Télématin reçoit Yves Duteil, auteur-compositeur-interprète à l'occasion de la sortie de son double album
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00:00Passeront les jours, les semaines et les années, elles ont passé ces années 50 ans de carrières.
00:07Bonjour Yves Duteil. Bonjour.
00:09Soyez le bienvenu chez nous, votre dernier album vient de sortir,
00:12donc ce sont vos deux spectacles que vous avez donnés l'an dernier au Folies Bergère.
00:17Ces 50 ans, vous diriez qu'ils sont passés vite. Yves, vous les qualifieriez de quoi ?
00:25Merveilleuse. Et c'est peu dire.
00:29En fait, c'est un privilège d'avoir une carrière comme la mienne
00:32parce que ça m'a donné l'occasion de rencontrer des gens que je n'aurais jamais pu rencontrer,
00:37de croiser la route d'artistes que j'admire, Félix Leclerc, Brassens, rencontrer Véronique Sanson,
00:44chanter avec elle, faire des duos extraordinaires.
00:47Non, c'est un privilège vraiment.
00:49Et la longévité chez un artiste, c'est la chose la plus difficile.
00:53On va vous retrouver à travers quelques-uns de vos succès.
00:55On va préciser aussi qu'il y a toujours votre intégrale qui est disponible.
00:57Là, c'est vraiment pour tous les fans, c'est toute la carrière d'Yves Duteil.
01:00Je vous le disais, beaucoup de succès, regardez.
01:23À tous les maîtres de la terre
01:25Vous avez appris la danse, danse Vous avez appris les pas
01:29Redonnez-moi la cadence, danse Venez danser avec moi
01:32Ne me laissez pas la danse, danse Pas la danser comme ça
01:35Venez m'apprendre la danse, danse Et la danser avec moi
01:39En regardant tout au bout du chemin
01:44Prendre un enfant pour le sien
01:52Ça se termine par prendre un enfant par la main, ce medley.
01:55Et l'une des plus belles chansons du XXe siècle,
01:58c'est celle qui a fait partie de ces chansons qui vous ont permis de rencontrer le public.
02:02C'est toujours une émotion particulière quand vous la chantez en concert ?
02:05Oui, très sincèrement, oui.
02:08Il y a celle-là, il y a une série dans le spectacle, celui de Folies Bergère.
02:12Il y a une série de trois chansons, Armée d'amour, qui parle des attentats.
02:16Il y a Pour que tu ne meures pas.
02:20et 40 ans plus tard, qui sont groupées.
02:23Pour moi, c'est un moment dans le spectacle, j'ai toujours peur de ne pas y arriver,
02:28j'ai toujours peur de craquer, j'ai toujours peur que l'émotion me submerge.
02:31Et donc, j'ai eu la chance de rencontrer aussi Claude Dejac,
02:34qui a été mon directeur artistique pendant une dizaine d'années,
02:37qui m'a appris que quand on était trop dans l'émotion, le public recule.
02:41C'est trop fort, c'est trop d'impudeur.
02:44Oui, mais ça ne se maîtrise pas l'émotion.
02:46Ça se maîtrise et c'est justement une des choses que j'ai apprise sur scène,
02:50c'est à faire confiance aux mots.
02:53Ça, c'est encore un autre artiste qui me l'a appris, c'est Nery.
02:56Nery qui était quand même le chanteur de l'Anthropo.
03:01C'était l'antithèse de ce que je suis, c'est-à-dire, il était très irrévérencieux.
03:06Et il m'a appris à déchanter, c'est-à-dire à faire confiance aux mots
03:11et à ne pas en rajouter en emphase.
03:13Donc oui, je chante, mais j'essaie d'être toujours un peu dans l'impudeur et dans la retenue.
03:18Vous parliez de déchanter.
03:20On va écouter quelques secondes de « Prendre un enfant par la main », version des Folies Bergères.
03:24Le public connaît tout, évidemment.
03:26Écoutons quelques secondes de cette chanson.
03:28Je pense que c'est la consécration quand on lance le début du couplet ou du refrain que les gens poursuivent.
03:45Quel privilège, c'est toujours émouvant, ça, quand même.
03:49Oui, je pense à mon père qui avait tellement peur que je fasse ce métier,
03:51parce que pour lui, c'était un banque, ce n'était pas vraiment un métier.
03:54En des moments comme ça, il arrivait qu'il soit dans la salle.
03:58Pour moi, c'était une récompense extraordinaire.
04:01Ce retour du public pour cette chanson, puis pour d'autres aussi.
04:06Je trouve que la chanson est un art mineur, mais je dirais tendance mineure de fond.
04:11C'est joli.
