Marine Le Pen fait les gros yeux devant le budget en exigeant une nouvelle loi immigration. Adjugée ! Michel Barnier laissera-t-il son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, réinjecter dans un texte les mesures de préférence nationale qu’il avait introduites dans la loi Darmanin ?
L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 15 Octobre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique Patrick Cohen, ce matin, l'annonce d'une nouvelle loi immigration
00:06pour complaire aux RN.
00:08Annonce précédée d'un signal encore plus grossier envoyé au milieu de l'extrême-droite,
00:12la venue du ministre de l'enseignement supérieur Patrick Edzel, samedi à Paris, à une réunion
00:16de l'Uni, syndicat étudiant extrêmement droitier dont les militants ont beaucoup roulé
00:21pour Éric Zemmour.
00:22Le ministre a donc réservé sa toute première sortie publique à un groupuscule activiste
00:27qui n'a qu'un seul élu dans les instances universitaires nationales et dont le thème
00:31de la journée était « Retrouver la droite pour que la France reste la France ».
00:36Edzel, qui s'était déjà signalé par des positions anti-sciences, savait parfaitement
00:40où il mettait les pieds, ancien recteur, il a été directeur de l'enseignement supérieur
00:44il y a 15 ans sous Fillon et Sarkozy, et cela faisait 15 ans justement que l'Uni n'avait
00:49pas vu de ministre.
00:50Et donc Patrick, la loi immigration, c'est un autre signal ?
00:53Cousu de fil blanc, Marine Le Pen fait les gros yeux devant le budget en exigeant une
00:56nouvelle loi immigration, adjugée, 30e loi en 30 ans, on a l'habitude des effets d'annonce,
01:03mais là c'est encore plus fort, le gouvernement promet une loi sans même savoir ce qu'il
01:07voudrait y mettre, sans en avoir débattu, sans que les collègues de Bruno Retailleau
01:11n'en sachent rien, puisque les ministres ne se parlent que par médias interposés.
01:15Michel Barnier laissera-t-il son ministre de l'Intérieur réinjecter dans un texte
01:20les mesures de préférence nationale qu'il avait introduites dans la loi d'Armanin,
01:25tous les applaudissements de Marine Le Pen, ces mesures que le Conseil constitutionnel
01:28avait retoquées en janvier pour des raisons de forme, il y a là, danger mortel pour l'équipe
01:33au pouvoir, la loi d'Armanin, Retailleau avait déjà fracassé la majorité macroniste,
01:39une soixantaine de députés refusant de la voter, cette fois c'est le socle commun,
01:43le gouvernement lui-même qui pourrait se disloquer, Matignon considère d'ailleurs
01:47beaucoup plus sérieux ce risque-là qu'un vote de censure de l'Assemblée.
01:51Retailleau affirme, Patrick, qu'il a une majorité de français derrière lui.
01:55Ce que Gérald Darmanin pouvait déjà dire avant lui, les mesures de sa loi étaient
01:59en majorité approuvées, mais faute de décret, beaucoup ne sont toujours pas appliquées,
02:04la liste des métiers en tension n'a même pas été arrêtée.
02:06Terrible constat, après un an et demi de feuilleton, de débat et de psychodrame, et
02:12c'est déjà reparti.
02:13Maintenant, pour ce qui est de l'annonce d'une nouvelle loi, neuf mois après la précédente,
02:17il y a deux effets possibles dans l'opinion, deux hypothèses, soit Retailleau apparaît
02:21comme une révélation, les français, pris de fermeté et de fermeture, considèrent
02:25qu'il est plus fort que Darmanin, alléluia, mais attention, les désillusions sont toujours
02:30suivies de nouvelles surenchères, soit cette frénésie législative à chef d'emblée
02:34de convaincre les électeurs de l'impuissance des politiques et de la vanité de leurs promesses,
02:39à l'exception bien sûr, et encore une fois, de ceux qui n'ont jamais gouverné.