L’acteur et réalisateur Nicolas Bedos a été condamné ce mardi à un an de prison (six mois ferme à domicile sous surveillance électronique et six mois avec sursis probatoire) et à une obligation de soins pour des agressions sexuelles sur deux femmes en 2023. Une condamnation contre laquelle il va faire appel. Nicolas Bedos a en revanche été relaxé pour des faits de harcèlement sexuel datant de 2018 “au bénéfice du doute”.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Vous avez fait appel, vous allez nous dire dans un instant pourquoi vous contestez ce jugement, mais d'abord une précision.
00:06Le tribunal a ordonné l'exécution provisoire du jugement, donc ça veut dire que dans quelques jours, quoi qu'il arrive, Nicolas Bedos sera équipé d'un bracelet électronique ?
00:16Alors, quelques jours, vous allez vite en besogne. C'est la justice française, tout se passe toujours dans un temps assez lent, donc ce sera dans quelques mois.
00:25Mais effectivement, vous avez tout à fait raison de le souligner, car c'est bien ce qu'il y a de plus choquant dans cette décision, c'est que le tribunal,
00:34dont je rappelle que c'est une juridiction de première instance, à savoir que la cour d'appel peut venir réformer totalement ce qui a été décidé,
00:42c'est-à-dire que demain, Nicolas Bedos pourrait être déclaré innocent, et moi, j'y crois avec force, puisque j'ai des arguments juridiques et factuels
00:51très importants pour faire valoir sa relaxe, et donc on ira peut-être demain devant une cour d'appel, après avoir exécuté une peine de détention,
01:00puisque le bracelet électronique, c'est de la détention à domicile, et donc vous avez là un tribunal qui s'estime finalement plus important que ses juges supérieurs,
01:11à savoir les juges d'appel, et qui fait appel à cette notion d'exécution provisoire qui ne se justifie absolument pas, puisque ça sert à quoi l'exécution provisoire, en fait ?
01:20Ça sert à s'assurer qu'une personnalité particulièrement dangereuse, un multirécidiviste, ne recommence ce qu'il a fait.
01:28Qui croit aujourd'hui sérieusement que Nicolas Bedos est dangereux pour la société et doit faire l'objet d'une peine alors qu'il est toujours présumé innocent ?
01:38Il est présumé innocent puisque la peine n'est pas définitive et que nous avons fait appel, et pour autant, il pourrait être détenu avec un bracelet électronique.
01:44C'est absolument stupéfiant et totalement inédit.
01:48Vous allez revenir dans un instant sur vos arguments de défense. Vous avez une idée de quand il sera équipé de ce bracelet ?
01:56Ça va prendre quelques mois. En tout cas, il y a un délai de quatre mois qui est imposé au juge d'application d'effet.
02:01La réaction de votre client qui n'était pas présent cet après-midi pour le délibérer, comment a-t-il réagi en apprenant sa condamnation ?
02:07Écoutez, moi je suis avocate, je ne suis pas porte-parole. D'ailleurs, vous savez, les avocats pénalistes commencent à passer davantage de temps sur les plateaux que dans les prétoires.
02:17Ce que je regrette, mais nous n'avons pas le choix puisque le tribunal est à la fois au paillet de justice et sur vos plateaux.
02:26C'est pour ça que je suis là, mais je ne vais pas parler à la place de mon client sur son état.
02:29Mais est-ce qu'il a été surpris ? Est-ce qu'il a compris cette peine ? Il était surpris ? Il ne s'y attendait pas ? Il s'y préparait ?
02:36Mais personne ne s'y attendait. Si vous saviez les messages que j'ai reçus aujourd'hui, j'ai reçu des messages de plusieurs magistrats
02:43me faisant part de leur inquiétude sur le prononcé de cette peine.
02:47Donc Nicolas Bezos, qui n'est pas juriste, il est évidemment surpris puisque d'abord, il conteste les faits qu'il a répétés plusieurs fois.
02:55Il n'est pas un agresseur sexuel et d'être traité comme s'il avait commis un viol avec une peine de détention à domicile.
03:03Non mais traiter quoi ?
03:04S'il était traité comme s'il avait commis un viol, il n'aurait pas écopé de six mois avec un brasser électronique. Il aurait eu une peine beaucoup plus lourde.
03:10Attendez, pour avoir une exécution provisoire pour les faits pour lesquels il comparaissait, je vous assure que ça n'arrive jamais.
03:17Donc évidemment qu'il a été surpris, mais que des juristes sont non seulement surpris, mais inquiets.
03:24Des magistrats m'ont envoyé des messages, des victimes, parce que moi je défends aussi des plaignantes et des victimes qui ne comprennent pas
03:33que pour les faits, à savoir un bisou dans le cou et une main au-dessus d'un gym de deux secondes, c'est la plaignante qui le dit,
03:42on puisse écoper d'une peine pareille quand elles-mêmes, ces victimes, ont porté des accusations avec des preuves matérielles,
03:50ce qui n'existe pas dans notre dossier, et que leurs agresseurs s'en sont sortis à bien meilleur compte que Nicolas Benoist.
03:57Il serait intéressant de savoir si au moment où ce tribunal a prononcé cette peine avec cette exécution provisoire,
04:06et que dans la France entière, d'autres peines exactement au même moment étaient prononcées pour des faits similaires,
04:13quelles étaient ces peines ? Mais vous seriez surpris.