04:13Et le vôtre, votre art, on l'apprend dans les écoles.
04:17On le disait en écoutant le medley qu'on avait été nombreux à apprendre vos chansons à l'école.
04:22Vous savez combien d'écoles portent votre nom aujourd'hui ?
04:25À peu près, oui, une trentaine.
04:27C'est énorme.
04:28Ça aussi, c'est un privilège, c'est un honneur.
04:31Et j'essaie d'être à la hauteur de cet honneur qui m'a été fait.
04:36Et je pense que c'est pour ça aussi que j'ai pu m'engager pas mal dans ma vie
04:41pour qu'il y ait un retour de ce cadeau que le public m'a fait, de me mettre dans la lumière.
04:45Donc, je profite d'être dans la lumière pour attirer quand même les regards
04:48sur des causes qui me tiennent à cœur.
04:50Vous faites toutes les inaugurations d'écoles qui portent votre nom ou pas ?
04:53Oui, pratiquement.
04:55Il y en a peut-être une ou deux où je n'ai pas pu être,
04:57mais je communique beaucoup avec ces écoles parce qu'elles continuent à m'écrire,
05:01les élèves, les professeurs.
05:03Je trouve que c'est tellement important, cette notion de transmission,
05:08que j'essaie de garder le niveau de la confiance qu'on m'a faite.
05:13Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, avoir son nom gravé dans la pierre comme ça,
05:17c'est une preuve de confiance et d'estime qui est justement inestimable.
05:22Dans les écoles de France, on y parle la belle langue de Molière.
05:25On ne pouvait pas ne pas écouter quelques secondes
05:27d'un des chefs-d'oeuvre que vous avez composé, écrit.
05:30C'est la langue de chez nous. Regardez.
05:33C'est une langue belle, avec des mots superbes,
05:38qui porte son histoire à travers ses accents,
05:42lançant la musique et le parfum des airs,
05:46le fromage de chèvre et le pain de fromage,
05:50du Mont-Saint-Michel jusqu'à la Contresca,
05:54en écoutant parler...
05:56Elle a été facile à écrire, cette chanson, Yves ?
05:59Non, non, non. D'abord, il y a eu deux musiques.
06:03C'est pas autant que ça.
06:05J'avais écrit une première musique,
06:07et puis, vous savez, on fait quand même un test avec l'entourage,
06:10et ils m'ont dit, non, je crois que c'est pas assez porteur par rapport au texte.
06:13Et donc, j'ai refait une autre musique.
06:16Et là, oui, oui, ça a fonctionné.
06:19Mais c'est une chanson qui m'a donné peut-être le moment
06:22le plus incroyable de toute ma carrière,
06:24le moment où j'ai chanté pour la première fois cette chanson au Québec,
06:27où il y a eu une sorte de stupéfaction dans le public québécois,
06:30parce que, pour les Québécois, nous, les Français,
06:33on avait un air un peu gobenard vis-à-vis de ses lointains cousins,
06:38du héritier d'un passé traditionnel,
06:41mais, bon, en fait, on était quand même des mots de zif français.
06:47Et là, tout d'un coup, ils trouvaient un Français
06:49qui leur rendait hommage à travers une chanson
06:51qui montrait comment ils avaient lutté, les Québécois,
06:54pour que leur culture puisse survivre au milieu de cet océan anglophone.
06:59Et je me revois la chanter pour la première fois à Félix Leclerc,
07:02parce qu'elle m'a été inspirée par une conversation avec Félix Leclerc,
07:05qui m'a dit qu'on est 95 % de francophones au Québec
07:08et qu'on doit être administrés en anglais,
07:12les quantiques, c'est en anglais,
07:14et c'était une colère sourde, une rage incroyable.
07:18Et quand je suis rentré en France, je me suis dit,
07:20mais on est aussi en danger, nous, de ça.
07:22On est en danger d'être humergés.
07:23Donc je vais prendre la plume et je vais écrire une chanson.
07:25Et donc j'ai eu envie de mettre en valeur ce patrimoine,
07:28et c'est pour ça que j'ai écrit cette chanson.
07:30Et le jour où j'ai chanté cette chanson pour la première fois,
07:33ça a été incroyable au Québec.
07:36Il y a eu un silence, puis une ovation debout, et puis...
07:40Évidemment.
07:41De toute façon, chacun peut la chanter, on est toujours émus, évidemment.
07:44Vous restez avec nous, chérie,
07:45on vous marque une petite pause,
07:46on revient, Adrien, à trouver des pépites vous concernant
07:48dans les archers de la télé,
07:49et on part en pause avec cette belle chanson,
07:51la langue de chez nous, version 2023,
07:53des Folies Bergères.
07:54À tout de suite.