Selon lui, les prévisions du budget 2025 (notamment les nouvelles règles du bonus-malus) plombent le secteur automobile. À deux jours du Mondial, on ne pouvait pas lancer un plus mauvais signal. Xavier Horent, délégué général de Mobilians, l'organisme qui regroupe toutes les professions automobiles (sauf les constructeurs), répond aux questions de RTL matin week-end.
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00:006h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:038h49, c'est RTL Matin face à l'actualité.
00:06L'actualité ce matin encore, c'est ce budget 2025 qui fait toujours parler
00:10et qui suscite colère et ou inquiétude.
00:13Exemple ce matin avec le secteur automobile largement impacté,
00:16largement ciblé pour récupérer de l'argent, des milliards nécessaires au gouvernement.
00:20Si je dois résumer, c'est plus de malus, moins d'aide dans le budget 2025.
00:24Bonjour Xavier Hauran.
00:26Bonjour Monsieur Carpentier.
00:27Merci d'être en direct avec nous.
00:28Vous êtes le délégué général de Mobilianz, syndicat automobile qui rassemble tout un secteur,
00:32garagistes, contrôles techniques, concessionnaires, grands distributeurs,
00:35tout sauf les constructeurs.
00:37Oui, les filiales et succursales de constructeurs sont chez nous,
00:39mais au total ça fait 180 000 entreprises et un peu plus de 600 000 actifs.
00:43Donc c'est un secteur absolument considérable sur le plan économique.
00:45Dites-nous, la France était déjà championne de la taxation automobile en Europe,
00:49championne en Europe, mais alors là ça va être encore plus, encore pire.
00:52Je crains qu'on collectionne effectivement tous les records.
00:57Vous en avez déjà largement parlé ce matin,
00:59record au niveau de la dette, hélas,
01:01record au niveau des prélèvements obligatoires,
01:03record au niveau de la dépense publique, naturellement,
01:08et puis effectivement nous sommes premiers sur le podium au niveau européen pour la taxation automobile.
01:15C'est quelque chose d'assez considérable.
01:17Alors il faut savoir et expliquer aux auditeurs que le nouveau malus sur l'achat des voitures neuves polluantes
01:22va toucher presque tous les véhicules à essence et diesel à partir du 1er janvier.
01:26Oui, le Premier Ministre est un montagnard
01:29et effectivement nous sommes face à une montagne, à une sorte d'escalade fiscale
01:36qui est assez vertigineuse, je dois dire, même surprenante,
01:39parce qu'on n'est pas loin d'un risque de rupture qu'il faut prendre en compte.
01:44Ça veut dire quoi ça ?
01:45Eh bien ça veut dire tout simplement que pour tous les Français et les entreprises,
01:49la mobilité est quelque chose au niveau quotidien qui est absolument essentiel.
01:52Et en fait, derrière les projets qui ont été présentés,
01:55qui ont été dévoilés dans le cadre du projet de loi de finances avant-hier,
01:59on voit que les projets de taxation, en fait, vont croissant,
02:03mais de manière extrêmement significative.
02:05On avait déjà des pentes de malus qui ont été très sévérisées au cours des années précédentes
02:11et qui avaient progressivement atteint à peu près 40% des véhicules immatriculés
02:16qui sont assujettis à la fois à ce malus poids et malus CO2,
02:21mais de cette proportion de 40%, nous allons passer à 80% fois 2 d'ici 2027.
02:28Ça vaut pour le malus CO2, ça vaut pour le malus masse-poids, comme vous le dites.
02:33Ça veut dire par exemple, prenons pour les auditeurs un exemple, une Renault Captur,
02:37entre 2024 et donc 2025, ça va passer de 351 euros à 685.
02:44Exact, et je pense que nos calculs que nous avons effectués sont minorés,
02:48je pense que la facture sera beaucoup plus salée à la fois pour les Français, pour les particuliers,
02:52mais aussi pour les entreprises et il faut rappeler au passage que les entreprises ont perdu
02:56le bénéfice du bonus l'année dernière, les personnes morales n'y ont plus accès
03:01et puis le niveau des bonus, progressivement, ces dernières années, s'est réduit.