04:15Mais c'est quoi le sous-entendu ? Pardonnez-moi, mais c'est quoi le sous-entendu ?
04:18C'est que vous dites que c'est parce qu'il a une certaine notoriété, Nicolas Benoist, qu'il écope d'une peine que vous jugez sévère ?
04:26Ce n'est pas un sous-entendu. Nicolas Benoist n'a pas été jugé pour ce qu'il a fait.
04:31Nicolas Benoist a été jugé pour ce qu'il est. Personne ne vous dira le contraire.
04:36Qu'est-ce qu'on cherche là ? On cherche l'exemplarité.
04:39D'ailleurs, sur votre plateau même, et ailleurs, l'avocat de la partie civile est sorti de l'audience en disant
04:47« Ah ben, c'est une décision qui va faire œuvre pédagogique, c'est une décision exemplaire. »
04:53Mais depuis quand la justice vient piétiner les droits des accusés pour faire des exemples ?
04:59La justice s'en sort là avec un bon coup de com' parce que comme c'est Nicolas Benoist, on va en parler, ça va être retentissant.
05:05Elle est tellement critiquée pour son incapacité à gérer, à prendre en compte les violences sexuelles.
05:11Donc là, c'est du pain bédi, d'autant que, pardon, mais c'est important je pense de le souligner,
05:17il y a tellement d'affaires visant des personnalités qui concernent des faits prescrits puisqu'on vient porter plainte
05:24dix ans, vingt ans, trente ans après, et donc des affaires qui ne peuvent pas être jugées.
05:29Et Nicolas Bedos, il arrive là avec une accusation, une partie civile qui est là, qui est présente,
05:35qui dénonce des faits qui se sont passés il y a un an.
05:38Alors justement, j'aimerais qu'on aille dans le fond du dossier pour qu'on comprenne bien ce qui est reproché à Nicolas Bedos.
05:45En mai 2023, il lui est reproché d'avoir attrapé par la taille une serveuse dans un bar
05:52et de l'avoir embrassé de force dans le cou, ce fameux baiser.
05:56En juin, sans son consentement, sans son consentement, sans son consentement.
06:03Juin 2023, toujours dans ce même bar, il lui est reproché d'avoir mis sa main sur le sexe d'une jeune femme par-dessus son pantalon.
06:13Alors, ce n'est pas dans un bar, c'est dans une boîte de nuit.
06:16Un bar de nuit, si vous préférez.
06:18C'est une boîte de nuit. Nous sommes sur la piste de danse.
06:22Et vous parliez du geste au niveau de la zone de l'entrejambe par-dessus le jean.
06:28On ne sait toujours pas exactement quel est ce geste, puisque à l'audience, la plaignante, la partie civile,
06:33a refusé d'expliquer à la demande du président du tribunal, a refusé de mimer, d'expliquer quel était ce geste.
06:40Donc aujourd'hui, vous me posez la question, vous voulez aller dans le fond des choses.
06:43Je ne peux pas vous dire quel est ce geste, puisqu'elle a refusé de l'expliquer.
06:48Pardon Maître, mais j'étais à l'audience. Ce geste, elle l'a mimé.
06:51Elle l'a dit. Il l'a fait comme ça. Elle a tendu le bras.
06:56Alors, attendez, pardon. Vous étiez à l'audience. Le président ne lui a-t-il pas demandé
07:00est-ce que vous pouvez mimer et est-ce qu'elle ne s'est pas arrêtée en pleurant, en disant
07:04ah non, je ne peux pas, et qui lui a dit très bien, vous ne pouvez pas.
07:07Vous pouvez dire sous les yeux, elle a mimé ce geste.
07:10Non, elle n'a pas mimé. Le président lui a demandé si elle pouvait mimer le geste.
07:15Elle a refusé de le faire. Et justement, ce qui a été reproché dans tous les comptes rendus à mon client,
07:21c'est que lui, essayant de comprendre ce qu'elle dénonçait, a plusieurs reprises montré ce qui avait pu arriver.
07:28Et ça a été dénoncé dans les comptes rendus d'audience, puisque de toute façon, c'est ce qui va se passer.
07:33Les personnalités n'iront plus à leur procès, puisque c'est un lynchage médiatique d'un côté et une leçon de morale.
07:38Un lynchage médiatique, vous êtes sur ce plateau ce soir pour vous expliquer justement,
07:41et pour nous expliquer la défense de Nicolas Bellos.
07:43Je vous remercie, mais vous êtes trop bonne de venir m'inviter.
07:47Ne soyez pas agressée, je vous remercie pour votre invitée.
07:50Je vous remercie d'être venue ce soir vous expliquer sur le plateau de BFM TV.
07:53Puisque vous étiez à l'audience, vous étiez où à partir de 22h15 ?
07:56Parce que je vais vous expliquer ce qui s'est passé. Il y avait à peu près une trentaine de journalistes qui étaient là.
08:01Le procureur a pris ses réquisitions, il a arrêté à 22h15 et à ce moment-là,
08:10à part l'AFP qui s'astreint à une déontologie particulièrement forte,
08:16de rester pour écouter la défense.
08:19Mais c'est important.
08:22Vous n'êtes pas là ce soir pour faire le procès des médias, vous n'allez pas aller sur ce terrain-là.
08:26On est là pour expliquer la défense de Nicolas Bellos.
08:30Si vous voulez, allez-y, on change l'émission, on fait le procès des médias.
08:33Je ne sais pas si c'est une stratégie la contre-attaque, mais honnêtement, allons sur le fond du dossier.
