• il y a 2 mois
Écoutez "On refait le monde" avec Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue "Regards", Tugdual Denis, directeur de la rédaction de "Valeurs Actuelles", et Benjamin Morel, constitutionnaliste.
Au programme :
- Budget 2025 : les collectivités et la sécurité sociale vont trinquer !
- Le nom d'Emmanuel Macron hué au Crif : Les relations se tendent entre Le Président de la République et la communauté juive ?
- Les gendarmes ne paient pas leur loyer !
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 08 octobre 2024.

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Transcription
00:00Yves Calvi, on refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
00:03Et avec nous ce soir, Benjamin Morel, constitutionnaliste, je renvoie à votre dernier livre « Le Parlement,
00:09Temple de la République » de 1789, à nos jours, c'est en poche, c'est passé composé.
00:14Bonsoir.
00:15Matoudi, soyez le bienvenu.
00:16Pablo Piovivien, rédacteur en chef de la revue Regard, bienvenue Pablo.
00:19Bonsoir, bonsoir.
00:20Et Tuck Duhaldeni, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles, bienvenue à vous Tuck
00:23Duhal.
00:24Merci beaucoup Yves.
00:25A deux jours de la présentation du projet du budget 2025, on apprend d'une source anonyme
00:28citée par l'agence France Presse d'ailleurs, que le gouvernement français va demander
00:31aux collectivités locales un effort de 5 milliards d'euros.
00:35Tuck Duhaldeni, on fait les poches à nos collectivités locales ?
00:38Oui, on fait les poches à nos collectivités locales et c'est très injuste, c'est très
00:42injuste parce que si vous voulez, l'État défaillant préfère aller voir dans ceux
00:46qui sont un peu plus vertueux que lui, des moyens de récupérer des sous que lui-même
00:51est incapable de récupérer.
00:53Je dis plus vertueux parce que déjà les collectivités locales ne peuvent présenter
00:57des budgets qu'à l'équilibre, contrairement à l'État lui-même qui devrait plutôt balayer
01:02devant sa porte.
01:03Puis je parlais tout à l'heure avec un élu local qui m'expliquait des choses très
01:06concrètes.
01:07Si vous voulez, aujourd'hui l'État est tellement défaillant qu'une infirmière
01:10scolaire normalement qui est prise en charge par l'État, et bien c'est la municipalité
01:13qui va se débrouiller pour qu'il y ait une infirmière scolaire qui puisse passer
01:17dans les écoles primaires de sa commune, des points postes qui viennent pallier le
01:23déficit de services publics.
01:25Je ne vous parle même pas de la police municipale qui est obligée d'être en sur-effectif,
01:29sur-armée, parfois accompagnée d'un gros dispositif vidéo assez coûteux, parce que
01:34malheureusement, le budget de la police nationale ne suit pas derrière.
01:38Je ne vous parle pas aussi de la suppression de la taxe d'habitation qui soit disant
01:42était compensée à l'euro près, on l'a entendu pendant des années.
01:45Arrêtez parce que là j'ai envie de partir en Suisse maintenant.
01:47Non, ou de devenir maire plutôt que ministre, mais la suppression de la taxe d'habitation
01:52qui devait être compensée à l'euro près pour les collectivités locales, si vous
01:56voulez, ce n'est pas par plaisir que les mairies augmentent leur taxe foncière, c'est
01:59parce que justement, ce n'est pas compensé.
02:00Est-ce que c'est choquant à vos yeux de demander cet effort Benjamin Morel ?
02:05Non, ce n'est pas choquant parce que, évidemment, vous avez trois grands budgets.
02:09Le budget de l'Etat, c'est là-dessus qu'on fait des économies, on a l'impression que
02:12derrière le budget de l'Etat, il n'y a que des gratte-papiers dans les ministères,
02:14c'est très minoritaire.
02:15Derrière le budget de l'Etat, il y a la police, il y a l'éducation nationale, il
02:19y a l'université, il y a l'hôpital, il y a l'armée.
02:21Et au milieu de tout ça, quand même, pas mal de gratte-papiers.
02:23Ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas utiles.
02:25Mais pas tant que ça en réalité, c'est-à-dire qu'on a fait pression sur l'opérationnel
02:29et le budget de l'Etat qu'on tente de maîtriser depuis 20-30 ans induit une justice
02:33dysfonctionnelle, une police qui aujourd'hui n'a pas les moyens de ses ambitions et une
02:37armée qu'on est bien obligé.
02:38Les lois de programmation pour la justice, pour l'armée et pour la sécurité aujourd'hui
02:42sont des lois qui sont en fait des lois de rattrapage parce qu'en fait, lorsque vous
02:46devez faire des économies, faire des économies sur l'Etat, c'est facile.
02:49Si vous essayez de faire des économies sur les collectivités, c'est plus compliqué
02:53parce que vous avez une fronte des élus locaux et ça peut être relativement justifié parce
02:56qu'en effet, vous avez des efforts mais des efforts qui ont été très très déséquilibrés
03:01de la part des collectivités.
03:02En gros, les communes notamment ont beaucoup souffert et en effet, on a eu la suppression
03:07de taxes qui ont tout de même été en grande partie compensées mais avec des effets qui
03:10ont été des effets de seuil.
03:11En revanche, du côté des régions, ça a été beaucoup moins évident quant aux économies.
03:16Or, vous avez eu une augmentation du nombre de fonctionnaires extrêmement importante
03:20depuis le début des années 2000, pas dans l'Etat, dans les collectivités territoriales.
03:23Et ensuite, il y a le budget de la sécurité sociale et là évidemment, si vous faites
03:26des économies sur le budget de la Sécu, vous avez un raz-de-marée social et ça devient
03:29très compliqué.
