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00:00D'ici matin, actus locales, musique et bonne humeur.
00:03Il est 8h16, le gouvernement nous demande à tous de faire des économies.
00:09Et vous qui nous regardez, qui nous écoutez, dites-nous si vous ressentez que vos communes ont de moins en moins de budget.
00:16On vous attend ici au 0384 22 82 82.
00:19Économiste Stéphane, c'est vraiment le mot d'ordre pour le budget de la France en 2025.
00:23Le Premier ministre a réclamé un effort juste et équilibré aux collectivités locales.
00:29L'invité d'ici matin, c'est vous, Florian Bouquet. Bonjour, vous êtes le président du conseil départemental du territoire de Belfort.
00:35Voilà ce qu'a dit le premier président de la Cour des comptes et du Haut conseil des finances publiques la semaine dernière, Pierre Moscovici.
00:42Il faut là que nous ayons un peu de volonté collective.
00:45Ça veut dire tout de même que l'effort est nécessaire.
00:47On ne peut pas continuer. Nous avons 3300 de dettes publiques, presque.
00:51Très concrètement, on vous demande un effort de 5 milliards d'euros.
00:55Il n'y a vraiment plus le choix, Florian Bouquet.
00:58Il n'y a plus le choix. Franchement, la France est acculée à la faillite.
01:02Elle appelle l'ensemble des collectivités locales à participer à cet effort de désendettement, auquel je souscris.
01:10Parce que l'intérêt, c'est la France. Donc, bien sûr, toute mesure doit être décidée.
01:16Et l'effort doit être collectif.
01:17L'effort doit être collectif et partagé.
01:19Mais je m'aperçois que les collectivités locales sont appelées à participer.
01:24Mais l'État ne fait pas les efforts nécessaires quant à lui.
01:27Parce que ce qu'il apparaît aujourd'hui, c'est que l'État emprunte pour financer son propre fonctionnement.
01:34Et il va continuer à le faire pour les prochaines années.
01:37Alors que les emprunts devraient être réservés aux investissements structurants pour le pays, des investissements d'avenir.
01:44Et là encore, il n'y a pas de mesures qui apparaissent.
01:48La seule mesure qui apparaît, c'est celle de supprimer 4000 enseignants.
01:52Mais ce n'est pas ça la problématique.
01:54Parce qu'en supprimant les enseignants, c'est priver l'avenir de la France.
02:00C'est priver notre jeunesse de s'épanouir, d'apprendre notre bonne condition et de pouvoir s'exalter dans la créativité, dans la technique, etc.
02:09– Mais vous anticipez une crise pour l'année prochaine ? Une crise financière ?
02:12– Les collectivités locales, nous sommes les seuls à supporter cela.
02:14C'est un véritable coup de massue.
02:16Et oui, effectivement, les collectivités locales, c'est ce qu'on nous ponctionne.
02:22Déjà, l'effort n'est pas partagé.
02:24C'est équilibré.
02:25Et ensuite, c'est autant d'argent qui ne déclinera pas sur le local.
02:30– Que nos auditeurs, téléspectateurs comprennent bien, l'État vous verse de l'argent,
02:35que vous-même, vous versez aux communes, notamment.
02:38Et vous pouvez rappeler, justement, c'est important, quelles sont les missions du département ?
02:42– D'abord, c'est l'action sociale.
02:43Donc l'action sociale, c'est soutenir les personnes âgées,
02:46qu'elles soient à domicile, avec les services de soins à domicile.
02:50C'est aussi soutenir les personnes âgées en EHPAD.
02:53Il y a la protection de l'enfance, il y a également le handicap, il y a également l'ERSA.
02:57Donc ça représente des très très grosses sommes.
02:59Et ces sommes sont incompressibles, parce qu'on ne va pas diviser par deux
03:04les prestations que l'on apporte au titre des solidarités humaines et sociales
03:07auprès de ces personnes.
03:08– Mais c'est sur ces prestations-là qu'on vous demande de rogner ?
03:11– Ah ben non, elles sont incompressibles.
03:13Donc en vérité, nous, le conseil départemental,
03:17lorsque j'ai versé l'ensemble des prestations sociales
03:19pour tous ces publics les plus vulnérables,
03:21que j'ai versé les dotations aux pompiers, les dotations au collège,
03:25et puis ma masse salariale, il me reste 95% de mon budget qui est déjà consommé.
03:30Donc, en fait, c'est sur les 5 derniers pourcents qu'on va se faire ponctionner.
03:37Alors sur le conseil départemental, on va avoir 4,3 millions d'euros en moins de dotations.
03:44– Donc par exemple, je donne un exemple très concret
03:45qui va intéresser les gens qui nous écoutent, les rénovations d'écoles, par exemple.