08:41Je vous assure qu'il n'y a absolument aucune stratégie, il n'y a aucune contre-attaque.
08:47Vous dites qu'on va aller au fond des choses.
08:51J'ai plaidé pendant une heure et quart, il y a trois semaines, je ne vais pas refaire ma plaidoirie sur ce plateau.
08:58Ce que je suis venue vous dire, c'est qu'aujourd'hui, ce qui se passe avec cette décision et avec cette peine,
09:10c'est qu'on a piétiné les principes de l'état de droit.
09:15C'est intangible et sacré, contrairement à ce que nous a dit M. Retailleau il y a quelques semaines.
09:21Il y a des principes comme la présomption d'innocence et aussi le doute profite à l'accusé.
09:25C'est-à-dire que la nécessité probatoire, c'est-à-dire qu'il faut des preuves pour condamner, c'est un principe intangible.
09:32Dans ce procès, vous voulez qu'on parle du fond des choses, je vous le dis, il n'y a pas de preuves de ce pourquoi il a été condamné.
09:40Il a été condamné, je vous l'ai dit, pour ce qu'il est et non pas pour ce qu'il a fait.
09:47On n'a pas respecté ces principes-là. Pardonnez-moi, mais je suis inquiète.
09:52Justement, pour qu'on comprenne bien, j'aimerais qu'on avance parce que j'aimerais comprendre pour être tout à fait honnête.
09:58Prenons les choses factuellement. Vous parlez de cette histoire de baiser, ça ne le conteste pas, le baiser dans le cou, le bisou dans le cou.
10:04Il ne reconnaît pas non plus, il ne s'en souvient pas.
10:07Vous dites par surprise, mais vous dites que ce n'est pas une agression sexuelle.
10:11Un bisou dans le cou quand une femme est en boîte de nuit, qu'un homme ivre vient vers elle et l'embrasse dans le cou sans son consentement,
10:19c'est quoi si ce n'est pas une agression sexuelle ?
10:22C'est une atteinte à l'intimité, mais qui n'est pas une agression sexuelle.
10:25C'est-à-dire qu'un baiser sur la joue, c'est une agression sexuelle ?
10:29Est-ce que le cou est plus intime que la joue ? Oui.
10:32Est-ce que pour autant, c'est une atteinte sexuelle ?
10:34Selon moi, non.
10:35Et je peux vous dire qu'on a eu aujourd'hui le premier tribunal de France,
10:39peut-être que certaines personnes trouveront ça formidable,
10:41qui a considéré qu'un bisou dans le cou, détaché de toute autre circonstance,
10:47il n'y a absolument rien qui vient avant, il n'y a rien qui vient après,
10:50elle a expliqué qu'elle s'est éloignée et qu'il lui a fait un sourire et qu'il n'a absolument pas essayé de la poursuivre,
10:56il n'avait aucune autorité hiérarchique sur elle, il ne se connaissait pas,
11:00enfin, il n'y a absolument rien d'autre autour de ce bisou dans le cou,
11:04et bien non, ce n'est pas une atteinte sexuelle.
11:07La définition de l'agression sexuelle, c'est une atteinte sexuelle par surprise, contrainte ou menace ou violence.
11:15Ce n'est, selon moi, et jusqu'ici, selon la jurisprudence, pas une agression sexuelle.
11:21C'est très désagréable, vous savez, il y a beaucoup de choses dans la vie qui peuvent être très désagréables et très gênantes
11:25et qui, pour autant, ne sont pas sanctionnées par le code pénal.
11:29Alors, vous placez le curseur où ? Parce qu'en gros, concrètement, si vous me dites, il y a une hiérarchie,
11:33c'est-à-dire qu'une jeune fille qui se fait embrasser de force dans le cou,
11:36vous lui dites que ce n'est pas grave, ce n'est pas répréhensible, ce n'est pas une atteinte sexuelle ?
11:39Je n'ai pas dit que ce n'était pas grave, je n'ai dit que ce n'était pas répréhensif,
11:41pénalement, ce n'est pas la même chose.
11:43Donc, on lui dit quoi, à cette jeune fille ?
11:45On lui dit que ce n'est pas une infraction pénale.
11:48Bon, alors par contre, je veux dire, à quel moment vous considérez que c'est une atteinte sexuelle ?
11:52Une main sur les fesses, oui, c'est une atteinte sexuelle, un bisou dans le cou, ça ne l'est pas,
11:56un bisou là, est-ce que ça l'est ? Un bisou là, est-ce que ça ne l'est pas ?
11:59Je veux dire, à quel moment vous considérez que tel ou tel geste est une agression sexuelle ?
12:02Pardon, mais ce n'est pas moi qui ai rédigé le code pénal.
12:05Une agression sexuelle est une atteinte sexuelle.
12:07Qu'est-ce qu'est une atteinte sexuelle ?
12:09Par la jurisprudence et la définition que n'importe qui peut en donner.
12:13Vous avez le baiser sur la bouche, vous avez les mains sur les seins,
12:17vous avez les mains sur les fesses, vous avez même la main extrêmement appuyée sur la cuisse
12:21et qui va remonter vers les parties intimes, vous avez les parties intimes,
12:24enfin, vous avez beaucoup d'endroits du corps qui sont des atteintes sexuelles.
12:28Mais en quoi est-ce que le coup est d'ordre sexuel ?
12:31Peut-être que vous, vous le pensez, et moi, non.
