• il y a 2 mois
Les œuvres du peintre impressionniste, Gustave Caillebotte, sont exposées au musée d'Orsay dès ce mardi 8 octobre et jusqu'au 19 janvier 2025. Au total, 65 peintures sont exposés et mettent en valeur les corps nus des hommes au travail. 

Category

🗞
News
Transcription
00:00C'est peut-être le plus méconnu des impressionnistes et pourtant c'est peut-être aussi le plus moderne.
00:06Le musée d'Orsay rend hommage à Gustave Caillebotte, Lorraine.
00:10Et je voulais commencer par ce tableau, les raboteurs de parquet, parce qu'il fait partie des chefs-d'oeuvre présentés.
00:14Les raboteurs de parquet peints en 1894, on dirait une photo, c'est ultra réaliste.
00:20Et imaginez, c'est hyper transgressif pour l'époque.
00:23Une toile très grande montrant des ouvriers en plein boulot, à moitié nus.
00:28Le corps du travailleur en plein effort, magnifié.
00:31Et c'est quelque chose qui ne se fait pas du tout à ce moment-là en peinture à l'époque.
00:36C'est quelque chose même qui choque.
00:38Cette toile, elle est présentée pour la grande exposition annuelle officielle de 1875.
00:42Elle est refusée par le jury. Pourquoi ? Parce qu'elle est trop crue.
00:45Elle est trop vulgaire, trop bourgeoise.
00:47Alors ça c'est un a priori qui va le suivre toute sa vie, Caillebotte.
00:50Parce qu'il vient d'une famille très riche et du coup il y aura toujours un peu cet a priori sur lui.
00:53Mais on n'en veut pas, alors que c'est un chef-d'oeuvre.
00:56Alors l'exposition s'appelle Peindre des Hommes et on comprend un peu pourquoi d'ailleurs.
00:59Alors tu vas voir, il y a plus de 149 d'entre 65 peintures et partout des hommes.
01:04Des hommes en pied, des hommes qui travaillent, des hommes contemplatifs comme celui-ci.
01:08Des hommes se promenant sous la pluie, des hommes en train de lire, des hommes en train de ramer
01:11comme la partie de bateau, un autre des chefs-d'oeuvre de Caillebotte.
01:15L'obsession du mal chez Caillebotte.
01:17Alors ce n'est pas des hommes sur des chevaux qui rentrent d'une bataille,
01:20pas des hommes fiers comme on a l'habitude de voir en peinture.
01:24C'est le masculin autrement et c'est ce que nous a expliqué le commissaire de l'exposition.
01:30Comment est-ce qu'il a justement essayé de montrer la masculinité
01:34d'une manière plus nuancée, plus complexe aussi que certains stéréotypes
01:38en montrant notamment l'intimité, en mettant l'homme dans une position
01:41qui parfois peut être considérée comme plus féminine au XIXe siècle.
01:44La question notamment des intérieurs de la maison, la toilette aussi, le nu.
01:49Évidemment il y a aussi une part de son travail qui vise à exalter une forme de virilité,
01:54mais une virilité nouvelle qui est celle plutôt liée à la question du sport,
01:58de la discipline ou celle du travail, du travail ouvrier notamment.
02:03Paul Perrin parle d'intimité. Je voudrais vous montrer ce tableau.
02:06Hommes au bain, ce nu peint en 1884.
02:09Cet homme en train de se sécher après son bain.
02:12Les détails sont incroyables, on voit même l'eau sur le parquet.
02:15C'est un nu masculin comme on ne l'a jamais vu.
02:17C'est-à-dire que ce n'est pas un nu héroïsé, c'est un nu intime.
02:20Et il ne peint Kaibot que ceux qui l'entourent.
02:23Ses frères, ses amis, les passants en bas de chez lui,
02:26les ouvriers, les domestiques qui travaillent pour sa famille.
02:29Jean-Marie Marchand a croisé les visiteurs de l'exposition.
02:32Vous avez vu, il y a du monde, on se faisait la réflexion en voyant le commissaire d'exposition.
02:36Tout à fait, ça a commencé mardi. Qu'est-ce qu'ils en ont pensé ?
02:40Macho, je ne le crois pas. Peut-être homo, peut-être, oui.
02:44Mais bon, on n'en sait rien d'après.
02:47Je ne dirais pas macho, non. Je pense qu'il préférait l'accompagnement des hommes aux femmes.
02:52Comme il aimait les hommes, il les a peints, il avait des tas d'amis.
02:55Très moderne, je pense. Comme je l'ai dit, il représente des femmes à la place des hommes
02:59et des hommes un peu à la place des femmes, il me semble, dans ces tableaux.
03:02Je trouve ça assez super, c'est assez...
03:04D'habitude, justement, on voit que des femmes, donc c'est bien.
03:08Ça change, ils sont beaux, en plus.
03:11C'est vrai qu'ils sont beaux, mais c'est vrai que c'est troublant.
03:13On voit une main dans la poche, on voit rarement des hommes peints avec une main dans la poche.
03:16Une attitude nonchalante, il y a des regards, des attitudes.
03:19Certains tableaux, c'est vrai, sont ambigus, il y a une érotisation qui est évidente.
03:24Il y a des universitaires qui se sont déjà posés la question de l'homosexualité de Gustave Caillebotte.
03:29Ce sont des études plus ou moins sérieuses.
03:31Il n'empêche, rien ne permet de l'attester, nous disait le commissaire de l'exposition.
03:34Ça reste un mystère et on sait qu'il a eu une compagne, Charlotte Berthier.
03:39On ne sait pas si c'était une compagne, une dame de compagnie.
03:42Mais avant tout, ce qu'on retient de cette exposition, c'est que c'est un peintre humaniste.
03:45Ça montre qu'il n'était pas enfermé aussi dans sa condition bourgeoise.
03:48Il a été mis de côté injustement peut-être parce qu'il n'y avait pas cette étiquette d'artiste maudit avec lui.
03:54En tout cas, c'est à découvrir absolument.
03:56J'espère que je vous ai donné envie ce matin parce que c'est magnifique.
03:58Et c'est jusqu'au 19 janvier 2025.

Recommandations