03:05Donc il y a à la fois un resserrement des bonus en montant
03:10et puis une polarisation sur l'achat de véhicules neufs électriques
03:14et simultanément nous nous apprêtons à connaître une trajectoire de hausse générale des malus
03:20qui est absolument sans précédent, c'est-à-dire que nous n'avons jamais atteint
03:23un tel niveau de fiscalisation du produit automobile en France au cours de ces dernières années.
03:28Xavier Horand, ça veut dire quoi ?
03:29Qu'acheter un véhicule thermique neuf va devenir inabordable pour la majorité des Français ?
03:33C'est une très bonne question parce que c'est le sujet de l'accès finalement
03:38du plus grand nombre à des solutions de mobilité abordables.
03:43Et donc plus on baisse les seuils d'assujettissement,
03:46plus vous faites rentrer, en fait, de la matière taxable, si je puis dire,
03:51au niveau des impôts, au niveau du minus.
03:53Donc oui, ça va renchérir le coût d'accès sur des modèles que vous avez cités
03:57qui sont finalement pas du tout des modèles auxquels souvent les caricatures
04:01ou les récits des gros SUV absolument énormes, pas du tout.
04:05Ce sont les voitures de Monsieur et Madame Tout-le-Monde,
04:07ce sont des voitures de biens de consommation courantes
04:09et ce sont donc des augmentations qui sont effectivement très significatives.
04:12J'ajoute que, puisqu'on est très centré sur les particuliers,
04:15mais les véhicules utilitaires légers sont effectivement très concernés aussi
04:19avec des niveaux de malus d'ici 2027 qui sont tout simplement, me semble-t-il, confiscatoires.
04:25La fin du thermique, c'est 2035 ?
04:27La fin de commercialisation des véhicules thermiques, c'est effectivement 2035.
04:31Ça, c'est une règle européenne parce que la difficulté,
04:33c'est qu'on est sur des dispositifs hyper sophistiqués,
04:37à la fois pour la filière elle-même, à piloter, à gérer,
04:40et bien entendu pour l'ensemble de nos clients.
04:43Mais, en fait, ce qu'il faut retenir de 2035,
04:46parce qu'il y a beaucoup de débats dessus, c'est le cap.
04:48Le cap est important, le cap, l'échéance de 2035,
04:51en fait, pose un cap, une trajectoire, une exigence de décarbonation.
04:56Mais en réalité, la marche à franchir,
04:59c'est pas 2035, c'est déjà 2024 et 2025.
05:02En 2025, il y a une marche extrêmement haute
05:05qu'il faut franchir, et je ne suis pas sûr
05:08que la filière en ait aujourd'hui les capacités,
05:10compte tenu des conditions actuelles du marché.
05:12Et l'électrique dans tout ça, alors ?
05:14Ça patine en ce moment, on est d'accord ?
05:15L'électrique patine, à la fois en Europe
05:17et sur les principaux pays de l'Union Européenne,
05:21l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et naturellement la France.
05:24Il y a une sorte de plafond de verre qui a été atteint
05:27aux alentours de 17% de parts de marché aujourd'hui.
05:30Mais c'est ce que je vous disais à l'instant,
05:31il faut qu'on arrive à 25% au minimum
05:34à partir du 1er janvier prochain.
05:36Et ce que nous comptons pour tenir les objectifs de Bruxelles
05:39que je mentionnais à l'instant,
05:40qu'on appelle la réglementation CAFE,
05:42ça veut dire qu'il faut au minimum 25%
05:47de véhicules 100% électriques dans vos ventes
05:49pour échapper à un risque d'amende
05:52extrêmement substantiel au niveau de l'ensemble de la filière.
05:57Et donc ce plafond de verre, il va falloir le casser.
05:59Rien n'est gagné, mais ce qu'il faut retenir,
06:02c'est que la trajectoire de vente des véhicules 100% électriques
06:06est grosso modo de moitié inférieure à la trajectoire prévue.
06:10Et avec tout ça, on imagine l'inquiétude évidemment
06:12à quelques jours de l'ouverture du Mondial de l'Auto à Paris.
06:14Le sens du timing, effectivement, là-dessus je ne m'étendrai pas,
06:17mais ça envoie un certain nombre de contre-signaux
06:19qui sont assez perturbateurs.
06:21Et on l'a bien mesuré ce matin.
06:22Merci à vous Xavier Horand d'être venu sur RTL,
06:24délégué général de Mobilian.
06:26C'est un entretien bien sûr qu'on peut retrouver
06:28à partir de maintenant sur rtl.fr.