12:33Mais la justice aussi le pense, puisqu'elle a condamné Nicolas Deleuze.
12:36C'est une décision de première instance qui n'est pas définitive.
12:38Pour l'instant, en tout cas.
12:39Donc, ce n'est pas de la jurisprudence.
12:40Oui, pour l'instant.
12:41Donc, pour l'instant, ce n'est pas ce que la justice a décidé de façon définitive.
12:44Donc, vous ne pouvez pas dire ça.
12:46Et la main sur le sexe d'une personne, par-dessus son pantalon,
12:50pour vous, ce n'est pas une atteinte sexuelle ?
12:52C'est ce que j'ai dit.
12:53Je viens de vous dire exactement le contraire, madame.
12:55Non, mais en l'occurrence, il a accusé de ça.
12:57Oui, mais attendez, ce sont deux choses totalement différentes.
12:59Il y a la qualification, qui est le bisou dans le cou,
13:02et il y a ce qui s'est passé sur l'épisodance.
13:03Donc, si vous voulez, on va en parler.
13:06Même si, encore une fois, je vous dis, il y a eu une audience.
13:08Et donc, on pourrait peut-être justement en discuter.
13:11Mais enfin, moi, je veux bien vous refaire toute ma coutoirie.
13:14Ça aurait été intéressant que ce soit repris dans les médias.
13:17Comme ça, on n'aurait peut-être pas besoin de revenir dessus.
13:19Mais allons-y.
13:21Personne n'a dit que ce qui était ressenti par la plaignante
13:24n'était pas une agression sexuelle.
13:26À aucun moment.
13:27Je veux dire, qui va dire ça ?
13:28On est sur exactement une zone d'intimité.
13:33Ce qui s'est passé par rapport à ce geste-là,
13:36et qu'il a expliqué dès le début,
13:38et que même les policiers ont constaté,
13:41ce geste est intervenu dans le contexte d'une bousculade
13:45qui est clairement établie par les témoins.
13:47Et qui sont les témoins ?
13:49Les quatre meilleurs amis de la plaignante,
13:52son frère qui était présent,
13:54et qui ont tous dit dans les procès-verbaux
13:56– ils n'étaient pas à l'audience,
13:58mais enfin c'était les procès-verbaux,
13:59et les procès-verbaux ont été lus à l'audience,
14:01donc votre confrère va pouvoir regarder ses notes –
14:04mais ils étaient ensemble.
14:06Ils formaient un cercle au milieu de la piste de danse.
14:09Ils étaient sur le chemin de la sortie.
14:11Et donc de nombreuses personnes les ont bousculées.
14:13De nombreuses personnes ont bousculé précisément la plaignante.
14:17Et les policiers eux-mêmes,
14:19avant même d'avoir interrogé Nicolas Benoît,
14:22donc c'est pas parce que c'était sa défense,
14:24ils ont dit à la plaignante
14:25« Mais attendez, après les éléments qu'on a pu recueillir,
14:28est-ce que vous êtes certaines
14:30qu'il ne s'agit pas d'une bousculade
14:32et que tout ceci est intervenu
14:34pas du tout dans une intention sexuelle ? »
14:37Et Nicolas Bedos,
14:39quand il a été entendu en garde à vue « J'étais là »,
14:41nous n'avons pas accès au dossier.
14:43Nous ne savions même pas tout ça.
14:45Et de lui-même, il a dit
14:47« Mes souvenirs sont très flous,
14:48mais il est absolument impossible
14:50que j'aie fait un geste pareil. »
14:52Pareil, ça n'a pu intervenir
14:55que dans un contexte accidentel.
14:57Et quand on a eu le dossier,
14:58on a vu que c'était tout à fait exactement
15:01ce qui était corroboré par les éléments factuels.
15:04Donc on ne dit pas que ça ne serait pas
15:06une agression sexuelle si ça avait été commis.
15:09Ce qu'on dit, c'est que s'il y a eu un contact physique,
15:11puisqu'il ne voulait pas remettre en cause
15:14la parole de la plaignante,
15:16et on ne remet pas en cause la parole de la plaignante,
15:18on ne remet pas en cause son ressenti,
15:20mais jusqu'à preuve du contraire,
15:21un ressenti qu'il aurait volontairement fait ça,
15:24ce n'est pas une preuve.
15:25Et ses meilleurs amis qui sont là
15:27n'ont pas vu ce geste.
15:29Ce n'est pas exactement ce qu'elle a expliqué
15:31le jour de l'audience.
15:32Elle, ce qu'elle a dit, c'est que
15:33Nicolas Bedos s'est approché d'elle,
15:35la tête baissée, la main en avant,
15:37et ensuite elle a mimé ce geste,
15:38il a dit « il a mis sa main là, voilà ».
15:40Oui, c'est ce qu'elle dit,
15:42mais ce n'est pas ce que les témoins disent.
15:43Pardon, c'est son ressenti,
15:45c'est son interprétation.
15:47C'est son interprétation,
15:49n'empêche que…
15:50N'empêche que…
15:51Non, non, mais il y a ce geste
15:54que Nicolas Bedos refuse de reconnaître.
15:57Lui, il dit qu'il l'a peut-être touché
15:59par inadvertance,
16:00mais finalement, dans toutes les infractions
16:02qui lui sont reprochées,
16:04il dit systématiquement qu'il ne s'en souvient pas.