03:30Donc, on ne peut plus faire d'économies ou plus beaucoup sur l'Etat, il faut en trouver
03:34ailleurs et évidemment, politiquement, c'est moins simple.
03:36Pablo, puis au Vivian, comment vous réagissez-vous ? Est-ce qu'il faut préciser qu'on leur demande
03:40un effort sur leur budget à venir ?
03:42Alors, d'abord, pour me faire un tout petit peu le défenseur de cette proposition, même
03:46si je pense que cette saignée n'est pas souhaitable.
03:50Pablo dit Pablo la rigueur budgétaire.
03:52Non, non, pas la rigueur budgétaire mais il s'agirait de faire porter l'effort sur
03:57les 450 plus grosses collectivités territoriales.
04:01Donc, ce n'est pas les petites communes, c'est les plus grosses qui ne sont pas forcément
04:05les plus vertueuses.
04:07D'ailleurs, a priori, ils mettraient de côté les collectivités territoriales qu'ils
04:11appellent les plus sensibles, c'est-à-dire celles qui ont le plus besoin de mettre la
04:16main à la poche.
04:17Oui, ils ont mis de côté des régions comme le Nord-Pas-de-Calais, mais ce n'est pas parce
04:21qu'on est dans les Hauts-de-Seine qu'on est une collectivité locale qui est déjà
04:25en suffisante mondance de moyens.
04:26Et en plus, il faut voir aussi les dispositifs qui vont être mis en place pour faire ces
04:32économies.
04:33C'est, par exemple, la création d'un fonds d'épargne qui va être imposé à ces grosses
04:37collectivités territoriales, où ils vont devoir mettre de côté 3 milliards.
04:41On ne sait pas encore très bien quand est-ce qu'ils vont récupérer éventuellement ces
04:46deniers.
04:47C'est aussi rogner sur les recettes qui sont issues de la TVA.
04:51Jusqu'à preuve du contraire, les plus grosses collectivités territoriales, c'est celles
04:56qui peuvent le plus se permettre de faire des économies.
05:00Mais après, je reviens quand même, je suis assez d'accord avec ce qu'a dit Tuck Dual,
05:03une fois n'est pas coutume, en introduction.
05:05Il n'y a quand même un gros problème, aujourd'hui, les collectivités territoriales doivent assurer
05:12des missions, et notamment depuis 20 ans, de décentralisation accrue.
05:16Et donc, c'est aussi pour ça qu'elles ont augmenté leur nombre de fonctionnaires.
05:18Et bien, ça tombe bien, puisqu'on a un ancien ministre qui vient de garer sa voiture.
05:21Il est aujourd'hui président de la région Normandie, qui nous écoutait et qui nous
05:24a appelé spontanément.
05:25Bonsoir Hervé Morin.
05:26Non, je ne vous ai pas appelé spontanément, c'est vous qui m'avez appelé.
05:29Ah bon ? Ils ne me l'ont pas dit, mais car il n'y a pas de coup de coeur.
05:32Il ne garde pas sa voiture, il a un chauffeur.
05:34Je me suis arrêté, je me suis arrêté.
05:36Et alors, qu'est-ce que vous voulez nous dire ? Vous êtes d'accord pour faire des
05:40efforts, vous ?
05:41Non, mais qu'on fasse des efforts, dans l'état dans lequel sont les finances publiques, on
05:45est tous d'accord.
05:46Sauf que là, tout ça est totalement ahurissant, c'est que globalement, l'État oublie de
05:52faire le ménage chez lui, et commence par dire aux collectivités, faites des efforts.
05:58Franchement, vous êtes surpris ?
06:01Non, mais à ce point-là, je n'imaginais pas, parce que là, honnêtement, je discutais
06:05avec David Wiesnar il y a cinq minutes, on est dans une équation financière qui va
06:15avoir des conséquences gigantesques en termes de services publics de proximité.
06:19Parce que l'État raconte, je lisais le rapport de la Cour des comptes disant que les collectivités
06:24locales ont augmenté le nombre de fonctionnaires, c'est vrai, il n'y a pas de problème.
06:28Qu'il y ait des collectivités locales mal gérées, c'est vrai aussi, mais la vérité,
06:33c'est que la plupart de nos dépenses nous ont été imposées ou compensent des défaillances
06:37de l'État.
06:38Je prends un exemple simple, que tous les Français vont comprendre, les communes ont
06:42développé des polices municipales, pourquoi ont-elles développé des polices municipales ?
06:46C'est parce que l'État n'est pas capable d'assurer la sécurité des Français.
06:49Ou parce que les maires ont bien envie d'avoir leur propre police et d'être élus.
06:53Les maires, ils ont surtout envie d'avoir la sécurité dans leur quartier, dans leur
06:57ville et que quand il manque des policiers nationaux, parce qu'il n'y a pas ces postes,
07:02parce que le système judiciaire n'est pas efficace, on a créé 40 000 postes de policiers
07:06municipaux.
07:07Je prends un autre exemple, l'État a confié aux intercommunalités l'ensemble de l'urbanisme,
07:16on est ravi, mais bien entendu il a fallu créer autant de postes pour gérer les certificats
07:20d'urbanisme, les PLU, les permis de consommation.
07:24Les ronds-points éventuellement ?
07:26Oui, les ronds-points, ça fait longtemps que les départements gèrent les ronds-points.
07:29Et je peux le faire à l'infini.
07:31Donc quand on nous évoque les créations de postes, elles sont liées aussi à la bureaucratie,
07:37on nous impose des plans, climat, énergie, on nous impose et on nous dit si vous ne faites
07:43pas ces plans, qui sont des documents qui en général on trouve dans un placard à
07:46peine sorti et présenté, on nous dit écoutez sinon vous ne pouvez pas être financé dans
07:52vos projets.
