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Le gouvernement français dévoile ce jeudi 10 octobre dans la soirée son projet de budget pour 2025, un exercice à haut risque tant l'effort prévu pour réduire le vertigineux déficit français est massif et que l'Assemblée nationale fragmentée lui est hostile.

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Transcription
00:00C'est une journée très importante, évidemment. La présentation du budget 2025. Michel Barnier dévoile évidemment les grandes lignes de son budget qui sera dépassé au Parlement jusqu'à Noël.
00:11Jusqu'à Noël. Un parcours du combattant pour le Premier ministre. On espère qu'il a pris des forces, Michel Barnier.
00:16Et comme on dit dans les tontons-flingueurs, on se risque sur le bizarre parce qu'on entre aujourd'hui dans une période politique inédite.
00:23Inédite déjà parce que, d'habitude, la procédure budgétaire, c'est un processus extrêmement encadré, huilé, qui se prépare pendant des mois.
00:30Là, je rappelle que Michel Barnier a été nommé le 5 septembre, que le gouvernement le connaît depuis deux semaines et demie seulement.
00:34Résultat, le gouvernement s'appuie sur les bases de ce qui avait été préparé un peu par l'équipe précédente.
00:39Et puis sur ce qu'avaient préparé les services de Bercy, qui regorge de très bons techniciens de la chose budgétaire, comme on dit, mais qui ont parfois le sens politique d'une huître.
00:48On le sait, on l'a déjà vu. Inédit ensuite la situation, toujours, parce que par l'ampleur des efforts demandés et 60 milliards d'euros, on l'a déjà dit, c'est énorme.
00:57Alors, on va reconnaître le détail aujourd'hui, mais au-delà des mesures, je peux vous dire aussi que personne n'a compris pourquoi on en est arrivé là,
01:03à des déficits records depuis la Seconde Guerre mondiale, hors crise majeure.
01:08Or, vous ne pouvez pas demander aux Français de consentir à des efforts, à des impôts, sans faire toute la lumière sur ce qui s'est passé.
01:15Si vous vous emmenez votre voiture chez le garagiste et qu'il vous dit qu'il y en a pour 10 000 euros et que vous dites « mais pourquoi ? »
01:20« Laisse tomber, c'est trop compliqué, passe à la caisse pour payer. » Eh bien non, ça pose le problème de ce qu'on appelle le consentement à l'impôt,
01:26le consentement à l'effort, qui est un des fondements de notre pacte social.
01:29Ce qui est inédit aussi, c'est évidemment la situation politique.
01:32Oui, alors avec cette absence de majorité qui va contraindre Michel Barnier à jouer les équilibristes, ça pourrait à la limite fonctionner si tout ce petit monde
01:38était dans une logique de compromis constructif animée par l'intérêt général.
01:43Mais vous me voyez venir, évidemment, c'est tout l'inverse.
01:45Chacun monte ses muscles, chacun trace des lignes rouges pour marquer son territoire, pour exister.
01:50Pas de touche aux impôts pour la République, pas de touche à la dépense publique pour la gauche, pas de touche aux retraités pour le RN,
01:57pas de touche à l'apprentissage pour Eric Ciotti.
02:00Pire, certains font même monter les enchères au sein même de la fragile majorité.
02:03Hier, Gabriel Attal disait « il faut encore faire plus de coupes dans la dépense ».
02:07Mais résultat, qu'est-ce qui va se passer ?
02:08Chaque groupe, chaque député va y aller de ses amendements pour contreproposer, annuler, détricoter ce budget.
02:14Il faut qu'il soit costaud, Michel Barnier. Dans ces conditions, qui va vouloir voter ce budget ?
02:18Le scénario le plus probable, c'est qu'il n'y aura pas grand monde pour soutenir ce budget.
02:22Et que Michel Barnier sait ce qu'il va faire, comme Elisabeth Borne, dès 49-3.
02:26Je dis « dès 49-3 » parce qu'il faut voter le volet recettes, puis le volet dépenses, enfin tout ça.
02:30En gros, il y en a pour une bonne dizaine.
02:32Et du coup, c'est faire adopter ce texte sans vote, ce qui l'expose à une motion de censure.
02:36Avec un risque, à chaque fois, de faire tomber le gouvernement.
02:38Et bien ça, c'est même pas sûr.
02:40Car vous allez voir, ils vont tous crier.
02:42Alors là, au bal des hypocrites, il va y avoir du monde sur la piste.
02:44Mais la vérité, c'est que ces 49-3, ils arrangeront tout le monde.
02:47À commencer par Michel Barnier, qui va pouvoir faire son marché dans les propositions et faire adopter le texte qu'il voulait.
02:52Mais aussi tous les autres partis, y compris dans la majorité.
02:55Pourquoi ? Parce que personne n'a très envie d'endosser ces mesures impopulaires.
02:59Et tout le monde sera donc très heureux de voir Michel Barnier se coltiner l'affaire à coup de 49-3.
03:04En pensant à la suite. Parce que la suite, c'est quoi ?
03:06C'est peut-être la perspective de trouver une situation budgétaire un peu assainie à l'été prochain.
03:11Quand il y aura peut-être une dissolution, peut-être une nouvelle assemblée et peut-être un nouveau gouvernement.

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