16:07Mais les plaignantes, elles,
16:08elles s'en souviennent bien,
16:09elles sont venues à la barre témoigner,
16:11et on a vu leur sincérité,
16:13leur émotion dans la voix.
16:14Et finalement, moi, je me demande
16:16si votre client n'a pas payé son attitude
16:18le jour de l'audience.
16:19C'est-à-dire qu'on a eu l'impression
16:21qu'il n'avait pas…
16:24qu'il ne ressentait pas finalement
16:26qu'il avait franchi une certaine ligne.
16:28Et surtout, on a l'impression
16:29qu'il s'est d'abord présenté
16:31comme étant lui-même
16:32la victime principale de cette affaire,
16:34que tout ça, c'était une énorme machination
16:36destinée à mettre un terme à sa carrière.
16:38Et finalement, c'était ça
16:39qui était presque un peu gênant,
16:40c'est qu'il s'est davantage victimisé
16:42que les propres plaignantes qui étaient là
16:44pour témoigner de leur stress,
16:46de leur émotion,
16:47qu'elles auront subi après tout ça.
16:48Je peux vous poser une question ?
16:49Si M. Bedos vous avait dit
16:51« je me souviens très bien,
16:52je n'ai jamais fait ça »,
16:53vous l'auriez cru ?
16:54Alors, moi, je…
16:55Non, mais…
16:56Pardon, mais si, vous dites quoi ?
16:57Moi, je suis…
16:58Depuis tout à l'heure, vous dites
16:59« ah ben non, c'est pas ce qui s'est passé ailleurs »,
17:01ben elles ont quand même dit ça.
17:02Non, je raconte juste
17:03que c'était à l'audience.
17:04Oui, mais vous rappelez
17:05vos impressions d'audience,
17:07le sentiment que le comportement
17:09de mon client a fait sur vous.
17:10Donc moi, je suis en droit
17:11de vous poser cette question.
17:12S'il avait dit
17:13« je m'en souviens très bien
17:14et c'est pas vrai »,
17:15est-ce que vous l'auriez cru ?
17:16Non.
17:17Est-ce que le fait
17:18de ne pas se souvenir,
17:19ça permet d'imputer n'importe quoi
17:21à quelqu'un
17:22et toutes les infractions pénales
17:23qu'on peut imaginer ?
17:24Non.
17:25Est-ce que M. Bedos a dit
17:27que le baiser dans le cou
17:29n'avait pas existé ?
17:30Il a dit qu'il ne s'en souvenait pas,
17:31mais il n'a jamais dit
17:32que ça n'avait pas existé.
17:33Sur la troisième,
17:34pour laquelle il a été relaxé,
17:35parce qu'on n'en parle pas…
17:36Il a dit qu'il a quand même…
17:37Excusez-moi,
17:38alors peut-être que j'ai mal suivi
17:40le compte-rendu,
17:41parce que moi, pour le coup,
17:42je n'étais pas l'audience,
17:43peut-être que j'ai mal suivi
17:44les comptes-rendus d'audience
17:45et je vais demander à Thibault Chevillard
17:46de surveiller mes propos,
17:49mais ce que j'ai compris,
17:50c'est que Nicolas Bedos
17:51a dit effectivement
17:52qu'il a vu un black-out,
17:53mais en même temps,
17:54il assure ne pas avoir
17:55de geste déplacé.
17:56Donc comment on peut avoir
17:57un black-out,
17:58ne se souvenir de rien
17:59et en même temps dire
18:00« je n'ai pas eu de geste déplacé » ?
18:01Ça vous arrive de boire
18:02de temps en temps ?
18:03Est-ce que vous pensez
18:04que vous ne buvez jamais ?
18:05Non, mais ce que je veux dire,
18:07pardonnez-moi,
18:08mais si j'ai fait un black-out,
18:09par définition,
18:10je ne me souviens pas
18:11de ce qui s'est passé,
18:12donc je ne peux pas affirmer
18:13si j'ai eu tel ou tel geste déplacé.
18:14Déjà, il n'a pas dit
18:15qu'à chaque fois
18:16il a eu un black-out,
18:17il a expliqué que ses souvenirs
18:18étaient très flous,
18:19mais par ailleurs,
18:20il y a des choses
18:21que vous savez
18:22que vous êtes capable de faire
18:23ou pas,
18:24quand vous avez beaucoup bu,
18:25sauf si on vous apporte
18:26la preuve du contraire
18:28et personne n'est venu
18:29lui apporter la preuve
18:30du contraire, pardon.
18:31Et donc autant,
18:32il a dit « baisot dans le cou »,
18:34oui, ça pourrait tout à fait
18:35me ressembler.
18:36Il a été relaxé
18:37de fait de harcèlement sexuel
18:39et ce qui était dit
18:40par la plaignante,
18:42il dit « ça a pu arriver ».
18:43Ça, le geste qui est décrit
18:45sur la piste de danse
18:47au niveau de l'entrejambe,
18:48il dit « je ne fais pas ça ».
18:50Je veux dire,
18:51on se connaît quand même
18:52et donc on sait
18:53ce dont on est capable de faire,
18:54on sait quelle ligne
18:55on est capable de franchir ou pas.
18:56Quand on est bourré
18:57et qu'on ne se souvient de rien,
18:58on franchit toutes les limites.
18:59Enfin, on peut franchir les limites
19:00et ne pas s'en rappeler.
19:01Je ne comprends pas
19:02pourquoi on n'a pas été plus loin.
