess.
45:32C'est en première page des journaux.
45:34Les diplomates se sont envolés
45:36et tous déchaînent.
45:44Tout accuse Philby.
45:46Mais comme il ne se trouvait pas
45:48aux États-Unis quand les messages
45:50recueillis par l'équipe de Venona
45:52ont été envoyés,
45:54il n'y a aucune preuve contre lui.
45:56Cependant,
45:58sa relation étroite avec Maclean
46:00et Burgess le fait tomber en disgrâce.
46:02Il est contraint de démissionner
46:04des affaires étrangères britanniques
46:06et n'est donc plus en mesure d'espionner
46:08pour les soviétiques.
46:10Les décrypteurs du projet Venona
46:12sont parvenus à neutraliser
46:14les espions parmi les plus dangereux
46:16à avoir menacé les États-Unis.
46:18Sans leur travail méticuleux,
46:20Maclean, Philby et leurs associés,
46:22avec les espions du projet atomique
46:24Manhattan,
46:26auraient continué à divulguer
46:28les secrets les mieux gardés d'Amérique
46:30et Staline aurait peut-être
46:32gagné la guerre froide.
46:44Mais le 1er novembre 1952,
46:46sur un atoll reculé du Pacifique,
46:48l'Amérique fait exploser
46:50la première bombe à hydrogène du monde.
46:58Staline perd la course
47:00au développement de la bombe H.
47:02Il meurt quatre mois plus tard
47:04et sous le règne de son successeur
47:06Nikita Khrouchev,
47:08le dégel s'amorce
47:10entre États-Unis et Union soviétique.
47:16Beaucoup de secrets
47:18atomiques américains sont passés
47:20aux soviétiques.
47:22Mais le projet Venona a aidé
47:24à enrayer ce processus
47:26et a empêché Staline
47:28d'avoir une bombe H entre les mains
47:30avant que les États-Unis
47:32aient développé la leur.
47:34Si Staline avait eu
47:36la bombe H, cela aurait-il
47:38déclenché la guerre ?
47:40Qui sait ?
47:42En tout cas, le monde aurait été
47:44bien moins en sécurité, c'est certain.
47:46Le projet Venona
47:48se poursuit jusqu'en 1980.
47:50Les responsables
47:52des services secrets américains
47:54décident alors qu'il n'y a plus rien
47:56à glaner dans les télégrammes soviétiques
47:58de la Seconde Guerre.
48:00Les dossiers ont été empaquetés
48:02et stockés au quartier général
48:04de l'Agence Nationale de Sécurité
48:06dans le Maryland.
48:08Tous les participants au projet
48:10ont respecté leur promesse
48:12et ont gardé ce secret,
48:14ce même secret qui a gouverné leur vie
48:16jusqu'à aujourd'hui.
48:18Il faut attendre 1995
48:20pour qu'une poignée de documents
48:22soit déclassifiée.
48:24L'information était tellement importante,
48:26tellement cruciale,
48:28que c'est seulement aujourd'hui
48:30qu'on commence à reconstituer
48:32toute l'histoire.
48:34Le projet Venona a refaçonné
48:36le monde de l'après-guerre.
48:38Ses décrypteurs,
48:40ses politiciens,
48:42ses linguistes,
48:44ses administrateurs,
48:46majoritairement des femmes,
48:48pour la plupart inconnues
48:50et restées dans l'ombre,
48:52ont contribué à sécuriser le monde.
48:54Au cours des guerres du XXe siècle
48:56et pendant la guerre froide en particulier,
48:58quelques-unes des plus importantes
49:00batailles ont été gagnées en coulisses
49:02par ces décrypteurs de codes.
49:04Une grande partie de leur travail,
49:06qui s'est avérée cruciale
49:08car ses secrets étaient si profonds
49:10qu'ils ont été gardés pendant des décennies.
49:12Même de nos jours,
49:14presque 80 ans après que
49:16les premiers décrypteurs novices ont commencé
49:18à travailler à Arlington Hall,
49:20la véritable portée de leur travail
49:22demeure teintée de mystère.
49:24Car la plus grande partie
49:26du projet Venona
49:28est encore classée secret défense.

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