07:53Donc on a su créer une bureaucratie, on a transféré des compétences et dans le même
07:58temps, l'État est incapable de faire le ménage chez lui.
08:03Je vais prendre des exemples.
08:04Non, attendez, une seconde, on va partager la parole si vous le voulez bien, est-ce que
08:10vous partagez cette analyse Benjamin Morel, comme dit le constitutionnaliste ?
08:14Oui, de manière limitée, c'est-à-dire qu'on a quand même eu un accroissement extrêmement
08:19fort des effectifs mais qui date en fait d'il y a 20 ans, au début des années 2000.
08:23Notamment dans le cadre des régions, on a eu une explosion des effectifs qu'on traîne
08:26aujourd'hui et cette explosion des effectifs, ça fait je dirais le caractère fondamentalement
08:31dysfonctionnel du système parce qu'aujourd'hui si vous faites des économies, comme ce sont
08:35des recrutements qui ont déjà eu lieu, vous faites des économies sur quoi ? Sur l'investissement
08:39en grande partie.
08:40Et cet investissement, parce que ce n'est pas seulement fait, on n'est pas allé au
08:42service public, ceux qui investissent aujourd'hui massivement sur le territoire avec un effet
08:46économique contracyclique, c'est-à-dire que si vous n'investissez pas en période
08:49de crise, vous avez une économie qui plonge, ce sont les collectivités territoriales.
08:53Donc aujourd'hui, on a des collectivités qui sont en partie ankylosées mais si vous
08:57réduisez les dépenses, vous n'allez pas les désankyloser, vous allez réduire l'investissement
09:01et là en effet, il y a un paradoxe, c'est un problème.
09:02Pablo Pio, il y a ?
09:03Le problème du raisonnement de Benjamin Morel mais plus globalement de la droite, c'est
09:07de prendre le problème pas par le bon bout.
09:09C'est-à-dire de faire...
09:10Bon alors maintenant, je vous signale, vous êtes constitutionnaliste de droite.
09:14Non mais parce que je remarque la nature du raisonnement et notamment l'hypothèse.
09:19Non mais monsieur Morin, je suis beaucoup plus d'accord avec ce que disait monsieur
09:21Morin que ce que disait Benjamin Morel.
09:23C'est-à-dire que l'hypothèse de base ne peut pas être la recherche d'économie.
09:27C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ils ont dit, tiens, on va chercher 5 milliards.
09:30Ce n'est pas moi qui l'ai choisi, c'est l'objectif de Michel Barnier, c'est celle
09:33du tête du débat.
09:34C'est un objectif de droite.
09:36Le problème, le problème, ce n'est pas de dire il y a trop de fonctionnaires ou je
09:39ne sais pas quoi.
09:40Le problème, c'est de dire, ok, si vous voulez, on peut identifier en fait des fonctionnaires
09:44qui sont superfétatoires et ensuite envisager qu'ils ne soient pas remplacés.
09:49Mais on ne peut pas partir, l'équation financière doit être un paramètre de la
09:54réflexion du politique.
09:55Elle ne peut pas être le prolégomène.
09:57Elle ne peut pas être l'hypothèse de départ à partir de laquelle tout va découler.
10:00Sinon, on est dans ce genre de situation où on dit au hasard, baltasar, 5 milliards.
10:06Et puis après, on va faire les fonds de tiroirs pour arriver enfin à ces 5 milliards.
10:10Prolégomène, au hasard, baltasar, 5 milliards, mais il fait des rimes.
10:13Je pense qu'il a fait un pari avec un pote avant de venir ici.
10:16Non, je suis d'accord sur un point avec notre ami Pablo, c'est qu'effectivement,
10:23entre un service communication d'une région, au hasard la région Bretagne parce que je
10:26connais un peu l'histoire, et pléthorique, il y a 80 fonctionnaires et là c'est ridicule
10:33et il faut aller là-dedans et effectivement faire du cas par cas via des audits, etc.
10:36En revanche, sur ton histoire de prolégomène, et donc d'introduction à ta démonstration,
10:40je traduis, eh bien évidemment que si à partir du moment où on a 3 000 milliards
10:46de dettes, à partir du moment où Michel Barnier, pour une fois, met le sujet sur la
10:50table alors que c'est l'éléphant dans la pièce depuis des décennies, il est évident
10:54que c'est un point de départ nécessaire.
10:56On marque une pause, on vous retrouve dans un instant, on remercie Hervé Morin de s'être
11:00garé pour nous passer un petit coup de fil, vous nous rappelez quand vous voulez Hervé
11:04Morin, ça me va très bien les présidents de région qui réagissent comme ça pour
11:07participer à nos débats, et on se retrouve dans un instant avec nos invités.
11:34Inacceptable réagit la ministre de l'éducation Anne Genetel, elle annonce le dépôt d'une
11:39plainte.
11:40Une mesure conservatoire a aussi été prise contre l'adolescente dans l'attente d'un
11:44conseil de discipline, indique le rectorat ce soir dans un communiqué.
11:4825 départements en vigilance orange, dont 20 pour pluie et inondation entre l'Ouest
11:52et les Ardennes, alerte déclenchée par la dépression Kirk.
11:55On attend l'équivalent d'un mois de pluie en quelques heures.
11:58Et puis le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou appelle les Libanais à sauver,
12:02quitte leur pays en le libérant du Hezbollah.
12:05Dans le cas contraire, il menace le Liban de destruction et de souffrance, comme à Gaza.
12:10Une cinquantaine de ressortissants franco-libanais qui souhaitaient quitter le pays sont en cours
12:14de rapatriement par la France dans un avion A400M.
12:17Merci Aude Vernouchi, on vous retrouve à 20h.