19:03Je veux dire,
19:04dans ces cas-là,
19:05prenons toutes les hommes
19:06et les femmes d'ailleurs,
19:08parce que dans l'affaire
19:09de Juliette Favreul,
19:11cette productrice du Collectif 50-50,
19:13on expliquait aussi
19:14que peut-être qu'elle ne s'en souvenait pas
19:16puisqu'elle avait trop bu.
19:17Elle, elle disait « mais attendez,
19:18non, je n'ai pas bu ».
19:19Donc, que ce soit les hommes
19:20ou que ce soit les femmes,
19:21mais dans ces cas-là,
19:22ça veut dire qu'on peut imputer
19:23à toute personne
19:24qui est dans un état d'ivresse important
19:26la commission de n'importe quel fait.
19:28Mais ce n'est pas possible.
19:29Enfin, est-ce que vous vous rendez compte
19:30que ce que vous êtes en train de dire,
19:31c'est « mais enfin,
19:32s'il ne se souvient pas
19:33et qu'une personne vous accuse
19:35de quelque chose,
19:36c'est que nécessairement
19:37vous l'avez fait ? »
19:38Ce n'est pas nous qui disons,
19:39c'est la justice
19:40qui a rendu un verdict.
19:41Aujourd'hui, on essaie de comprendre
19:42le fond de ce verdict.
19:43Est-ce que sur l'alcoolisme,
19:44enfin l'alcoolisme,
19:45l'alcoolémie de Nicolas Bedos,
19:48j'ai eu le sentiment
19:49que vous justifiez son comportement
19:51par son état d'ébriété ?
19:52Est-ce que j'ai eu tort ?
19:53Mais vous avez eu totalement tort.
19:55Est-ce que je vous prends
19:56encore un témoin ?
19:57Est-ce qu'une seule fois,
19:58tant Nicolas Bedos que moi-même,
20:00nous avons utilisé le fait
20:02qu'il était en état d'effraie
20:04pour se défendre ?
20:05J'entends la vocale de la partie civile
20:07là qui dit
20:08« oui, c'est une circonstance aggravante,
20:10ce n'est pas une circonstance atténuante
20:12ni une excuse. »
20:13Mais personne n'a dit le contraire.
20:15Justement, c'est écrit dans la loi,
20:17c'est écrit dans le code pénal, ça.
20:19C'est une circonstance aggravante.
20:21Il a reconnu l'alliance,
20:22il l'a même reconnue
20:23dans les premières minutes
20:25pour qu'il n'y ait pas de débat
20:26par rapport à ça.
20:27Il ne cherche pas du tout
20:28à se dédouaner d'une responsabilité
20:30par cette prête à l'alcool,
20:32et même mieux,
20:33parce que vous dites
20:34que c'est son attitude.
20:35Enfin, moi, j'ai trouvé
20:36qu'il n'était vraiment pas complaisant
20:38avec lui-même sur son attitude,
20:40sur l'attitude déplacée
20:41qu'il pouvait avoir,
20:42sur le comportement odieux
20:43qu'il pouvait avoir.
20:44Il a expliqué que depuis 18 mois,
20:46il se faisait soigner.
20:47Il est extrêmement sévère
20:49sur lui par rapport à ça.
20:50Sévère sur lui-même ?
20:51Il parle.
20:52Pardon, mais on peut être désagréable.
20:54Excusez-moi,
20:55je donne juste les mots
20:56qu'il a employés.
20:57Je donne juste les mots
20:58qu'il a employés.
20:59Mais vous n'êtes pas à l'audience.
21:00Oui, mais j'ai eu
21:01les comptes rendus d'audience.
21:02Excusez-moi,
21:03je fais mon travail
21:04de journaliste aussi.
21:05Est-ce qu'il n'a pas utilisé
21:06le terme d'amabilité lourde
21:07qu'on déclarait
21:08ce qui s'était passé ?
21:09Oui, il a utilisé
21:10le terme d'amabilité lourde.
21:11Vous dites qu'il est très sévère
21:12par rapport à son comportement.
21:13Il parle, lui,
21:14d'amabilité lourde
21:15parce que vous estimez
21:16que c'est sévère.
21:18Dix heures !
21:19Dix heures !
21:20Donc, amabilité lourde,
21:21c'est une chose, en effet,
21:22qu'il a dite,
21:23qu'il a dite une fois
21:24sur une audience
21:25de dix heures,
21:26où lui-même, je pense,
21:27a occupé la parole
21:28pendant au moins trois heures.
21:29Donc, moi, je veux bien pour ça
21:30une expression,
21:31mais franchement,
21:32il ne fait vraiment pas
21:33preuve de complaisance
21:34sur son comportement,
21:35sur le côté totalement même
21:36pathétique de son comportement.
21:37Ce sont aussi des mots
21:38qu'il a employés.
21:39Mais on peut être pathétique,
21:40on peut être déplacé,
21:41on peut être désagréable,
21:42on peut être désagréable,
21:43on peut être désagréable,
21:44pathétique,
21:45on peut être déplacé,
21:46on peut être désagréable,
21:47on peut être odieux,
21:48cent fois,
21:49et ne pas agresser
21:50une seule fois.
21:51Est-ce que quelqu'un
21:52est capable d'entendre ça
21:53sur ce plateau ?
21:54Christophe, Norah ?
