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Transcription
00:00Dix jours de bombardements israéliens sur le Liban auxquels répondent des tirs de roquettes d'US Bola qui ont déjà fait
00:051000 morts et poussé sur les routes un million de déplacés. Des dizaines de milliers d'entre eux se retrouvent à Beyrouth
00:12aujourd'hui sans logement et pour beaucoup sans ressources.
00:15Cyril Paillin bonjour, vous êtes notre envoyé spécial à Beyrouth et votre invité qui est à vos côtés a monté une association qui vient en aide
00:21aux plus démunis.
00:23Oui Pauline, bonjour depuis le quartier d'Achrafie, on est en plein coeur de Beyrouth et nous sommes
00:31effectivement au siège de l'association Bet al-Baraka qui vient en aide
00:36à la faillite de l'état libanais oblige aux centaines de milliers de déplacés. Donc avec moi Maya Ibrahimchab, bonjour.
00:43Merci de nous recevoir ici, on voit qu'il y a beaucoup beaucoup d'agitation, c'est un dépôt qui centralise l'aide qui part dans tout le Liban.
00:51L'offensive israélienne a commencé le 23 septembre, j'ai envie d'abord de vous demander dans quel état est le pays aujourd'hui ?
00:58Alors c'est une catastrophe humanitaire sans précédent. Depuis 1915, depuis la grande famine, le Liban n'a jamais connu ce qu'on connaît aujourd'hui
01:06et malheureusement
01:08personne n'était prêt parce que ça fait dix mois qu'Israël menace le Liban de frappes
01:13intenses et surtout le territoire libanais et malheureusement personne ne s'est préparé dans le gouvernement.
01:19Il n'y avait pas d'abri, il n'y avait pas de tente, pas de matelas, rien du tout et le jour où c'est arrivé
01:25évidemment c'est la société civile qui a dû
01:27courir et commencer à ramasser ces gens qui dormaient partout dans les rues.
01:32Aujourd'hui ils ont été forcés d'ouvrir les écoles publiques, c'est catastrophique parce que bon l'éducation c'est quand même le pilier du Liban,
01:40le pilier de n'importe quel pays d'ailleurs. Vous avez 1700 écoles publiques, il y en a déjà 531
01:46qui aujourd'hui ne peuvent pas ouvrir leurs portes parce que justement il y a des familles qui dorment dedans.
01:51Qu'est-ce que concrètement vous organisez ? Parce qu'on voit qu'il y a des vivres, il y a des denrées, qu'est-ce qu'il l'urgence
01:57absolue pour les millions libanais ? Je rappelle que 40% de la population libanaise a été déplacée, il y a 1,2 million
02:03de déplacés internes au Liban. Quelle est la première urgence ? Vous pouvez d'ailleurs lancer un appel à la communauté internationale.
02:10Il y a deux urgences. La première c'est l'urgence humanitaire immédiate, donc on parle de nourriture, on parle d'eau,
02:15potable.
02:16N'oubliez pas que ces gens-là sont arrivés dans leurs voitures
02:20sans valise. Il y en a beaucoup, vous savez, c'est des fermiers, des agriculteurs, des petits producteurs du sud. Le sud est une région
02:25absolument magnifique parce que vous avez un vivre ensemble qui est une leçon pour le monde entier. Vous avez 20% de chrétiens,
02:34vous avez des musulmans, des druzes, c'est un mix incroyable
02:38de communautés, etc. Et donc quand ces gens-là sont venus, vous savez, c'est des gens de la terre, donc ils ont tous sauvé,
02:45ils sont arrivés avec des chèvres, des poules, des chiens, etc. Il n'y avait pas de place pour prendre leurs affaires.
02:50Et donc ils sont là sans habit, sans nourriture, sans médicaments. On a beaucoup de patients qui n'arrivent plus à continuer leurs traitements médicaux.
02:57Et donc c'est l'urgence immédiate. Donc nous sommes en train de distribuer des matelas, des oreillers,
03:03des draps, de la nourriture au quotidien.
03:06Il y a de gros problèmes d'hygiène parce que bon, ce sont quand même des écoles qui peuvent prendre jusqu'à 30 élèves par classe.
03:13Alors que vous avez aujourd'hui 90 adultes par salle.
03:17Les gens sont entassés les uns sur les autres, il n'y a pas de douche.
03:20Donc ce qu'on essaye de faire, c'est toujours de donner la nourriture dans des conteneurs en plastique indépendants.
03:25Et comme ça, on évite d'avoir une contamination.
03:28Parce qu'il y a déjà eu trois cas de lèpre dans une des écoles. La lèpre, c'est quand même une maladie qui n'existe plus depuis très très longtemps.
03:35Donc on essaye autant que possible de faire très attention à l'hygiène.
03:38Maintenant, sur le second plan, ce qui est très important, et ça c'est dans l'immédiat, mais qui n'est pas, si vous voulez, c'est l'immédiat d'ici trois semaines, un mois maximum.
03:48Et là, j'en profite pour lancer un appel au gouvernement du monde entier.
03:52Nous avons besoin de déplacer ces gens parce que les familles déplacées sont dans les écoles.
03:58Ils ne peuvent pas rester dans les écoles.
03:59Il faut les sortir et leur préparer à travers tout le Liban pour être équitable, bien sûr, avec toutes les municipalités.
04:05Il faut préparer des habitations temporaires pour que ces gens puissent s'installer jusqu'à ce que leur maison soit prête.
04:12Une fois, jusqu'à ce que la guerre finisse, pardon, une fois que la guerre est finie, ils reprennent ses tentes chez eux.
04:18Ces gens qui viennent du sud, comme je vous l'ai dit avant, c'est des agriculteurs, des petits producteurs, etc.
04:24La plupart vivent dans des maisons et non pas dans des immeubles.
04:27Donc c'est très facile aujourd'hui de reprendre leurs tentes une fois que la guerre est finie et de les dresser là où ils habitaient.
04:32Très rapidement, Maïa Ibrahimitcha, on parle d'immédiateté.
04:35Il y avait une des personnes dont vous occupez qui a dit qu'on ne part pas d'heure, de jour après jour.
04:40Notre perspective, c'est d'heure en heure.
04:43Très rapidement, est-ce que c'est la crise de trop pour le Liban ?
04:46Oui, oui, c'est vraiment trop.
04:48Ce monsieur que vous avez rencontré, c'est un monsieur qui est quand même retraité de l'armée.
04:54C'est un monsieur très digne qui avait sa maison.
04:56Sa maison a été bombardée.
04:57Il n'a plus rien.
04:58Aujourd'hui, il dort dans sa voiture.
05:00Il vous a parlé avec un anglais impeccable.
05:02Les Libanais ne méritent pas ça.
05:04Mais je crois, je crois personnellement qu'aujourd'hui, tous les Libanais, toutes les communautés ont perdu tout leur patriarche.
05:11Il ne leur reste que la patrie.
05:13Maïa Ibrahimitcha, merci beaucoup.
05:16Voilà ce qu'on pouvait dire aujourd'hui sur cette urgence humanitaire dans tout le Liban avec cette société civile qui s'organise coûte que coûte pour venir en aide aux centaines de milliers de déplacés.

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