12:20Michel Barnier tente d'apaiser la relation avec les syndicats, mais quelles seront les
12:23lignes rouges de la CGT ? Sachez que demain à 7h40, c'est Sophie Binet, donc la secrétaire
12:28générale de la CGT, qui est l'invité de la matinale d'RTL.
12:32Yves Kelvin jusqu'à 20h, on refait le monde sur RTL.
12:36Et on évoquait ces 5 milliards d'euros demandés aux collectivités locales, avec
12:41moi Benjamin Morel qui est constitutionnaliste, Pablo Piovivien, rédacteur en chef de la
12:45revue Regards et Tuck Duhaldoni, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles.
12:48Moi je constatais quand même récemment que de nombreux pays, notamment du sud de l'Europe,
12:52ont fait des efforts incroyables.
12:53Il n'y a que la France à se traîner à ce point-là, enfin je ne sais pas, à continuer
12:57à avoir des débords pareils, vous me regardez avec une drôle de tête, non mais tous les
13:01pays, quand j'étais jeune journaliste, dont on nous disait qu'ils sont un foutu
13:04d'équilibrer leurs comptes, ont fini par le faire d'une façon ou d'une autre.
13:08Oui, ils l'ont fait souvent sous la pression des marchés, sous la pression de l'Union
13:13Européenne.
13:14Et donc c'est vrai que dans ce cadre-là, on a eu une politique qui en France a été
13:17une politique moins contrainte.
13:19Est-ce bien ? Est-ce pas bien ? Je ne suis pas économiste, donc je ne me prononcerai
13:21pas sur le sujet.
13:22Mais de facto, en effet, ce sont des pressions qui ont été extérieures.
13:25Souvenez-vous de l'Italie, souvenez-vous également de l'Espagne, la crise de l'euro
13:28a contraint ces pays-là à une forme de rigueur budgétaire, à une forme de retour
13:33de l'orthodoxie.
13:34Est-ce qu'en France, on a une pression des marchés ? La réponse aujourd'hui est
13:37oui.
13:38C'est-à-dire que quand vous regardez les taux d'intérêt, on a des taux d'intérêt
13:40qui se rapprochent.
13:41Il faut nuancer cet argument.
13:42On dit de la Grèce, c'est vrai, mais la Grèce, pour le coup, a des taux d'intérêt
13:45bien moindres aujourd'hui que ce qu'ils pouvaient être il y a quelques années et
13:48d'autres États européens.
13:49Non moins symboliquement, ça pèse et dans ce cadre-là, vous avez des politiques qui
13:53se réorientent.
13:54On doit être à 3%, on est à 6%.
13:57On voudrait juste être sûr en revanche qu'on fasse des économies substantielles et dans
14:04les bons endroits.
14:05Là, on parle des collectivités locales.
14:07On a eu aussi aujourd'hui l'information qui a fuité que, j'espère que je ne spoile
14:15pas un sujet à venir, mais sur le fait que les gendarmeries ne payent plus leur loyer
14:19et que donc il faut absolument résoudre ce problème.
14:24Mais, attendez, excusez-moi, plutôt que d'enquiquiner les gendarmes et en tout cas de les doter
14:29insuffisamment pour qu'ensuite ils puissent régler leur loyer alors que leurs femmes
14:36se font suivre dans la rue et qu'ils ont des refus d'obtempérer qui parfois les mènent
14:41jusqu'à la mort.
14:42Moi, je voudrais être sûr qu'on est exactement sûr du nombre de fonctionnaires dans ce
14:46pays, que les minimas sociaux ne sont pas trop généreux et qu'on a un système de
14:50retraite qui est ultra déficitaire.
14:53Les personnes qui nous arrêtent dans la rue pour nous demander nos papiers, il est normal
14:57qu'ils payent la location de leur gendarmerie, je suis désolé.
14:59Non, mais attendez, ce qui n'est pas normal, c'est la dotation, que l'État soit incapable
15:08de suffisamment doter la gendarmerie pour qu'on puisse ensuite payer les loyers qu'elle
15:12doit à leurs bailleurs ou aux collectivités locales où elles sont.
15:14Et ça, ce n'est pas normal.
15:15Mais moi, je préférais qu'on donne tout l'argent qu'il faut à leur gendarmerie
15:18et qu'elle n'ait pas de problème de loyer en tant qu'institution, plutôt qu'il y ait
15:22des gens qui touchent les minimas sociaux qu'ils ne doivent pas toucher, que la fraude
15:24sociale soit exponentielle dans ce pays et ce genre de choses.
15:28On va y revenir, mais je voulais quand même vous faire remarquer, c'est étrange ce quinquennat.
15:32On a un président qui est un ancien banquier et il va laisser lui aussi un déficit absolument
15:37faramineux.
15:38Oui, oui, soit disant, c'était, Dauquin l'appelait le Mozart de la finance, je vous
15:42rappelle, en 2017.
15:43Oui, oui, on l'a tous cru.
15:45Effectivement, les résultats ne sont pas au rendez-vous, mais juste sur la comparaison
15:49que vous faisiez avec les autres pays, notamment les pays du sud de l'Europe, on n'a pas tout
15:54à fait non plus le même modèle social.
15:56On n'a pas le même modèle, je veux dire, pour connaître bien ces pays, certains où
16:02j'ai des membres de ma famille, le modèle de santé, par exemple, dans les pays du sud
16:07de la France, ce n'est pas exactement le même.
16:09Il n'est pas de la même qualité que celui auquel on a accès en France.
