• il y a 2 mois
Gilles Lellouche reprend sa caméra. Après l’excellent « Grand Bain » en 2018, l’acteur français a décidé d’adapter le roman « l’Amour ouf » de Neville Thompson, sur les conseils de Benoît Poelvoorde. Depuis 17 ans, il mûrit secrètement ce projet entre ses synapses. L’histoire d’une idylle adolescente qui tourne mal, incarné notamment par Adèle Exarchopoulos et François Civil dans un Dunkerque mafieux, au mitan des années 1980.
Pour la sortie de ce film phosphorescent, ce mercredi en salle, nous avons organisé un blind test musical de ouf à Gilles Lellouche qui ne s’en sort pas si mal. L’occasion de revenir sur son amour inconditionnel pour Jon Brion, maestro d’« Eternal Sunshine of the Spotless Mind », mais aussi son travail avec Thomas Bangalter, moitié de Daft Punk, ou encore sa passion dévorante pour Etienne Daho…

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Transcription
00:00C'est une version un peu jazzy, club, new-yorkais, je ne sais pas quoi.
00:19Je ne sais pas qui chante ça.
00:20Aretha Franklin.
00:21Mais non.
00:22Si.
00:23Ah ouais.
00:24C'est le morceau que Clotaire va enregistrer une nuit sur la chenille de son père sans
00:28en avoir le droit.
00:29Il enregistre une cassette audio qui est un truc d'une autre époque que j'ai connu
00:35et que je faisais.
00:36C'est-à-dire des sortes de déclarations d'amour musicales.
00:38Je passais mes nuits à écouter la bande FM en évitant les jingles, en évitant les
00:41speakers, en évitant les animateurs, enfin bref.
00:44Et je faisais des espèces de petites compiles de musique que j'offrais à mes amoureuses,
00:47à mon amoureuse qui n'en avait pas des tonnes non plus.
00:49Et c'est une séquence dans le film importante puisque c'est une cassette qui va rester,
00:53qui va revenir plusieurs fois dans le film et qui va notamment alimenter la jalousie
00:56de certains.
00:57Daft Punk.
00:58Daft Punk ?
00:59Oui.
01:00Oui bon ça va.
01:01Je crois savoir que Thomas Bangalter, un des Daft Punk, a composé une B.O. pour le
01:05film.
01:06Non, alors non, il n'a pas composé de B.O.
01:07pour le film.
01:08Hélas.
01:09Non, Thomas a eu la gentillesse de voir le film deux ou trois fois, de m'accompagner
01:12dans mes réflexions musicales.
01:14Quand je lui ai montré le film, par exemple au début, le générique, j'avais mis un
01:17morceau de funk assez clinquant, assez dansant.
01:20Et Thomas, en voyant le film plusieurs fois, il m'a dit je pense que tu devrais te prendre
01:24un tout petit peu plus au sérieux que ça parce que si tu rajoutes, si tu opposes ce
01:27genre de musique à ton film, on va rentrer dans quelque chose d'un peu cartoonesque et
01:31je pense qu'il faut quelque chose de plus ample, de plus puissant.
01:34Il est allé chercher un morceau de Strauss.
01:36On l'a mis en ouverture et c'est vrai que tout d'un coup, le film avec le générique
01:45début, pour ceux qui verront le film, amène une sorte d'indiloquence, d'épopée, de
01:49ce côté fresque dont il parlait.
01:51Et il a vraiment eu la gentillesse de m'accompagner, de me donner des conseils qui m'ont été
01:54très précieux pour la suite.
01:56John Bryan, Eternal Sunshine, alors lui, pour le coup, a vraiment fait la musique.
02:01C'est un compositeur de génie dont j'estime le talent depuis très longtemps parce qu'il
02:05a composé, entre autres, Magnolia, qui est un de mes films préférés, Punch Run Club
02:09de Paul Thomas Anderson, les deux, Eternal Sunshine de Michel Gondry et John Bryan,
02:13il a composé la musique du Grand Bain, il m'a fait une grande BO et naturellement je
02:17me suis redirigé vers lui pour l'amour ouf.
02:20C'est marrant parce qu'il m'a appelé un soir en me disant j'ai vu ton film et il
02:23m'a dit quand j'ai découvert les six premières minutes, il m'a dit, je me suis
02:27dit mais comment je vais dire non à Gilles parce que je déteste les films de voyous,
02:31de gangsters.