21:57Qu'un tribunal condamne,
21:58bon, c'est le rôle
21:59de la justice,
22:00mais c'est vrai que
22:01l'ampleur de la peine
22:02surprend,
22:03quand on compare
22:04à des tas de jugements
22:05qu'on lit dans la presse
22:06qui semblent bien plus indulgents
22:07pour des agressions physiques,
22:08des violences dans les transports
22:10ou dans la rue.
22:11Donc, on est un petit peu surpris.
22:12Et moi, j'ai l'impression
22:13Et moi j'ai l'impression que Nicolas Bedot, c'est victime d'un triple malus, le malus de la notoriété.
22:17Longtemps, la célébrité a protégé les justiciables, vous étiez célèbre, on était indulgent avec vous, on vous faisait pas d'ennuis.
22:22C'était vraiment très mal, aujourd'hui, le balancier est allé un peu de l'autre côté.
22:26Quand vous êtes célèbre, parfois, c'est une circonstance aggravante et la justice a tendance à avoir la main encore plus lourde.
22:32Le deuxième malus, il est quand même par rapport à ce phénomène de société, des violences faites aux femmes, des violences sexuelles,
22:38où la justice semble agir sous une pression de la société, pression vertueuse par ailleurs,
22:43et la justice devient en quelque sorte zélée en se disant, oulala, il faut que je donne l'impression d'être plus royaliste que le roi,
22:49d'aller plus loin que ce qu'on nous demande pour montrer, pour éviter la polémique, puis pour montrer aussi que je suis moderne.
22:54Et ça, on le rend compte dans de plus en plus d'affaires pendant les enquêtes ou après.
22:58Un symptôme de cela d'ailleurs, c'est qu'on dit la plaignante ce soir, mais très souvent dans les débats, on dit la victime, la victime, la victime,
23:04comme si le procès était déjà terminé, qu'il y avait un coupable et une victime.
23:08On considère que dire la plaignante, déjà c'est mettre un doute sur ce que dit une femme et que ce n'est pas bien par les temps qui courent.
23:14Attention à cette pente-là, elle n'est pas à mon avis vertueuse, victime on te croit, violeur on te voit, c'est un slogan politique qui ne doit pas être judiciaire.
23:23Puis je pense qu'il y a un troisième malus pour Nicolas Bedos, c'est quand même cet argument qui est revenu de dire l'alcool, mon problème avec l'alcool,
23:30l'inconscience due à l'alcool. Est-ce que le tribunal n'a pas considéré que c'était rechercher une excuse derrière une explication ?
23:37Non, je ne devais pas d'une fois être d'accord avec Christophe Barbier, mais rien d'étonnant.
23:44Exactement, là-dedans je pense que c'est aussi, peut-être qu'il y a une part d'exemplarité dans cette décision qui n'est pas définitive et peut-être qu'on a besoin d'exemplarité en ce moment.
23:58Faire un exemple, c'est l'ancien régime.
24:00Non, ce n'est pas du tout l'ancien régime. Je vais aller au bout de mon propos. Pourquoi ? Parce qu'on souffre, et ce n'est pas un on collectif,
24:11mais de manière générale, ces histoires, on en est repus de manière quotidienne, partout, d'agressions sexuelles, dans les transports en commun, dans l'espace public,
24:21vous allez boire un coup, vous avez des jeunes femmes qui sont obligées de mettre des t-shirts dans les transports en commun,
24:25tout ça pour dire que cet espèce de climat qui est en train de s'installer, où on dit « oui mais en fait il avait un peu trop bu », « oui mais en fait il ne va pas bien »,
24:33et c'est qu'un bisou dans le cou, est-ce que c'est un bisou dans le cou ? Est-ce que ce n'est pas pareil que sur la bouche ?
24:38Je suis désolée, coup ou pas coup, c'est une agression sexuelle. À partir du moment où il y a la question du consentement, et c'est pour ça qu'on a tous ces débats autour du consentement,
24:46c'est une agression sexuelle si elle n'est pas consentie. Je ne parle même pas du fait d'éventuellement taper ou attraper le sexe d'une femme, que ce soit sur son genou ou pas.
24:55Mais moi je ne suis pas, je n'étais pas du tout à l'audience, moi tout ce que je vois c'est effectivement quelque chose de beaucoup plus large,
25:02qui me fait dire qu'il est peut-être nécessaire, pour envoyer un signal à la société aujourd'hui, à l'heure où ça fait quand même plusieurs semaines qu'on est dans le procès Pélico,
25:11qu'on entend beaucoup de choses autour de « oui mais c'est pas pareil », et puis il y a eu le livre de Caroline Foueste qui dit « bah oui mais en fait c'est encore pas pareil ».
25:19Il faut peut-être distinguer, mais il faut aussi, quand il y a des faits, se dire « bah là en fait on va envoyer un signal comme quoi ce n'est plus possible ».
25:27Les Espagnols ont réussi à le faire. Pourquoi la justice espagnole est capable de créer ça ? À tel point qu'il y a quand même une forme de ressac aujourd'hui dans ces types de violences,
25:37alors qu'ils partaient de bien plus loin que nous. Il y a un manque de volonté politique en France. Le Grenelle des violences n'a rien donné, et ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les associations et les militantes.
25:45Alors je suis désolée pour votre client.
25:47Il paye pour les autres ?
25:48Non, il ne paye pas pour les autres, il va falloir que tout le monde paye.
25:50Est-ce que vous vous rendez compte de ce qu'on est en train d'entendre ?
25:54Oui, et moi je n'ai pas eu un problème à l'entendre.