16:15Vous avez tout à fait raison, il faut renforcer les budgets qui sont alloués aujourd'hui
16:26à notre système de santé, et notamment en matière d'investissement et de salaire
16:30pour tous les personnels soignants, ça on est complètement d'accord, mais je suis désolé,
16:37vous allez en Espagne et les meilleurs médecins ne sont pas dans l'hôpital public espagnol,
16:44alors que nous, les meilleurs médecins, les grands professeurs sont encore dans l'hôpital
16:47public, et moi je veux me battre pour que ce système continue.
16:51De la même manière, on a un système scolaire qui, aujourd'hui, le système scolaire public
16:57est encore d'excellente qualité, il faut se battre pour que ça reste, il faut se battre
17:02pour qu'il soit encore meilleur, mais je suis désolé, mais ce n'est pas le cas, ni
17:05en Italie, ni en Espagne, vous avez des systèmes parallèles, des systèmes privés qui sont
17:11souvent plébiscités pour que les étudiants aient des meilleurs enseignements, donc il
17:16faut comparer ce qui est comparable.
17:17Benjamin Morel vous répond.
17:18Oui, non, en un mot, je suis assez d'accord avec Pablo là-dessus, c'est-à-dire que
17:20quand on prend, on se dit souvent le poids de l'État en France, mais le poids de l'État,
17:24c'est parce que l'État assume des choses en France qu'il n'assume pas à l'étranger,
17:27en matière de santé, en matière d'éducation, en matière également de mutuel, de minima
17:31sociaux, etc.
17:32Donc tout ça, fait partie en effet du paquet à l'étranger, ça peut dépendre, on évoquait
17:36la question des collectivités territoriales, des collectivités territoriales, où là,
17:40ça crée une forme d'inégalité, souvenez-vous, pendant la Covid, en Italie, vous aviez les
17:43hôpitaux du Sud et les hôpitaux du Nord, et où ce sont les collectivités qui s'endettent.
17:47Vous pouvez également avoir ça assumé par le privé, mais on a certes une forte dette
17:52publique, une moindre dette privée.
17:54Dans les pays qui apparaissent vertueux du point de vue de la dette publique, vous avez
17:57une plus grande dette privée, tout bêtement, parce que les gens ont besoin de s'endetter
18:00pour accéder aux mêmes services.
18:01Donc il faut là-dessus être relativement, je dirais, avoir une vision plus macro, et
18:06ne pas considérer...
18:07Il y a aussi des pays où il y a pas autant de minima sociaux quand même, on n'est pas
18:09dans un système d'assistanat, comme Laurent Wauquiez qui l'a présenté.
18:12La question des minima sociaux existe, mais dès lors où vous n'en avez pas, un, outre
18:16le creusement des inégalités, ce qui peut être un choix politique, mais derrière,
18:20vous avez souvent une grande dette privée, parce que si jamais vous n'avez pas de dette
18:23de l'État, les gens recourent eux-mêmes à la dette.
18:25Dans un instant, on va faire un nouveau point sur l'actualité, mais encore un trou, c'est
18:29celui de la Sécurité Sociale, 18 milliards, j'espère que ça va vous inspirer, et on
18:33en débattra dans un petit instant.
18:39Avec Yves Calvi.
18:41RTL Soir, on refait le monde.
18:44Avec Yves Calvi.
18:46Nous sommes avec Benjamin Morel, constitutionnaliste, je renvoie à votre dernier livre, Le Parlement,
18:51Temple de la République de 1789, à nos jours, c'est en poche, c'est passé, composé.
18:55Pablo Piovivien, qui est rédacteur en chef de la revue Regards, et Tuck Duhaldeny, directeur
18:58de la rédaction de Valeurs Actuelles.
19:00Alors, selon l'avant-projet de financement quand même de la Sécurité Sociale de 2025,
19:04les comptes devraient être dans le rouge de 18 milliards d'euros cette année, je sais
19:07pas, on bombe le torse, on est fiers, Pablo Piovivien, ça vous plaît d'avoir 18 milliards
19:11sur les bras ?
19:12Ah non absolument pas, je pense effectivement qu'il faut trouver un moyen de financer notre
19:19Sécurité Sociale à la hauteur à laquelle elle devrait être financée, mais quand je
19:24vois les pistes d'économies qui sont avancées par le gouvernement, c'est-à-dire des économies
19:29de bout de chandelle à des endroits où au contraire, il devrait y avoir plus d'investissements,
19:34je suis très inquiet.
19:35Quand je vois par exemple ces histoires de jours de carence, alors ils veulent aligner
19:38les jours de carence du public sur les jours de carence du privé ou ces trois jours de
19:40carence dans le privé, déjà je ne comprends pas la logique de ces jours de carence.
19:44En fait, à partir du moment où il y a un médecin qui vous dit « vous ne pouvez pas
19:47aller travailler », je ne comprends pas pourquoi l'État, le législateur décide
19:51que « oh bon non, le médecin, c'est qu'au bout de trois jours qu'on va lui donner
19:54raison ». Non, si on ne peut pas aller travailler, il est normal qu'il y ait un effort collectif
19:59qui permette à des gens, pour les médecins, d'arrêter le travail en France.
20:03Mais dans ces cas-là, vous êtes en train de remettre en question le travail de spécialistes
20:07qui sont des médecins et qui délivrent ces attestations.
20:09Et donc je vais aller en prison pour ça ?
20:11Non, vous n'allez pas aller en prison pour ça, vous vous opposez à quelque chose que
20:15vous ne comprenez pas.
20:16Le professeur Denis a le droit d'avoir un avis aussi.
20:17Non, mais vous ne savez pas de quoi vous parlez, ce sont des médecins qui parlent.
20:20Pablo, vous n'avez jamais eu un collègue qui avait un arrêt de travail où vous disiez
20:24« c'est un peu abusif » ?
20:25Non, certainement pas.