02:32Je déteste la violence.
02:33Et puis, il a compris tout de suite quand le film a vraiment commencé qu'on n'était
02:36pas du tout là dedans.
02:37Et là, il m'a dit après, j'ai pris un pied monstrueux et je l'ai accompagné puisque
02:41je suis parti trois semaines à Los Angeles.
02:42J'étais dans son studio qui est une sorte de bordel absolu où il y a des fils dans
02:45tous les sens, des instruments qui s'entassent dans tous les sens et être au centre comme
02:49ça de son dispositif et de son antre, c'était vraiment, vraiment exceptionnel.
02:53Les gens du Nord, c'est beau ça, les gens du Nord, parce que j'ai tourné mon film
03:04en Nord.
03:05Bon, pour des raisons et des parties de prix, de prix d'abord esthétique, le livre dont
03:09je me suis inspiré est irlandais.
03:10Donc, j'ai voulu retrouver une esthétique anglo-saxonne, mais vraiment Angleterre, Écosse,
03:17Irlande même, ces briques rouges, les usines métallurgiques, enfin voilà, le décor pour
03:21moi et le cliché de dire ça, c'est vraiment un troisième personnage, c'est vraiment quelque
03:23chose qui les restreint tout en les valorisant.
03:26Et comme le dit Enrico, les gens du Nord sont absolument délicieux.
03:30C'est qu'on a passé un tournage vraiment formidable avec la moitié de l'équipe qui
03:34était donc des gens du Nord, les figurants, etc.
03:37Et c'est vrai qu'il y a une gentillesse, il y a un plaisir, un plaisir à vivre qui
03:41est assez exceptionnel.
03:43Etienne Dao, bien sûr, si je m'en vais avant toi.
03:47Etienne Dao, c'est mon idole, je suis absolument fan du chanteur, de l'homme, de l'artiste,
03:52de la discrétion, d'élégance, c'est vraiment quelqu'un qui a accompagné pour le coup
03:56toute mon adolescence.
03:57Je crois que j'ai commencé avec son album Pop Satori, j'ai acheté ça quand j'avais
04:01peut-être 14 ans.
04:02Et si je m'en vais avant toi, alors pour le coup, c'est vraiment, j'ai pensé à la mettre
04:05en générique de fin celle-là.
04:06C'est une espèce de déclaration d'amour, quoi qu'il advienne, quoi qu'il arrive, je
04:09serai là, à côté de toi, je penserai à toi, tu pourras compter sur moi.
04:13Je te laisserai les doigts.
04:15C'est que t'aimais quoi ?
04:16T'attends un moissonneuse batteuse.
04:20C'est un groupe qui s'appelle Tire le coyote, moissonneuse batteuse.
04:23Tire le coyote, moissonneuse batteuse.
04:25C'est pour parler d'une scène, une moissonneuse batteuse, qui n'est pas dans le film, qui
04:29est parlé, elle était cruciale à un moment dans le scénario.
04:31J'aurais cassé la tête à mes auteurs, tout le monde, avec cette histoire de moissonneuse
04:35batteuse.
04:36Mais en plus, j'ai bien fait de ne pas la tourner finalement parce qu'il y a toute une
04:38petite partie du film que j'ai soustraite au montage.
04:41Effectivement, pendant un moment, j'avais une idée comme ça, je voulais faire une sorte
04:45d'en-de-la-mer agricole, quoi.
04:47C'est-à-dire qu'il y avait un personnage qui était en slip et qui courait, éclairé
04:50par les phares d'une moissonneuse batteuse.
04:52Il avait les mains liées, comme ça, et il courait dans un champ de blé.
04:55Et la moissonneuse batteuse qui était derrière lui, comme ça, qui avançait jusqu'à sa
05:01mort, quoi.
05:02Et en fait, là, mes producteurs m'ont dit, tu vas un petit peu loin dans la violence.
05:06Mais je suis sûr que visuellement, ça ferait une scène démente.
05:08Il n'est pas exclu que je le fasse dans un autre film qui n'aura rien à voir, qui
05:11s'appellera peut-être Moissonneuse Batteuse.
05:13Avec cette chanson.
05:14Avec cette chanson de Thierry Lecoyatte.

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