25:56C'est-à-dire qu'on fait une exemplarité sur un individu, on remplace une injustice par une autre injustice.
26:00Non, non, non, je ne suis pas en train de parler.
26:04Chacune votre tour, s'il vous plaît, s'il vous plaît, on ne vous entend pas, chacune votre tour. Nora, Nora, s'il vous plaît, s'il vous plaît, on va laisser M. Michoud répondre, et ensuite je vous donnerai la parole, Nora, mais chacune votre tour, s'il vous plaît.
26:23Vous allez me répondre, laissez-moi simplement terminer, c'est-à-dire que c'est juste que là, dans ce que j'entends, c'est exactement la démonstration de ce que je disais au départ, que vous vous dites, on fait une exemplarité sur le dos de cette personnalité, eh bien tant mieux, et c'est très bien.
26:38Moi je vous dis, ça m'inquiète, moi je vous dis, je pense qu'on ne résout pas des injustices en créant une nouvelle injustice.
26:45Moi je dis que la société, la justice ne peut pas s'emparer le cas d'un individu, pour faire l'exemple.
26:53Je ne pense pas que ce soit ce que la justice espagnole a fait, je pense que ce qu'il faut, c'est travailler de la pédagogie, c'est travailler à expliquer aux femmes ce qu'il faut faire quand elles sont victimes, d'aller porter plainte immédiatement, de garder des traces, etc., parce qu'on ne pourra jamais condamner sans preuve, sinon nous vivrons dans le monde de l'arbitraire.
27:15Et vous aussi madame, c'est ça qu'il faut que les gens comprennent, c'est que la présomption d'innocence, le doute profitale accusé, la nécessité probatoire, tout ça, ça nous protège tous.
27:24Et pardon si j'ai vraiment haussé le ton, mais est-ce que vous vous rendez compte que vous faites une comparaison en disant, finalement on avait bien besoin de condamner Nicolas Pedote, même à une peine totalement disproportionnée, alors que c'est quand même garantie par la Déclaration des droits de l'homme, et donc de valeurs constitutionnelles, la nécessité et la proportionnalité des peines,
27:43à cause de ce qui se passe dans le procès de Mazan, d'accusation de violences irrécites, alors c'est ce que j'ai entendu madame, expliquez-nous votre pensée, je vous assure que je n'ai pas entendu aucune mauvaise foi.
27:59Non, ce n'est pas ça.
28:29Et on le sait. Donc là-dedans, il va falloir revoir tout notre système judiciaire, il ne suffira pas simplement de dire, il faut éduquer les victimes, il faut éduquer les femmes, non, il va falloir aussi que de manière très claire, la société dise aux hommes, c'en est fini, c'est terminé.
28:46Et donc si monsieur Bedos, et je suis désolée peut-être que vous ayez ce soir à venir vous expliquer en son nom, et bien peut-être explique, et à subir 6 mois de bracelet électronique, et pardon, c'est 6 mois de bracelet électronique chez lui, il n'est pas en prison, il ne sera pas incarcéré, honnêtement, je pense qu'il y a quand même matière à pouvoir se dire,
29:08Si il faut que collectivement, on en parle, non pas que par monsieur Bedos, mais de manière collective, par peut-être quelque chose de plus, merci Nora, merci Nora, merci Christophe, et moi, je vais vous dire, le mot de la fin, ce qui est inquiétant, c'est qu'il n'est pas condamné définitivement, et donc même si c'est à domicile, pardon, c'est exécuté une peine alors qu'il est présumé innocent.
29:38Et il n'y a pas que ça, parce qu'on parlait de la couverture médiatique, etc. Nicolas Bedos, depuis le jour où il a été placé en garde à vue, et où des caméras de BFM d'ailleurs nous attendaient à la sortie, alors que normalement c'est quand même censé être secret, donc vous dites que je fais le procès des médias, mais forcément dans l'exercice de mon métier, il y a quand même des dérives qui sont absolument inacceptables, depuis ce jour-là, professionnellement, il a tout perdu, sa série est sortie en 4-6 minutes, il n'a plus aucun…
30:04Vous ne pouvez pas dire que c'est la faute des médias, s'il a tout perdu. S'il a tout perdu, c'est à cause des accusations dont il fait l'objet, ce n'est pas la faute des médias, vous ne pouvez pas nous faire ce procès-là.
30:12Ce que je dis, c'est que je n'ai pas dit que c'était la faute des médias, ce que j'ai dit, c'est que non seulement il y a cette détention au domicile, alors qu'il est présumé innocent et qui n'est pas condamné définitivement, mais qu'en plus, depuis 18 mois, depuis le jour de sa garde à vue, vous vous dites que ce n'est pas la médiatisation, mais que c'est la plainte, et donc ça explique ce que vous disiez tout à l'heure de pourquoi est-ce qu'il disait,
30:34qu'il n'était que presque ému puisque ça avait gâché sa vie, qu'il se posait comme victime, mais il est exact que depuis ce jour-là, M. Nicolas Bedos, pour un baiser dans le cou et pour ce geste dans un lieu public qui a duré deux secondes, il n'a plus aucun projet, et que pardon, oui, c'était un réalisateur talentueux, mais comme on peut exercer n'importe quel métier de façon tout à fait correcte, et que pour autant, on ne peut pas décider que vous pensiez liser et que vous n'existez plus professionnellement.
31:04– C'était important de le dire. – On va devoir s'arrêter là, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.