20:26Bon, ce n'est pas dans les mêmes boîtes que chez Regarde, les gens sont vraiment très
20:30investis.
20:31Il ne fréquente que les symptômes.
20:32Mais vous êtes en train de remettre en question, de jeter l'op-rop sur une profession libérale
20:38en plus, qui plus est, la médecine, et je ne vois pas pourquoi on irait à l'encontre
20:43de ce que disent les médecins.
20:44Voilà.
20:45Pour qu'on dira « les médecins sont des menteurs ».
20:46En fait, c'est ce que vous s'entendez, que les médecins sont des menteurs et des
20:48fraudeurs.
20:49Il y a évidemment d'abus sur les arrêts de travail, oui, parce qu'il y a des réformes
20:52paramétriques, parce que déjà, on parle de 18 milliards cette année à aller chercher.
20:57Oui, voilà, merci de revenir à la base.
20:59Mais qui viennent s'ajouter donc aux 1 700 milliards de dettes de la Sécurité Sociale.
21:02Oui, c'est vrai.
21:03Donc, ce n'est pas la première année qu'on a des petits problèmes de déficit sur la
21:07Sécurité Sociale.
21:08Mais donc, on peut faire des réformes paramétriques, faire plus de téléconsultation, améliorer
21:13l'e-prescription, etc., pour que, effectivement, les dépenses de la Sécurité Sociale soient
21:21moins importantes.
21:22Mais moi, je pense, évidemment, comme sur le précédent sujet, qu'il faut s'attaquer
21:26à des réformes systémiques.
21:27C'est-à-dire, est-ce qu'effectivement, on rembourse trop ? Quel médicament ? Est-ce
21:31qu'effectivement, on est trop généreux dans les arrêts de travail ? Et ce genre
21:38de dépenses.
21:39C'est avec ça qu'on va gagner du temps.
21:40Sans parler de la fraude sociale, évidemment.
21:41On va clore ce dossier avec vous, Benjamin Morel.
21:43Oui, mais je risque d'avoir des perspectives assez pessimistes.
21:46Parce que tout à l'heure, on parlait de l'augmentation de la dette.
21:48Une grande partie de l'augmentation de cette dette, c'est justement lié à ces dépenses
21:51sociales.
21:52Or, il n'est pas certain que ça s'arrange.
21:53Pourquoi ? Parce que, un, on a une population de plus en plus vieillissante.
21:55Ça signifie deux choses.
21:56Que les retraites, quoi qu'on fasse, quoi qu'on veuille, vont coûter plus cher.
21:59Et que les frais de santé vont également coûter plus cher parce qu'en règle générale,
22:02l'une des caractéristiques des personnes âgées, c'est qu'elles tombent plus souvent
22:05malades.
22:06Donc là, on a un problème qui est un problème structurel.
22:07Autre problème structurel, si on va, a priori, vers des lendemains économiques difficiles,
22:12c'est que vous avez un effet ciseau.
22:13Lorsque vous avez des lendemains économiques difficiles, vous avez moins de rentrées d'argent,
22:17vous avez plus de dépenses parce que plus de gens tombent au chômage, tombent en arrêt
22:20maladie, etc.
22:21Donc là, on a en effet un sujet social et on peut dire, on va faire quelques économies
22:26dans quelques ministères, quelques économies dans les collectivités territoriales.
22:28Le vrai débat qu'on va avoir dans les prochaines années, c'est le budget de la Sécu.
22:32On va écouter maintenant la maire de Cabestany, dans les Pyrénées-Orientales, et évidemment,
22:35vous avez compris que nous allons parler de nos gendarmes.
22:38Je pense que les gendarmes, les pauvres qui sont tout le temps à pied d'œuvre, ça
22:42ne doit pas forcément leur faire plaisir de savoir qu'ils se retrouvent au milieu
22:45de cette histoire.
22:46Moi, ce qui m'interpelle, c'est qu'effectivement, pour nous, c'est 260 000 euros, c'est surtout
22:53avec le nombre de chantiers en cours qu'on a, on a des millions d'investissements, on
22:57a souscrit des emprunts.
22:58À ce jour, nous, on va être obligés de taper sur les lignes de trésorerie, de payer des
23:02frais dessus, tout simplement parce que l'État, au niveau national, a fait des choix et qu'ils
23:08ont choisi de ne pas payer leurs dettes aux collectivités.
23:12Alors, visiblement, la gendarmerie nationale s'est fait une spécialité de ne pas payer
23:16ses loyers parce que ça concerne quand même un certain nombre de villes et de collectivités
23:19locales.
23:20Mais pardonnez-moi, c'est à la charge de qui normalement ? Des mairies, des collectivités
23:24locales, de l'État ? Parce que la gendarmerie est nationale ? Quelle est la réponse au
23:27gendarmerie ? Est-ce que tout le monde met la main au panier, normalement ?
23:29Alors, normalement, pour ce qui est d'une gendarmerie, vous êtes face à une organisation
23:37qui dépend depuis quelques années du ministère de l'Intérieur, c'est le ministère de l'Intérieur
23:40qui règle les frais qui sont inhérents à son administration.
23:43Ensuite, selon le bailleur, vous réglez à une collectivité, à un particulier, voire
23:50à un autre organe de l'État.
23:52Des rumeurs ont laissé entendre que l'ordre de ne pas payer était venu de Gérald Darmanin
23:56quand il était ministre.
23:57Ça vous fait rire ?
23:58Ça me fait rire, non ! Je me garderais de confirmer ou d'infirmer cette information.
24:04Je ne sais pas pourquoi, moi, je l'ai cru quand on me l'a dit.
24:06Enfin, j'ai dit que c'était une hypothèse possible.