03:49– Et clairement, tout ce qui va passer sur le fonctionnement,
03:53c'est autant d'argent qui ne me restera pas
03:54pour soutenir l'investissement dans les petites communes.
03:57C'est autant d'argent que je ne pourrais pas consacrer
03:59au renouvellement des enrobés sur les routes départementales.
04:03C'est autant d'argent que je ne pourrais pas investir sur des équipements,
04:07que ce soit pour du développement touristique
04:11ou de la valorisation de notre environnement.
04:12– Ça fait 10 ans que vous êtes président du conseil départemental,
04:15Florian Bouquet, vous aviez déjà connu ça ?
04:17– Il y a déjà eu des coups durs avec les coûts de l'énergie.
04:21Rappelez-vous quand l'inflation était à 7%, là aussi c'était des coûts extrêmement durs.
04:25Les départements de France n'ont pas bénéficié du bouclier énergie
04:29comme certaines petites communes ou comme certains particuliers.
04:33Nous, on n'a pas eu de chèque énergie et c'est vrai qu'on a pris de plein fouet
04:36l'ensemble de ces augmentations.
04:39Mais on s'est adapté, on peut le faire une fois,
04:43mais de manière récurrente, c'est très compliqué.
04:45Et je vous dis là encore, l'effort n'est pas partagé.
04:47En vérité, l'État témoigne d'une incapacité à se réformer,
04:53à gérer ses dépenses, à contrôler ses dépenses.
04:56Il ne donne pas le sentiment d'être en mesure de proposer une autre voie.
05:01Personnellement, je serais favorable à ce que l'État se ressemble
05:03sur des missions régaliennes, c'est-à-dire la police, la justice, l'armée,
05:10l'éducation, la santé, se restreignent sur ce champ-là,
05:13le régalien, et confier aux collectivités locales davantage de responsabilités,
05:17parce qu'on sait que lorsque les décisions sont prises en local,
05:20l'argent est bien mieux géré, les décisions sont plus adaptées aux attentes.
05:24Pourtant, on dit que vous avez de plus en plus de missions,
05:27justement, au sein des collectivités locales,
05:29que parfois vous en avez presque trop, finalement.
05:31En fait, jusqu'en 2017, on avait des compétences qu'on nous a privées.
05:37Rappelez-vous la loi NOTRe qui a supprimé le développement économique
05:40pour les départements, le transport pour les départements.
05:44Maintenant, c'est la région qui pilote tout ça.
05:46Il y a eu les lois MAPTAM pour la gestion de l'eau,
05:49les milieux aquatiques, la prévention des inondations.
05:51Tout cela s'est éloigné des départements.
05:54Et puis, finalement, les choses ne fonctionnent pas mieux.
05:56Donc, moi, je rappelle que dès lors qu'on décentralise,
06:00moi, je suis très favorable à la décentralisation,
06:03dès lors qu'on décentralise, les décisions sont prises en local
06:06au plus près des attentes des administrés.
06:09Et puis, on sait que l'argent est bien mieux géré.
06:10Parce que nous, je vous le rappelle, on présente des comptes à l'équilibre.
06:13Le cumul de l'endettement des collectivités locales,
06:16c'est 0,15% de la dette de la France.
06:18Pour résumer, Florian Bouquet,
06:20ce que nos auditeurs se demandent très certainement en vous écoutant ce matin,
06:24c'est est-ce qu'il faut s'inquiéter pour notre quotidien ?
06:26Ce qui est inquiétant, c'est qu'on court le risque,
06:30déjà, d'être tous appelés à l'effort,
06:31sauf l'État qui se protège lui-même.
06:34On va tous partager cet effort.
06:37Mais la difficulté, c'est que la ressource, elle va devenir plus rare.
06:42Donc, en vérité, il y a des choses qui vont se déliter, qui vont se dégrader.
06:47C'est-à-dire que là où on aurait engagé des travaux,
06:49on va peut-être attendre un an ou deux ans supplémentaires.
06:51Renouveler les enrobés des routes, ça va être la même chose.
06:54Et donc, il y a des projets qui vont aussi passer à la trappe.
06:58L'ARN19, par exemple, les travaux d'élargissement.
07:00On l'a sacralisé parce que l'État a aussi amené sa contribution.
07:05Ça ira jusqu'au bout.
07:06On ira jusqu'au bout.
07:07On l'a signé.
07:08Il y a une très forte attente aussi de l'ensemble de nos concitoyens.
07:11Donc, on va agir parce que c'est une priorité.
07:14Merci, Florian Bouquet, d'être passé dans nos studios ce matin.
07:17Vous êtes président du Conseil départemental du territoire de Belfort.