24:08Non, mais ça peut être effectivement… Alors, l'hypothèse, si on la suit, est une
24:12manière d'instaurer un rapport de force avec Bercy, quoi.
24:16C'est-à-dire, s'il défend son administration, s'il défend ses ouailles, il peut considérer
24:22effectivement que c'est une manière d'obtenir plus de crédit.
24:25Bon, après, il y a des budgets de programmation de lois militaires, ça serait étonnant quand
24:29même qu'effectivement, vu l'état dans lequel est la sécurité en France, qu'on
24:34radine, si vous voulez, sur les dotations liées à la gendarmerie.
24:38Et là, je reviens, pardonnez-moi, mais sur ce que je disais tout à l'heure, ce qu'il
24:41y a de choquant dans cette histoire, ce n'est pas tant que la gendarmerie en tant qu'institution
24:46ne paye pas ses loyers, même si c'est évidemment très choquant, mais c'est qu'elle ne soit
24:49pas en mesure de le faire alors que c'est un service public dont on a éminemment besoin.
24:54Bon, alors les gendarmes qui ne payent pas leurs loyers, vous trouvez ça bien ?
24:58Oui, mais si j'ai bien compris, c'est un problème de provision, c'est-à-dire que
25:02comme il y a eu des dépenses exceptionnelles qui ont été faites par la gendarmerie, notamment
25:07du fait des Jeux olympiques où il n'avait pas été provisionné assez, parce que vous
25:11avez beaucoup, notamment de gendarmes, qui ont fait des heures supplémentaires qu'il
25:14a fallu payer.
25:15Mais tous les gendarmes apparaissent pendant des mois, c'est beau les prévisions.
25:17Exactement, mais ça, il aurait peut-être fallu le prévoir un peu mieux.
25:20Mais surtout, il y a eu ce qui s'est passé en Nouvelle-Calédonie, qui a aussi mobilisé
25:25des gendarmes, qui a dû débloquer des crédits un peu trop tôt, à un endroit où on n'avait
25:30pas pensé qu'on allait débloquer des crédits.
25:32Et donc, lorsqu'il s'est agi de payer les collectivités territoriales pour leur donner
25:40des loyers lorsqu'ils étaient les bailleurs, les propriétaires des murs des casernes,
25:43là, ils ont dit, écoutez, on va essayer de faire ça l'année prochaine.
25:48Mais comme l'a très bien dit Tuck Dual, c'est aussi la manière d'engager un rapport de force
25:51avec Bercy dans le cadre du budget.
25:55Parce qu'ils vont dire, écoutez, on va le payer l'année prochaine, on va le payer en 2025.
25:58Mais dans ces cas-là, nous, on veut plus de crédits provisionnés pour l'année 2025.
26:02Donc augmenter l'enveloppe qui est allouée à la gendarmerie nationale.
26:07Juste une toute petite parenthèse et corriger ce qu'a dit Tuck Dual, ce n'est pas le projet
26:10de loi de programmation militaire puisque la gendarmerie, ça, c'est que pour la gendarmerie
26:15qui a des actions à l'extérieur de la France.
26:18Sinon, c'est le projet de loi de finances classique dans lequel il y a une ligne gendarmerie.
26:23Il est modeste, Tuck Dual, c'est merveilleux.
26:26L'actualité internationale, elle est dramatique en ce moment.
26:28Le président de la République française a envisagé de cesser les livraisons d'armes
26:32françaises à Israël.
26:33On va en débattre.
26:46Et Tuck Dual Denis, pardonnez-moi, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles.
26:50Pablo Piovivier, un rédacteur en chef de la revue Regards et Benjamin Morel qui est
26:53constitutionnaliste.
26:54Et si la France cessait ses livraisons d'armes à Israël ?
26:58Ces propos sont ceux du président de la République samedi dernier.
27:01On va l'écouter.
27:02Ce que nous demandons des cessez-le-feu, c'est le cas pour Gaza, ça a aussi été
27:05le cas pour le Liban la semaine dernière.
27:08Nous tâchons de ne pas demander un cessez-le-feu tout en continuant à livrer les armes de
27:12la guerre.
27:13De ma part, je considère qu'aujourd'hui de cesser le feu à Gaza est une priorité
27:17pour permettre de reprendre les actions humanitaires et permettre aussi de travailler à la solution
27:23politique avec les deux États à la clé, qui seul assurera la paix et la sécurité
27:26pour tous.
27:27C'était important cette prise de parole Benjamin Morel ?
27:30Au vu de la date, quel que soit ce qu'on peut penser du fond, probablement pas en effet.
27:34Et d'ailleurs ce qui est intéressant pour le consualiste, c'est deux choses.
27:37D'abord, le président n'a pas ce pouvoir, c'est le ministère de la Défense, et donc
27:41faire ça sans à minima consulter les membres de son gouvernement et Michel Barnier, qui
27:45a quand même une autorité sous le ministre de la Défense, c'est assez maladroit au
27:48vu de la répartition des pouvoirs.
27:50Ensuite, l'autre élément, c'est que ça a créé des scissions, pas tant dans les
27:53oppositions que dans le camp même d'Emmanuel Macron.
27:55La ligne là-dessus d'Emmanuel Macron n'est pas celle de Yael Brown-Pivet, qui n'est pas
27:58tout à fait celle, etc.
27:59Donc on voit qu'aujourd'hui, même sur des sujets régaliens internationaux, l'autorité
28:05du chef de l'État sur son camp apparaît très très réduite, ce qui montre cette très
28:09très grande faiblesse aujourd'hui d'Emmanuel Macron.
28:11Vous percevez les choses comment Pablo Piovivien ?
28:13De la même manière que Benjamin Morel, c'est-à-dire qu'il a même dû reculer après en mettant
28:21un peu d'eau dans son vin et en disant « oui oui, mais finalement on va continuer à envoyer
28:25des composants je ne sais pas quoi ».
28:26Et d'abord, en plus, il avait fait peu ou prou la même déclaration il y a quelques
28:32mois.
28:33Moi je pensais du coup qu'on n'envoyait plus d'armes en Israël pour bombarder Gaza.
28:38J'ai appris du coup par cette déclaration que c'était toujours le cas.
28:43Non, non, on ne fournit pas d'armes, la France n'est pas concernée.
28:47Alors pourquoi est-ce qu'il a dit ça ?
28:48Pour appeler les autres pays à le faire.
28:50Je me permets de vous…
28:51On fournit des composants.
28:53On fournit des composants, exactement.
28:55Ça visait plutôt les États-Unis cette déclaration ?
29:00Il a parlé de lui-même, il a parlé de la France, il a parlé en son nom, jusqu'à
29:05preuve du contraire, il n'est pas…
29:07Il n'est pas porte-parole de Joe Biden, allez voir, j'ai un petit avis sur la question.
29:10Mais sinon, juste terminé sur la question, Benjamin, vous disiez que ce n'était peut-être
29:15pas très opportun vu le moment, etc.
29:18C'est la veille du 7 octobre, mais on est aussi dans le cadre d'une escalade très
29:24importante de ce qui se passe au Proche-Orient.
29:26Et donc, la parole du président de la République française est aussi attendue à ce sujet,
29:31nonobstant les éventuelles commémorations aussi importantes soient-elles.
29:36Et c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a beaucoup d'acteurs internationaux, une majorité
29:41même de pays dans le monde, qui attendent qu'il se passe enfin quelque chose, qu'un
29:46coup d'arrêt soit donné à la politique mortifère qu'est en train de mener Netanyahou
29:51par-delà ses propres foncières.
29:53Les armes en Israël, c'est essentiellement les États-Unis, si nous en adressons des
29:56composants.
29:57Il a fait un coup politique, ça lui a échappé ? Comment analysez-vous la chose ?
30:02J'ai été très surpris.
30:03Moi, je n'ai pas été surpris parce que c'est le même genre de coup politique un
30:07peu bidon, pour rester poli, qu'il avait fait quelques jours après le pogrom du 7
30:13octobre en disant qu'il fallait une coalition internationale contre le Hamas, ce qui n'a
30:17ni queue ni tête.
30:18Et donc, si vous voulez, en un an, on est passé de la coalition internationale contre
30:23le Hamas à priver Israël d'armes, deux jours avant l'anniversaire du plus gros
30:29pogrom anti-juif depuis la Seconde Guerre mondiale et du troisième plus gros, entre
30:34guillemets, attentat islamiste après le 11 septembre et ce qui s'est passé à Paris
30:39en 2015.
30:40Donc, c'est maladroit, inconvenant et profondément dangereux.
30:44C'est le signe, effectivement, d'un problème de ligne, même à l'Élysée, même au-delà
30:51du sein de la Macronie, dont a parlé Benjamin Morel tout à l'heure.
30:54Mais je vous invite, j'invite les auditeurs, à lire un excellent papier du Figaro de lundi
30:58signé Louis Auxalter qui expliquait les tensions au sein du cabinet élyséen entre, en gros,
31:03les pro-israéliens et les pro-arabes.
31:05Et en ce moment, c'est plutôt Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron,
31:10qui est à l'oreille du président et qui, lui, dans la grande tradition du Quai d'Orsay,
31:15est, je ne dirais pas anti-israélien, mais en tout cas, plus pro-arabe que pro-israélien.
31:20Je suis désolé, mais les questions ne peuvent pas se poser dans ces termes-là.
31:24Pablo, franchement, je vais juste finir.
31:26On parle aussi, au-delà de l'anniversaire du 7 octobre, d'un moment où Israël vient
31:31de subir une agression, notamment avec des missiles supersoniques, de l'Iran, l'Iran
31:35qui est une théocratie depuis 1979, dont l'agenda, pas caché, mais public, est d'éradiquer
31:41Israël, l'existence d'Israël.
31:43Et donc, c'est à ce moment-là qu'on choisit de lâcher la mise soi-disant indéfectible
31:48de la France.
31:49Et je le dis juste par quelque chose, puisque Pablo a parlé du côté mortifère de Benjamin
31:55Netanyahou, j'entends des Insoumis parler de politiques génocidaires, de nettoyage
32:00ethnique.
32:01Moi, je dis juste que Benjamin Netanyahou, quand il dit que ce qui se passe en Israël,
32:06attention chers amis de pays occidentaux, ça peut vous concerner, parce que l'islamisme
32:11et le combat de l'islamisme contre les démocraties, contre le modèle occidental, et bien ça
32:15doit être un peu aussi le vôtre, et bien je pense que c'est ce genre de réflexion
32:18aussi, qui devrait prévaloir quand Emmanuel Macron réfléchit, ou pas, à dire qu'il
32:25désarme Israël.
32:26On va faire la guerre à tout le monde, excuse-moi, mais ça n'a jamais résolu aucun problème.
32:29Aujourd'hui, on ne voit pas quand est-ce que Benjamin Netanyahou va s'arrêter en
32:33fait.
32:34Il va faire quoi ? Il va faire des zones tampons jusqu'à Téhéran ? C'est complètement
32:36atypique.
32:37Il arrive, ce double discours rend totalement inaudible la France aujourd'hui au Moyen-Orient,
32:41ce qui à la fois limite la portée de ses propos, mais également dit beaucoup sur notre
32:43position.
32:44A vous trois Benjamin Morel, Pablo Piovivien et Thugdou Aldheny, dans un instant sur RTL,
32:49l'essentiel de l'actualité.

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